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sur 2150 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
En signe de rébellion, le jeune Côme Laverse de Rondeau quitte un jour la table familiale pour grimper dans le grand chêne du domaine familial. Il décide désormais de vivre dans les arbres et n'en descendra plus jamais. « Toutes les branches des arbres sont mon territoire. Dis donc qu'ils viennent m'y pendre, s'ils le peuvent. » (p. 38) Si le voisinage considère d'abord d'un drôle d'oeil ce fils de baron qui joue les acrobates, il s'habitue peu à peu à voir Côme sauter d'arbre en arbre, surveiller les alentours du duché d'Ombreuse et faire montre de mille excentricités. « Un gentilhomme est un gentilhomme, monsieur mon père, aussi bien au sommet des arbres que sur terre. [...] Tant qu'il se conduit avec rectitude. » (p. 111) le jeune noble grandit dans les futaies et les frondaisons et sa fugue arboricole devient finalement un mode de vie parfaitement réglé. Il étudie les iques et les nouveautés, correspond avec les grands philosophes de l'époque, entreprend des travaux d'aménagement et aime comme peut aimer un homme. S'il a confié la direction du duché d'Ombreuse à son frère cadet, Côme garde la prestance naturelle des maîtres. « Je sais que lorsque j'ai plus d'idées que les autres, je donne mes idées, pour peu qu'on les accepte. Voilà ce que j'appelle commander. » (p. 197)

La littérature italienne est une des lacunes que je désespère de combler. Mais avec ce premier texte d'Italo Calvino, je ne doute pas d'avoir envie de continuer ma découverture des belles lettres de la Botte ! Que ce texte est plaisant et rafraichissant ! C'est tout à la fois une bouffée verte digne des plus belles fables écologiques et une réflexion humaniste sur les liens entre les hommes. À la manière d'un conteur des Lumières, Italo Calvino propose un personnage excentrique au regard de son environnement, mais dont l'excentricité tend finalement à la normalité en mettant en regard les déviances des comportements communément acceptés. Sans attendre, je me mets en quête du Vicomte pourfendu et du Chevalier inexistant, les deux autres volets de la trilogie Nos ancêtres élaborée par Calvino. Andiamo !
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J'ai toujours été un peu rétif à l'humour ironique et grinçant d'Italo Calvino. Dur de savoir sur quel pied danser avec lui. Dur de savoir sur quel pied danser avec cette histoire pour le moins étrange et fascinante. Un enfant d'une dizaine d'années, furieux d'une punition non méritée, part bouder. Pas très original. Plus surprenant, il décide de le faire dans un arbre. Clou de l'histoire, il décide de ne plus jamais en descendre.

Passant d'arbre en arbre, il s'y construira des abris, se procurera de la nourriture, bref y fera sa vie. Là-haut il deviendra adulte, viendra assister sa mère sur son lit de mort, à son tour vieillira peu à peu. En dessous de lui il verra défiler les passions humaines, la Révolution, les guerres. Rien ne pourra jamais le convaincre de renoncer à cette promesse faite enfant.

Il y a dans cette histoire quelque chose de beau, et en même temps un étrange renoncement. le choix de vie de Côme le coupe du monde d'une façon presque monastique. Bien sûr, il s'agit d'une métaphore philosophique - la liberté a un prix ; d'un conte, voir d'une fable. Mais il s'agit avant tout d'une personne. On s'attache à Côme. On peine à le comprendre. Pourquoi reste-t-il fidèle à ce mode de vie, des décennies après ? N'éprouve-t-il jamais la nostalgie du sol, d'entrer dans une maison, de boire à une source, de se baigner dans une rivière ? Qu'est-ce qui le lie donc aussi indéfectiblement à ce serment de son enfance ?

Il est curieux qu'aussi peu d'oeuvres aient par la suite adapté ou simplement fait référence à un livre aussi marquant. L'une des rares allusion se trouve dans la célèbre sitcom ‘'Malcolm in the middle'', quand des enfants autistes, las d'être traités en attardés mentaux, décident d'aller vivre dans les arbres définitivement. Mais eux finissent par en descendre.
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Nous voici en 1767, Siècle des Lumières.
Côme et son histoire racontée par son jeune frère Blaise.

Quels sont ces gastéropodes que je ne saurais manger !
Après son refus d'ingurgiter les petites bêtes à cornes, lors d'un repas, Côme va se rebeller, jeter aux orties les convenances et décider de prendre de la hauteur.

Homme-feuillage, Homme-oiseau ; désormais, il vivra dans les arbres et y contemplera le monde.

Il a du panache ce Petit Prince des Airs, acrobate, funambule, fantaisiste, fantasque.

Un jeune fou volant de branche en branche, se fondant dans la nature, imitant à merveille le cri des animaux.

Pour vivre heureux, vivons perché !

L'imagination et la poésie se côtoient en un enchevêtrement rafraîchissant, décalé, déjanté, drôle et donnent à réfléchir.

La vie d'un doux rêveur et sa philosophie - s'affranchir des contraintes sociales -

Epris de liberté, il ne posera plus jamais un pied au sol, vivra au plus près du ciel et s'éclipsera tout à coup, comme cesse une pluie de printemps sous le bleu du ciel.

"Un voile de mélancolie passait sur son visage, comme un nuage sur le soleil".

Italo Calvino nous entraîne dans le sillage d'un conte fantastique avec extravagance et humour, entre rêve et réalité.

Ouaip ! J'ai réussi à prendre de la hauteur et à oublier ma médiocrité !!!

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Vivre dans les arbres pendant toute une vie sans jamais en redescendre.

S'échapper du carcan familial, du poids des conventions.
Grimper sur la plus haute fourche, voyager d'arbre en arbre, se nourrir d'animaux chassés, dormir enroulé dans une fourrure de bête, s'abreuver de l'eau d'une cascade, se perdre dans les feuillages verts.
Vivre perché envers et contre tous, envers et avec tous.
S'enivrer du parfum des femmes envieuses d'aventures rocambolesques et s'oublier dans l'amour de la seule qui en vaille la peine.
Lire, lire et encore lire...et puis écrire aussi.
Imaginer, inventer, élaborer des plans ingénieux.
Rencontrer des gens étonnants, batailler, partager.

C'est incroyable tout ce qu'on peut faire dans les arbres !
Et moi qui avais peur de m'ennuyer à la lecture de ce roman. C'est tout le contraire. J'ai adoré suivre Côme, ce personnage étonnant, excentrique, tour à tour rebelle, solitaire, meneur d'hommes, amoureux, défenseur de la nature, philosophe...

L'histoire se passe près de Gênes au siècle De Voltaire. Et cela n'a rien d'étonnant. La siècle des Lumières, c'est celui de tous les possibles, le siècle où les mots liberté et fraternité prendront tout leur sens.
Notre baron perché en est le chantre. Et si nous pouvions en être les fervents disciples...
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« ... la folie est une force de la nature, mais l'imbécilité n'en est qu'une faiblesse. »

Un hymne à la tolérance. J'ai adoré ce roman. J'aimais beaucoup le prénom Côme pour la sonorité et maintenant je l'associe à ce personnage, hors du commun qui refuse d'être mis dans une case et s'est libéré du carcan de la société. Et puis dans ce roman, il y a la touche d'amour qui m'a tellement touchée. C'est drôle car dans le langage populaire on pense toujours qu'en faisant monter quelqu'un à l'arbre on va le mystifier, et bien après cette lecture, je dirai que c'est malin de me faire monter à l'arbre :) et puis c'est au fruit qu'on connait l'arbre, non ? Et Côme les connait si bien.
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De ces trois destins absurdes de la trilogie - le Chevalier Inexistant, le Vicomte Pourfendu et le Baron Perché - celui-ci est le plus ancré dans la réalité, mais comme les autres, il est profondément ancré dans une sorte de poésie.
A douze ans et à quelques années de la Révolution française, Côme décide de refaire sa vie dans les arbres, après une banale dispute familiale. Fier, il ne remettra jamais plus les pieds sur terre, même à sa mort. C'est ainsi qu'il vivra, aimera, apprendra: sur les branches de la forêt qui jouxte le domaine de son père et dont il deviendra le baron. Bien sûr, il deviendra un personnage fameux aux alentours et même dans tout le vieux continent et entrera dans L Histoire pour ses différentes participations à ce tournant du 18ème siècle.
Tout comme le Chevalier Inexistant, ce roman est foisonnant dans son inventivité face à une situation tout-à-fait rocambolesque. Il y a du Diderot et du Voltaire dans ce récit, une liberté à toute épreuve et une philosophie du monde que Côme étudie fiévreusement du haut de son royaume.
Trilogie achevée!
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Où l'esprit des Lumières s'empare des bois et des forêts. le jeune Côme du Rondeau, fuyant les turpitudes familiales, décide un jour de recomposer le monde à sa façon : du haut des arbres et sans jamais plus ne mettre pied à terre. Catogan, tricorne et petite épée, sautant d'une cime à l'autre désormais protégé par les vastes frondaisons. Tous, lecteurs que nous sommes, à des degrés divers nous lui ressemblons dans la forêt des livres que nous explorons. Des uns aux autres nous passons, comme lui, cherchant dans ces "ramures" qui un abri ou un refuge, d'autres une aventure, chacun une parcelle de liberté ou quelque autre curiosité. "Pour bien voir la terre, il faut la regarder d'un peu loin" : ce que permettent les livres et qu'affirme avec philosophie le petit baron retranché et cependant soudé au monde par sa passion de Connaissance. Italo Calvino : une essence rare de la littérature.











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Deuxième conte philosophique d'Italo Calvino dans la série "Les ancêtres", "le Baron perché" fourmille d'inventions littéraires et fantastiques. Côme, alors âgé de douze ans, au cours d'un repas pendant lequel sa famille veut lui faire manger des escargots, décide de se réfugier dans les arbres ... et de n'en plus descendre. C'est le début d'une longue aventure, toute en hauteur, dans les diverses ramures de la région d'Ombreuse en Ligurie, le début d'une construction qui le poussera, par la lecture notamment, à épouser les idées des Lumières contre l'ordre établi, à espérer dans la Révolution, dans l'instauration d'une République Universelle .... du haut de ses arbres Côme pense le monde différemment. Il aidera les pauvres, les opprimés, les faibles et il connaîtra l'amour. Les livres sont le ressort qui ouvre toutes les portes, qui abat tous les murs.

Avec une très belle écriture, ce texte qui mèle avec maestria la réflexion et l'humour emporte le lecteur dans les délices de la vie sauvage, de l'insoumission, de la révolution. du grand art.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
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Après vous avoir parlé de la vie secrète des arbres, quoi de plus normal que de vous inviter à entrer dans le monde étrange du Baron Perché, d'Italo Calvino. Ce livre est un enchantement à plus d'un titre. Il se lit de plusieurs manières et on peut le lire à différentes périodes de sa vie, l'effet ne sera jamais le même. Il vous ramènera à des choses de votre propre vie. Ah, me direz-vous, c'est comme pour le Petit Prince… ? Peut-être, sauf que pour le Petit Prince, je trouve qu'il y a quelque chose qui ne passe pas, quelque chose qui sonne faux, dans ces paroles certes très belles et pleines de belles intentions mais incapables à mon sens de nous ramener à ce qui est vrai. Or, dans le Baron Perché, tout est vrai à tel point que lorsque vous fermez les yeux après en avoir terminé la lecture, il n'est pas impossible que la branche un peu espiègle d'un arbre de votre jardin vienne frapper à votre fenêtre pour vous inviter au voyage.
Le Baron Perché est l'histoire d'un homme qui se révolte, Côme, baron du Rondeau, qui dit non tout d'abord, puis oui ensuite à une autre vie qu'il invente. C'est le principe de l'homme révolté, cher à Albert Camus. Et cette vie qu'il invente, elle est infinie, c'est cela la puissance du roman. On suit ce personnage au travers des pages qui défilent, un peu comme si nous étions une caméra en travelling dans le tournage d'un film. Ça déroule et ça file… On se dit qu'à un moment, il va bien poser pied à terre. Non, jamais. Poser pied à terre, se serait renoncer. Ce livre est cruel car il nous dit ce que nous n'avons peut-être jamais eu le courage de faire : ouvrir la fenêtre et grimper sur la première branche qui tendait les bras, fuir vers la canopée… Mais il est consolatoire en même temps parce qu'il nous dit que c'est encore possible, toujours possible.
Ce que j'aime dans le Baron Perché, ce sont deux choses avant tout : tout d'abord lorsqu'il part et ensuite lorsque jamais il ne remet les pieds sur le plancher des vaches. Voilà ! tout ce roman se tient à cela. Son envol est magnifique, il est un acte de liberté. Nous avons tous eu envie à un moment donné de notre vie de faire la même chose que Côme, surtout à l'adolescence puisque Côme n'a que douze ans lorsqu'il s'évade de sa prison familiale pour se faire la belle dans le feuillage voisin. Il n'en redescendra jamais.
Le départ est donc un acte jubilatoire. On trépigne des pieds, on voudrait être là, à table, dans cet espace familial confiné et coincé lorsque notre personnage fugitif fait un bras d'honneur et tire sa révérence, un peu comme Tarzan.
Mais ce qui est génial c'est aussi la suite. A aucun moment notre Baron Perché ne posera pied à terre. C'est une prouesse littéraire, toute l'histoire de ce baron, et elle est inventive, nous est déployée sous nos yeux, sous nos mains, dans cette vertigineuse fuite à jamais inassouvie d'un homme enfin libre et heureux dans les arbres. Même l'amour y est présent puisque toute vie est possible dans les ramures. Alors, que faut-il retenir de cette épopée sylvestre ? Un conte écologique ? une fable philosophique ? Une belle et originale histoire, tout simplement ? le Baron Perché nous invite à ne jamais poser pied à terre. Encore faut-il s'élever dans les airs, prendre de la distance, prendre de la hauteur. Il nous décrit des êtres humains collés au sol, balourds, incapables, eux, de filer de branche en branche et prendre la tangente. Il nous décrit l'humanité dans son poids, dans sa lourdeur. Nous sommes de cela. le Baron Perché nous invite à l'apesanteur, prendre cette distance avec le réel, le quotidien. Partir. Et nous sommes de ce rêve…
Le Baron Perché est une désobéissance à l'ordre établi, comme on l'aime. Il nous ramène à cette part d'enfance qui brûle encore au fond de nous, qui tend des doigts fébriles chaque fois que nous nous approchons d'une forêt. Mais soyons lucide, dans cette histoire, l'arbre est un prétexte. Mille choses au monde peuvent nous rendre un jour si haut perché…
Et finalement, lorsque nous nous évadons dans nos lectures, ne sommes-nous pas devenus quelque chose un peu du Baron Perché ? Impossible de nous faire poser pied à terre…
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Livre magnifique, très frais, très spirituel. Cette lecture, ce n'est que du bonheur. Une formidable rencontre avec cet auteur.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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