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sur 456 notes
Les villes invisibles d'Italo CALVINO
Dans ce livre paru en 1972, CALVINO s'attaque à un genre bien particulier, l'utopie littéraire. le prétexte en est la rencontre régulière entre Marco Polo et Kublai Khan. Ce dernier demande au grand voyageur de lui raconter au retour de ses déplacements les villes qu'il a découvertes et Marco Polo s'exécute en sautant, criant, montrant des objets ou faisant de grands gestes car il ne parle pas la langue du khan pas plus que le khan ne parle sa langue. Et progressivement, au fil des soirées entre les deux hommes la compréhension va s'affiner. CALVINO va faire décrire à Marco Polo 55 villes. Elles sont organisées en séries, en fonction d'une certaine affinité, les villes et la mémoire, les villes et le désir, les villes et les signes, les villes et les échanges, les villes effilées, les villes et le regard, les villes et le nom, les villes et les morts, les villes et le ciel, les villes continues, les villes cachées. Ce sont donc des villes imaginaires que CALVINO par l'intermédiaire de Marco Polo va nous faire surgir, mais des villes qui sont parties intégrantes du royaume de Kublai Kahn et qui le soir tente d'ordonner ce qu'il a perçu des descriptions. C'est un livre labyrinthe que nous propose CALVINO, quelques dizaines de lignes pour croquer ces villes invisibles, en onze chapitres entrecoupés des échanges entre les deux hommes que l'on imagine très bien autour d'une bonne table ou fumant la pipe. Étonnant.
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Ce ne sont pas mille et une nuits mais cinquante-cinq villes.
Des villes rencontrées, traversées, imaginées, craintes, espérées, rêvées... que Marco Polo raconte à Kublai Khan.

Entre poésie, fable et conte, Italo Calvino a joué à l'inventaire onirique. Si au début les villes pouvaient bien exister, avec un parfum d'orient, plus on approche de la fin, plus on s'écarte du réel.

Et à travers ce voyage onirique, qui confine à l'utopie diront certains, c'est le concept de la ville et du rapport des hommes à celle-ci qui est interrogé. Une ville existe-t-elle par elle-même ou uniquement à travers les yeux de celui qui la regarde ou qui y vit? Peut-on décrire une ville sans parler de ceux qui l'habitent? Les villes sont-elles douées de vie? Survivent-elles au temps? Est-ce la même ville pour celui qui la découvre que pour celui qui la connait sur le bout des doigts?

Sans doute y a-t-il plusieurs lectures possibles de ces quelques pages. Je l'ai pris comme une pause, un moment en dehors du temps qui m'a cependant apporté moins de plaisir qu'attendu.
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L'auteur était membre du club très select de L'Oulipo et il vaut mieux le savoir avant de s'attaquer à la lecture d'un de ses livres !
Un objet étrange entre conte et réflexion philosophique autour des villes racontées par un Marco Polo à une seigneur qui questionne, doute et met en perspective imaginaire et réalité.
Je n'ai peut-être pas tout compris mais l'écriture est d'une grande beauté et reste fluide.
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J'ai trouvé Les villes invisibles délicieusement poétique. Et aussi à peu près inaccessible. Je ne sais s'il faut un diplôme de littérature pour y entendre goutte, ou si je suis juste un peu obtuse, mais tant pis! Il me reste la beauté du texte en lui-même, ces portraits de villes étrangement décrites, cette étrange énumération, que j'ai trouvé jolie comme toute, mais qui m'a laissé en arrière.
Très, très étrange, et sans doute un livre qui passionnera certains lecteurs et tombera des mains des autres.
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Grâce aux récits imaginaires que fait dans sa grande sagesse, Marco Polo au grand Kublai Khan l'Empereur de Chine, des cités fabuleuses surgissent en quelques lignes, elles se laissent visiter sur deux ou trois pages, puis s'évanouissent tels des mirages. Ces « villes invisibles » s'ouvrent au voyageur qui sera prêt à suivre Italo Calvino dans les méandres de son époustouflante imagination.

Voilà un petit livre que l'on peut lire en marchant, laisser reposer pendant plusieurs années, puis reprendre en s'émerveillant comme devant des tableaux. J'aimerais qu'un peintre ou qu'un architecte urbaniste expose 52 toiles, une pour chaque ville de rêve. Mais il faut reconnaitre que l'écrivain a composé un chef-d'oeuvre littéraire que ne saurait égaler nulle représentation visuelle de ces villes fantastiques. Car, à travers ces textes où se glisse la philosophie, il est question de la mémoire, du désir, des morts, des échanges, du regard et des miroirs qui nous renvoient notre humanité.
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Rêveuses descriptions de toutes les villes possibles, celles où l'on passe, celles où l'on se perd, Les villes invisibles réfléchit surtout sur les signes, entre invariance, effacement et répétitions, sur le désir d'un ordre supérieur, systématique, reflété par le langage dans ses failles, ses cris et dépassement. Toujours diaboliquement malin, Italo Calvino fait de ce dialogue entre Marco Polo et Kublai Khan un jeu de renversement, de correspondance, une poursuite éperdue du sens.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Succession de villes fantastiques, fantasmées, imaginaires, rêvées, ce petit livre construit – la ville est une construction sans fin – un panorama des transformations qui touchent la ville. Chacune des villes inventées repose sur une singularité qui donne à penser la ville actuelle, ville composée d'un peu et de pas vraiment toutes ces villes, la ville travaillée par la mémoire, la ville érigée – ou détruite – par le désir, la ville et le ciel, la ville et les morts, la ville – ou les villes, il semble que la ville (les villes) soit simultanément singulière et plurielle – qui se reflète dans son double déformé ou inverse, la ville mystérieuse que jamais l'on n'arpente tout à fait, la ville qui se cache et qui renaît dans d'autres villes éparpillée que le Grand Khan ne possède jamais tout à fait et que Marco Polo, son guide, ne découvre que pour mieux multiplier les pirouettes et les tours de magie. La ville est toujours invisible parce que l'on y voit tout et son contraire et que parfois c'est le contraire qui devient le tout. C'est pourquoi il faut sans cesse déambuler dans les villes – les vraies villes et les villes de nos idées – et dans ce petit bouquin qui semble multiplier à l'infini les regards.
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Une magnifique expérience littéraire, à vivre au moins une fois dans sa vie.

Marco Polo raconte à Kublai Khan, empereur des Tartares, toutes les villes mystérieuses et impossibles qu'il a visitées lors de ses nombreux voyages.

Il s'agit bien d'une "expérience" car ceci n'est pas un récit classique. Ni un livre d'urbanisme ou de géographie. Ni une simple métaphore.

J'y suis allée sans attentes, en me laissant porter par le texte et ce qu'il évoquait en moi, et je crois que c'était la bonne manière car j'y ai vu, ressenti pleins de choses, en suis ressortie éblouie.

Difficile de résumer un texte pareil, mais on pourrait dire que c'est un livre sur la littérature et ses nombreux liens avec la vie. Ou alors, un livre sur la vie et l'impossibilité de la mettre définitivement en mots. Un livre sur la mémoire, le temps qui passe, l'expérience humaine, individuelle et collective. Un livre sur le langage, la représentation, la poésie. Et sur l'importance capitale de la littérature dans un monde voué à la technicité et l'économie.

Car "c'est dans les seuls comptes rendus de Marco Polo que Kublai Khan pouvait discerner, à travers murailles et tours promises à tomber en ruines, le filigrane d'un dessin suffisamment fin pour échapper à la morsure des termites".

Et si vous êtes fan comme moi de science-fiction et de mondes imaginaires, il est aussi possible de lire ce livre simplement comme une magnifique source d'images oniriques, de villes fantastiques qui à elles seules valent le détour et ouvrent la voie à plein d'idées de récits.
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Marco Polo raconte au grand Khan les villes qu'il a visitées ou plutôt celles qu'il a imaginées, leurs caractéristiques, leurs particularités, ce qu'elles éveillent en lui ou en nous, visiteurs. Une belle écriture au fil de laquelle on croise parfois une émotion, celle peut-être que l'on ressent en pensant à la ville que la description nous rappelle. Mais cette accumulation d'évocations m'a assez vite lassé.
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Forme courte, vastes panoramas

Calvino nous offre ici une suite, organisée par arithmétique et symétrie, de courts textes présentant chacun une ville imaginaire. Chacune de ces villes porte un nom féminin et présente une caractéristique principale que le texte développe : il y a la ville où s'échangent les mémoires des voyageurs, la ville où abondent les signes apparemment arbitraires, la ville dont aucun détail ne peut s'effacer de l'esprit de qui l'a visitée, la ville sans murs ni plafonds ni planchers, la ville qui s'ordonne selon les phénomènes célestes mais ne produit que des monstres… Et cet ensemble de constructions hautement fantasques et stimulantes prend place dans le cadre d'un dialogue entre Marco Polo et son hôte Kublai Khan, qui lui demande d'évoquer les villes qu'il a trouvées semées sur son chemin.

La densité onirique de ce livre est assez stupéfiante, et rares parmi les villes explorées sont celles qui ne plongeront pas le lecteur dans une disposition hébétée, une posture ouverte d'accueil envers ces songes urbains. le sentiment qui m'en est demeuré est un peu le même que celui qui suivit ma lecture du Voyage en Grande-Garabagne de Michaux ou des Mémoires de l'ombre de Béalu : à chaque fois, c'est la même proximité des portes d'ivoire et de corne, la même familiarité avec un cosmos devenu intime, et un même goût des paradoxes, de l'éternité, de la feinte.

Les villes sont classées, d'une part en chapitres à la succession mathématiquement déterminée, d'autre part en catégories : « Les villes et la mémoire », « Les villes et le désir », « Les villes effilées », « Les villes cachées »… Parmi les plus saisissantes, on peut retenir « Les villes et les morts », panoramas sinistres où l'on retrouve par exemple Mélanie, la ville où l'on ne naît que pour prendre la place des morts, tous acteurs dans un dialogue éternel et orienté vers une incertaine fin, Adelma, la ville dont tous les habitants ont le visage de défunts que le voyageur a connus jadis, et, clou du spectacle peut-être, Eusapie, ville double, ville morte-vivante, où la nécropole et la ville des vivants sont indissolublement liées, où habitants de l'une et de l'autre se copient les uns les autres… « Ils disent que dans les deux villes jumelles, il n'y a plus moyen de savoir lesquels sont les vivants et lesquels les morts. »

Bref, nous avons là un livre qui concilie un fantastique borgésien fondé sur les paradoxes logiques et mémoriels et un déluge d'images et topographies vertigineuses comme chez Schuiten et Peeters.
Lien : http://www.carayol.org/index..
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