J'ai trois reproches à faire à cet ouvrage :
- une caricature complète de l'idéalisme et du réalisme, sur fond d'une confusion que je reproche souvent aux réalistes entre la phénoménalité et la "réalité" objective : aucun idéaliste sérieux n'affirme que le bacille de Koch "n'existait" pas objectivement avant sa découverte (l'idéaliste que je suis dit qu'il existe objectivement comme tel rétrospectivement), aucun idéaliste sérieux n'ignore que la vérité dépend des phénomènes (qui ne deviennent faits qu'après analyse, d'ailleurs ; l'idéaliste que je suis parle de "prise d'indépendance objective" après l'établissement nécessairement subjectif d'une vérité d'après le phénomène qui n'est pas encore un fait en l'absence de discours rationaliste) et qu'elle ne dépend pas que du seul esprit créatif. A contrario tout objet dépend de sa logicité et donc d'une subjectivité principielle critique, il ne faut pas confondre l'indépendance objective et l'indépendance épistémique et onto
logique (sur quoi porte l'idéalisme).
Kant, certes, conservait un réalisme minimal mais il a montré l'importance de l'idéalisme transcendantal. Je pourrais être intéressé par une position réaliste contraire si seulement l'idéalisme n'était pas caricaturé, comme si la science était handicapée parce que l'on nie onto
logiquement ce qui est pour elle, au mieux, un postulat épistémo
logique fonctionnel.
- des passages sur les tenants actuels de la post-vérité dans les différents médias sociaux qui sont assez piquants mais de fait trop classiques (surtout quand on a l'habitude de critiquer les complotistes que l'on croise sur les médias sociaux)
- une généalogie assez superficielle, finalement, dans le sens où il n'y a pas de
logique chrono
logique mais des citations plus éparpillées (bien que bien sélectionnées)
Certes, il y a pas mal de passages et de thèmes intéressants. Sur la critique du déconstructivisme et les distinctions liées aux modes de vérité et de véracité je suis bien d'accord. Mais les trois points précédents me gênent vraiment beaucoup trop. Même si je suis évidemment biaisé par mes propres positions.