Le titre de ces
nouvelles, reprenantcelui du septième et dernier récit, souligne le fil rouge qui relie ces variations poétiques, parfois nostalgiques, autour des fragments de vie dans l'Union soviétique (devenue Russie) des seventies et au-delà : Odessa, la ville fervente, solaire et marine, triomphe dans "La ballerine de l'escalier Potemkine", malgré la noirceur de la nouvelle, noirceur distillée à petites doses, comme un poison lent, avant la révélation finale. Dans le gigantesque marché du Privoz, au sud de la ville, les tchourtchkella, au jus de raisin, à la saveur sucrée, côtoient les oriekhi, les étals de poissons séchés rivalisent d'odeur avec les épices d'Orient.
Ailleurs, les personnages, jeunes, sont nimbés de ce halo unique que donne le souvenir. L'auteure trouve les mots justes pour évoquer les instants cocasses, émouvants, énigmatiques, voire terrifiants qui émaillent ces différents récits, avec souvent, un ton moqueur. "C'est une histoire d'amour à la sauce
Pouchkine, pimentée d'absolu, --une recette pour les Russes."
Et même si le Domovoï, cet être démoniaque qui hante les datchas inhabitées, semble avoir atteint son but , en séparant les tourtereaux venus se réfugier là, il n'est peut-être pas si méchant, au fond, car il aura servi de révélateur à un couple mal assorti...
La danse, la musique, la peinture, la poésie enfin, avec l'ombre de la grande Marina Tsetaveïa, scandent ces récits empreints d'une tendresse profonde pour le pays et les gens, tendresse que l'auteure dissimule (mal) sous une ironie complice.
Pour qui aime ce pays, le plaisir que donne la lecture de ces
nouvelles est intact. Pour les autres, c'est une occasion de lever un petit coin du voile et d'approcher un peu cet univers russe, si particulier et si attachant.