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4,02

sur 1832 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« Quelle idée de lire ce livre dans cette période », me suis-je dit lorsque j'ai commencé le Mythe de Sisyphe. Pour un lecteur malavisé de la philosophie de Camus, comme moi, le début de ce petit essai peut être un peu déstabilisant, et même déprimant... Certains passages ont un style plutôt aride, ce qui peut être décourageant si l'on est plus habitué à la lecture de romans qu'à des traités philosophiques, notamment là où Camus dialogue avec les ouvres des auteurs rationalistes et existentialistes, dont j'assume, non sans un peu de gêne, que je ne connais pas grand-chose.

Mais si je dis bien « le début », c'est car très vite on se sent happé par le constat de l'« absurdité » de la vie exposée par l'auteur. Comment peut-on vouloir continuer à vivre dans un monde dont on n'a pas demandé à participer, où nous allons éprouver tout type de souffrance et d'où nous allons partir inexorablement sans rien amener et, principalement, sans rien comprendre ? Comment peut-on continuer à vivre notre quotidien, alors que le sentiment de l'absurdité peut nous frapper dans n'importe quel coin de rue, lorsque soudainement un événement vient nous confronter à notre totale incapacité à expliquer notre place dans ce monde, lorsque nous nous rendons compte de l'incroyable futilité de notre condition en tant qu'êtres vivants ?

C'est à partir de ce problème philosophique que Camus nous explique les différentes façons de vivre comme un « homme absurde », c'est-à-dire, de vivre de manière consciente de notre destin mortel, d'embrasser notre inutilité sans chercher des explications irrationnelles, telles la religion et l'idéologie, qui puissent nous conforter dans notre désarroi.

Ce livre m'a fait énormément réfléchir sur la responsabilité que nous avons sur notre vie et sur comment faire quelque chose de cette très brève existence. Dans une époque si incertaine comme la nôtre, où l'abondance des mauvaises nouvelles favorise quotidiennement la remise en question de nos petites certitudes, je suis content d'avoir pris le temps de lire ce classique qui, finalement, porte un regard optimiste sur l'homme et sa capacité à se faire maître de ses jours, malgré son fardeau.
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Le seul problème philosophique vraiment sérieux est la question du suicide
Albert Camus
Il a toujours été dans le fond des dilemmes, sans détours
L'homme droit ne prend jamais de raccourci "
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Dans un monde sans Dieu, sans dieux, il faut imaginer Sisyphe heureux, comme dit Albert Camus dans les derniers mots du livre. Il développe une loi morale qu'on se doit de respecter non pour obéir à une quelconque religion , mais pour rendre la vie sur terre vivable.Mais attention, il ne rejette pas pour autant tous les aspects de la religion. le travail et l'exigence morale de rigueur envers soi même et envers les autres suffit a rendre l'homme heureux. C'est une philosophie , non de l'absurde mais de l'optimisme. Je l'ai découvert dans ma jeunesse; elle me guide encore aujourd'hui.
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LE livre qui m'a permis de reconstruire une phiosophie de vie à 18 ans en me guidant pas à pas de "la vie est absurde" à "il faut imaginer Sysiphe heureux". Eternel.
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Très bon essai sur l'absurde livré par Camus avec une réflexion personnelle bienétayée, très intéressante notamment le passage sur Don juan.
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Que dire de cet ouvrage ? Même avant de l'avoir terminé, je me suis rejeté à l'assaut de ses premières pages. Tel un guerrier dont l'orgueil déchiré l'oblige à retourner à un combat perdu d'avance, je n'ai pu m'empêcher de recommencer cet ouvrage. Troublé par ces mots, je ne pouvais demeurer vivant sans en comprendre davantage le sens. Et encore aujourd'hui, le sens profond du livre m'échappe. J'ai le sentiment de ne pas en avoir finit avec ce livre. Cette sensation m'est familière avec certaines oeuvre d'art, devant lesquelles il m'est impossible d'être rassasié, devant lesquelles je ne peux dire: "j'ai saisi", ou "j'en ai assez". Chaque fois que je regarde ces oeuvre, je sens que quelque chose m'échappe. Je les quittes quelques minutes, puis, obsédé, je reviens les contempler. Ce livre est du même ordre : il est inépuisable. Sous ces mots, je vais uniquement vous donner un aperçu bref de l'absurde Camusien car un approfondissement se traduirait en un échec tant il est profond. Puis, je vous parlerai de mon ressenti personnel au contact des phrases de ce chef-d'oeuvre.

Camus aborde en effet la tragédie de l'homme, qui consiste en l'incapacité de sa raison à cohabiter avec le monde. le monde n'obéit pas à la rationalité humaine. C'est ici que nait l'absurde. Car "l'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde." Très concrètement, il est absurde pour un homme de vivre tout en sachant qu'il mourra. La raison ne convient pas au monde car "comprendre le monde pour un homme, c'est le réduire à l'humain, le marquer de son sceau."

Confronté à cette alarmante situation, l'homme envisage des solutions. L'une d'entre elle est le suicide. En effet, si l'absurde provient de la confrontation entre la raison humaine et le monde, supprimer un des comparé revient à supprimer le comparant, donc le problème. Si la raison n'est plus, l'absurde n'est plus car il n'y a plus de confrontation entre la raison et le monde. Cependant, selon Camus, le suicide ne serait en aucun cas une suite logique à cette équation car il reviendrait à annuler sa résolution, et non à la résoudre. Si j'essaye de trouver la somme de 1 et de 1, et que je supprime un des deux chiffres, je ne peux prétendre avoir trouvé la solution. Aussi, accepter le suicide revient à accepter l'absurde en se précipitant vers lui. Si je suis confronté à l'absurde car, atteint d'une maladie mortelle, ma raison peine à trouver un sens à ma vie; alors, me suicider revient à me précipiter vers l'absurde.

La solution s'exprime donc dans la révolte lucide de l'homme. La suite logique à l'absurde que l'homme doit emprunter est une révolte consciente contre ce mal. Car, "pour un homme sans oeillères, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse." En continuant à vivre, mais avec une certaine distance vis à vis du monde, l'homme ne se résigne pas à l'absurde : il s'adapte. Certes, ce n'est pas une solution qui apporte un bonheur aussi important que si l'absurde n'existait pas, mais c'est la meilleure possible. Camus "transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort" car il peut "se sentir désormais assez étranger à sa propre vie pour l'accroitre et la parcourir sans la myopie de l'amant". La révolte Camusienne est même meilleure que l'ignorance à l'absurde. Tel l'habitus de Pierre Bourdieu, l'âme consciente de l'absurde saura plus heureuse et plus libre que l'ignorante. Connaître ses limites, c'est mieux vivre avec. Connaître la structure structurée dans laquelle je vis, c'est pouvoir mieux la rendre structurante. Une révolte consciente face à l'absurde est donc synonyme de liberté.

Vous l'aurez compris, la partie concernant la révolte est plus floue, certes, mais elle est vraiment intéressante. Pour les personnes familières à la philosophie, Camus utilise la dialectique Hegelienne. J'expose, je m'oppose, je dépasse. J'expose, ma raison ne correspond pas au monde, je choisis de m'opposer (suicide), je dépasse l'opposition et je me révolte...

Si je discutais avec mes amis, j'aurais dis de ce livre que c'est un "banger". J'ai rarement ressenti de telles sensation avec un livre. Il est d'une richesse inouïe et a un champ d'action passionnément large. Camus ne pond pas juste un essai sur l'absurde, il illustre ses dires chez des auteurs, avec des exemples concrets, notamment le fameux Mythe de Sisyphe. Cependant, lors de quelques passages, la pensée de Camus m'échappe totalement. Je n'arrive pas à saisir ce qu'il veut dire et je demeure dans le flou. Je pense que cela provient d'une incompatibilité de références culturelles. La pensée de Camus est très riche et ses phrases sont très précises et intelligente. Dans quasiment chaque chapitre, il est possible de trouver des citations à poster sur instagram incrustées sur une photo de coucher de soleil... Ca fait réfléchir... Sé profond...
Je vous conseille profondément cet ouvrage, ce classique, qui n'est pas aussi abrupte que ça pour ce qu'il contient (Kant, je te vois).

Luc
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La chair de l'absurde.

Tout au long de sa vie, Albert Camus reste attaché à cette philosophie de l'absurde. Selon lui, il n'y a au fond qu'un seul problème philosophique concret : "le suicide". Face au "rien" qui nous entoure, nos êtres sont avides de force. Chaque être est confronté à la dure réalité de son aventure, le chemin est parfois sinueux ou sans sens particulier mais la vie, si difficile qu'elle est, vaut la peine d'être vécu. Et c'est à nous autres de donner sens à la vie.

La réflexion de Camus repose sur deux questions fondamentales : Comment pouvons-nous exister sans utilité ou signification? Et comment pouvons-nous élaborer un sens? L'illustration du propos s'élabore par un symbolisme pur, à savoir le Mythe de Sisyphe. Considérant la destinée de Sisyphe, lequel est condamné à pousser une pierre au sommet d'une grande montagne, il sait que l'idée de mourir n'effleure pas Sisyphe. Il y a certes la facilité de songer au sens "absurde" de notre existence, mais au-delà de cela Camus s'essaye à une autre analyse. À savoir, se laisser habiter par l'absurde.

Il y a derrière la perspective corruptible de cette finalité, une victoire, et cela même lorsque le châtiment s'applique. le Mythe de Sisyphe s'inscrit sans aucun doute comme une vaste confrontation entre la vocation humaine et le silence démesuré du monde. L'Étranger d'Albert Camus en avait esquissé la toile, et l'oeuvre présente nous la fait désormais figurer en chef-d'oeuvre. Au fond l'âpreté d'aucuns ne pourraient remettre en cause l'analyse, elle demeure sur une ligne constante faite de rigueur et de profondeur.
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Un essai magistral
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Vraiment très intéressant. Ouvre de nouveaux champs de réflexion sur le sens de la vie. Une révélation !
Je conseille en complément l'excellent film "La femme des sables" de Hiroshi Teshigahara (1964).
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L'un des meilleurs livre philosophique que j'ai lu. Cette notion d'absurde est tellement actuelle qu'il faudrait que tout le monde le lise. L'absurdité dans l'art et à travers des personnages comme Don Juan est clairement expliqué. J'ai très apprécié, c'est le raisonnement sur Kafka et ses oeuvres. L'espoir dans la vie est une illusion. Critiques des philosophes de la phénoménologie. Comment donner un sens à la vie ? Rester dans l'absurde...
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