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4,02

sur 1832 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
D'un côté et de l'autre du miroir
se voient
ceux qui se ressemblent.
C.à.d. nous tous.

J'ai eu beaucoup de mal à saisir la notion d'absurde. Je ne suis pas certain de l'avoir bien fait, tant la notion m'est étrange et étrangère.

Camus se montre, s'explique, comme un homme qui veut, non, qui exige une justification immanente et parfaite à l'existence. N'en trouvant pas, il prend cette absence comme point de départ d'une approche de la vie, qu'il refuse d'appeler éthique ou métaphysique. Peut-être aurait-il développé un tel système
s'il en avait eu le temps ? Non seulement il refuse les consolations de la philosophie, et toutes les autres, mais il souhaite n'avoir à faire qu'à cette absence, à ce vide hurlant. Et devant lui, la révolte lui parait la seule réponse digne. La seule qui puisse justifier de continuer à vivre. Vivre de façon boulimique, comme un enragé de la vie. La vie même, la vie nue, comme protestation envers cet état de choses. Rien de plus, rien de moins. Et Camus d'élaborer les conséquences de ce choix dans diverses dimensions de la vie humaine: l'amour, l'action ou la création.

J'ai été indigné, d'abord, par l'exigence totale qu'exprime Camus. Tout, tout de suite ! Allons, la vie ne va pas ainsi, me suis-je dit. Puis je me suis étonné de cette faim, non, de cette famine hurlante qu'il semble éprouver sur le plan existentiel. Cette indignation, ce sentiment d'un scandale de l'existence. Je me suis rendu compte que là où il semble éprouver un vide je ressens une plénitude. L'expérience d'être vu, connu et accepté. Une paix intérieure, un repos. Oh, je ne suis pas immunisé contre la souffrance, et un jour je mourrai. Dans quinze à vingt ans, selon les statistiques, ce qui n'est pas énorme. Mais il s'agit là de vents, de tempêtes qui agitent les eaux de surface. En ses profondeurs, le coeur sait la partie déjà gagnée : il suffit de la vivre.

Deux réponses très différentes à une situation qui est sans doute la même. En regardant dans un miroir, peut-on voir son opposé ? Sans doute. Mais, monsieur Camus, vous êtes un homme intègre, un homme bon. Permettez-moi de croire que la bonté n'est jamais en vain.




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J'ai bien sûr rencontré le mythe de Sisyphe a l'école et durant ma relecture actuelle, quelques années plus tard, je ne peux que me demander si elle était à l'époque bien adaptée ?
En effet quelle étrange situation que de proposer cette oeuvre dans le cursus scolaire à des ado en construction.
Se retrouver face à l'absurdité de la vie a cet âge, ce n est pas chose aisée et pour peu que les ados s arrêtent en cours de lecture a tout hasard, au premier chapitre ils n auront eu que l apologie du suicide.

Au-delà de cette remarque, avez vous vraiment besoin que je critique la plume de Camus ?

Elle est merveilleuse !
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Que dire de cet ouvrage ? Même avant de l'avoir terminé, je me suis rejeté à l'assaut de ses premières pages. Tel un guerrier dont l'orgueil déchiré l'oblige à retourner à un combat perdu d'avance, je n'ai pu m'empêcher de recommencer cet ouvrage. Troublé par ces mots, je ne pouvais demeurer vivant sans en comprendre davantage le sens. Et encore aujourd'hui, le sens profond du livre m'échappe. J'ai le sentiment de ne pas en avoir finit avec ce livre. Cette sensation m'est familière avec certaines oeuvre d'art, devant lesquelles il m'est impossible d'être rassasié, devant lesquelles je ne peux dire: "j'ai saisi", ou "j'en ai assez". Chaque fois que je regarde ces oeuvre, je sens que quelque chose m'échappe. Je les quittes quelques minutes, puis, obsédé, je reviens les contempler. Ce livre est du même ordre : il est inépuisable. Sous ces mots, je vais uniquement vous donner un aperçu bref de l'absurde Camusien car un approfondissement se traduirait en un échec tant il est profond. Puis, je vous parlerai de mon ressenti personnel au contact des phrases de ce chef-d'oeuvre.

Camus aborde en effet la tragédie de l'homme, qui consiste en l'incapacité de sa raison à cohabiter avec le monde. le monde n'obéit pas à la rationalité humaine. C'est ici que nait l'absurde. Car "l'absurde naît de la confrontation de l'appel humain avec le silence déraisonnable du monde." Très concrètement, il est absurde pour un homme de vivre tout en sachant qu'il mourra. La raison ne convient pas au monde car "comprendre le monde pour un homme, c'est le réduire à l'humain, le marquer de son sceau."

Confronté à cette alarmante situation, l'homme envisage des solutions. L'une d'entre elle est le suicide. En effet, si l'absurde provient de la confrontation entre la raison humaine et le monde, supprimer un des comparé revient à supprimer le comparant, donc le problème. Si la raison n'est plus, l'absurde n'est plus car il n'y a plus de confrontation entre la raison et le monde. Cependant, selon Camus, le suicide ne serait en aucun cas une suite logique à cette équation car il reviendrait à annuler sa résolution, et non à la résoudre. Si j'essaye de trouver la somme de 1 et de 1, et que je supprime un des deux chiffres, je ne peux prétendre avoir trouvé la solution. Aussi, accepter le suicide revient à accepter l'absurde en se précipitant vers lui. Si je suis confronté à l'absurde car, atteint d'une maladie mortelle, ma raison peine à trouver un sens à ma vie; alors, me suicider revient à me précipiter vers l'absurde.

La solution s'exprime donc dans la révolte lucide de l'homme. La suite logique à l'absurde que l'homme doit emprunter est une révolte consciente contre ce mal. Car, "pour un homme sans oeillères, il n'est pas de plus beau spectacle que celui de l'intelligence aux prises avec une réalité qui le dépasse." En continuant à vivre, mais avec une certaine distance vis à vis du monde, l'homme ne se résigne pas à l'absurde : il s'adapte. Certes, ce n'est pas une solution qui apporte un bonheur aussi important que si l'absurde n'existait pas, mais c'est la meilleure possible. Camus "transforme en règle de vie ce qui était invitation à la mort" car il peut "se sentir désormais assez étranger à sa propre vie pour l'accroitre et la parcourir sans la myopie de l'amant". La révolte Camusienne est même meilleure que l'ignorance à l'absurde. Tel l'habitus de Pierre Bourdieu, l'âme consciente de l'absurde saura plus heureuse et plus libre que l'ignorante. Connaître ses limites, c'est mieux vivre avec. Connaître la structure structurée dans laquelle je vis, c'est pouvoir mieux la rendre structurante. Une révolte consciente face à l'absurde est donc synonyme de liberté.

Vous l'aurez compris, la partie concernant la révolte est plus floue, certes, mais elle est vraiment intéressante. Pour les personnes familières à la philosophie, Camus utilise la dialectique Hegelienne. J'expose, je m'oppose, je dépasse. J'expose, ma raison ne correspond pas au monde, je choisis de m'opposer (suicide), je dépasse l'opposition et je me révolte...

Si je discutais avec mes amis, j'aurais dis de ce livre que c'est un "banger". J'ai rarement ressenti de telles sensation avec un livre. Il est d'une richesse inouïe et a un champ d'action passionnément large. Camus ne pond pas juste un essai sur l'absurde, il illustre ses dires chez des auteurs, avec des exemples concrets, notamment le fameux Mythe de Sisyphe. Cependant, lors de quelques passages, la pensée de Camus m'échappe totalement. Je n'arrive pas à saisir ce qu'il veut dire et je demeure dans le flou. Je pense que cela provient d'une incompatibilité de références culturelles. La pensée de Camus est très riche et ses phrases sont très précises et intelligente. Dans quasiment chaque chapitre, il est possible de trouver des citations à poster sur instagram incrustées sur une photo de coucher de soleil... Ca fait réfléchir... Sé profond...
Je vous conseille profondément cet ouvrage, ce classique, qui n'est pas aussi abrupte que ça pour ce qu'il contient (Kant, je te vois).

Luc
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Il est difficile de critiquer quand il s'agit de Camus. Livre de la série de l'absurde. L'apologie, voire même, la propagande du suicide est amenée de façon raffinée, presque normale, à tel point que l'on peut (JE ?) se demander si le faire serait une erreur ou un héroïsme. Merci pour cet essai !
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L'absurde, voilà ce que savait Camus. L'absurde qui rejoint la philosophie orientale. "Savoir que je ne suis rien, c'est être Sage, savoir que je suis tout, c'est l'Amour, entre les deux c'est l'écoulement de la vie" disait Maharaj. Camus dans son Mythe de Sisyphe réussit avec tact et passion à nous faire plonger en nous-même, à nous faire réfléchir sur notre condition d'humain et à nous faire accepter finalement notre décision de vivre.

Un livre indispensable
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Que dire qui n'ai pas déjà été dit ? Je vais faire court et simplement donner mon impression.
J'ai adoré. J'aime la plume de l'auteur, je trouve le livre toujours aussi contemporain dans sa réflexion comme L'étranger l'est, j'aime l'absurde, j'aime la philosophie accessible qu'offre Albert Camus. Ce n'est pas un classique pour rien.
Je connaissais le mythe de Sisyphe avant d'avoir lu ce livre, j'en comprenais l'absurdité mais je n'en comprenais pas le sens profond et Camus est très doué pour expliquer cela. C'est aussi un bon essai pour comprendre l'absurde philosophique, dans l'art et dans les romans en général, je le conseil vraiment à tout le monde car outre sont accessibilité c'est aussi de l'absurdité dans la vie dont il est question et les contradictions que cela apporte.
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Bonjour, Albert Camus restera- une figure!!! Ne peut 'on imaginer que l'esclave se libère de ses chaines. N'en déplaise aux grands qui gravitent autour de la planète TERRE !!! La jeunesse fait preuve de courage!!! Sans faire de prosélytisme : Qui le mieux à même de représenter un espoir? Je vous le laisse deviner!!! Amicalement. André. Livre à lire. A recommander. A méditer!!! PS: Je tiens à rendre hommage au site Babelio , ces modérateurs et à toutes celles et ceux qui ont permit de financer ce projet! Bravo Babelio.
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Dans le mythe de Sisyphe, les messages de Camus sont d'une grande profondeur : il faut imaginer Sisyphe heureux ! La première façon de prendre cette phrase, c'est de dire que même dans les difficultés et la répétition des problèmes, il faut reprendre chaque jour le collier et tirer la charrue. Est-ce le bonheur dans la résignation ?
Car il y a d'autres réponses possibles, par exemple : dans les difficultés et la répétition des problèmes, cherchez des solutions, faites des tentatives, bricolez des solutions, recherchez des appuis, collaborez avec les autres, faites preuves de débrouille. On trouve de ces attitudes créatives, et sur le fond optimistes même dans la vie des immigrés, et les récits de survivants en donnent même des traces dans les camps de concentration. La réponse à ces situations de répétitions sans fin de problèmes, c'est aussi le Indignez-vous de Stéphane Hessel, ou L'homme révolté d'Albert Camus bien sûr.
Le second message de Camus, c'est qu'il faut continuer à vivre même si la vie humaine est absurde dans un monde absurde. Là aussi il y a d'autres réponses possibles, par exemple : varier les activités jusqu'à en trouver qui donnent du sens à la vie. C'est ce qu'on fait dans l'éducation en amenant les enfants à essayer divers loisirs et diverses activités scolaires en se disant qu'il y en a qui deviendront des centres d'intérêts ou des passions. Souvent ça réussit, pas toujours : il serait intéressant que les chercheurs en psychologie trouvent quelles proportions de quelles parties de la population vivent sans passion, considérant que la vie n'a aucun sens et aucun intérêt. J'espère qu'il n'en trouveront pas trop.
Camus fait partie de ces auteurs qui ont une grande profondeur dans une grands simplicité : on a intérêt à méditer ce qu'il nous livre, à y trouver des vérités et des enseignements qui nous enrichissent. Mais le lire nous donne aussi l'occasion de chercher d'autres solutions, pas pour critiquer les siennes, mais pour déterminer les autres en ouvrant le champ des possibles.
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Dans un monde sans Dieu, sans dieux, il faut imaginer Sisyphe heureux, comme dit Albert Camus dans les derniers mots du livre. Il développe une loi morale qu'on se doit de respecter non pour obéir à une quelconque religion , mais pour rendre la vie sur terre vivable.Mais attention, il ne rejette pas pour autant tous les aspects de la religion. le travail et l'exigence morale de rigueur envers soi même et envers les autres suffit a rendre l'homme heureux. C'est une philosophie , non de l'absurde mais de l'optimisme. Je l'ai découvert dans ma jeunesse; elle me guide encore aujourd'hui.
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La chair de l'absurde.

Tout au long de sa vie, Albert Camus reste attaché à cette philosophie de l'absurde. Selon lui, il n'y a au fond qu'un seul problème philosophique concret : "le suicide". Face au "rien" qui nous entoure, nos êtres sont avides de force. Chaque être est confronté à la dure réalité de son aventure, le chemin est parfois sinueux ou sans sens particulier mais la vie, si difficile qu'elle est, vaut la peine d'être vécu. Et c'est à nous autres de donner sens à la vie.

La réflexion de Camus repose sur deux questions fondamentales : Comment pouvons-nous exister sans utilité ou signification? Et comment pouvons-nous élaborer un sens? L'illustration du propos s'élabore par un symbolisme pur, à savoir le Mythe de Sisyphe. Considérant la destinée de Sisyphe, lequel est condamné à pousser une pierre au sommet d'une grande montagne, il sait que l'idée de mourir n'effleure pas Sisyphe. Il y a certes la facilité de songer au sens "absurde" de notre existence, mais au-delà de cela Camus s'essaye à une autre analyse. À savoir, se laisser habiter par l'absurde.

Il y a derrière la perspective corruptible de cette finalité, une victoire, et cela même lorsque le châtiment s'applique. le Mythe de Sisyphe s'inscrit sans aucun doute comme une vaste confrontation entre la vocation humaine et le silence démesuré du monde. L'Étranger d'Albert Camus en avait esquissé la toile, et l'oeuvre présente nous la fait désormais figurer en chef-d'oeuvre. Au fond l'âpreté d'aucuns ne pourraient remettre en cause l'analyse, elle demeure sur une ligne constante faite de rigueur et de profondeur.
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