Et si l'homme disparaissait ?

Comment faire de l'éthique sans l'affirmer directement, de l'éthique animale, de l'éthique environnementale et bien sûr de l'éthique humaine, celles de nos futures générations que nous laisserons dans un monde incertain si nous ne changeons pas nos habitudes. À moins que nous disparaissions avant ? C'est le sujet de ce livre écrit par deux spécialistes. Fabrice Capber est vétérinaire et naturaliste, parcourant la planète depuis plus de 35 ans pour la faire découvrir au grand public et le sensibiliser à la fragilité de notre planète. Caroline Capber-Habold est chercheure à l'Institut Pluridisciplinaire Hubert Curien, une unité de recherche du CNRS et de l'Université de Strasbourg. Cette scientifique étudie les adaptations des animaux aux changements climatiques et dans des environnements anthropisés. En particulier, les deux auteurs sont spécialistes du Grand hamster ou hamster d'Europe (Cricetus cricetus). Cette espèce, dite nuisible et exterminée pendant des dizaines d'années par les chasseurs et agriculteurs, est aujourd'hui protégée et des millions d'euros sont dépensés à sa conservation. L'éthique, animale et environnementale, évolue avec nos sociétés, mais surtout avec les connaissances scientifiques sur notre monde et son vivant.
C'est ce message que les auteurs réussissent à transmettre dans ce livre à travers les pérégrinations de Cricetus, ce hamster, dans un monde apocalyptique en 2030. Cricetus se réveille de son hibernation et sort de sa cachette dans un cimetière d'une ville slovaque. Il doit absolument se nourrir et part en quête de graines, mais il doit faire attention aux humains. Pourtant, il ne rencontre plus aucun bipède sur son chemin. L'humanité a disparu laissant place à une végétation luxuriante sur laquelle les animaux qui ne sont plus perturbés, viennent se poser, s'abriter, nidifier ou s'alimenter. C'est un scénario probable, souvent appelé le grand effondrement, où après avoir changé le climat, anéanti la biodiversité, l'Homme finit lui aussi par disparaitre.
Les auteurs décrivent les différentes causes de cet effondrement, multiples et qui se combinent dans un cocktail explosif. La disparition à cause de pandémies à répétition causées par des déplacements et des rencontres improbables d'espèces. La disparition à cause de notre goût pour la viande menant à la perte de la biodiversité, aux multiples grippes ou coronavirus. La disparition à cause de notre involonté à ne plus utiliser l'énergie fossile responsable du changement climatique conduisant à des incendies gigantesques, à la fonte des glaces et à la montée des eaux. La disparition à cause de notre consommation de plastique créant un nouveau continent. La disparition à cause de notre insatiable soif de technologies inutiles produisant toujours plus de pollution lumineuse et auditive. La disparition des végétaux, la disparition des animaux, la disparition de l'homme. Nous ne pouvons exister sans eux, sans avoir un éthique animale, une éthique environnementale, un respect inconditionnel pour les êtres habitant cette planète. C'est le concept de OneHealth, une seule santé. On pourrait dire aussi OneEthics, une seule éthique. Les auteurs concluent ainsi : « À chacun de tirer les leçons de cette nouvelle page de l'histoire humaine et d'agir en conséquence, si cela est encore possible. »