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EAN : 9782746503601
91 pages
Le Pommier (05/02/2008)
3.95/5   19 notes
Résumé :
Les tigres pissent pour délimiter leur niche. Ainsi font sangliers et chamois. Mimons-nous ces animaux ? Je le crains, je le vois, je le sens. Quiconque crache dans la soupe ou la salade s'en assure la propriété. Vous ne couchez pas dans des draps salis par un autre ; ils sont désormais à lui. Pour pouvoir recevoir ses clients, un hôtel, un restaurant, inversement, nettoient lit et serviettes. L'éthologie, science des conduites animales, comme les pratiques hospital... >Voir plus
Que lire après Le mal propre : Polluer pour s'approprier ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
C'est toujours un challenge de taille que d'entreprendre la critique d'un livre de Michel Serres. La minceur de celui-ci et le thème abordé m'avaient attiré. Cela reste une écriture qui demande un effort pour s'approprier les néologismes et naviguer avec attention parmi les méandres de sa pensée foisonnante

Le mal propre : chaque terme renvoie à différentes significations, et la combinaison des deux crée une multitude d'interprétation de la formule. Et c'est en quelque sorte ce qui attend le lecteur au fil des pages

L'être vivant, qu'il soit humain ou animal, marque son territoire. Il le compisse ou le conchie lorsqu'il marche à 4 pattes, il le pollue quant il détient les richesses, il le souille d'un sang qu'il juge impur lorsqu'il part sur les sentiers de la guerre.
Toute velléité de propriété s'accompagne d'une salissure, qui éloigne les prétendants au bien (agression sonore de la musique imposée et des moyens de transports, agression visuelle des publicités qui envahissent l'entrée défigurée de nos villes, et marquent de leur sceau tous nos «biens», agression olfactive par la pollution environnante, jusqu'à l'agression du goût à travers une nourriture standardisée issue des marmites de l'agro-alimentaire. L'appropriation est devenue «la guerre de tous contre tous», risquant de provoquer à terme l'anéantissement de la planète, tel un nouveau Déluge engloutissant la surface sous des tonnes de déchets, de résidus, mais aussi de signes de marques , de publicité.

Quelle solution pour inverser la tendance? La location! Agissons en locataires et non en propriétaire. «Face au mal propre, son symétrique est le Bien Commun». Avec pour devise «ceci me suffit».

Dans la même ligne de logique que le»Contrat naturel» paru vingt ans plutôt, et où l'auteur prônait le respect de l'environnement, avec un but ultime : l'achèvement du processus d'hominisation, qui nous libèrera de nos conduites animales


Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Étonnants et multiples rapports entre l'acte de souiller et l'appropriation...
Dans une première partie, ils sont explorés à travers la généalogie des concepts, principalement grâce aux étymologies latines qui révèlent des parentés inattendues (ex. 'pagus' et 'pax'). Là, il est question de la dimension "micro", de l'appropriation individuelle de son espace minime - le lopin de terre qui nous revient parce qu'y sont enterrés nos aïeux ou la matrice de notre compagne... - jusqu'à la création d'un espace national fondé sur l'holocauste de leurs fils par les gérontocrates (les guerres) et monuments aux morts successifs. C'est la pollution par le crachat - à défaut de l'urine -, le sang et le sperme.
Dans la seconde partie, la pollution revêt son second sens courant, environnemental, donc élargi à l'espèce humaine dans sa globalité : "Ce qui environne l'Homme le désigne comme centre" (p. 73). Dès lors, deux paires d'acceptions entrent en jeu : la pollution dure et douce, d'une part, et la possession ou dépossession d'un espace dont la notion de limite ou de frontière devient problématique, d'autre part.
J'ai été particulièrement touché par la "pollution douce" - "aussi dangereuse sinon plus nocive [que la dure]" (p. 85) - reposant sur l'empire des signes, logos, marques, images, discours, lesquels, en s'appropriant notre horizon sensoriel et cognitif, font de nous des "possédés" qui évoluent dans un espace généralement et globalement "conchié".
La conclusion du court essai me semble poser des bases philosophiques aux théories de la décroissance, ce qui me plaît, venant d'un tel pupitre... (et me donne envie de me pencher sur "Temps des crises").
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Dans la continuité du Contrat naturel, Michel Serres poursuit sa réflexion sur nos impacts environnementaux, en allant au delà des seules questions de responsabilité et de législation pour nous amener à préserver l'environnement.
Dans ce livre, moins connu, c'est la notion d'appropriation des ressources et des espaces naturels qui est mis en avant en décryptant un processus aussi ancien que nos origines animales, la pollution, comme élément pour marquer notre main mise sur ces biens communs.
Il n'est pas du tout intuitif de dépasser la stricte référence physique, chimique ou biologique d'une pollution, pourtant, ces effets induisent une incidence susjacente, la possession, comme un animal marque son territoire pas ses excréments et urines.
Peut reprise dans les débats actuels, ces propos resteront sans doute une analyse plus en profondeur de la dynamique de nos sociétés et de son rapport à l'environnement, qui ne pourra réellement progresser, qu'en prenant conscience de cette imbrication du rapport à la propriété des ressources et espaces naturels et à leur pollution.
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Difficile de critiquer ce livre ... C'est d'une telle richesse malgré la minceur du volume qu'il faut étre en phase avec le propos de Michel Serres pour vraiment avancer avec lui dans cette pensée qui met a plat le fait que l'homme colonise la terre de par la saleté qu'il laisse . de visu cela a l'air facile a comprendre , mais sur le fond c'est une toute autre histoire . On est ici dans une pensée élaborée qui ne s'écoute pas parler mais qui agit . En méme temps c'est un essai sur l'environnement et l'écologie , et en méme temps c'est une parabole philosophique . En somme voila un ouvrage passionant , auquel l'on revient parceque l'on a besoin de plusieurs lectures pour vraiment tout saisir .
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Polluer pour s'approprier ? ce petit livre est une analyse magistrale du propre, de l'impropre, du malpropre et du Mal propre.
Nous salissons ce qui nous appartient, comme les animaux marquent leur territoire de leurs urines ou de leurs excréments. Ce qui est sale nous appartient. Personne ne veut dormir dans nos draps salis, boire dans le verre que nous venons d'utiliser. A l'inverse un hôtel nettoie les chambres avant de les proposer. le propre n'appartient à personne.
Mais il est temps, d'après Michel Serres, de comprendre que l'on ne fait qu'emprunter ce que nous utilisons et de laisser la terre propre derrière nous
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Le siècle des Lumières tenta de nous libérer de Jupiter, je veux dire de l'emprise du divin. Y réussit-il? Passé le second conflit mondial, quelques hommes de talent et de bonnes volonté inventèrent une Europe sans frontières pour tenter à leur tour, de libérer les nations de l'emprise de Mars, je veux dire des horreurs mortelles de la guerre. Réussiront-ils? Faut-il désormais nous affranchir des affrontements déclenchés par l'emprise de Quirinus, je veux dire par la production, le travail, l'épuisement des ressources, le commerce, l'économie, la circulation volatile des biens et des signes? Quelles nouvelles Lumières libéreront l'humanité de ces 3 faux dieux?
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Quand le vaisseau coule, deviennent dérisoires, stupides et dangereuses les batailles contre les timoniers, en haut, sur la passerelle, et les mécaniciens, en bas, aux machines.
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Issus d'un corps mâle, l'urine ou le sperme dessinent et fondent des appartenances individuelles et privées : sur une étendue, de cette manière enclose, ou sur une ou des femelles consentantes et soumises. Les cadavres des ancêtres fondent celle du pagus ou des champs qui composent la ferme. la propriété passe alors d'une personne -ou d'un animal- à sa famille, à sa tribu. Le sang répandu des victimes dessine les limites, déjà publiques, d'un temple, de cette façon découpé, devenu sacré ou tabu...
P37
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Si et quand le marin, tangage et roulis, vit dans le sourire innombrable des divinités océanes, quand et si le paysan ne cesse, pour garder son nom, de magnifier le paysage, alors le premier ne lâchera plus de marée noire et le second ne livrera plus son volume au tsunami de la publicité.
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D'une manière objective, nous considérons les issues des usines ou du chauffage des ménages, les carcasses de voitures, les champs d'épandage... nous considérons dis-je, ces déchets sous l'aspect physique ou énergétique, mais je cherche à décrire, ici, le moteur de l'expansion spatiale de ces pollutions. Et aussi bien, de celle des autres salissures, à zéro d'énergie mais tout aussi nauséeuses, images et phrases de publicité réduisant les entrées de nos villes à des fonds de poubelles, ce bruit de fond perpétuel assourdissant de son tintamarre... Il s'agit là de signes, doux, non de corps chimiques, durs. Comment maintenant passer des uns aux autres ? Ce passage contient, tout justement, le secret de l'expansion. p51
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Michel Serres nous manque déjà...

Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

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