AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,39

sur 1070 notes
« Les rêveurs » est le tout premier roman de l'actrice Isabelle Carré. Dès que je l'ai aperçu au milieu de la rentrée littéraire, j'ai aussitôt eu envie de le découvrir. Je remercie donc profondément NetGalley et les éditions Grasset pour leur confiance.
Alors je ne vais pas mentir : en ouvrant la première page de ce roman, j'espérais y retrouver la comédienne que j'admire tant. Sa délicatesse de fée, son aura exceptionnelle, sa fragilité emplie de grâce et de raffinement. J'y ai trouvé tout ça. La plume d'Isabelle Carré n'est pas renversante mais elle est belle dans sa justesse et sa candeur. Elle est pure, poétique parfois, toujours dorée.
« Les rêveurs » m'a presque fait l'effet d'un roman qui s'écoute. J'entendais la voix douce d'Isabelle me raconter sa mère et ses ombres, son père aux mille facettes, et puis sa propre enfance qu'elle choisissait de dévoiler suivant des thèmes précis, inscrits en tout début de chapitre et égayant la lecture. Elle nous raconte ses souvenirs, des épisodes de vie dans lesquels nous pouvons tous nous retrouver, des objets du passé qui l'émeuvent encore aujourd'hui. Il y a une alternance d'époques et la femme d'aujourd'hui mêle sa voix à la gosse du passé. Et il est poignant ce regard adulte gorgé d'un mélange de nostalgie et de tendresse qu'elle pose sur son moi d'avant.
L'histoire en elle-même m'a plu parce que c'est un thème que j'affectionne énormément et – jolie coïncidence – sur lequel j'écris aussi : la nostalgie des temps passés, la vie qui brutalement détache la peau de votre enfance et vous laisse nu, face au ténébreux et à l'inconnu. Alors c'est un roman sur l'enfance, bien évidemment, mais aussi sur les secrets qui corrompent en silence une famille. C'est un roman sur l'espoir tenace et la recherche de soi-même.
Le regard à la fois douillet et grave d'Isabelle m'a touchée. Après – et c'est là une remarque plus personnelle – j'ai aussi été frappée par son texte parce qu'il a fait écho à ma propre histoire à plusieurs reprises. Et c'est douloureux d'écouter quelqu'un nous raconter ce que l'on a vécu, malgré d'infimes différences : ça tord et ça égratigne.
Bien sûr Isabelle nous raconte également le théâtre, le frisson de la scène jusqu'à l'intensité des caméras. On y comprend que ce roman n'a au fond rien de surprenant, qu'elle a toujours écrit. Il y a des moments vraiment durs au cours desquels l'auteur ne nous ménage pas et d'autres merveilleux de brillances et de joie. Mais dans la peine ou l'espérance, la plume d'Isabelle reste lisse, cristalline et terriblement sincère. On comprend alors à travers ses mots la gravité étrange et arachnéenne qui émane d'elle lorsqu'elle joue ; elle se livre sans réserve mais toujours avec une exceptionnelle élégance.
Je ne peux pas parler davantage du texte en lui-même parce qu'il est surprenant à découvrir mais, finalement, plus que l'histoire en elle-même, c'est la façon dont l'auteur la livre qui transporte et brille. C'est un roman qui je pense parlera à beaucoup de lecteurs, chacun pouvant y retrouver une partie de son soi perdu, un fragment de ses vies d'avant, et y cueillir de belles leçons pour se dépasser et ne pas oublier de vivre avant qu'il ne soit trop tard, comme Isabelle nous le rappelle avec ardeur : "ma confiance revient. J'écris « Vivre, vivre… » sur des dizaines de pages de mon cahier, d'une écriture survoltée de plus en plus large. Avec ces grands V partout, qui remplissent toutes les feuilles, j'ai l'impression d'assister au départ d'une colonie d'oiseaux migrateurs."
Merci à Grasset et merci Isabelle : vous êtes une très belle âme, j'espère que vous continuerez d'écrire…
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          190
Les rêveurs
Isabelle Carré

Je connais un peu Isabelle Carré grâce à ses films, je l'apprécie en tant qu'actrice. Cela m'a surpris qu'elle écrive. C'est une personne discrète qui n'en fait jamais trop, elle a beaucoup de charme et sa façon d'être donne envie d'en savoir plus sur elle-même.
Isabelle raconte par séquence ses émotions.
Je suis passé un peu à côté de ce roman. L'in-chronologie m'a troublé et parfois agacé.
Il y a de bons passages.
Commenter  J’apprécie          180
Ayant entendue de bonnes critiques sur ce premier roman et aimant cette actrice, simple et lumineuse, je me suis laissée tenter par Les rêveurs.
J'ai aimé son écriture, agréable, cultivée, mais plutôt gênée par le style décousu, de retour en arrière même si je comprends là ou elle a voulu en venir. Aborder l'histoire de famille pour comprendre les failles de ses parents et ses propres failles en distillant des anecdotes de plus en plus intimes et destructrices.
Ce livre était salvateur pour elle, c'était le bon moment pour l'écrire et je le prends dans ce sens.

J'espère qu'elle aura maintenant l'envie de rentrer dans la fiction. Avec son talent d'écriture, je suis persuadée que ce pourrait être un très bon deuxième roman.
Commenter  J’apprécie          170
Livre lu dans le cadre du Prix Elle des lycéennes 2018.

Comme dans un rêve, des images nous apparaissent. Celles de bribes de souvenirs d'Isabelle Carré, étroitement mêlés à la fiction. Doucement, puis brusquement, les années passent et le portrait d'une jeune fille est brossé. Dans ce récit aux allures autobiographiques, l'actrice dépose ses espoirs, ses déceptions, ses joies.
Si l'écriture m'a d'abord parue artificielle et superficielle – les pages passaient, et j'avais l'impression d'observer plutôt que de plonger dans l'histoire -, j'ai ensuite pu apprécier la franchise et la délicatesse de l'auteure, qui partage avec nous les grandes étapes de son enfance, de son passage à l'âge adulte, de sa métamorphose. le récit reste émouvant et nostalgique, poétique, agréable à lire : Isabelle Carré donne vie aux membres de sa famille, tels qu'elle les voit, tels qu'elle les ressent : une famille floue et exaltée, bancale mais unique. Cependant, malgré leurs multiples caractères, les personnages m'ont parfois paru vides et froids, absents. J'avoue ne pas avoir été totalement transportée par ce roman, même si ce fut une douce lecture.
Commenter  J’apprécie          170
Alors que je referme ce livre d'Isabelle Carré, que j'ai vu lors de ses passages à La Grande Librairie et dont j'avais hâte de découvrir la plume, je ne sais trop quoi en penser, ne pouvant dire ni que je l'ai aimé, ni que je ne l'ai pas aimé. Une certaine confusion m'a accompagnée tout au long de ma lecture quant à la forme : pourquoi présenter l'ouvrage comme un roman, et non comme une autofiction, à laquelle il semble s'apparenter davantage ? Bien que ce que la narratrice évoque ne soit pas inintéressant, c'est plat, c'est à tout du moins la réflexion que je me suis faite le plus souvent au fil des pages. Tout se passe comme si elle racontait la difficulté de se construire auprès de figures d'attachement peu sécurisantes sans en extraire véritablement « la substantifique moelle », souffrant ainsi la comparaison avec d'autres auteur(e)s ayant abordé l'enfance avec plus de brio. « Tout se transforme lorsqu'on va au cinéma : la folie de Romy Schneider devient grandiose, le mal-être de Patrick Dewaere bouleversant, le filet de voix de Charlotte Gainsbourg touchant, la fébrilité de Nastassja Kinski sensuelle… » (p. 132) On dirait que c'est ce qu'elle n'arrive pas à faire dans le portrait de ses parents, dépasser la caricature et toucher à l'universel. Qu'a-t-elle voulu nous dire et pourquoi ? Je reste un peu perplexe.
Commenter  J’apprécie          160
Je me suis tournée vers ce livre car l'auteur est une actrice qui me plaît beaucoup. Les rêveurs est un roman autobiographique qui m'a permis de découvrir une Isabelle Carré beaucoup plus complexe que l'image qu'elle donne habituellement. Son enfance n'a pas été simple avec ses parents tous les deux assez « borderlines ». La liberté des enfants dans cette famille était totale, certainement excessive, au point d'avoir créé chez eux un fort sentiment d'insécurité. C'est sans doute ce qui a poussé la jeune Isabelle à l'âge de 3-4 ans à sauter par une fenêtre du château de ses grands-parents de peur que sa mère ne l'abandonne là…Plus tard, à 14 ans, Isabelle, adolescente, prendra des médicaments pour mettre fin à ses jours et passera quelques temps dans un hôpital psychiatrique… c'est d'ailleurs ce séjour qui l'amènera au théâtre, seul endroit suffisamment protecteur pour lui permettre d'exprimer ses émotions. D'autres épreuves l'attendent ensuite : la séparation de ses parents suite à l'annonce de l'homosexualité de son père, l'incarcération de son père liée à des soucis dans son travail qui amènera Isabelle à lui rendre souvent visite en prison. Je me rends compte que tout ce que je viens d'écrire ne rend pas justice au livre qui n'est pas du tout démoralisant. Au contraire il en ressort une certaine légèreté et beaucoup d'espoir quand on voit ce que cette enfance chaotique a donné ensuite. Cela tient peut-être aussi à la forme non linéaire du récit : les souvenirs se mêlent sans lien chronologique, les bons et les mauvais. le plaisir de lecture a aussi tenu en ce qui me concerne à la plongée dans une époque, les années 70 (les premiers baladeurs à cassettes : toute une époque !), que j'ai moi aussi connue à peu près au même âge. Dans la famille d'Isabelle Carré, les gens sont des « rêveurs » inadaptés au réel, c'est sans doute ce qui m'a tant plu chez l'actrice, sa fragilité, sa complexité, son décalage face à la norme.
Lien : http://monpetitcarnetdelectu..
Commenter  J’apprécie          160
La narratrice/autrice raconte sa mère et son indignité de fille-mère dans les années 60 et dans une famille aristocrate très à cheval sur les apparences. Elle raconte son père, issu d'un milieu modeste et étudiant aux Beaux-Arts qui est tombé sous le charme de cette femme fragile et perdue. « Il l'a prise en main, les a portés, elle et son enfant. Je sais combien cet homme a changé le cours des choses, a transformé sa vie, ses connaissances, puis modifié ses désirs et ses habitudes, de quelle façon il a bouleversé son regard sur le monde, sa façon d'être au monde. » (p. 22) Elle raconte son enfance dans la maison rouge, les ambiances différentes entre les maisons des grands-parents maternels et paternels, les jeux et les gamineries si délicieuses. « Notre univers avait la texture d'un rêve, oui, une enfance rêvée, plutôt qu'une enfance de rêve. » (p. 47) Car derrière la portrait idéal d'une tribu joyeuse et un peu bohème, il y a des fêlures, des secrets, des mensonges, comme dans toutes les familles en définitive. Dans la famille Carré, il y a du refoulement, des appétences pour le suicide et de l'autodestruction. « Je me suis demandé si ça valait la peine. C'est long, interminable. Est-ce qu'on va continuer comme ça longtemps ? C'est si vide. Tellement vide que j'ai eu envie de sortir de là. » (p. 91) La suite ? Elle reste à vivre.

C'est tout le talent d'Isabelle Carré, actrice lumineuse dans chacune de ses incarnations, de me faire apprécier sa douce autofiction, moi qui abomine ce genre. On ressent toute la bienveillance tendre et l'indulgence un peu agacée qu'elle a envers les errances de ses parents, mais aussi envers ses propres démons. « Pourquoi désire-t-on par-dessus tout l'inaccessible ? » (p. 162) Elle parle de sa famille pour parler d'elle, en une façon pudique de se présenter sans prendre toute la lumière. Au terme de son récit familial, elle interroge le besoin d'écrire et la pulsion de se raconter dans la fiction. Les rêveurs est un texte délicat sans être niais, brutal sans être agressif, lucide sans être accusateur. C'est la mise en mots d'une prise de conscience lente, sans doute douloureuse, mais salvatrice puisque créatrice de beauté.
Commenter  J’apprécie          160
Quand on évoque Isabelle Carré, ce sont toujours les mêmes mots qui reviennent : solaire, lumineuse, discrète. Comme si le soleil était discret !

Pourtant c'est vrai que cette actrice qui a une bonne quarantaine et ressemble toujours à une jeune fille nous émeut et nous touche par son apparente fragilité, son sourire à la fois pudique et radieux (décidément, on ne peut s'empêcher d'utiliser un vocabulaire solaire!), son regard franc et direct qui se plante dans vos yeux avec une désarmante sincérité.
Alors, puisque tout semble si clair, pourquoi a-t-elle éprouvé le besoin de nous livrer ses souvenirs ? Comme pour, peut-être, rétablir une certaine vérité...
Et elle a bien fait car nous découvrons que cet aspect lisse et apparemment simple cache un passé difficile, une enfance traumatisante, une adolescence perturbée, des premiers pas compliqués dans le début de l'âge adulte.

On est toujours l'héritier de ses parents, on reçoit en héritage leurs forces mais aussi leurs faiblesses, leurs fêlures, leurs manques. Et sur ce point, la petite Isabelle n'a pas été épargnée avec une famille maternelle très « fin de race » mais qui tient à préserver son image d'aristocrate en jetant dehors la fille déshonorée, sa propre mère. Une mère qui donc va toute jeune devoir s'occuper d'un enfant non désiré, et d'elle-même aussi, sans y avoir été le moins du monde préparée. Un autre enfant (Isabelle) d'un nouveau compagnon, puis encore un et une vie qui, enfin, semble se stabiliser.

Mais rien n'est si simple, et les déchirures continuent : problèmes de santé mentale pour la mère qui manque de jeter sa fille par la fenêtre, traumatisme ensuite quand elle apprend que son mari est homosexuel (à une époque où c'est encore une maladie qu'on « attrape »!!) et qu'elle le chasse. Isabelle se retrouve à 14 ans dans un internat psychiatrique après une tentative de suicide, mène une vie d'adolescente perturbée, désespérément seule. Son père lui offre, pour ses quinze ans, le droit d'habiter seule dans son studio ! A quinze ans ! C'est un miracle qu'elle n'ait pas totalement dévissé.

Ce qui l'a sauvée, c'est sans aucun doute son désir de se réaliser en tant qu'artiste, par la danse d'abord - qui lui sera refusée en raison de sa jambe abîmée par un accident - par le théâtre et le cinéma ensuite.

Les confidences d'Isabelle Carré sont touchantes, écrites avec une grande simplicité de ton, sans pathos ni complaisance, et on ressent chez elle une grande sincérité. le texte est, de façon précieuse et jolie à la fois, émaillé de références au cinéma et au théâtre et s'accompagne d'une bande-son variée et plaisante qui vient le compléter.

On a juste envie de remercier Isabelle pour ce cadeau qu'elle nous fait, entre autobiographie et souvenirs reconstruits, accompagnés d'une réflexion permanente sur ce qui a été, avec une prise de distance très mature et solide. On ne peut que lui souhaiter le meilleur, pour elle et la famille qu'elle a fondée.

Lu dans le cadre des « 68 1ères fois ».
Commenter  J’apprécie          162
Isabelle Carré est une actrice que j'apprécie beaucoup, aussi lorsque j'ai appris qu'elle avait écrit un roman très autobiographique, j'ai été intéressée. On est loin de s'imaginer ce qui se cache derrière son sourire lumineux.
Elle évoque dans ce livre, entre le roman et l'autobiographie, son enfance, son adolescence, sa famille.
Ce ne fut pas une enfance sereine, Isabelle Carré a du mal à trouver sa place au sein de sa famille. Elle évoque sa mère, issue d'une famille aristocratique, qui se retrouve enceinte très jeune et que l'on pousse à faire adopter son enfant et qui décide de le garder ; celle-ci est malheureuse, dépressive. Elle parle aussi de son père, étudiant aux beaux-arts puis artiste talentueux mais pas fait pour un mariage hétérosexuel. Elle évoque des lieux, des souvenirs, des personnages rencontrés dans sa jeunesse. le tout est un peu foutraque, elle laisse venir les souvenirs au fil de la plume, sans suivre de véritable chronologie, c'est ce qui m'a un peu déplu.
On sent sa grande sensibilité, son empathie pour les autres, elle dit ses fragilités, jamais elle ne se plaint ni n'en veut à ses parents, elle fait une sorte de constat tout simplement. Elle évoque bien sûr l'importance du théâtre et de l'imaginaire dans sa vie.
Disons que je n'ai pas été aussi touchée que je le pensais. Mais c'est juste mon avis, très subjectif !
Commenter  J’apprécie          160
Roman en forme autobiographie d'enfance et de jeunesse, Isabelle Carré nous livre des pages d'écritures, comme une suite de faits plus ou moins anciens, à partir des souvenirs plus ou moins nets de la vie d'une famille dans les années 1970 1980. Mais quelle famille !

Certes, cette famille, même pour l'époque, n'a rien d'ordinaire, si tant est que l'on puisse, à bien y regarder, trouver une quelconque famille ordinaire. Destructurée, recomposée, décomposée, comment construire sa personnalité dans cet univers ? Par le lien. Et le lien ici, ce sont les rêves !

Les rêves qui permettent d'aller de l'avant, de se projeter, les rêves qui permettent de combler les trous de la solitude, les rêves qui engendrent leurs lots de désillusions, de mal-être et de destruction ...

Sensible, le récit oscille entre les moments de bonheur et les grandes détresses. Mais le ton général n'emporte pas le lecteur, comme si le fil conducteur manquait, une colonne vertébrale qui maintiendrait l'équilibre général. Et ce manque c'est probablement celui que vécut cette fillette, cette jeune fille dans cette famille-là, à cette époque-là.
Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          150




Lecteurs (2151) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}