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3,39

sur 1074 notes
Agréable lecture dont le style est suffisamment neutre et le thème suffisamment éculé pour que chacun y trouve un petit bout de sa propre vie, soit dans les personnalités, soit dans la culture 70/80, soit dans l'approche différente-décalée d'une structure familiale.
Les « Rêveurs » d'Isabelle Carré enchaînent les mots sans difficulté, comme les jours qui s'écoulent, comme une confidence d'une amie très chère. Ces révélations très personnelles sonnent comme une définition du bonheur, comme une approche de la vie vécue ou de ce qu'on en rêve, de ce qu'on en fait dans nos pensées, de ce qu'on imagine, de ce qu'on enjolive, de ce qu'on déforme pour le rendre acceptable ou compréhensible.
L'auteur a choisi la forme du roman pour décrypter sa vie car ce genre littéraire le permet comme le dit si bien Aragon « le roman, c'est la clé des chambres interdites de notre maison ».
On retrouve avec bonheur pour ceux qui ont connu cette époque, les mange-disques, les Beedies, les chansons populaires et une R16 rutilante. C'est quelquefois naïf et interrogateur sur l'âme humaine comme des questions d'enfants en suspens, des pourquoi adressés aux parents depuis la nuit des temps. L'histoire tourne autour de la relation avec la mère (attention ce type de roman est devenu une mode qui risque d'épuiser le filon), une mère borderline, quelquefois absente de sa propre vie. La fiction se mêle aux souvenirs d'Isabelle Carré, à ses propres écrits d'enfance et d'adolescence, à son être écartelé entre deux familles totalement opposées, à ses souffrances et ses chutes, à ses pensées intimes et ses constations déchirantes « Je suis le fruit d'un malentendu, d'une lettre déchirée trop vite »




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Quand le club de lecture auquel j'appartiens m'a proposé ce livre dont la presse et les lecteurs disaient tant de bien, j'ai frétille de plaisir pensant sincèrement découvrir une pépite littéraire rare. Ma déception a été à hauteur de mes attentes.
Bien que je ne sois pas une cinéphile acharnée, je connais l'actrice Isabelle Carré et j'apprécie son jeu tout en finesse ,la profondeur dont elle remplit ses interprétations, son physique lumineux qui lui conserve un air d'éternelle jeunesse.
Comment supposer que son enfance a été aussi difficile dans une famille où les non-dits et les démissions structuraient le quotidien des enfants qui auraient bien aimé avoir des parents « comme les autres »au lieu de ce couple de soixante huitards bohèmes incapables d'assumer leurs contradictions ? Une mère échappée d'un milieu aristocratique étouffant qui ne pourra donner à ses enfants que trop peu d'amour ce qui conduira la petite Isabelle D a peine quatre ans à sauter par la fenêtre. Un père artiste attiré par les hommes qui finit par quitter sa famille pour vivre ses amours interdites.
Après un séjour en hôpital psychiatrique,la jeune Isabelle se retrouve à 15 ans à vivre seule dans un studio, terrorisée par cette indépendance précoce qui lui a été imposée par les circonstances.
Elle ne trouvera son salut que dans le théâtre et réussira à se construire tout en restant fidèle à ses parents malgré l'emprIsonnement de son père et la réapparition du premier amour de sa mère ,le géniteur de son frère qui avait abandonné 40 ans auparavant une jeune fille « déshonorée « .
Bien sûr cette histoire est poignante et le parcours d'Isabelle ne peut que forcer le respect.
Mais je n'ai pu me défaire tout au long de ma lecture d'une gêne liée à ce sentiment de voyeurisme qui saisit le lecteur ,qui entre dans un espace intime peuple de secrets dérangeants.
J'imagine que pour ceux et celles qui ont dû affronter de telles épreuves dans l'enfance,écrire constitue une thérapie salutaire et permet de chasser les démons. Mais quand les protagonistes constituent la famille de l'auteur et conservent son amour et sa compréhension, n'y a t'il pas une impudeur à les soumettre ainsi au regard des autres ,regard scrutateur et curieux, regard sévère et sanctionnateur, regard ironique et moralisateurs ?
Comme Delphine de Vigan ( Rien ne s'oppose à la nuit) ,Isabelle Carré a pris ce gros risque et ce que je lui souhaite sincèrement c'est qu'elle ne connaisse pas le choc en retour raconte toujours par Delphine de Vigan (D'apres Une histoire vraie).
En ce qui concerne le style narratif,j'ai été déroutée par l'absence de linéarité (les sauts temporels sont quelquefois inattendus ) et la pluralité des points de vue car l'auteur se faufile parfois derrière un personnage pour révéler l'interpretation des actions et sentiments qu'il lui prête. L'autobiographie laisse alors la place au dévoilement par un narrateur omniscient de la psychologie de ses personnages et on entre alors dans le roman.
Je sors de cette lecture perplexe et je me demande une fois de plus quels sont les critères qui conduisent un livre au succès.
Certes comme disait Tolstoï les familles heureuses ne constituent pas le matériau littéraire de prédilection pour le romancier.
Certes il est préférable que le lecteur puisse se rassurer en comparant son propre sort à celui de l'auteur.
Certes il est légitime de dénoncer certains comportements ne serait-ce que par catharsis personnelle.
Mais voilà, en ce qui me concerne,je n'ai pas réussi à adhérer et je conserve de cette lecture un sentiment de malaise diffus .
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Je ne doute pas que la démarche d'Isabelle Carré soit sincère, mais, au final, j'ai trouvé cette autofiction empreinte de beaucoup de maladresse.
Si la touche mélancolique entourant les années 70 m'a initialement plu, je me suis lassée de ce récit autocentré au fur et à mesure qu'on avançait dans le temps, la narration se perdant dans les détresses, les aller-retours et les tours en rond. In fine, je la trouve bien meilleure actrice qu'auteur, sa plume m'ayant plus effleurée que touchée.
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Laissez Isabelle Carré vous prendre la main et vous guider pour marcher avec elle sur le fil de sa vie. Ce fil délicat, tissé de souvenirs de sa famille pas comme les autres. Ce fil sur lequel elle se maintient en avouant les efforts que cela nécessite, tout en s'étonnant que les autres aient l'air d'avancer avec facilité.
Ce fil d'où il lui est arrivée de tomber...vers la fenêtre ou vers la scène.
On est à l'opposée de l'actrice "people" à l'ego surdimensionné, amoureuse de son image et bling bling.
On découvre une femme sensible, qui revient sur ses fragilités mais aussi celles de ses parents qui, coincés dans les conventions des années 70 ont été contraints de construire une partie de leur vie sur des mirages et cacher leur personnalité sous des apparences de normalité. Mais le naturel revient au galop et les excentricités s'affirment autrement : dans les lubies, la décoration, les rêveries. Les enfants, dont Isabelle, poussent un peu comme des framboisiers : un peu guidés, beaucoup sauvagement,
passionnément différemment. Et être différent quand on est ado, c'est déstabilisant...

Isabelle ne suit pas la chronologie exacte des événements, mais cela n'est pas fouillis. On suit les méandres de ses pensées, comme un rêve dont le sens global se précise au fur et à mesure que les images se dévoilent.

Comme Isabelle Carré, j'avoue avoir eu des épisodes de vie de famille dont la loufoquerie me décalait par rapport à mes coreligionnaires ado. Moi j'étais la fille qui déménageait tout le temps, dont la mère, chaussée de hautes bottes en daim beige, portait un improbable pull bleu électrique long sous une veste en peau de mouton retournée, et réussissait l'exploit au collège d'indiquer en une minute au prof de science naturelle écolo avant l'heure, qu'elle était chasseuse et travaillait dans une centrale nucléaire.

J'avoue aussi partager les interrogations d'Isabelle Carré et tenter de deviner les réponses. Comment font les autres ? Ils ont la conscience plus légère, moins de questionnements, moins de bizarrerie, moins de fêlures. Ou alors ils les cachent mieux.

Alors faut-il le lire ? Oui. On a envie de devenir amie avec Isabelle Carré. de s'asseoir avec elle à la terrasse d'un café parisien, pour regarder les autres, en parlant. Ou sans parler. Parce que comme disait W. B. Yeats : "Tread softly because you tread on my dreams."
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J'adore les autobiographies, et j'aime beaucoup Isabelle Carré : je ne pouvais donc pas passer à côté de la lecture des "Rêveurs", paru l'année dernière.
La comédienne y raconte dans un ordre qui est le sien son enfance heureuse mais si particulière, entre une mère peu sûre d'elle issue de la haute aristocratie vendéenne, et un père designer et homosexuel refoulé. Pas facile pour la petite fille sensible qu'elle était d'évoluer entre les deux et leurs problèmes, et de trouver sa place : tentative de suicide, émancipation précoce en témoignent. Mais ce qu'elle en retient et nous présente dans son livre, ce sont surtout les douces folie et anormalité qui entourent cette bande de rêveurs, et qui lui ont permis d'avancer et de trouver sa voie.
Bref, un beau livre sensible et un peu brouillon que j'ai beaucoup aimé.
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Les rêveurs / Isabelle Carré

Je connaissais Isabelle en tant qu'actrice Je suis tombé sous son charme en tant qu'écrivaine. Son premier roman est touchant, intime, parfois poétique. J'ai découvert une enfant solitaire qui se réfugie dans la lecture et le cinéma (elle aimerait traverser l'écran pour rejoindre les acteurs), une jeune femme à la fois fragile discrète qui fait beaucoup plus que de se raconter, elle se dévoile. On a très vite la sensation de devenir son confident. On a envie de la protéger. Cette fragilité nous bouleverse.
Elle vit dans une famille bourgeoise, quelque peu déjantée, Une mère à la folie insupportable, un père très attaché au quand dira t'on. Sa famille paternelle est diamétralement opposée à sa famille maternelle. C'est un véritable choc des cultures.
Dans cette famille, on comprend assez vite que les secrets et les rêves ne se partagent pas. Pourtant, Isabelle Carré nous entraîne sur les chemins de son enfance, dans les années 70 et 80 ; dans une R 16 bleue. On écoute de la New Wave ou encore U 2. Durant notre parcours, on aperçoit au loin Barbie et Goldorak qui visiblement, n'ont jamais élus domicile dans sa demeure. Ensuite, nous avons une halte à « l'île aux enfants », pour retrouver Casimir, je suppose. Nous avons fait un détour dans un hôpital psychiatrique. Les larmes me sont montées aux yeux. Elle nous parle de la douloureuse séparation de ses parents, de l'homosexualité de son père, son paysage d'enfant se voit noirci par l'arrivée du sida dans les années 80. Cette maladie n'est pas un fantasme. Les relations sans capote sont promises à des heures d'angoisse.

Voici un texte bouleversant, sensible, criant de vérité, chargé d'émotion qui va marquer mon parcours de lecteur pendant plusieurs années. Je suis persuadé qu'il me servira de référence, J'ai retrouvé cette même vive émotion lorsque j'ai eu l'honneur de rencontrer Isabelle Carré elle-même, une femme vraie, sincère et sensible que l'on se lasse pas d'écouter, lors de sa venue à Bayonne pour présenter ce roman en mai 2018.

Lien : http://www.babelio.com/monpr..
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Jonglant ici entre roman et autobiographie, Isabelle Carré raconte son enfance fantasque, auprès de deux grands enfants, ses parents, ces rêveurs qui n'étaient pas faits pour la vie d'adulte, ses responsabilités et ses carcans. En racontant son histoire et celle de ses frères, elle se fait l'écho d'une génération, celle de ses parents, celle de Mai 68, la génération brisée par le mode de vie intransigeant de leurs aînés et prêts à s'en distancer, sans toujours réaliser à quelle prix. Une fille-mère ayant décidé de garder son enfant contre le consentement de ses parents, et un homosexuel refoulé par le bienséance, des parents décidément atypiques, instillant un grain de folie dans le quotidien de leurs trois enfants, jusqu'à ce que leurs blessures intimes les entraînent vers la remise en question définitive, le repli sur soi et finalement, la séparation.
Bribes de souvenir plutôt que récit chronologique, Les Rêveurs explique, petit à petit les antécédents parentaux, la joyeuse pagaille du domicile familial puis la transformation progressive des deux parents, qui finissent par se séparer pour se trouver eux-mêmes. Isabelle revient sur l'incompréhension des enfants face à la crudité des discours de leurs parents, face à la découverte de l'homosexualité de leur père, face à l'apathie de leur mère. Les enfants subissent ce climat familial étrange, apprennent à vivre avec et vieillissent plus vite que les autres.
Le style est fluide, fluide comme une confidence glissée sur l'oreiller un matin de printemps. Isabelle Carré livre l'histoire de ses parents, mais elle se livre aussi elle-même, ses blessures, ses épisodes suicidaires, son retour à la vie grâce au théâtre. Malgré ce socle branlant que lui avait donné la vie, elle a réussi à trouver sa voie, à s'enraciner et à fonder une famille elle aussi, une jolie famille qui fait des châteaux de sable tous ensemble sur la plage. Grâce à ses parents atypiques et aux évènements difficiles qu'elle a traversé, elle pose sur le monde un regard emprunt de tolérance, d'espoir et d'optimisme, qui transparait dans ces pages, même quand elle raconte ses moments noirs. C'est une belle leçon de vie désordonnée, un livre qui se laisse lire, même s'il on doit parfois revenir en arrière pour comprendre la suite logique des évènements.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Je n'ai pas accroché aux premières pages : aucune curiosité pour cette "elle", encore moins pour son père ou ses frères qui imposent leur "dictature".
Le parti pris littéraire de ne pas éclairer le lecteur, de le plonger dans une atmosphère opprimante ne m'a pas séduite cette fois.
Je dois avouer que je partais avec un à priori défavorable car je ne suis pas attirée par les secrets de famille, les étalages sur la mère, le père...Et ce, d'autant moins que l'auteur est un personnage connu.
J'appréciais Isabelle Carré comédienne, je n'aime pas celle qui donne ses parents en pâture.
Par la suite, j'ai lu avec un intérêt inégal les différents chapitres.
Je n'exprime là que mon ressenti.
L'ouvrage se lit facilement, l'écriture narrative est classique, je n'en conteste pas la qualité, l'émotion qui s'en dégage, mais je suis presque gênée d'avoir été voyeuriste à mon insu.
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J'ai beaucoup aimé la plume d'Isabelle Carré à la fois poétique et sans concession.
Dans ce roman autobiographique, elle se dévoile mais imagine aussi ce qui a pu se passer et réinvente son histoire familiale.
C'est tour à tour triste, fantasque, plein d'espoir et rempli de douceur.
J'ai entendu dire que ce premier roman lui avait donné envie d'en écrire un autre. Tant mieux.
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Quel ennui. Je n'ai malheureusement pas vibré à la lecture de ce roman tellement intime qu'il faudrait plutôt le qualifier de psychothérapie. Les souvenirs sont souvent la source d'un bon récit, ce n'est pas le cas de ce livre malgré la qualité de l'écriture. Car, encore faut-il pouvoir prendre de la distance vis-à-vis d'eux et ne pas nous les servir sous forme d'interrogations.
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