A la faveur de plusieurs interview , j'étais attiré par ce roman. Je connais comme tout le monde la comédienne et l'actrice. Je ne connais rien de sa vie privée. Mais, je sais qu'elle est "discrète et lumineuse" comme disent les faiseurs de promotion.
En signant ce premier roman,
Isabelle Carré nous amène au moment de la rencontre des deux parents de la narratrice, puis sa naissance, son enfance jusqu'à sa vie d'adulte. Et, franchement, c'est une famille fantasque. Lui, le père, il fera exploser sa famille pour vivre ouvertement son homosexualité. Elle, la mère, est déclassée par sa propre famille, car fille-mère. Ce sera son propre fils qui lui fera retrouver la joie de vivre plus de 20 ans plus tard. Ils vont essayer de construire à partir de leurs deux solitudes une vie où trois enfants vont grandir tant bien que mal. Entre tentatives de suicide, internement et dépression de la mère et ennuis financiers à répétition du père, la narratrice nous dévoile ce quotidien sans s'attendrir sur son sort et en donnant les clefs pour comprendre l'engagement dans la carrière de comédienne, ce métier qui permet de dire les mots des autres.
Évidement, on pense tout de suite à un roman autobiographique d'un énième personnage public qui souhaite exposer les failles afin de montrer sa sensibilité, etc. le "je" alterne avec le "ils" ou le "elles" et les retours chronologiques. Des citations éclairent certains chapitres mais pas tous. On est perdu! Une tentative de réponse nous vient vers la fin du roman.
Car,
Isabelle Carré sait nous mener par le bout du nez dans une histoire qui lui ressemble tellement qu'on s'y perd. Elle nous balade joliment et habilement de façon "simple et lumineuse" comme elle parait lisse et souriante. C'est vrai que l'auteure nous raconte une famille qui doit ressembler un peu à sa famille mais particulièrement déglinguée. Oubliant de décrire souffrances et douleurs, elle raconte des impressions plutôt que des souvenirs sans accusation et sans vengeance. Au côté d'une mère se réfugiant dans l'absence et ressentant l'extérieur comme une agression, un père qui ne cessera de vouloir ressembler à ce qu'il désire devenir, la narratrice va aussi rêver sa vie. Oubliant le récit chronologique, l'auteure nous entraîne dans un dédale d'impressions et de ressentis essayant de capturer toutes ses émotions.
Isabelle Carré écrit avec poésie des situations terribles de la même façon qu'elle se présente dans la vie !
Ne vous laissez pas surprendre par ce sourire enjôleur de couverture,
Isabelle Carré signe là un premier roman dense et marquant. Ce désir d'écrire révélé au grand public par
les Rêveurs ne devrait pas s'arrêter là !
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