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Suite à un petit bug qui a transformé une de mes citations en critique, je me suis dit "bon bah pisque y faut, y faut, j'vais en faire une petite, de critique, si vous insistez !" Voici donc une petite bafouille de mémoire puisque j'ai lu ce livre en novembre 2019 :

Ce roman relate un événement historique : la controverse de Valladolid (étonnant vu le titre !) qui s'est déroulée à la demande de Charles Quint à partir d’août 1550.
Il s'agissait de déterminer si les habitants du "Nouveau Monde", que la Bible ne “documente” pas (la vilaine), étaient ou non dotés d’une âme, non vous ne rêvez pas !

L'auteur nous offre une représentation de l'affrontement qui a eu lieu à cette occasion entre le dominicain Bartolomé de las Casas et le théologien Juan Ginés de Sepúlveda.
Le tout est condensé, fort bien rapporté et légèrement "fictionné" (pas frictionné) par Jean-Claude Carrière puisqu’en réalité on ne sait pas s’il y a eu rencontre entre les deux hommes, cet affrontement ayant été majoritairement épistolaire.

Je suis tombée de ma chaise plusieurs fois à la suite des argumentaires poussant à traiter les Amérindiens comme des animaux sans conscience.
Heureusement la voix de Las Casas s'élève pour dénoncer les mauvais traitements et tenter de prouver à des gens qui croient en Dieu que les indiens, même s'ils vénèrent d'autres idoles, sont bien des êtres humains de chair et de sang.

Histoire d'eau bénite pour justifier l'injustifiable : invasions, pillages, massacres et destruction d'autres civilisations.
Histoire vraie des vicissitudes humaines dont l'éventail est sans limites dès qu'il s'agit de défendre intérêts financiers et politiques.
Histoire de la reconnaissance de l’humanité du peuple Amérindien par les catholiques (déjà entérinée par le Pape en 1537).
Histoire aussi du peuple Noir qui n'aura pas cette chance puisque suite à cette controverse, la Traite des Noirs battra son plein pour fournir aux Européens les esclaves dont ils ont besoin pour exploiter le "Nouveau Monde".

Très bien documenté et très bien écrit, lire ce très bon livre aujourd'hui, c'est prendre conscience que rien ne change : l'homme reste un loup pour l'homme dès qu'il s'agit de défendre ses intérêts.
Un petit espoir tout de même, aussi infime soit-il, puisque dans cette forêt sans âme, il se trouve toujours "miraculeusement" quelques grands arbres décidés à lutter pour faire de la place aux arbrisseaux.

À lire et à relire pour ne pas oublier ce que nous sommes !
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Bouquin essentiel !
C'est avec lui que j'ai compris que la religion catholique avait fait autant de mal à la population terrestre que les islamistes.
Dans un couvent de Valladolid, quelque soixante ans après la découverte du Nouveau Monde, deux hommes s'affrontent : les Indiens sont-ils des hommes comme les autres ? Pour le dominicain Las Casas, ardent défenseur de la cause indienne, cela ne fait aucun doute: les Espagnols, avides de conquête, ont nié l'évidence, assujettissant et massacrant les indigènes par millions. Face à lui, le philosophe Sépulvéda affirme que certains peuples sont nés pour être dominés. Tous deux s'entendent sur un point : le nécessaire salut des âmes.
L'issue de ce débat passionné, déterminante pour des millions d'hommes, pourrait bien être surprenante...
Dans ce livre, Jean-Claude Carrière raconte un fait historique se déroulant en 1550. La colonisation des Amériques a commencé. Les Espagnols voulaient tirer un grand profit de ces colonies, alors ils envoyaient des armées. Cependant les soldats ont massacré bon nombre d'Indigènes. Alors, est organisé, à Valladolid, un débat portant sur le thème suivant : "Est-ce que les Indiens sont une espèce inférieure de la race humaine ?"
MES IMPRESSIONS :
Quel livre ! Et quelles conséquences Historiques auront la décision du légat du Pape qui écoute les argumentations des thèses du dominicain Las Casas (ce sont des Hommes) et de son opposant, le philosophe Sepùlveda (ce sont des sous-hommes, nés pour être esclaves) ! Vous connaîtrez sa décision tout à la fin du livre, qui est passionnant, car les arguments de chacun sont puissants, et on ne sait rien du sort réservé aux Indiens jusqu'au bout de la controverse !
Un point d'Histoire éclairci, un morceau du puzzle "Histoire", 1550, Espagne, qui complète ma connaissance.
Le style de JC Carrière, après 50 pages de présentation, s'enflamme dans la vivacité des interventions.
Un chef d'oeuvre !
5 étoiles.

Evidemment, ce livre fait poser plein de questions :
Jusqu'en 1940, il y eut des Peuples "inférieurs" : Gaulois ? Indiens ? Puis Noirs ? Puis non-aryens ?
Pourquoi la question ne s'est pas posée pour les Chinois ?
Etc....
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Ce texte permet d'approcher la terrible confrontation des amérindiens avec l'Europe , avec le pire et le meilleur de cette civilisation.
Ils furent confrontés à un choc viral destructeur à des violences sauvages et à une inimaginable barbarie.
Avec ce texte vous découvrirez que pratiquement sans armes à feu on peut ravager un continent entier .Il faut juste être entêté et travailleur , se lever de bonne heure , occire toute la journée et même les fins de semaines, sans congés évidement.
Avec ce petit effort et avec peu de personnel vous détruisez sans problème un univers entier et une civilisation à une échelle continentale.
Du monde amérindien il reste encore des choses aujourd'hui mais ce n'est pas le sujet de ce texte remarquable.
D'abord réalisez que ce choc se produit juste à la sortie du moyen-âge finalement. le monde européen est encore géographiquement très étriqué et il y a peu de temps depuis que les navigations intercontinentales sont possibles qu'il commence à se désenclaver. Ces navigations sont héroïques (Tailles des vaisseaux , contraintes techniques , océans largement inconnus, problèmes sanitaires immenses ,problèmes politiques (juridiques, ,éthiques et théologiques, chocs culturels ) ,faibles capacités des nefs …) L'outillage mental est ce qu'il est et il reste encore à l'aube de celui que possèdera ultérieurement notre monde connecté à une échelle planétaire et confronté à une diversité humaine sans bornes.
Alors , cette controverse (1550 1551 ,un mois et un mois) va questionner la nécessité de savoir si les amérindiens ont une âme et de décider s'ils étaient plus humains que les populations noires d'origines africaines. Etait-il licite de les massacrer comme du bétail ou des animaux sauvages ou même « seulement » de les tuer à la tache une fois réduits en esclavage ?
Sachez que presque dès le départ le cadre juridique fut clairement en faveur des amérindiens. Les monarques des royaumes hispaniques, dès le départ (avec Isabelle la catholique pas très détendue pourtant par ailleurs) ,très tôt ces monarques énoncent avec évidence et clarté que les amérindiens sont des sujets des monarchies ibériques et que de ce fait ils ne sauraient être réduit en esclavage. Mais les conquistadors appliqueront abusivement le système de l'Encomienda et la confiscation illégitime des terres, je Passe les détails … l'église était partagée sur le caractère humain des amérindiens et sur la nature de leur âme potentielle. La controverse de Valladolid organisée par Charles Quint est le choc frontal de ces tendances qui vont argumenter et s'opposer alors que le pouvoir royal était favorable aux indigènes du nouveau monde. En 1542 le roi énoncera des lois qui encadreront l'encomienda et qui seront appliquées par les vice-royautés américaines. Elles déclencheront de grands troubles politiques .Mais cette législation favorable et donc la détermination du politique , n'empêcheront pas le monde des amérindiens de sombrer et les microbes de détruire une fraction immense de ces populations. le choc microbien frappa aussi les européens et l'Europe avec la syphilis et sur le continent américain avec des fièvres mortelles aussi.
L'étude du sujet est passionnante car elle souligne que les choses ne sont jamais simples. le pouvoir politique fut unanimement en faveur des autochtones, L'église fut partagée et Las Casas fut admirable et le Saint-Siège fut en faveur des amérindiens. Sans le choc microbien tout aurait donc été diffèrent.
Au sortir du moyen-âge l'Europe et son expansion coloniale n'était pas aussi théoriquement néfaste que l'on pourrait le penser .On se trouvait plus dans une situation de conquête assez traditionnelle finalement. Et donc , « L'Hispania Christiana mutandis reconquerandis », comme disait de l'Espagne Mer Chaunu, professeur émérite à la Sorbonne dont j'ai eu la chance d''écouter les leçons.
Les populations africaines eurent moins de chance car elles furent désignées comme humaines et christianisées certes ,mais réduites en esclavage pour des raisons de droit martial essentiellement. A Valladolid Las Casas essaya de les défendre mais on lui signifia que les africains n'étaient pas le sujet de la controverse.
Ce texte dévoile l'univers des amérindiens , le visage de la barbarie humaine, la grandeur dont fut capable l'humanisme hispanique et enfin la sagesse des monarchies espagnoles largement impuissantes les premiers 70 ans de la conquête du nouveau monde et même de la moralité du Saint-Siège qui ne fut pas à la solde de groupement d'intérêts.
On ne saurait trop insister sur la grandeur De Las Casas et des jésuites qui lui emboitèrent plus tard le pas ,bien plus plus tard, avec leur Réservationes.
Rien n'est donc simple en histoire et la volonté politique n'empêche pas toujours des tragédies innommables de ce produire.
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On sait que la controverse de Valladolid n'a jamais existé, l'auteur s'est inspiré de documents d'époque pour l'imaginer. Ainsi tous les arguments avancés sont vrais et il est étonnant de voir à quel point ce débat pour savoir si les indiens etaient des hommes ou des animaux est sous d'autres formes à nouveau d'actualité. Les crimes racistes, les comportements intolérants sont de plus en plus nombreux et les voix qui s'élèvent contre de plus en plus inaudibles. A l'époque, ce combat philosophique n'a pas vraiment débouché sur du concret. Les esclaves ont seulement changés de couleur, la traite des africains s'est industrialisée, mais les indiens ont continués a être exterminés, spoliés et privés de leur terre. Jean Claude Carrière a utilisé ses talents de scénariste pour amener des ressorts dramatique dans ce débat passionnant et parfaitement mis en place. Ce duel entre l'humaniste et l'intégriste n'est-il pas une représentation de celui entre le bien et le mal qui anime l'humanité depuis la nuit des temps ? En tout cas on lira ce livre magnifique en vibrant de ces joutes verbales et en s'affligeant sur le traitement pathétique auxquels sont soumis un petit groupe d'indigènes pour se rendre compte s'ils sont ou non des êtres humains...
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Éternelle question de l'altérité ! Déjà les Grecs nommaient barbares ceux qui ne pensaient et ne vivaient pas comme eux. Le Barbare est l'étranger, celui qui nous fait peur parce qu'il ne partage pas notre culture. J'avais déjà lu la « Brève relation de la destruction des Indes » De Las Casas. Un des premiers défenseurs des Indiens face à la brutalité espagnole. « La controverse de Valladolid » élargit la question de savoir si les Indiens sont des humains comme les autres. Alors, je suis allé faire un tour sur Wikipédia pour en savoir un peu plus.
Bien avant ce débat entre théologiens demandé par Charles Quint et le Pape Paul III, plusieurs décrets avaient déjà été émis par Charles Quint pour limiter ces atrocités. C'était donc bien un questionnement dans l'air du temps. Questionnement issu de l'Humanisme et de la Renaissance. Mais lorsqu'on apprend, un peu plus loin dans l'article de Wikipédia, et à la fin de la pièce de Carrière, que la reconnaissance des Indiens comme Humains à part entière, entraînera la traite des esclaves Africains pour les siècles à venir, que peut-on en penser ? Et la poursuite, de nos jours, voire la recrudescence, du racisme, de l'antisémitisme…
L'édition que j'ai eu entre les mains se termine par un dossier sur « l'Altérité » et on peut y lire des extraits de textes de Gobineau (essai sur l'inégalité des races humaines – 1855) et de Primo Levi (Si c'est un homme - 1947) . Ce qui élargit intelligemment le sujet de Carrière. Vaste sujet philosophique !
La pièce se lit très facilement et on suit avec un intérêt croissant l'exposition des thèses De Las Casas et de Sepulveda, agrémentés de rebondissements imprévus. J'imagine d'ailleurs très bien Jean-Pierre Marielle dans le rôle De Las Casas dans l'adaptation TV. Mais il serait dommage de clore le sujet avec le livre. Ce questionnement devrait pouvoir se poursuivre dans notre vie quotidienne, au-de-là de la morale Chrétienne. Qui est l'Autre ?
En prenant le risque d'extrapoler encore un peu, je poursuivrai le questionnement sur le vivant et l'animal. Je me souviens encore du regard du gorille qui m'a « autorisé » à entrer dans son cercle familial lors d'un voyage en Ouganda. Un regard pas très loin du regard humain avec tout ce qui en découle... Qui est l'autre ?
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Dans un monastère de Valladolid, Bartolomé de Las Casas, l'homme d'Eglise, et Gines de Sépulvéda le philosophe s'affronte devant les hautes autorités religieuses sur un sujet qui fut très épineux après la découverte des pays d'Amérique du Sud : les peuplades indigènes sont-elles nos semblables et ont-elles une âme ?

Un argument des plus choquant pour tout lecteur du XXIème siècle!
Tous les efforts de rhétorique des deux protagonistes mettent en lumière les problèmes d'incompréhension culturelle et de jugements à l'emporte pièce que certains individus se permettent vis-à-vis de ceux qui ont le malheur d'être nés différents d'eux.
Les deux personnages tendent bien sûr à défendre leur cause, chacun se justifiant au nom de la sacro-sainte Eglise, ce qui montre bien l'hypocrisie de certains hommes de pouvoir qui utilisent et déformes des sources qu'ils citent souvent hors contexte.

Au-delà de cet abominable débat qui eut malheureusement bien lieu au XVIème siècle, j'ai trouvé que certaines réflexions de fond trouvent un écho à notre monde actuel. Certes on ne se demande plus si nos semblables humains ont "une âme", mais d'autres arguments plus ou moins semblables sont utilisés encore aujourd'hui pour discréditer des cultures différente de notre sacro-saint modèle occidental. Et, comme le souligne Jean-Claude Carrière, l'argent et toutes les dimensions économiques sont bel et bien le nerf de cette "guerre" même s'il n'est jamais avancé - car en matière d'argument altruiste on fait mieux....

Une pièce de théâtre à découvrir, qui met en scène un des nombreux épisode peu glorieux de notre Humanité - et fait référence à un autre en conclusion...
Après sa lecture, on peut se demander "notre monde est-il vraiment si différent de celui-là ? Où nos hommes de pouvoirs ont-ils simplement trouvés une nouvelle rhétorique pour justifier d'autres actes injustifiables envers ceux qui n'ont pas la même culture que nous?"
Libre à chacun d'en décider et de se faire son opinion ...
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Pour être totalement honnête j'ai un peu tardé à découvrir cette oeuvre ne me sentant pas de taille à me plonger dans le débat de théologiens. Je craignais de m'ennuyer, et avait peur de m'engluer dans des lourdeurs. Je suis contente de ma découverte. Cette pièce de théâtre est excellente! le texte est limpide. Les joutes verbales s'enchainent claires, précises, concises, ponctuées d'extraits des Evangiles cités bien à propos. Cette pièce conduit à la réflexion, sans procédé fastidieux ou rébarbatif. Je suis séduite et en recommande la lecture au plus grand nombre.
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J'ai apprécié cette adaptation pour le théâtre du roman de Jean-Claude Carrière sur cette controverse complexe et terrible qui eut effectivement lieu en 1550, opposant la vision de deux experts, deux religieux, prônant des valeurs différentes sur la colonisation de l'Amérique du Sud par les Espagnols, l'attitude à adopter envers les indigènes, les enjeux, les conséquences irréversibles : le théologien, Juan Ginés de Sepúlveda et Bartolomé de las Casas, un dominicain.
La lecture de cette pièce commentée dans la collection Etonnants classiques est enrichissante, foisonnante et m'a donnée l'envie d'approfondir ce sujet, de revoir certains films (Cabeza de Vaca réalisé par Nicolás Echevarría, La otra conquista de Salvador Carrasco
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La Controverse de Valladolid n'a peut-être pas donné son verdict en 1551, ou plus exactement au terme d'un débat ambigu, des zones d'ombre ont été laissées à l'appréciation des hommes, et des conquistadors à la conquête du Nouveau Monde, funeste erreur.


Le débat opposa essentiellement le dominicain Bartolomé de Las Casas et le théologien Juan de Sepùlveda, afin que, selon le souhait de Charles Quint, serait exprimé, comment devaient se faire les conquêtes dans le Nouveau Monde, avec justice et en sécurité de conscience.


De ce débat qui eut lieu sous le pontificat du pape Jules III, Jean-Claude Carrière en a fait un livre et un téléfilm magistralement interprété par Jean Carmet, Jean-Louis Trintignant, et Jean-Pierre Marielle.


Las Casas, comme Juan Sepùlveda s'accordèrent sur le devoir de conversion des Indiens qui incombe aux Espagnols mais diffèrent sur le moyen d'y parvenir : colonisation pacifique et vie exemplaire pour le premier et colonisation institutionnelle où la force est légitimée par la nature même des civilisations précolombiennes, pour le second.
Las Casas réplique en démontrant :
la rationalité des indigènes au travers de leurs civilisations avec (l'architecture des Aztèques) ;
qu'il ne trouve pas dans les coutumes des Indiens de plus grandes cruautés que celles qui pouvaient se trouver dans les civilisations du Vieux Monde (la civilisation romaine avait organisé des combats de gladiateurs)
l'évangélisation et le fait de sauver les victimes des sacrifices humains n'est pas tant un devoir des Espagnols qu'un droit des Indiens.
Las Casas suit la philosophie de saint Thomas d'Aquin selon laquelle une société est une donnée de la nature,les sociétés sont d'égale dignité.
La conversion de force, n'est pas légitime, la propagation de la foi doit se faire de manière évangélique, par l'exemple.


Las Casas publiera un livre sur les exactions des conquistadors en 1552. Ce livre, abondamment publié et commenté est à l'origine de la légende noire de la colonisation espagnole et servira d'argument moral à des puissances pour lutter contre l'Espagne.

L'objectif recherché était de prendre la place de l'Espagne et du Portugal en détournant l'attention des crimes et génocides de leur propre colonisation.
Dans les pays protestants, cet ouvrage servira d'argument pour présenter l'Espagne, pays catholique et monarchique, comme rétrograde et obscurantiste.
Le débat intellectuel issu de la controverse de Valladolid a inspiré les lois en vigueur durant la colonisation.
Charles Quint avait déjà pris un décret interdisant l'esclavage des Indiens, sur tout le territoire de son empire en 1542, l'empereur avait promulgué les « lois nouvelles » qui proclamaient la liberté naturelle des Indiens (et obligent la remise en liberté des esclaves), la liberté du travail, la liberté de résidence et la libre propriété des biens, punissant ceux qui seront violents ou agressifs envers les Indiens.

Le souci sincère de Bartolomé de las Casas d'épargner les Indiens les a préservés (par rapport à l'Amérique du Nord anglo-saxonne, notamment) mais paradoxalement, il est à l'origine, non de la naissance mais de la généralisation, de la traite des noirs vers l'Amérique : empêchés d'employer les Indiens comme travailleurs forcés, les Espagnols cherchent des esclaves et nouent des contacts avec des négriers africains, portugais, génois, français… qui leur vendent sur plusieurs siècles des millions d'esclaves.


À l'aube du XIXe siècle,cette thèse est contestée catégoriquement. Selon Grégoire l'accusation menée contre Las Casas est une calomnie montée de toutes pièces à partir des écrits d' Antonio de Herrera y Tordesillas.
Grégoire soutient que l'accusation ne repose pas sur des sources concrètes ou vérifiables. Il y démontre également que Las Casas n'est pas soucieux de la seule situation aux Amériques, mais s'oppose, de manière globale, à toute forme d'impérialisme.


Lors de ce procès, ou controverse de Valladolid on a officialisé le fait que les Amérindiens ont un statut égal à celui des Blancs. Cette décision ne s'appliquait pas aux noirs d'Afrique, dont l'esclavage n'était pas contesté.

Cette pratique existait cependant avant 1551, Las Casas n'en est aucunement l'initiateur. À la suite de la position prise dans sa jeunesse, il condamne également cet esclavage, qu'il juge aussi injuste et inhumain que celui des Indiens.


La récente controverse née aux Etats Unis à propos du Général Lee et maintenant de Colbert , sur le Code Noir qui régissait l'esclavage a relancé la polémique sur les vrais responsables de l'esclavage des noirs.
C'est en 1685 que Louis XIV promulgue ce décret qui a pour objet de préciser les conditions des esclaves noirs au regard du droit. Des hebdomadaires en France ont largement relayé cette nouvelle controverse depuis le mois d'août 2017.
La controverse de Valladolid si magistralement écrite par Jean-Claude Carrière est aujourd'hui encore d'une actualité universelle,
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Si les Américains du sud parlent aujourd'hui l'espagnol ou le portugais, sont chrétiens de confession, c'est que leur culture première a été abolie dans le sang.

Avec La controverse de Valladolid nous sommes au coeur de l'obscurantisme. Ce livre nous rappelle que si de nos jours d'aucuns critiquent les uns de s'y livrer, notre culture européenne, judéo-chrétienne, l'a un temps expérimenté.

Chez qui que ce soit, en quelque temps que ce soit, le prosélytisme est le plus grand mal qui puisse affecter l'esprit humain. Surtout que derrière les convictions religieuses ou politiques, on sait très bien qu'avancent à visages masqués les mauvais penchants de l'espèce humaine au premier rang desquelles cupidité et convoitise.

Les champions de la vraie foi, de la vérité, feraient bien de s'inspirer de Marguerite Yourcenar qui s'est bien gardée "de faire de la vérité une idole, préférant lui laisser son nom plus humble d'exactitude".

Sur la base d'un fait historique, Jean-Claude Carrière imagine un huis-clos donnant l'occasion, aux tenants de l'une et l'autre théories s'opposant quant au sort à réserver aux indigènes des terres conquises par les Espagnols, de développer leurs arguments sous l'arbitrage d'un légat du Pape.

C'est un bel exercice de rhétorique fort bien conçu, assis sur un socle culturel solide, qui ouvre à la méditation sur un sujet qui restera encore d'actualité tant que la nature humaine fera oeuvre d'égocentrisme. Il a encore de beaux jours devant lui.
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