Fervente admiratrice depuis que
La fille dans le brouillard est arrivé entre mes mains, je ne cesse de me régaler des thrillers toujours hautement psychologiques que livre la plume emplie de maîtrise de l'excellent
Donato Carrisi, avec plus souvent des coups de coeur, et éventuellement, une ou deux lectures plus mitigées.
La Maison des voix est son dernier roman paru et traduit en français, et ce thriller encré dans la ville de Florence est un… coup de coeur à deux poils près, misère !
Comme toujours avec cet auteur, il ne faut pas attendre le premier quart du roman pour tomber dans son piège. La plume savamment affinée a vite fait de happer le lecteur dans un voile de mystère et d'urgence ; une famille en danger d'un côté, un psychologue pour enfant de l'autre, les chapitres alternent entre les deux époques en offrant son lot de questions et de secrets enfouis. Courts et tranchants, ces moments s'enchaînent en nous piquant, au passage, d'un intérêt tel qu'on tourne frénétiquement les pages, à la recherche du fin mot.
Héros de cet étrange thriller qui mélange psychologie et inexplicable, que vous pourriez appeler surnaturel ou paranormal, seuls deux personnages se partagent le terrain tandis que les autres gravitent autour d'eux. Hanna, une femme perdue qui croit avoir assassiné quelqu'un dans son enfance, et dont la vie toute entière est faite de cauchemars et de fuite. Pietro, psychologue pour enfant, endormeur d'enfants plutôt, qui se voit assigné le cas d'Hanna par une de ses collègues australiennes. Les voilà tous les deux à creuser dans les souvenirs du passé pour en sortir une vérité effroyable, s'ils arrivent à déjouer les obstacles et les pièges avant… Tout en frissons et en réflexions d'enfant qui apportent beaucoup, sans ou avec si peu de longueurs, on se laisse à la fois bercer et bousculer par les mots du Maître.
La réalité est plus simple que tout, mais c'est aussi la plus terrifiante, comme le dira un personnage entre ces lignes. Un premier tour de force assez inattendu pour les uns, un poil prévisible pour les autres (comme ce fut mon cas, mais ça n'a pas enlevé le plaisir de voir sa théorie se réaliser !), puis un autre, et encore un autre. Comme tous les romans de
Donato Carrisi qui est passé maître dans l'Art du rebondissement,
La Maison des voix est une succession de vérités qui éclatent en morceaux, et de morceaux qui, à nouveau collés dans un autre sens, forment enfin la clé de l'énigme, et qu'est-ce qu'elle donne, cette clé ? Pas une histoire sordide comme on en lit tant, mais un conte profondément humain et terrible.
À deux poils du coup de coeur, mais pourquoi donc, puisque j'en donne un avis plutôt ravi ?! Malgré tous les efforts et l'écriture délicieuse, les seuls personnages qui ont réellement de l'ampleur ne brillent pas autant qu'on l'attendait d'eux. Approfondis, on peut le dire ! Mais attachants ? Appelant à l'empathie ? Aucun des deux n'y réussit vraiment. Hanna est distante, assez inaccessible y compris à la fin. Quant à Pietro, il y a des moments où j'ai eu l'impression qu'il était plus un réceptacle de l'intrigue, et pas un élément actif dans la résolution. Ceci dit, la fin explique elle aussi certaines de mes remarques. Quant à la fin en elle-même, il y a quelques zones d'ombre qui m'ont laissé dubitative, en attente d'une réelle fin, car celle-ci a l'air inachevée ; certains faits restent irrésolus, voilà pourquoi le coup de coeur devra attendre le prochain roman de
Donato Carrisi !
Un huis-clos psychologique toujours aussi fouillé dans son sujet, des thèmes profondément humains qui touchent autant à l'identité que la famille, l'oubli et la peur, avec une pointe très agréable (ou cauchemardesque ?) de frissons et d'inexplicable… on regrette juste quelques inattentions de l'auteur sur certains points ! le reste est… à tomber !
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