Dieu se tait, le Diable murmure...
La brève conversation lui avait laissé un sentiment d’inachevé. Quelque chose ne cadrait pas, quelque chose n’avait pas fonctionné, elle avait senti un blocage. C’était une simple considération. Un jour, cette femme avait acheté un billet de loterie, et elle avait gagné. Sa fille avait été la victime d’un tueur en série.
Deux événements improbables, dans une seule vie.
Cependant, le plus terrible était que les deux événements étaient liés.
S’ils n’avaient pas gagné à la loterie, ils ne seraient jamais allés à la fête foraine. Et Sabine n’aurait pas été enlevée et tuée sauvagement. La rétribution définitive de ce coup de chance avait été la mort.
Goran identifia les agents spéciaux Sarah Rosa et Klaus Boris. Il y avait aussi Roche, l’inspecteur chef, qui le reconnut et vint tout de suite vers lui à grands pas. Avant qu’il puisse ouvrir la bouche, le professeur le questionna :
— Combien ?
— Cinq. Toutes de cinquante centimètres sur vingt, et de cinquante de profondeur… D’après toi, qu’est-ce qu’on enterre dans des trous comme ça ?
Une chose dans chaque fosse. La même chose.
Le criminologue le fixa, interrogateur.
La réponse arriva :
— Un bras gauche.
Mila savait que plus de la moitié des gens qui disparaissent reviennent et racontent une histoire. Certains n’ont rien à raconter, ils reprennent leur vie d’avant. D’autres ont moins de chance, il ne reste plus d’eux qu’un corps muet. Et puis, il y a ceux dont on ne saura jamais rien.
Parmi ceux-là, il y a toujours un enfant.
On appelle pareidolie la tendance instinctive à trouver des formes familières dans des images désordonnées. Dans les nuages, dans les constellations, ou même dans les flocons d'avoine qui flottent dans une tasse de lait.
Je ne sais pas si Dieu existe. Même si je l'ai toujours désiré. [p.247]
Et il ne sert pas. Ici le temps ne sert à rien. Parce qu'il ne peut pas répondre à la question la plus importante.
"Quand cela finira-t-il ?"
La privation du temps est la pire de ses punitions.
- Le mal ne génère que du mal. Ça a toujours été sa caractéristique principale.
- Quelqu’un m’a dit que le mal peut toujours être prouvé. Le bien, jamais. Parce que le mal laisse des traces sur son passage. Tandis que le bien, on ne peut qu’en témoigner.
Les gens ne le savent pas, mais nos statistiques indiquent qu’entre six et huit tueurs en série agissent en ce moment dans le pays. Cependant, personne ne les a encore identifiés.
Nous fréquentons des gens dont nous pensons tout connaître, mais en fait nous ne savons rien d'eux...