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3,45

sur 113 notes
Je savais avant de commencer cette lecture qu'avec elle, ça passait ou ça cassait. Elle avait déjà clivé tellement de lecteurs qu'impossible de rester insensible. Cependant, j'ajouterais une catégorie aux classiques « J'aime / J'aime pas », celle des « J'ai compris / Je suis restée sur le carreau » et j'ai majoritairement fait partie de cette dernière sans arriver à me déterminer sur le ressenti final que j'avais sur cette expérience. Voici donc la chronique d'une lectrice en perdition, telle une victime de Puck du Songe d'une nuit d'été (Shakespeare) auquel il m'a plus d'une fois fait penser.

Il faut dire que l'introduction d'Alan Moore vendait du rêve, peut-être trop… le monsieur après avoir pris tous les superlatifs de son dictionnaire avait grandement haussé mon niveau d'attente quant à la plume de Brian Catling, artiste sculpteur et cinéaste de son état en plus d'être écrivain, et je suis restée un peu sur ma faim. Il y a certes des passages brillants, ceux en général qui ont trait avec la matérialité charnelle qu'il veut donner à son oeuvre, mais il y a aussi bien trop de passages obscurs pour ne pas dire ampoulés et trop alambiqués sans que j'en ai vu l'utilité sur le moment. J'ai donc eu l'impression qu'on m'avait un peu survendu l'auteur et que « ça faisait bien » dans certains milieux d'aimer et que sinon je passerais pour une inculte au mieux, une aigrie au pire… Pourtant j'aurais aimé aimer, moi, l'amatrice de belles plumes.

Il y avait des promesses intéressantes avec cette mystérieuse Vorrh, une forêt merveilleuse et effrayante telle qu'elle est décrite par la 4e de couverture mais que j'ai trouvé fort peu présente pour ma part. Je m'attendais à ce qu'elle ait la première place dans l'histoire et ce ne fut pas le cas. Elle est longtemps l'objet de discussion, le sujet d'observation et bien trop peu le matériau d'exploration et de sensation que j'attendais. Les pages la mettant réellement en scène sont trop peu nombreuses. Je ne l'ai pas assez arpentée, je n'ai pas assez senti les frissons de ses dangers. C'est l'une de mes plus grandes frustrations.

L'autre promesse était de suivre d'étranges créatures démons, fantômes, cyclopes… Mais au final qui voit-on vraiment ? Surtout les humains qui rejettent et / ou craignent ce lieu singulier et un seul cyclope : Ismaël, qui est au coeur de l'histoire. Les autres, on en croise parfois, mais ils sont surtout là pour le décor pour le moment. Les vrais monstres, ce ne sont pas eux, ce sont les humains et ça, c'est bien fait. Même si je n'ai pas tout saisi, j'ai tremblé de l'expérience d'Ismaël dans cette étrange demeure où il est enfermé d'abord en sous-sol avec des professeurs – robots (?) puis à l'étage avec une condisciple qu'on avait peut-être pas bien préparer. Il y a une forme d'horreur, de body horror et de fantastique qui met très mal à l'aise, d'autant plus avec la plume de l'auteur qui se délecte de ces scènes malsaines comme s'il les absorbait. C'est très étrange et malaisant.

Cependant, en dehors du voyage d'Ismaël pour comprendre ses origines et d'un chasseur de Vorrh pour y survivre et en sortir (?) en suivant des murmures, je n'ai pas pipé grand-chose de l'histoire. L'auteur semble vouloir faire un lien entre cette forêt primitive et notre monde moderne – à quelle date ? je ne sais pas… je dirais fin XIXe mais sans preuve concrète même si ça fleure le steampunk et le freak show -. Il semble dénoncer aussi le colonialisme et ses violences sur les peuples et lieux d'origine, ce qui m'a rappelé le récent Killers of the Flower Moon, mais tout ça est bien flou et noyé sous tellement de pages incompréhensibles que j'ai lu pensant trouver la lumière sans jamais la trouver…

Je retiendrai quelques passages à la fois magiques et dérangeants comme lorsque le chasseur William se fabrique son arc à partir de sa bien-aimée Este, une sorcière décédée. L'auteur incarne littéralement la matière et lui fait prendre vie sous nos yeux. C'est saisissant ! Il fait de même lorsque son héros cyclope, Ismaël, a des relations sexuelles, là aussi il donne vie à la matière de la plus singulière des façons, au point qu'on a parfois l'impression de sentir entre nos mains cette chair qu'il se met à côtoyer de près avec passion. Mais c'est aussi brillant que malaisant.

Factuellement, c'est tantôt passionnant, tantôt longuet. On suit toute une flopée de personnages dont les histoires semblent déconnectées mais qui finissent par s'entrecroiser sans forcément qu'on mette quand même du sens sur l'ensemble. Ils vivent tous dans ou aux alentours de Vorrh dans une ville sud-africaine (?) où les tensions entre gens de la ville et créatures de la forêt devraient rappeler quelque chose. Comme on suit plein de personnages, certains en viennent à nous interpeler plus que d'autres. Ce fut le cas pour moi avec Ismaël et notre chasseur, mais également avec un certain photographe qui va côtoyer un institut rappelant le Bal des folles. Mais ça fait quand même patchwork ou cluedo géant et c'est perturbant. Il y a une forme d'addiction à poursuivre la lecture et tenter de faire s'emboîter ses pièces, c'est pourquoi je n'ai pas lâché l'affaire et ne la lâche pas au final.

J'ai le sentiment de vous livrer une chronique aussi incomplète que mes sentiments sur cette oeuvre, que j'ai l'impression d'avoir à peine effleurée. J'en ai trouvé certains passages brillants et d'autres artificiellement alambiqués. J'ai aimé suivre, même sans les comprendre, certains personnages en recherche d'eux-mêmes comme j'étais en recherche de l'histoire. J'ai cru cerner quelques thèmes profonds et puissants. Si quelqu'un a une grille de lecture, je suis preneuse, car si j'aurais aimé plus de lisibilité, moins de tournants alambiqués, plus de forêt et encore plus de créatures étranges. Je ne suis pas contre y replonger pour tenter encore de décoder M Brian Caitling mais j'ai besoin d'éclaircissements.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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La Vorrh est une jungle littéraire dense dans laquelle j'ai eu bien du mal à pénétrer! L'écriture est singulière, intéressante mais pas nécessairement d'un abord facile, et l'intrigue m'a semblée absconse jusqu'à la moitié du livre. J'ai bien failli m'y perdre, mais heureusement, j'ai fini par trouver mon chemin à travers ses méandres délétères.

Dans une Afrique coloniale fantasmagorique, pousse une forêt mythique dangereuse abritant des secrets ancestraux. Tout autour et en son sein, évolue un assortiment hétéroclite de personnages torturés : certains issus de l'Histoire, comme le poète Raymond Roussel et le photographe Eadweard Muybridge; et d'autres, d'une imagination tordue! Des sorciers sinistres, des assassins féroces, des automates sexués, un cyclope thaumaturge, des esclaves zombifiés, des anges déchus... C'est un bestiaire fabuleux et pittoresque, mais j'ai tout de même trouvé qu'il y manquait de personnages plus sympathiques auxquels se raccrocher.

L'univers de la Vorrh est riche, sombre et inquiétant, empreint de violence et surtout, très bizarre! C'est une épopée tragique, un conte initiatique et un cabinet des horreurs surréaliste, tout à la fois. Sa lecture m'a laissé des impressions contradictoires et mitigées, mais il s'agit indéniablement d'une oeuvre unique, écrite par un auteur de talent.
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Beaucoup d'écrivains des littératures de l'imaginaire, paradoxalement, manquent d'imagination. Ce sont les mêmes mondes, les mêmes créatures, les mêmes histoires lues et relues mille fois, qu'ils nous présentent comme des photos fanées dont on aurait seulement ajusté le filtre.

Vorrh est tout l'inverse : c'est un torrent d'imaginaire, souvent fougueux et ardu à naviguer, mais immense par son ambition et son ampleur. C'est simple : vous n'avez jamais rien lu qui ressemble à Vorrh. Ou plutôt, vous n'y êtes jamais allés. Ça se verrait si c'était le cas, car on n'en revient pas du Vorrh tout à fait indemne.
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Je vais avoir du mal à parler de ce livre tellement j'ai eu du mal à entrer dedans.
Le récit est éclaté en une mosaïque de narrateurs, tellement de narrateurs que je m'y suis perdue.
Je ne suis pas arrivé à cerner les enjeux et la finalité de ce texte. Je n'ai pas vu où l'auteur voulait m'emmener.
L'écriture est belle il y a m^me des fulgurances mais cela ne m'a pas suffit pour apprécier ce titre.
Je le déplore mais j'ai vu qu'il avait trouver son public et je n'en suis pas étonnée.
Lien : https://collectifpolar.com
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Brian Catling convoque un imaginaire ou plutôt une imagerie bien définie : La forêt primaire, tropicale, le cheminement vers l'origine, le colonialisme au tournant du XXe, la fascination des vieilles armes. Peu à peu il rajoute des figures historiques, puis des éléments de plus en plus bizarres tels que des créatures horribles, des guérisseurs, des combats de magie noire. Malgré cette richesse et les nombreux arcs narratifs, il atteint un équilibre. Tout se lie grâce à la langue poétique, parfois fulgurante. La même histoire écrite dans un style plat et fonctionnel serait sans doute ridicule. Vraiment, c'est dans les phrases, dans les visions hallucinées que réside l'originalité de cet étonnant roman
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Plonger dans la Vorrh, c'est s'immerger dans un univers inventif et foisonnant à l'image de la couverture. Un roman dont les codes sont difficiles à décrypter aux premiers abords avec de nombreux personnages évoluant, parfois de manière éloignée, autour et au sein de la forêt. le tout sans bien savoir où cela veut nous mener. Comme beaucoup d'autres, j'ai peiné à entrer dans l'histoire durant les premières 80 à 100 pages. Une fois habituée au rythme de l'oeuvre, quelque chose s'est pourtant déclenché pour habilement me ferrer...

Plutôt que résister, j'ai donc décidé de me laisser porter par l'histoire, reconnaissant toutefois à quel point ce livre peut être ardu pour certains lecteurs, allant même jusqu'à provoquer des abandons. Ce premier tome pose les bases de l'univers et des personnages. J'ai sciemment choisi de me laisser guider par ces derniers et par l'atmosphère étrange, parfois confuse, teintée de métaphores sur la colonisation, l'esclavagisme, et les religions (chrétienne et vaudou) dans un début du XXème siècle marqué par une industrie toujours plus envahissante.

Ce fut une lecture lente et exigeante, dont les ressentis sont difficiles à exprimer, mais une lecture qui ne m'a pas lassée. J'ai pris le temps de m'immerger dans cette ambiance végétale et inquiétante, ainsi que dans les vies atypiques des personnages qui la peuplent.

La suite sera lue prochainement - (si la médiathèque accède à ma requête, car drôle d'idée d'acquérir les premiers tomes mais pas les suivants !) - en l'espérant éclairante sur certains aspects.
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Une forêt primaire : Vorrh. Des branches qui s'entrecroisent, une canopée dense, des strates d'humus, de feuilles mortes. Une odeur que l'on devine forte. Des proies et des prédateurs, un éclairage chiche.Un temps et un espace qui, comme les lianes, se courbent et se nouent, perdant toute linéarité. Des sentiers à peine définis par lesquels transitent les sorciers, les esclaves, les bêtes, les mythes, les légendes. Tous cherchent, quelque chose ou quelqu'un ; certains se perdent, y compris la raison ; d'autres ne ressortent jamais.
Les mêmes propos pourraient s'appliquer aux lecteurs : certains trouvent, d'autres se perdent…
Poésie, fantastique… ambiance plombée, souvent violente… Aucun fil d'Ariane jaune fluorescent pour guider le lecteur dans les broussailles. Il s'emmêlera souvent les pieds dans les ronces, subira quelques chutes… Quant à trouver la sortie, c'est une autre histoire.
Le premier tome de la série de Brian Catling annonce la couleur : nuances de vert (ou vers). Oubliez vos balades à la recherche de champignons : ici ils sont plutôt d'un genre vénéneux ! Certains nous incitent à aimer les arbres pour s'aimer soi-même. Vorrh vous fera les craindre.
Un roman comme un marathon : les premiers kilomètres sont difficiles, le second souffle permet de tenir sur la distance, et l'on franchit la ligne finale exténué, vidé, mais satisfait… jusqu'au prochain !
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Question : peut-on aimer un livre même si on n'a pas vraiment tout compris en le lisant ?
Parce que, voyez-vous, j'ai beaucoup aimé ce livre, bien que je ne sois pas sûr d'avoir vraiment tout compris en le lisant.
C'est rare. Parce que, voyez-vous toujours ?, d'habitude, quand je ne comprends pas un livre, j'ai du mal à l'apprécier, alors que là, non.
Peut-être cela tient-il à la qualité de l'écriture ? Parce que beaucoup de gens disent ça, que vraiment c'est bien écrit, et c'est vrai que vraiment, c'est bien écrit [pour un livre].
J'ai même découvert plein de mots que je ne connaissais pas, enrichissant mon vocabulaire pourtant déjà bien vocabularisé. Je profite d'ailleurs du temps qui m'est imparti pour féliciter la traductrice qui a du joyeusement se triturer les méninges, la version originale devant être velue.
Le fait que ce livre soit bien vraiment bien écrit [pour un livre] n'explique cependant pas tout. Il y aussi une forêt étrange et mystérieuse, ce qui est bien, des personnages étranges et mystérieux aussi même si un peu moins que la forêt, et différentes histoires qui s'entremêlent de-ci de-là, avec cette étrange et mystérieuse forêt pour point d'ancrage.
N'empêche que j'ai pas tout compris, et que même si j'ai beaucoup aimé, ça m'énerve aussi un peu, parce que je suis comme ça, je m'énerve vite aussi un peu. Comme si, à la lecture de cet ouvrage, je me perdais moi-même au coeur de cette étrange et mystérieuse forêt... Oh ! Et si je venais de comprendre seulement maintenant que c'est seulement en ne comprenant pas tout qu'on peut comprendre ce que l'on ressent en pénétrant cette étrange et mystérieuse forêt ?
Je ne sais pas, je ne sais plus, je suis perdu.
En tout cas, ce qui reste sûr comme de l'eau de roche, c'est que c'est un livre qui est vraiment bien écrit [pour un livre].
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Un livre hors-norme. Une orgie de poésie, de trouvailles extraordinaires dans les images.
Vraiment j'ai été subjugué par l'écriture.
Le texte est âpre, âmes sensibles s'abstenir.
L'histoire se déroule à deux époques différentes : dans une Afrique coloniale imaginaire post Première guerre mondiale d'une part, et à la fin du XIXe entre Angleterre et USA de l'autre. Parfois, l'on s'y perd un peu entre tous les personnages et les époques, mais quel style !
Le lien précis entre les deux n'apparaît pas totalement à la fin du roman, premier tome d'une trilogie. La lecture est exigeante, mais le jeu en vaut la chandelle, pour peu que vous ne soyez pas hermétique au surnaturel et à la violence.
Assurément l'une de mes plus belles lectures de l'année.
J'en ressors autant enthousiaste que frustré : je veux la suite ! Mais je recommande sans hésitation.
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Quand je dois rédiger une critique, j'attends d'avoir terminé la lecture du roman mais le temps s'écoule plus vite que je ne lis. Rarement un livre m ‘échappe ainsi, à peine lues les cent premières pages, il m'a fallu recommencer car j'étais perdue. le résumé promet une forêt mystérieuse et un homme lancé dans une quête, suffisant pour déclencher en moi une envie de lecture. J'ai pris des notes pour parvenir à rédiger mon propre résumé, puis j'ai renoncé.
Ce sentiment de m'être égarée vient peut être de ce résumé succinct car en fait on lit le récit des aventures d'une galerie de personnages: un policier, un aventurier français, un photographe, une jeune femme curieuse, un cyclope. de ces protagonistes, dont l'intérêt est inégal, chaque histoire est sombre et torturée, la magie ou le fantastique n'est jamais loin, cependant jamais au même niveau et je ne puis garantir que les histoires se déroulent sur la même temporalité. Certains chapitres sont écrits à la première personne ce qui ajoute à la confusion.
Pourquoi continuer à lire un roman auquel il me semble ne comprendre les histoires que façon indépendante les unes des autres? Parce que je laisse totalement charmer par la poésie de l'écriture et que je me suis attachée à Ghertrude et Ismaël et je veux connaître la suite de leur histoire.
Je modifierais peut-être cette critique un jour, si j'arrive au bout du roman, si la Vorrh me laisse découvrir ses secrets.
Je remercie Babelio et Fleuve Éditions pour cet envoi
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