AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,45

sur 113 notes
Voilà un livre bien étonnant, difficilement classable. Un nouvel exemple d'OLNI (d'objet littéraire non identifié).
On vagabonde entre les genres. Entre le roman, la fiction, des personnages réels et d'autres incongrus, la mythologie, la science-fiction, c'est une lecture assurément déroutante, mais aussi exigeante.
Exigeante tant par le mélange des genres que par l'écriture et l'histoire. Un exercice de lecture particulier, qui peut faire penser à un croisement improbable entre Tolkien, Asimov et Joseph Conrad. Ai-je aimé ? Je ne sais pas ! Bizarre sentiment !
Commenter  J’apprécie          50
C'est un livre pénible à lire et d'où sourd un malaise diffus. L'auteur initie plusieurs récits en parallèle, un procédé narratif plutôt plaisant quand il est bien maîtrisé, ce qui n'est pas le cas ici. A chaque changement on est obligé de retourner en arrière pour se remémorer noms et contexte précédents, sans que ces histoires ne convergent vers un début de compréhension de la forêt mystérieuse. le style d'écriture est plat et lourd, les personnages déplaisants, j'ai préféré arrêter cette lecture en cours de route.
Commenter  J’apprécie          40
"Vorrh" un nom bien énigmatique pour une forêt qui l'est tout autant. Il se prononce avec un raclement provenant du fond de la gorge où l'écho sonore se perd. Merveilleuse dit-on ? Surtout mystérieuse et dangereuse... Elle avale les Hommes qui daignent s'y aventurer, elle se nourri de leurs souvenirs, vole leur identité et les recrache lorsqu'elle n'a pas réussi à les digérer.

Le style de l'auteur est unique en son genre, difficile parfois de le suivre dans ses fantasmagories, mais si on s'y accroche on se laisse doucement bercer par l'histoire des différents personnages, oscillants entre réel et fantasy, dans une ambiance coloniale dérangeante.

Ici, Brian Catling ne sculpte la matière mais il met du de coeur à l'ouvrage dans sa description des corps et des espaces, avec finesse et intelligence, il nous laisse entrevoir l'artiste.

J'aime !
Commenter  J’apprécie          40
Vorrh est un roman que j'ai trouvé original et marquant.
Brian Catling situe son récit entre la fin du 19ème siècle et le début du 20ème, autour d'une mystérieuse forêt, la Vorrh, qui abrite des créatures surnaturelles et exerce un pouvoir qui altère la mémoire des êtres humains qui s'y aventurent. Malgré les risques de contact avec des monstres cannibales et des anges déchus, les colons européens ont fondé une ville, Essenwald, dans sa périphérie, pour exploiter son bois et prospérer.
Le roman donne à son lecteur le point de vue de multiples personnages, qui finissent tous par être confrontés aux dangers et à la puissance de cette forêt, alors qu'ils cherchent des réponses sur leur identité, à l'image du cyclope Ismaël, élevé en reclus par des automates, les Proches, ou l'Archer, ancien colon britannique devenu le compagnon d'une magicienne devenue son arc après sa mort. L'auteur met également en scène des personnages historiques, tels que l'écrivain Raymond Roussel, auteur des Impressions d'Afrique, ou le photographe et inventeur Eadweard Muybridge, dans leurs rapports avec leurs oeuvres et postérités respectives, mais aussi dans la manière dont ils croisent chacun le chemin de la Vorrh, qui les marque et les transforme.
Je vous conseille vivement la lecture de ce roman !
Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
Commenter  J’apprécie          40
Le pitch de présentation de l'éditeur et le texte d'accroche de la 4e de couverture de ce livre m'attirent, me donnent très très envie de lire ce qui est présenté comme "un livre-monstre". On ne parle pas ici que de ce pavé de 650 pages et de ses deux suites : Les Ancêtres, et Les Divis, mais de l'univers créé et du style. Fantastique ? Imaginaire, c'est certain. Heroic fantasy ? Mythologie ? 

Brian Catling est un sculpteur et poète anglais. J'ignore si ceci est son unique et monstrueux roman, mais, ce que je sais, c'est qu'après avoir été fasciné par la beauté du texte, la poésie des images, le rythme lent et étrange, le récit destructuré.... je m'ennuie. Je n'arrive pas à m'intéresser aux personnages, même si aujourd'hui encore (et c'est un espoir) l'étrangeté de ceux-ci reste dans ma mémoire. 

Il y a une sorte d'intemporalité bien que le récit soit à peu près situé dans le temps et une géographie que je n'arrive pas à visualiser. Il y a des Noirs (je cite), des colonisateurs, des cyclopes, des Proches (sortes de robots remplis d'une crème qui les anime), un arc fait du corps d'une femme, un fugitif et un flic-chasseur Noir, une ville artificielle... des légendes, une forêt dont on ressort changé si on en ressort, belle et terrible forêt VORRH...

Je me suis efforcé de me laisser porter sans tout comprendre (un petit côté chasse au snark). J'ai fait confiance au lyrisme, à ces images poétiques, à ce monde étrange, à la volonté de l'auteur. Les critiques officiels trouvent cela original, délicieux,  marquant... moi je me suis lassé de ne pas être accroché après presque 200 pages, de m'ennuyer encore et encore. Alors, j'ai abandonné. Il y a sûrement des amateurs, je vais d'ailleurs passer ce volume à un fan de littérature alternative, peut-être saura-t-il me guider, me remotiver. Quand j'étais ado, il m'a fallu 3 tentatives pour enfin entrer dans le chef d'oeuvre qu'est le Seigneur des Anneaux. Nous verrons après l'avis de mon "expert" si j'arrive à entrer dans cette forêt merveilleuse et terrible. J'en ai assez fréquenté l'orée pour y reconnaître l'influence, entre autres, de Lewis Carroll... 😉 mais je suis resté à l'extérieur. Dommage.
Commenter  J’apprécie          34
--- Un style relativement hermétique ---

Le style de B. Catling est unique en son genre. Cependant, il faut réussir à en venir à bout, car l'auteur adore se lancer dans des tirades ô combien sibyllines.

Je l'avoue, je perdais parfois le fil du récit, me perdant dans ces passages. J'ai pourtant essayé de les relire plusieurs fois pour mieux comprendre, mais le mystère demeurait entier. Tel était bien le but de l'auteur, je pense. Et quel dommage ! En fin de compte, ces longueurs n'ont fait qu'alourdir le texte.

Heureusement, lorsque l'histoire s'inscrit dans le réel, si tant est que l'on puisse dire cela d'une oeuvre aussi abstraite, j'étais véritablement conquise.

--- Des personnages au destin unique ---

Sachez-le : le synopsis ne fait mention que d'un seul homme, mais Vorrh est un roman choral qui apprécie tout relater de la vie de ses héros. de leur plus tendre enfance jusqu'à leur fin en passant par leurs moments de gloire, le scénario est bâti sur leur existence et leur lien avec la forêt. Bien évidemment, d'autres personnages restent volontairement dans l'ombre afin de ne pas dévoiler les dessous de l'histoire, que je n'ai toujours pas devinés d'ailleurs, mais j'y reviendrai.

Alors, ces personnages. Est-ce que je me suis vraiment attachée à eux ? Je n'en suis pas certaine. Certes, j'étais captivée par leur destin, en particulier celui de Maclish, mais je n'étais pour autant pas attendrie par leurs malheurs. Quoiqu'Ismaël fait peut-être figure d'exception. Toutefois, mon absence d'attachement a quelque peu amoindri mon plaisir de lecture. Par chance, le mystère a suffi.

--- Et quel mystère ! ---

Lire Vorrh, c'est accepter l'idée de ne pas tout savoir, de ne pas tout comprendre. Est-ce que ce fut mon cas ? En partie, oui. Néanmoins, je suis quelque peu frustrée par le dénouement. En effet, l'utilité de certains personnages m'échappe, tout comme ce qui les lie vraiment. Or, le deuxième volet annonce un changement de héros. Vais-je réellement obtenir des réponses à mes questions dans la suite ? Je n'en suis pas sûre. Quant à savoir où l'auteur veut en venir, c'est le flou total !

Quoi qu'il en soit, j'ai – à ma plus grande surprise – apprécié la dimension religieuse de l'intrigue. Celle-ci sera d'ailleurs développée dans le deuxième opus, ce qui me pousse à le sortir de ma PAL très bientôt !

--- Alors, lire ou ne pas lire Vorrh ? ---

Si vous n'êtes pas un habitué des lectures étranges, je vous déconseille fortement cette série qui pourrait bien vous perdre en chemin. Dans le cas contraire, si vous êtes justement à la recherche de quelque chose de différent, Vorrh est peut-être fait pour vous.

En ce qui me concerne, j'ai bien l'intention d'aller jusqu'au bout de la trilogie !
Lien : https://lesfantasydamanda.wo..
Commenter  J’apprécie          30
Ça va être difficile pour moi d'écrire cette chronique pour deux raisons : le livre relate de beaucoup d'histoires en même temps, qu'il serait long de résumer, qui ne s'entrecroisent même pas forcément, et surtout, je ne sais pas vraiment dire ce que j'en ai pensé. J'ai à la fois une grande admiration pour l'écriture de l'auteur, qui est excellente et travaillée, plutôt raffinée bien que sombre comme son propos, ainsi qu'une sorte de rejet instinctif lors de nombreux passages. le sujet central du livre, la Vorrh, cette forêt vivante, zombifiante, insondable, terrible, religieuse, monstrueuse et éternelle, est ce qui m'avait convaincue au départ, mais bien qu'elle soit au centre de tout, on ne l'approche que peu. L'humain est le véritable sujet du livre, dans sa décadence, son indécence, sa supériorité, son mépris, son manque de respect, ses travers, ses vices.

J'ai été d'emblée gênée par le côté beaucoup trop colonial du livre - côté qui semble être dénoncé à demi-mot de temps à autres (et de façon à la fois assez drôle et fortement cynique) - mais qui est pourtant présent jusqu'à l'étouffement. Plus que la forêt, ce que l'on arpente le plus, c'est cette réplique - exacte à la brique près - d'une ville européenne placée dans ce continent qui n'est pas le sien, où l'on va côtoyer en majorité des personnages blancs. À tel point que l'on oublie que l'histoire ne prend pas place en Angleterre, en Allemagne ou en France. Comme si la Vorrh et ses alentours ne présentaient finalement aucune richesse ? Par ailleurs, les personnages pour qui ça finit mal sont les personnages noirs, les personnages exploités et les personnages monstrueux (sauf un, mais qui souhaite devenir comme les autres personnages blancs)(alors que j'attendais qu'ils aient justement tous leur revanche, dommage). J'ai probablement manqué beaucoup de sous-texte et de second degré, à ce sujet comme à d'autres, tout le long du livre, mais ce sentiment a bien trop subsisté et c'est ce qui m'empêche de vraiment apprécier totalement ce livre dont les qualités sont pourtant nombreuses.

Néanmoins, si je mets mes attentes et mes projections personnelles de côté, Vorrh est un livre d'une densité assez incroyable - comme la forêt -, et garantit une grande originalité, une ambiance fantastique à la fois morbide et fascinante, une aventure aux frontières du réel, entre le monde des vivants et le monde des morts, un monde de vengeance, de cruauté, empreint d'un esprit vieillot du XIXe siècle qui ne demande qu'à crever l'abcès. J'ai beaucoup aimé les côtés spirituels et religieux qui entourent la Vorrh mais que j'ai trouvés très peu développés pour finir, et j'aurais aimé en savoir plus sur l'histoire étrange d'Ismaël et de ses protecteurs. Même si ça ne m'a pas accroché autant que je l'aurais pensé (surtout avec une préface d'Alan Moore et une recommandation de Pullman - j'avais mis la barre bien trop haut, sans doute), je pense que ça reste un livre à lire absolument pour les personnes amatrices d'ambiance du type Les machines à désir infernales du docteur Hoffman de Angela Carter.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : https://lecombatoculaire.blo..
Commenter  J’apprécie          30
Voici le premier tome d'une trilogie qui devrait être suivi de The Erstwhile et The Cloven. Mais ne mettons pas la charrue avant les boeufs. Pour entrer dans la Vorrh, une forêt mythique, fantastique, située au coeur du continent africain, il vous faudra beaucoup de courage car, peu ou pas, en sont revenus. La magie y est présente et le temps est mouvant parfois effacé. On y croise toutes sortes d'anges ou de démons, de prêtres, de guerriers. Une forêt de légende, sans fin où se trouverai le jardin d'Eden. de quoi ouvrir les appétits de nombreux explorateurs en cette fin du XIXe siècle. On va suivre ainsi l'Archer un soldat anglais accompagné d'un arc étrange. On croisera un cyclope élevé par des robots mais aussi des personnages historiques un écrivain Raymond Roussel , une héritière Sarah Winchester et un photographe Edward Muybridge. La fiction et les faits sont si bien imbriqués, qu'il est difficile de faire la part des choses. J'ai eu du mal à entrer dans cet univers assez violent. Beaucoup de représentations sexuelles violentes, m'ont perturbé par la place que trouve la femme. Heureusement, il y avait des moments de grâce et de poésies mais aussi des scènes d'horreur dont les cris raisonnent encore en moi. Ce roman est construit de manière fabuleuse au début on ne voit rien venir et on est un peu perdu puis lentement les tableaux commencent à prendre forme pour prendre la tournure d'une véritable toile d'araignée où tous les fils sont finalement reliés les uns aux autres. Un univers où le temps bouge, où les armes sont faites de charmes. L'auteur explore à de nombreuses reprises, le thème de la vision, de l'oeil. Cyclope, aveugle, appareil photo, visions surnaturelles dans un monde vraiment bizarre. La réalité narrative du livre est constamment mis à mal par sa part de fantastique, que trouver des repères n'est pas aisé et l'auteur en joue souvent. Un livre inclassable qui frise le génie même s'il peut déranger par son côté primaire. Bonne lecture.


Lien : http://latelierdelitote.cana..
Commenter  J’apprécie          30
Il s'agit d'un roman profondément déconcertant, de la première à la dernière page : différents récits s'emmêlent, et les liens qui les relient se dévoilent très lentement, voire pas du tout (pour l'instant). Tantôt d'une poésie magnifique, tantôt bien plus violent, malaisant et parfois presque glauque, la narration traverse les extrêmes et toutes leurs nuances, pour donner corps à cette présence étrange de la Vorrh. L'atmosphère est brumeuse, pesante, étouffante, suffocante. Les repères sont absents, et la seule certitude est cette forêt mystérieuse, millénaire, où se terrent les légendes les plus envoûtantes. Les personnages gravitent autour, aussi subjugués et répugnés que les lecteurs, refusant d'y mettre un pied mais rêvant des pouvoirs qu'elle contient. D'ailleurs, dans tous les événements que l'on suit, quelle est la part de cette force mystique qui pèse sur la population, quelle est la part du simple esprit humain soudain dépourvu de toute limite ?

J'avoue avoir ressenti peu d'attachement émotionnel pour les personnages (bien que je soupçonne que ça ne soit pas l'objectif de l'auteur), et je regrette que finalement on n'entre qu'assez peu dans la Vorrh, qui demeure plutôt une présence pesante autour des personnages. le récit avance lentement, très lentement, et de manière énigmatique, très énigmatique ; je n'ai pourtant pas pu m'empêcher de le dévorer, fascinée autant par la beauté que par l'horreur qui se déroulaient sous mes yeux. C'est le genre de lecture sur lequel il n'est pas vraiment possible de mettre des mots : amas de sensations, de questionnements parfois vains, c'est l'une de ces expériences de lecture indéfinissables et pourtant inoubliables.

Si vous cherchez un voyage littéraire hors du commun, qui vous emmènera loin, bien loin des sentiers battus, plongez dans celui-ci : quoi qu'il en soit, il ne vous laissera pas indifférent.e. Pour ma part, bien que la fin puisse se suffire à elle-même, je ne tarderai pas à lire les deux tomes suivants : de nombreuses questions demeurent encore sans réponses, et je n'ai pas fini de me laisser fasciner par cette forêt…
Lien : https://pagespluvieuses.word..
Commenter  J’apprécie          20
Brian Catling était un artiste complet. Ayant vécu pour et par ses oeuvres, il aura sû incarner, à sa manière, l'engagement que peut représenter la création. Il fut sculpteur, peintre, performer, mais aussi réalisateur, poète et romancier. Un Anglais touche-à-tout, talentueux, construisant un univers aussi singulier que jusqu'au boutitste, allant même jusqu'à co-créer en 2001 le « the international performance collective WitW » . Alors que nous apprenions, il y a quelques jours la mort de Brian Catling, sortait de manière plutôt confidentielle, en poche, le premier volume de sa Trilogie Vorrh en version poche chez Pocket.

Comme nous le disions en préambule, Brian Catling était poète, et même nous aurions pu dire : avant tout poète, et performer, si nous avions dû hiérarchisé l'importance, dans sa vie, de ses créations. de cette poésie, il faut comprendre ici, que même dans ses romans, même dans Vorrh, elle imprègne le style de l'auteur à chaque instant. C'est une composante centrale, qui colle au texte comme une sangsue au milieu de la jungle. Ce qui, au vu de certains articles lu à droite et à gauche, peut rebuter visiblement, tant l'auteur porte une signature, un style fort empruntant tour à tour à l'écriture pleine de souffre d'un Joseph Conrad, ou d'un Malcolm Lowry, qu'une écriture plus immédiate sans jamais perdre de sa superbe et qui n'est pas sans rappeler le travail d'un certain Claro.

Vorrh est un lieu,une forêt, c'est une légende, un égarement, ce sont les possibles par-delà le sacrifice. Nous savons qu'elle existe, nous pouvons la placer, en Afrique, sur une carte, délimiter ses contours, exploiter ses abords. Mais Vorrh, en son sein, reste vernaculaire, obscure et échappe à la compréhension des hommes. de ce lieu et de cette mystique, toute une sociologie s'est créé, des peuples, des cultures, allant même jusqu'à construire Essenwald. Une ville européenne, transportée, et reconstruite à l'identique le long de Vorrh.

William un ancien soldat, à la mort de sa compagne, construit un arc à partir du corps de cette dernière à sa demande, et s'élance dans la Vorrh. A Essenwald, dans une cave, grandi Ismaël un être humanoïde, n'ayant qu'un oeil, un cyclope aux proportions humaine qui finira par croiser la route de Gerthrude, fille d'un richissime exploitant. Nous suivons aussi, ailleurs, en Amérique, Eadweard Muybridge ( l' inventeur du zoopraxographe), un photographe britannique. Suivi par une galerie de personnage comme le Français ( représentation de l'écrivain Raymond Roussel), le docteur Gull ( un des tueurs présumés de Whitechapel), ou encore la veuve de Winchester et sa maison pour accueillir les fantômes de celles et ceux tués par un fusil de la marque winchester.

Des parcours venant à se croiser, même parfois de loin, et interagir, ayant pour centre magnétique cette mystérieuse forêt. Ce lieu, cette Terra Incognita, ou l'on pourrait aisément écrire « Hic sunt dracones “, comme sur les anciennes cartographies, tant elle catalyse fantasmes et possibles.

Il est important de dire que ce n'est pas un livre de Fantasy, ou de Science Fiction, du moins pas dans le sens classique du terme. Vorrh est une matérialisation textuelle d'une certaine idée de ce que la magie peut-être dans le réel, mais bien loin de ce que vous croyez. Ainsi exit troll, farfadet, chupacabra, extra-terrestre, ou autres bestiaire que nous pourrions nous attendre à découvrir, et bienvenue dans une terre peuplée avant tout des névroses humaines. Des névroses engendrées par des fantasmes bien humains et bien ancrés dans son époque, construisant ainsi une forme de “proto-fantaisie”, où la magie et le fantastique sont présents mais d'une manière discrète et sans jamais dire leurs noms.

Au-delà de cet aparté, Vorrh est une construction minutieuse d'un monde en pleine évolution, comme la prise instantané d'un temps en mouvement, ayant autant à dire sur un passéisme colonial, qu'une quête de reconnaissance et d'identité, le tout pris dans une frénésie capitaliste, poussant avant tout à l'usure immédiate pour un profit éphémère.

Nous retrouvons aussi cette idée d'usure sur les corps, ils sont exploités, abîmés, utilisés, mutilés, transformés, transcandés. Il y a ce rapport au corps, à sa chair, à ses douleurs et plaisirs, qui s'inscrit dans l'incipit même du roman, donnant une ambiance et une tonalité, faisant écho aux auteurs cités plus haut, mais également à un certains ténèbres de Paul Kawczak. Un tropisme de la chair ayant pour espoir l'illumination et l'élévation.

De cet ensemble, se dégage une tension quasi-permanente, nous plongeant presque par instant dans une forme de transe où les mots nourrissent un imaginaire que nous n'aurions jamais évoqué en dehors de ce texte et de cet univers en particulier. L'écriture de Brian Catling jouant son rôle à la perfection. D'une beauté et d'une puissance rare, l'auteur construit avec un style fort, un univers dense et vénéneux où la lumière et les ténèbres font avant tout et surtout souffrir.

Brian Catling, avec Vorrh a su se détourner des grandes voies littéraires, pour construire un chemin empruntant autant à ses propres références littéraires, qu'à une certaine vision du réel, et ainsi proposant un Vorrh obsédant et fascinant par sa densité ainsi que par ce qu'il a à dire de son monde et du notre. Une oeuvre certes, aux premiers instants, déroutantes, mais une oeuvre monde, porteuse en son sein d'une indéfinissable magie obsédante que l'on pourrait apparenter à la folie créatrice. Ce qui n'est pas sans rappeler le talent de deux autres compatriotes anglais, à savoir Alan Moore et Iain Sinclair.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
Commenter  J’apprécie          22




Lecteurs (598) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2492 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}