« Drôles de solitudes », de Viviane Cayol, est une composition de nouvelles qui, toutes, se veulent actuelles, en lien avec les solitudes de notre époque ou, du moins, celles qu'on imagine telles. Plus encore, ce livre est une liste de quelques moyens à tenter pour échapper à ce mal du siècle, époque par excellence de la communication… et de la manipulation. On retrouvera, bien sûr, le suicide, par balle ou gaz, plus subtilement, l'humour et le détachement, la rupture et le ré-apprivoisement de la solitude avec un quasi-retour à la case départ. Les codes du genre Nouvelle sont respectés, peu de personnages, un temps de récit bref et linéaire, une géolocalisation limitée de l'action et une bascule de la situation qui veut faire croire en un renversement complet et à un changement de vie.
Les situations, souvent gentiment décalées, peuvent faire sourire. Parfois elles portent davantage à pleurer tant les moyens utilisés pour ne plus être seul semblent, dès le départ, voués à l'échec (Substitution d'un personnage à l'autre et mensonges répétés par messagerie vocale, fantasme d'une rencontre avec une éditrice et dispute dans un train qui aboutiront à la situation que tout le monde, bien sûr, aura devinée, ...) L'exagération, le trop de trop, fait aussi partie des ficelles utilisées par l'auteur (lors d'un réveillon inoubliable) et si ces situations font naître des sourires, cela est dû à la nette capacité des lecteurs à sublimer le second degré du fond d'humour que tout le monde, même les plus désespérés dans leurs solitudes, est capable d'avoir. Mais pas de thème profondément humain abordé dans ces descriptions de la solitude, pas de vraie solution non plus. Bref, un recueil de nouvelles qui se lit pour ses chutes et sans déplaisir. L'écriture qui est annoncée ludique est fluide et accessible à tout un chacun. le procédé de répétition (même situation écrite par chacun des personnages) est utilisé à bon escient, renforce la symbiose ‘pseudo-amoureuse' entre les personnages et n'en rend la chute que plus nette et douloureuse. On sent, derrière la plume de Viviane Cayol, une exercisation qui a porté ses fruits. de là à en faire un livre de chevet et une source de réflexions humaines profondes, il y a un pas que, personnellement, je ne franchirai pas.
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