Dans ce recueil de nouvelles de
Serge Cazenave-Sarkis, le lecteur part à la rencontre de l'humanité dans sa diversité, avec toutes ses fragilités, ses failles et parfois aussi ses bassesses et ses névroses. Dans un style parfaitement maîtrisé, cet auteur, bien connu des habitués du site des éditions de l'Abat-Jour et en particulier de la revue L'Ampoule, étonne, amuse et effraie tout en finesse et sans pathos.
Autant l'avouer, quand j'ai lu les nouvelles de
Serge Cazenave-Sarkis, j'ai été un peu jalouse car j'aurais aimé avoir écrit une nouvelle comme «
Hirondelle ou martinet ? » qui donne son titre au recueil. J'ai beaucoup pensé à l'écrivain
Jean-Pierre Martinet à la lecture de ce recueil de nouvelles. Comme l'auteur du génial « Jérôme »,
Serge Cazenave-Sarkis parvient à nous faire toucher du doigt ce qui fait de nous des humains : besoin d'amour, solitude, cruauté, désespoir…
Le couple et la famille sont disséqués sans ménagement par l'auteur qui se délecte de faire tomber les masques sociaux que nous revêtons tous. Derrière des apparences banales, voire très comme il faut, les gens se révèlent tout autre sous sa plume acérée. Il suffit parfois de presque rien, en tout cas de pas grand-chose (un bruit dans les combles), un grain de sable dans les rouages bien huilés de notre quotidien, pour faire tout basculer. Heureusement, chez
Serge Cazenave-Sarkis, la noirceur n'empêche pas l'humour, bien au contraire : on rit souvent, on s'indigne parfois, on frissonne presque toujours devant l'indicible enfin dit.
Ce qui marque dans ces nouvelles, c'est l'audace dont fait preuve l'auteur. Il n'hésite pas à bousculer le lecteur… voire à le manipuler comme le faisait
Hitchcock dans ses films. Il parvient à planter le décor de chacune de ses petites histoires avec brio, dépeint des personnages auxquels on croit tout de suite car ils ont de l'épaisseur, sonnent justes car terriblement humains. D'autre part, il sait faire grandir et maintenir le suspens jusqu'à la fin, avec des chutes très travaillées qui laissent bouche bée.
Vous pensiez les vieilles dames inoffensives et rangées des voitures ? Eh bien, figurez-vous que la Tatie Danielle d'Etienne Chatiliez n'a qu'à bien se tenir : vous ne verrez plus jamais les grands-mères de la même façon après avoir lu « Les courses » et « Madame Jacket ». Couple de vieux garçons solitaires, mari au bord de la crise de nerf, grand-mère indigne, voisin envieux, cousin venant au restaurant avec sa compagne très « animale »… tels sont quelques-uns des drôles de personnages de
Serge Cazenave-Sarkis, souvent entre deux eaux, prêts à basculer vers l'irréparable ― ou déjà de l'autre côté.
Ce recueil de 17 nouvelles existe dans sa version numérique (format PDF, ePub, Mobipocket) que l'on peut acheter sur le site de l'Abat-Jour. La version papier sera imprimée et commercialisée si et seulement si la barre des 100 souscriptions est atteinte le 27 mai prochain : je compte sur vous pour souscrire sur Ulule.fr dès aujourd'hui !