Avant de publier une interview avec Céline (on ressort les vieux dossiers), commençons par le fait que
Louis-Ferdinand Celine est mort. Cela m'enlève déjà une épine du pied, les auteurs décédés sont beaucoup moins susceptibles que les vivants. Je m'attends avec cette chronique à une salve de « À bas le renard, vive le Ricard ! ». Je suis prêt, même pour les remarques outrées des descendants, ayants-droit ou conjoints dans le formol de l'auteur. Je vais sûrement lire que ce texte doit être pris dans son ensemble, l'oeuvre prédomine avant tout (ça vous rappellera sûrement
Annie Ernaux) sauf que ce n'est pas au lecteur de s'adapter à l'oeuvre pour autant qu'elle fusse encensée par les professeurs de la bien-pensance littéraire. Un auteur soumet un livre au public, la sentence tombe. Dur mais dans les règles de l'art et au-dessus de la ceinture. Alors j'anticipe également que Céline aurait détesté voir ce texte publié car il n'est en réalité qu'un brouillon et c'est dans ces moments-là qu'on remercie le ciel de la présence d'un éditeur.
Pierre Assouline il y a quelques jours, disait « qu'il fallait lire pour combattre ». Depuis toujours je suis en accord avec ce propos qui tend à ne pas fermer les yeux sur certains écrits, mais bien à lire pour comprendre qui était l'auteur ou l'Homme.
Que les choses soient claires, j'abhorre cet homme. Antisémite et fier de l'avoir écrit à de maintes reprises, il ne méritait sûrement pas que mes yeux se posent sur l'un de ses textes. J'ai quand même voulu aller au-delà et en toute objectivité lire sa fameuse prose argotique enseignée un peu partout. Disons qu'on a moins d'égards à l'endroit de Soral ou Nabe tout autant nauséabonds. Alors ce livre «
Guerre » parlons-en. Un narrateur anticonformiste en pleine grande
guerre, un rythme mouvant mais sans saveur. On a envie de dire « tout ça pour ça ? ». J'ai longtemps eu l'impression de lire le long récit de
Jean-Marie Bigard où les lourdeurs et répétitions dans les dialogues faisaient pshit. On peut clairement dire que ce livre a aussi mal vieilli que
Toy Story.
Tel un mauvais film porno des années 70, j'eus l'impression de suivre les aventures d'un plombier et de son infirmière en soubrette. L'envie d'abandonner au bout de trente pages était forte, je résista néanmoins pour ne rien regretter, autant ne pas gâcher ma sève littéraire. Après les juifs, voici les arabes traités de bicots, on reste dans la veine d'un vieux réactionnaire aux penchants racistes. Auréolé d'un limpide « je te casse le cul grognasse », certaines phrases choquent mais les plus accrocs diront qu'il faut contextualiser « qu'elle aille se faire tasser par les nègres ».
Tout au long du roman ça se « branle » et ça « s'encule » à foison, c'est tout à fait honorable mais le coït physique ou littéraire n'est pas venu jusqu'à moi. Celine a de bons conseils pour ses amis, on notera l'élégance, la subtilité et l'envergure de la langue française : « Si t'es un pote quand tu rebanderas, je te la ferais tringler la mignonne ». L'analogie avec les potes du bistrot au fin fond de Bar-le-Duc devint troublante.
Allez cher lecteur « Fais donc ce que je dis enculé sors ta bite » on va pas y passer des heures avec cette putain chronique. « Tiens, bouffe son foutre » tant que t'y es. Je précise que tout ce qui est entre guillemets provient bien de ce roman, personne ne me croira. J'eus l'impression que comme de grands auteurs, tout le monde les a lus mais sans les lire.
Cela étant sur la forme du manuscrit perdu, l'histoire est belle sauf qu'en effet beaucoup de passages sont illisibles et donc non reproduits sur papier, il faudra laisser parler votre imaginaire. Cela n'est pas gênant me direz-vous, le scénario tiendrait sur du papier à musique. Il me paraît difficile de vous conter l'histoire elle est véritablement très fine, l'auteur comme le lecteur s'essouffle après les premières pages passées, tombant dans un vide littéraire confondant. Certains d'entre vous feront sûrement des cauchemars après cette lecture en imaginant l'auteur se faire toucher la nouille par son infirmière.
Si l'on a l'impression que ce roman a été écrit par un analphabète (oui j'ose), force est de constater que la
guerre lui a tapé trop fort sur la caboche. Je n'appelle pas cela du style mais du foutre intellectuel. Vous allez vous ennuyer, lever les yeux au ciel, fulminer, et peut-être ne pas comprendre le génie qu'il est dans ce manuscrit de premier jet. Ma subtilité ne doit donc pas être au rendez-vous. Je laisse le soin aux aficionados de répandre leur amour pour sa plume. On ne m'y reprendra plus avec ce malotru. Allez bisous.
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