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Javier Cercas écrivain espagnol se penche sur cette affreuse période que fut pour les espagnols la Guerre Civile qui dura presque 3 ans et fit des centaines de milliers de morts laissant un pays exsangue et des villages entiers détruits ou gangrenés par la haine du voisin qui s'était battu dans le camp d'en face.
Parmi ces morts, Manuel Mena, le plus jeune des oncles de la mère de Javier Cercas, qui se battait du coté des franquistes et qui a trouvé la mort à tout juste 19 ans le 21 septembre 1938 pendant la bataille de l'Èbre.
Javier Cercas revient sur l'histoire de ce grand oncle mort bien trop jeune pour ce que lui Javier Cercas estime une mauvaise cause
Et il essaie de comprendre comment un gosse de 17 ans tout juste sorti de l'enfance, le plus jeune des enfants de la fratrie pour qui tous ses grands frères s'étaient unis pour qu'il puisse faire des études et sortir de sa condition de paysan miséreux, a pu se porter volontaire auprès des troupes de Franco.
Javier Cercas va donc aller sur les pas de Manuel Mena et refaire le parcours que le jeune homme a effectué dans toute l'Espagne entre 1937 et son décès en septembre 1938.
En interrogeant les personnes âgées qui ont connu cette terrible période et qui même pour certains ont connu Manuel Mena, il se rendra compte que rien n'était si simple à l'époque.
Et qu'il est en difficile de juger 80 ans après les positions des uns et des autres.
Un livre documenté qui est un vrai rappel historique des faits qui ont amené à cette terrible guerre, et des descriptions des batailles sanglantes, sans oublier le tribu important des civils dont le plus "célèbre" a été le bombardement de Guernica par les troupes nazies qui combattaient aux cotés des franquistes et qui reste dans la mémoire de tous par le tableau de Picasso.
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Ecrivain et cinéaste espagnol de grand renom, Javier CERCAS, 56 ans, professeur de littérature à l'Université de Gerone, publie en traduction française son « Monarque des ombres », au moment où s'éveille en Espagne le besoin d'approfondir la mémoire des combattants de la guerre civile de 1936-39.
Voici l'histoire de la famille de Manuel Mena, qui en dépit de ses incertaines convictions politiques, a fait les trois ans de guerre civile dans un régiment de volontaires franquistes pour venir mourir à l'hiver 1938 dans la féroce bataille de l'Ebre.
Comment et pourquoi ce garçon de 20 ans s'est-il engagé dans la Phalange ? Pourquoi y est-il resté ? A-t-il assisté en spectateur, ou en tant qu'acteur aux assassinats collectifs qui se sont déroulés pendant toute la guerre ?
Pendant longtemps, c'est à peine si l'on pouvait évoquer en famille ce neveu ou cousin, tant la guerre a suscité de déchirements et de haines dans les villages et les familles. Mais le grand âge prélève chaque année son tribut sur les anciens des familles, et les témoins disparaissent. Il devient donc urgent d'ouvrir les archives et de susciter la parole des Anciens.
Javier Cercas met en scène ces rencontres familiales, qui peu à peu se font plus confiantes et productives de consensus. Finalement, la famille comprend mieux l'histoire de Manuel, et se montre quelque peu rassurée.
Si vous lisez ce livre, je vous suggère aussi une relecture d'Hemingway (Pour qui sonne le glas) ou d'Anthony Beevor, (La guerre d'Espagne). L'un et l'autre décrivent les haines qui ont entrainé le pire durant l'été de 1936.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Un bon roman, qui s'approche ďune blessure enfouie familialement et nationalement. La démarche m'a rappelé celle de Mendelsohn dans les Disparus, mutatis mutandis. Lu après les Soldats de Salamine et comme en complément sur la même thématique avec une démarche presque semblable. le style m'a plu même si je partage l'impression parfois de longueur et de maigreur de la "révélation" , lue dans quelques critiques ici. le contexte d'avant la guerre est bien rendu, et son déclenchement infernal où les hommes se retrouvaient prisonniers d'un engrenage tragique.
Un regret cependant : si la superbe référence à l'Odyssée explique profondément le récit, celle à l'Iliade, tout aussi efficace, paraît erronée. Achille est bien plus complexe et ne meurt pas dans l'Iliade. L'Achille évoqué est celui du mythe et non celui d'Homère.
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Je me souviens avoir lu Les Soldats de Salamine il y a bien longtemps, et être plutôt restée circonspecte, un peu sur le bord de la route, surtout au vu des critiques élogieuses qui l'avaient accueilli. Mais en voyant ce titre en librairie peu après sa sortie, je n'ai pas été longue à décider de donner une seconde chance à cet auteur. Titre énigmatique, auteur qui s'aventure de l'autre côté du miroir, il y avait en effet de quoi me tenter.
J'ai mis un peu de temps ensuite pour commencer ma lecture, mais maintenant que c'est chose faite, il me faut essayer mettre de l'ordre dans mes idées. le sujet, d'abord. Javier Cercas, qui explore inlassablement la guerre civile espagnole, se décide, après moultes tergiversations, à écrire sur un de ses oncles, phalangiste, mort à 19 ans sur le front, et pendant longtemps, héros de la famille. Mais depuis, les caprices de l'histoire ont fait de cet ancien héros un ancêtre encombrant. Celui qui a fait les mauvais choix, qui s'est retrouvé du mauvais côté. Je me suis sentie flouée à plusieurs reprises pendant ma lecture, car le personnage de Manuel Mena reste évanescent tout au long du récit. On ne connaîtra rien de ses aspirations intimes, de ses projets et désirs. Normal pour un homme mort si jeune et sans avoir rien laissé derrière lui.
Mais il m'a fallu du temps pour réaliser que Manuel Mena est finalement un prétexte ici. Prétexte à quoi, c'est une question complexe, car ce livre explore plusieurs voies, plusieurs sujets et arrive, grâce à l'écriture toute en contrôle de Javier Cercas à les faire tenir ensemble. Non à les relier pour en faire un tout cohérent, mais à les faire cohabiter et se succéder sans que cela paraisse artificiel ou décousu. On revisite l'histoire espagnole du début du XXème siècle (et j'ai souvent eu l'impression de ne pas avoir assez de connaissances préalables pour comprendre toute la subtilité du discours de Cercas), en particulier l'évolution sociale et économique de la société, et comment celle-ci interagit avec son évolution politique. On réfléchit à l'engagement politique, et à son lien possible avec un engagement militaire. On réfléchit aussi beaucoup à la mémoire, qu'elle soit individuelle, familiale ou collective : les liens entre mémoire et vérité, l'importance à donner aux détails (dans quel chambre est mort un homme, où et à quelle heure du jour ou de la nuit a-t-il été blessé), la construction d'un roman familial, le poids d'un héritage par définition non choisi…
C'est un livre très riche, une lecture dont on ressort en se sentant à la fois plus averti et plus rempli de questions. Il faut pour cela s'adapter à la structure du récit, cette alternance de « je » et de « il » utilisés par l'auteur pour parler de lui-même selon la perspective de l'auteur par rapport à l'histoire qu'il raconte (celle de son oncle ou celle de son enquête à lui), passer outre quelques digressions que j'ai trouvées sans intérêt (comme les raisons du divorce de son ami cinéaste). Mais ce livre, s'il n'est pas facile à lire, vaut qu'on lui consacre un peu de temps et d'énergie. Et l'on apprendra alors qui est le monarque des Ombres et l'on pourra se demander si c'est une place si enviable que cela, même si beaucoup l'ont choisie, consciemment ou poussés par les circonstances. Beau travail sur la mémoire, sur l'engagement et sur ce qui relie parfois les deux.
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Un brillant roman parfaitement maitrisé,  Javier Cercas manie sa plume avec art, à la façon d'une caméra et nous fait défiler son film : le monarque des ombres.  Récit à plusieurs temps où l'écrivain narrateur enquête et tente de reconstituer le bref passé de son grand-oncle, tout en se posant des questions sur une partie de sa famille maternelle qui fut franquiste, ce grand oncle au passé considéré comme glorieux par une partie des siens, honteux par beaucoup, et il évoque ses scrupules à raconter l'histoire de cet homme

Qui fut réellement Manuel Mena, un courageux idéaliste qui a choisi le mauvais camp, une sorte d'être incompris qui a payé de sa vie ? Il est né en 1919, dans un village de l'Estrémadure, sous-lieutenant phalangiste, il est mort en 1939 à la bataille de L'Edre, sous l'uniforme franquiste, en plein coeur de la sanglante guerre civile espagnole.

Un roman enquête fiction, des pages passionnantes, l'auteur évoque , l'engagement phalangiste , engagement aveugle de son grand-oncle qu'il essaye d'analyser et de comprendre tout en montrant les ambiguïtés et les contradictions de l'histoire. Au fil des pages, le scénario de l'enquête évolue, se transformant en une sorte de réflexion philosophique sur la mémoire, l'héritage familial, l'héritage culturel , l'héroïsme. Une question fait écho dans le texte, vaut-il mieux une vie brève mais pleine de gloire à une vie longue et heureuse , mais sans fast . Narrateur, Javier Cercas parle à la première personne , mais il met en scène son propre personnage dans l'histoire , rajoutant de ci et là des digressions pour faire vivre son texte .
L'auteur féru d'histoire, nous projette dans celle de son pays, avec un but comprendre , savoir et ne pas porter de jugement, point de manichéisme, il préfère parler de responsabilité que de culpabilité concernant ce lourd et sombre héritage familial
Un excellent roman , un auteur talentueux
Un livre à découvrir que je vous recommande
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Un jour, j'avais 15 ans, je me suis intéressé à ce grand-père maternel dont on ne parlait jamais à la maison. Il était mort sur le front, à la guerre. Dans mon esprit d'adolescent, épris d'épique, de don de soi et de grandes valeurs morales, je trouvais cela plutôt cool d'avoir un grand-père mort héroïquement.

Je pris mon courage à deux mains et je questionnais ma mère. J'appris que mon grand-père était mort non loin de Stalingrad. Dans le long silence qui a suivi la réponse de ma mère, j'essayais de recoller les bribes d'info en ma possession sur le cours de l'Histoire... Et j'entendis ma mère lancer "oui, du mauvais côté", avant de quitter la pièce.

Je venais de rouvrir une blessure qui ne pouvait pas guérir. En fait, je pense depus ce jour que je n'ai rien rouvert, car ma mère y pensait chaque jour. Elle haïssait cet homme tout en l'aimant. Elle refusait son destin, son engagement de pacotille pour "une cause indéfendable", comme il est dit de Manuel Menas en 4è de couverture.

Javier Cercas n'a pas vraiment ce souci... Sa famille, dans son ensemble a plutôt accepté d'avoir un héros phalangiste dans son arbre généalogique. Et lui, il a dû faire avec, là où j'ai dû faire sans.

J'ai longuement harcelé ma mère qui a fini par nous raconter des bribes, tout comme ses frère et soeurs. Mais c'est le plus souvent l'omerta. Comme si ne pas en parler pouvait signifier que cela n'a jamais existé.

Cet aspect de "constellation familiale" est très présent dans le livre de Javier Cercas. Surtout vers la fin, quand il aborde le rapport qu'il a à sa propre mère, comme dans une sorte de ménage à trois: elle, lui et son ancêtre franquiste.

Au-delà de ce passé que Cercas nous conte, de manière intime parfois, de manière détachée, factuelle, à d'autres moments, il y a aussi de très beaux passages sur le processus de création, sur comment l'écriture se travaille et se construit.

Javier Cercas et moi-même sommes arrivés à la même conclusion: cela nous a fait et défait, construit et détruit... nous sommes cet ancêtre, tout comme nous ne le sommes pas. Il faut assumer tout en n'assumant pas...

Là où je ne suis pas d'accord c'est quand Javier Cercas, finaud, nous dit qu'il ne se positionne pas en tant qu'écrivain, en tant qu'affabulateur... car il ne fait que cela dans l'avant-dernier chapitre, celui sur la bataille de l'Ebre où Manuel Mena décède. Et quand il lui repasse "une couche de blanc" pour dire que sur le tard ce jeune homme avait compris qu'il faisait fausse route... je n'avale pas. Car comment alors explique l'épisode du monastère où Manuel Mena outrepassant les ordres et déviant de sa route directe va affronter les Républicains dans une escarmouche qui aura de grandes conséquences. Tout comme il fera preuve d'une bravoure sans faille et d'une grande détermination lors de l'engagement final (pour lui). Ces deux faits d'arme me semblent incompatibles avec le revirement que Javier Cercas décrit dans le chef de son ancêtre. Tout comme j'ai rejeté l'acte de bravoure de mon grand-père maternel, décoré à titre posthume pour avoir sauvé des camarades coincés par l'armée russe.

Le mérite principal de Javier Cercas, c'est de libérer la parole. Il ne pardonne pas parce qu'il n'a pasà le faire. Il ne se dégage pas de ses responsabilités, parce qu'il n'a pas à le faire non plus. Il entame un dialogue, une manière de commencer un deuil, un travail de réconciliation dans un pays (dans un continent même) qui en a bien besoin en ces temps troublés.
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Ce livre est une enquête familiale et historique et la genèse de cette enquête, dans laquelle Cercas rédige ce qu'il a pris longtemps à oser aborder et nous explique pourquoi. C'est l'histoire d'un jeune à peine sorti de l'adolescence mort pour une cause qui n'était pas la sienne, de l'absurdité de la guerre et de l'héroïsme. C'est la référence à Achille. C'est un livre à la rédaction entraînante qui emmène le lecteur dans plusieurs niveaux de réflexion, en partant d'éléments clés ayant marqué L ADN des familles espagnoles pour de nombreuses générations pour arriver dans un final de haut vol à de passionnantes réflexions philosophiques qui transcendent l'exemple choisi.
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Javier Cercas a du talent. Il est intelligent. Il réfléchit le monde et est pétri d'humanité. Toutes ces qualités s'expriment dans « le monarque des ombres », un voyage littéraire visant à raconter et comprendre Manuel Mena, phalangiste et grand-oncle de l'auteur. L'entreprise est louable et historiquement pacificatrice. Après 80 ans, il est temps de cicatriser les plaies de la guerre d'Espagne et de comprendre comment l'on peut basculer du mauvais côté sans pour autant être un « mauvais homme ». Il y a dans le texte de Cercas de très beaux passages et de puissantes réflexion.s Tel est le cas d'opposition entre la vie brève d'Achille dans l'Iliade et la vie longue d'Ulysse dans l'Odyssée. Tel est le cas aussi des trois défaites de Manuel Mena. La conclusion est évidente et juste : il vaut mieux renoncer à la vie brève et glorieuse et, comme Ulysse, « vivre une vie longue médiocre et heureuse », « en restant loyal à soi-même ». Il n'en demeure pas moins que Javier Cercas ne s'échappe pas assez de lui-même, qu'il se perd dans des questionnements ou des développements par trop personnels qui alourdissent le propos et le rend parfois fastidieux, sinon ennuyeux. Cependant, pour son intelligence, son humanisme, la qualité de sa réflexion, il faut lire « le monarque des ombres ».
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Cercas revient à la guerre d'Espagne pour une enquête plus personnelle en relation avec son passé familial : qui était Manuel Mena, adulé par sa mère, mais honni par le reste de la famille ? Un phalangiste, oui, mais quoi d'autre ? A travers ce destin dramatique oublié, Cercas réfléchit sur L Histoire à différentes échelles, à travers le passé de son village natal, mais aussi le rôle de l'écrivain.
Lien : https://appuyezsurlatouchele..
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Que rajouter aux excellentes critiques qui précèdent celle-ci, qu'on ait ou pas aimé ce livre, qui n'est ni un roman au sens de la fiction, ni une biographie, mais une quête de vérités plurielles au fil de l'enquête historique, sociale et familiale ?
Oui, c'est vrai, il y a des longueurs, des détails à lasser le lecteur, sur les dates, les atermoiements et les doutes de l'auteur, comme s'il tournait en rond dans cette vie qui n'est pas la sienne pour comprendre les raisons, pour chercher le mobile, pour valider le choix.... mais ça ne marche pas comme ça la vie !! Manuel Mena, jeune, beau, intelligent, fils aimant et oncle charmant n'était pas un monstre étiqueté phalangiste au même titre que n'importe quel soldat : une victime des circonstances qui a fait le mauvais choix . A 19 ans, on peut se tromper et s'il fallait une seule raison pour lire ce livre, ce serait pour la réflexion qu'il suscite, l'honnêteté morale de Javier Cercas à assumer le passé des siens, l'humilité qu'il nous insuffle et certaines pensées admirables qui gomment les partis pris
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