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4,11

sur 406 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce conte à épisodes, d'une grande drôlerie, Cervantes nous invite à rire de la folie de son héros à la tête farcie de ces absurdités que l'on trouve dans les romans de chevalerie — très prisés en Espagne entre 1300 et 1600, où tout le monde aime à en écouter (on en fait des lectures publiques) ou à en lire, le peuple comme les têtes couronnées.

Parodie désopilante des romans de chevalerie, véritable critique sociale au moment où la puissance espagnole connaît une crise décisive, Don Quichotte est aussi une oeuvre émouvante. Peut-être parce qu'elle a beaucoup à voir avec la vie mouvementée de Cervantes, qui fut blessé pendant la bataille victorieuse de Lépante contre les Turcs, puis plus tard emprisonné à Alger pendant cinq longues années en attente d'être racheté.

Des épisodes traumatisants qui furent malheureusement suivis d'autres. Mais si toute sa vie Cervantes rencontra des difficultés familiales, professionnelles et financières, celles-ci ne furent sans doute pas étrangères à l'ironie tendre et la bonté foncière portées à ses personnages, qui d'une oeuvre d'une modernité immarcescible en ont fait un inoubliable chef-d'oeuvre d'une humanité profonde.
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J'achève le premier tome du roman le plus célèbre de la littérature classique, et qui compte parmi les quelques romans du XIIème siècle encore lus aujourd'hui.

"Don Quichotte" tient bonne place parmi les mythes fondateurs de notre culture. Fleuron du genre picaresque, ce roman résolument moderne donne ses lettres de noblesse à la parodie. L'humour est d'ailleurs omniprésent. Autre innovation, la structure narrative. Le lecteur est invité à suivre différents personnages et non pas à rester chevillé au seul Alonso Quichano, hidalgo désargenté mais animé d'un grand esprit chevaleresque, inspiré de ses nombreuses lectures de tradition médiévale (chansons de geste, récits héroïques, légendes...).

Les situations cocasses et graves se succèdent à un rythme effréné, dans une langue superbe et très accessible contrairement à ce que certains lecteurs pourraient craindre. Véritable roman d'apprentissage, "Don Quichotte" est à la fois un grand roman d'aventures et une oeuvre de réflexion et de philosophie.


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Challenge PAVES 2019
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Dans un coin de l'Espagne du XVIIeme siècle, vit un hildalgo "de complexion robuste, maigre de corps, sec de visage, fort matineux et grand ami de la chasse". Ce noble a une passion immodéré pour les romans de chevaleries et passe ses jours à les lire. Résultat, il devient fou, perd l'esprit et décide de devenir... chevalier ! Après quelques soucis, il recrute un jeune paysan du nom de Sancho Pansa pour en faire son écuyer et part à l'aventure !
Don Quichotte... une figure littéraire légendaire. Son nom nous évoque une grande et immortelle image ayant traversés les siècles : celle d'un homme vêtu tel un chevalier démodé, avec son petit écuyer sur son âne, se battant contre des moulins à vents. Mais il y a de quoi à dire sur lui !
Cervantés a écrit un véritable chef d'oeuvre, au sens fort du terme. Je pèse mes mots, c'est une oeuvre phénoménale.
Il nous emporte aux cotés d'un protagoniste incongru et complètement différent des héros du temps : un vieil homme n'ayant pas de force ni physiquement ni mentalement, complètement déraisonné, pensant à son amoureuse (imaginaire) et se jetant à corps perdu dans des (mes)aventures loufoques. Clairement, c'est le premier anti-héros de la littérature tout comme Don Quichotte est le premier roman moderne (bien qu'il y en a d'autres qui ont aussi lancé la voie au roman moderne). Ce personnage a lui seul, était déjà né pour être à jamais gravé dans la mémoire tant ses ambitions très élevées et son idéal chevaleresque le mène au ridicule. Mais pourtant, on l'apprécie tout de même, on l'aime car il a beau avoir un tas de défaut et être pathétique, il est très attachant malgré tout. Et de plus, il a une imagination admirable à voir et des idées visionnaires dans son époque figé par les contraintes et les dogmes...
Les autres personnages aussi méritent d'être soulignés : Sancho Pansa, l'autre grand célébrité de l'oeuvre, un paysan illettré, gourmand (désirant toujours avoir la panse remplie !) et parfois crédule mais plus intelligent et raisonné qu'il n'y parait : c'est lui qui voit souvent les situations mieux que son maître (qui ne l'écoute pas toujours, hélas), lui qui comprends mieux les choses de la vie et du monde. Comme quoi, les simples peuvent aussi être aussi philosophes et pratiques que les 'cultivés'. Et il faut souligner une sorte d'amitié entre lui et Don Quichotte. le ''couple'' est peut-être le premier duo comique de l'histoire, ancêtre des Laurel et Hardy, Astérix et Obélix et j'en passe...
Et tout un tas d'autres personnages colorés : le curé, le barbier, la nièce et la gouvernante de Don Quichotte, ces autre-là vont tous faire pour sortir notre hidalgo de sa folie (mais n'usant pas toujours correctement les moyens), Dorothée, Cardénio, Luncinde... Et d'autres personnages très secondaires mais marquant : Maritorne la serveuse asturienne laide mais très belle du corps... et enfin, la femme la plus importante du récit, qui n'apparaît jamais cependant : Dulcinée ! Dulcinée, la muse de Don Quichotte, dont l'amour l'aide à avancer sans risques et sans peur. Car oui, dans l'oeuvre de Cervantés, les femmes ont un beau rôle, elles ne sont pas toutes des potiches à attendre le prince charmant...
Don Quichotte nous entraine dans l'Espagne du 'Siglo del Oro ' (le Siécle d'Or) et à travers lui, on découvre la société, ses codes, ses rangs sociaux, ect... Des criminels envoyés aux galères, des Morisques... Les nobles comme les pauvres... Les demoiselles comme les paysannes, les filles 'vertueuses' comme les filles de joies, tous le monde y passe. Avec des subtiles critiques sociaux. En effet, Cervantés dénonce malignement le poids du pouvoir, de la religion... et des défauts de l'humain et de son temps. Il montre aussi à quel point l'homme se bat contre des moulins à vent : car si le fameux passage des moulins à vents est resté dans les mémoires, ce n'est pas pour rien : ce moment, n'est-ce pas chacun de nous qui tente désespérément de lutter vainement contre des moulins à vents ? Et notre Don Quichotte, n'est-e pas l'humanité en général, dotée d'ambitions et de rêves trop énormes mais de sens noble ?
Toute cette histoire plus riche qu'on ne le pense est servie par la magistrale écriture de Cervantés. En cela, il prouve que ce roman est moderne : l'auteur se permet d'intervenir au milieu de son texte ! de plus, c'est une magnifique plume, certes avec quelques termes vieillis, mais d'élégances et de poésies, et de sublimes proverbes qui nous touchent et nous interpellent...
Et pauvre Cervantés : il n'a jamais eu un vrai succès de son oeuvre, restant pauvre poète ! Et aujourd'hui, on dit pour l'espagnol " langue de Cervantès' comme on dit pour le français " langue de Molière"...
Don Quichotte est un roman très amusant mais en fait bien plus profond que cela, un livre inoubliable, indispensable à la littérature, ce n'es un "moulin à vent" à combattre... A lire ! Et qu'on continue avec le tome 2 en compagnie de notre hildago...
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El Ingenioso Hidalgo Don Quixote de la Mancha - Primera Parte
Traduction : César Oudin, revue par Jean Cassou
Notes : Jean Cassou
Présentation : Jean Carnavaggio

ISBN : 9782070379002

Vous l'avez souvent lu sous les touches de mon clavier : il y a une heure bien précise pour lire un livre. le lecteur ne doit surtout pas désespérer et attendre, attendre ... Parfois, bien sûr, l'heure n'arrive jamais. Est-ce la faute du lecteur ou celle de l'auteur ou la leur à tous deux car, quelque part, au plus profond de leurs rêves, ils n'ont aucun atome crochu l'un avec l'autre ? Qui pourra le dire ? ... Mais la chose est rare, pour ne pas dire rarissime, en tous cas en ce qui concerne la race des Grands Lecteurs, ce que nous sommes tous, peu ou prou et en fonction de nos obligations, sur Nota Bene. Simplement, il faut persévérer.

Pour "Don Quichotte", j'ai persévéré. Mettant à profit notre "Tour du Monde en Livres de l'Année", je me suis dit : "Retentons : qui n'ose rien n'a rien." Je dois à la vérité de confesser avoir passé la "présentation" - je voulais faire connaissance directement avec l'"Ingénieux Hidalgo de la Mancha" - survolé les notes - ce qui n'est pas mon habitude, loin de là - et mis au minimum cent bonnes pages à prendre enfin pied dans le roman. Mais cette fois-ci, c'est pour toujours : plus jamais la porte ne restera fermée pour moi, plus jamais je ne dirai mal ou même ne pas comprendre le succès (énorme) qui fut et demeure celui du Quijote.

Certes, il faut se remettre dans le contexte de l'époque de la parution et songer que Cervantes, s'il raille les dangers des romans de chevalerie et les exaltations étranges qu'ils peuvent introduire dans des cervelles par ailleurs pleines de bon sens, n'en insiste pas moins sur la nécessité pour l'homme de se changer les idées en quittant parfois la réalité, trop souvent morose et routinière, pour un univers entièrement fictif mais qui le rassérène et lui permet de retrouver une équanimité singulièrement compromise par les contrariétés, soucis et tracas divers du quotidien. "Ne confondez pas le rêve et la réalité," nous conseille-t-il, "mais n'oubliez pas que le rêve, pour autant, nous est nécessaire à tous."

Le rêve, les livres ... A l'époque de Cervantes et de son ingénieux héros, les romans de chevalerie avaient encore la cote. Celle-ci était néanmoins en forte baisse, le Temps faisait son oeuvre mais on assistera à un bon regain d'intérêt tout au long du XVIIème siècle qui, soulignons-le, en France, sera le siècle des Précieuses. Or, à bien regarder les oeuvres de Melle de Scudéry, cette "reine" du genre, la filiation est claire. Tout comme, du roman "précieux", le genre passera insensiblement à ce que nous finirons par nommer tout simplement le roman "psychologique", lequel est celui qui connaîtra le maximum d'avatars : l'épistolaire, le philosophique, le romantique, etc, etc ... Et tout cela, en partant, à l'origine, de "Lancelot du Lac" et des grands romans de Chrétien de Troyes (tout ce que vous voulez savoir sur lui, vous le trouverez, grâce à Lydia, dans notre rubrique "Littérature Médiévale" : quel fabuleux parcours qui ferait, certainement, verser une larme d'émotion à notre illustre hidalgo de la Mancha !

Revenons à Don Quichotte, justement, chevauchant sur son Rossinante (car Rossinante, bien loin d'être une jument, appartient au sexe mâle, eh ! oui ! ), la lance et l'écu au bras, un heaume toujours plus ou moins incomplet sur la tête (en tous cas en cette première partie) et, à ses côtés, monté sur un âne que lui volera un forçat remis en liberté par le Quichotte en personne, le simple et honnête Sancho Pança, paysan de son état originel, élevé à la qualité d'écuyer par la grâce de l'Homme de la Mancha. Quoique, disons-le tout de suite, l'intérêt sous-tende bien aussi un peu la démarche de Sancho. Don Quichotte, devenu chevalier errant, lui a en effet assuré, avec cette fermeté solennelle qui n'appartient qu'à lui, que, au cas, plus que probable , où lui-même ferait fortune au service de quelque empereur ou impératrice, il le récompenserait, lui, son bon Sancho, en le nommant gouverneur d'une île. Cette possibilité de régner un jour sur une île où il prévoit déjà d'ailleurs, ce qui nous renseigne pas mal sur les moeurs du temps, d'entretenir des esclaves noirs, paraît, chez le terrien originel qu'est Sancho, une véritable obsession. Obsession qui le fait marcher comme la carotte fait, dit-on, marcher l'âne puisque, en dépit des reproches de son épouse, Teresa, il accepte de suivre Don Quichotte sans avoir obtenu de lui un véritable salaire.

Capable des raisonnements les plus sages toutes les fois - c'est très rare - qu'il autorise son esprit à se détourner de l'univers des romans de chevalerie, Don Quichotte a, le reste du temps et pour reprendre une expression moderne mais qui dit bien ce qu'elle veut dire, une case (voire deux ou trois) en moins. L'univers dont, jadis, il se contentait de se distraire quand il se plongeait dans la lecture des livres en traitant, est devenu pour lui la réalité. En conséquence, il se fait armer chevalier par un tavernier qu'il prend, le plus sérieusement du monde, pour un seigneur féodal et, flanqué de Sancho, s'en va en quête d'aventures qui lui apporteront célébrité et fortune. Selon les règles de la chevalerie errante, il a pris, comme "dame de ses pensées", une fermière assez gironde, en qui il voit désormais la dame Dulcinée du Toboso (le Toboso étant le nom du village où elle réside) et, toutes les fois que lui survient une mésaventure, il y décèle tout net la griffe d'un ignoble enchanteur, étant entendu que tout chevalier errant digne de ce nom a toujours pour ennemi un enchanteur ou mage aussi redoutable que haineux.

En contrepoint, s'élève la voix de Sancho Pança qui, quand on lui vole son âne par exemple ou quand les hôtes du tavernier se livrent à une plaisanterie des plus douteuses en le faisant sauter et rebondir contre son gré sur une couverture dans la cour de l'auberge, ne voit là-dedans que la vérité toute crue et toute nue, à savoir un vol et un affront. Mais, à toutes les remarques de son honnête écuyer, Don Quichotte oppose la froide logique ... de sa déraison : l'âne a été enlevé par un enchanteur et c'est le même mage mal intentionné qui a fait croire à Sancho qu'on le faisait voler dans les airs en usant pour cela d'une couverture - et d'une brutalité regrettable.

C'est dans ce premier tome, plus précisément dans sa première partie, que se place le fameux épisode des moulins à vent que la folie de Don Quichotte transforme en géants. Vous l'y verrez aussi, toujours en guerre contre des géants inexistants, tranchant à grands coups d'épée la partie supérieure de grosses outres de vin placées dans sa chambre, à l'auberge. Je vous laisse imaginer tout ce que la couleur du liquide répandu apporte à sa théorie comme quoi il vient de trucider de monstrueuses créatures ...

Ramené une première fois chez lui en un bien triste état - il a été roué de coups - Don Quichotte ne s'en esquive pas moins une seconde fois, toujours avec Sancho, loin des regards de sa nièce et de sa gouvernante, lesquelles sont accablées par sa folie mais ne savent pas trop qu'y faire. le barbier du coin et le curé se lancent alors à la poursuite du malheureux, le curé étant d'accord pour se déguiser en femme et se faire passer pour une malheureuse dame en détresse aux yeux du Chevalier A La Triste Figure (surnom que Don Quichotte lui-même s'est donné, en plein accord avec son écuyer), tout ceci visant à le contraindre en douceur à un nouveau retour en ses pénates.

Il serait fou - eh ! oui ! - de vouloir conter ici par le menu toutes les aventures qui parsèment ce premier tome. En dépit des siècles qui nous en séparent, certaines parviennent à nous faire rire et sourire. D'autres, plus proches des histoires gigognes, lasseront peut-être certains mais je puis vous assurer que la scène qui voit Don Quichotte arracher à la chaîne des forçats en partance sans se soucier des raisons pour lesquelles on les a condamnés au bagne de Sa Majesté Très Catholique, constitue un sommet de grandeur et de bouffonnerie qu'il faut connaître, d'autant qu'il s'assaisonne d'une pointe inquiétante et laisse malgré tout un malaise au lecteur.

Au final, c'est dans une cage où il se croit enfermé par la seule volonté du hideux et toujours aussi invisible enchanteur, dans un char tiré par de paisibles mais bien modestes boeufs, que Don Quichotte revient chez lui avec armes et bagages, accompagné, il va s'en dire, de Sancho, du curé et du barbier, sans oublier quelques connaissances, comme don Fernando, faites pendant ce second périple. le lecteur est touché mais il enrage aussi de voir qu'un homme qui possède tant de qualités humaines, et peut-être justement parce qu'il les possède, a choisi, inconsciemment certes mais peu importe, de se réfugier dans un monde irréel où pullulent redresseurs de torts et damoiselles en péril. le monde est-il si mauvais que la folie lui soit préférable ? Voilà ce que l'on est tenté de se poser comme question à la fin du volume. Et j'ajouterai : ce nous voyons autour de nous aujourd'hui ne donne-t-il pas finalement raison au Quijote ? ... Où sont passés les chevaliers errants qui mettraient fin à tant d'exactions et d'atrocités qui ont, aujourd'hui, droit de cité et desquelles détournent la tête les prétendus grands de ce monde ?

Don Quichotte n'est-il pas éternel parce que, au-delà les bouffonneries dont il n'a pas conscience, on a besoin de tout ce qu'il représente de noblesse et de désintéressement, deux valeurs que trop d'entre nous considèrent comme relevant de la folie ? ...

Rendez-vous au second tome pour voir si notre impression se confirme. ;o)
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Quelle beauté de style! Quelle richesse lexicale! La traduction est vraiment savoureuse. Comme le babelio.com ne dissocie pas les deux livres des éditions Folio/Gallimard, cette critique sera donc commune. Les deux tomes sont pourtant très différents. Dans le premier, Cervantès n'hésite pas à agrémenter le périple des deux comparses de récits annexes qui peuvent occuper plusieurs dizaines de pages, au point d'en oublier parfois nos infortunés aventuriers. Dans le second livre, écrit après l'immense succès du précédent et la publication de la suite de ces aventures par un usurpateur de Tordesillas, un certain Avellaneda, qui rencontra également quelque intérêt, Cervantès concentre toute son énergie sur le troisième et dernier voyage du chevalier errant et de son fidèle écuyer. On ne les quitte quasiment pas de leur départ jusqu'à leur retour, avec la mort finale de don Quichotte (afin de couper l'herbe sous les pieds de nouveaux usurpateurs).
Si le premier livre capte par sa fraîcheur narrative et une virtuosité de composition, le second semble avancer de manière moins naturelle. Cervantès est comme poussé par le besoin de contrer l'usurpateur et de rétablir son bon droit. On sent alors que ce troisième voyage est quelque peu contraint. Mais, avec une belle intelligence, Cervantès intègre le plagiaire aux récits de son chevalier. Don Quichotte et Sancho Pança s'aperçoivent qu'ils sont devenus des célébrités suite à la publication du premier livre et que cette jeune renommée est parasitée par une fausse suite. Ce jeu des fictions devient source de multiples amusements.
Enfin, ces aventures sont une ode à la liberté, pas uniquement à cause de la folie, mais aussi parce que don Quichotte et Sancho sont des hommes d'une grande sagesse. Les deux protagonistes, malgré leurs rêves de gloire, cherchent avant tout à être libres. Et n'y a-t-il pas meilleur moyen d'y parvenir que de se déclarer chevalier errant et fidèle écuyer et chercher les aventures?
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Don Quichotte fait sans doute partie de ces rares livres (avec parmi d'autres Guerre et Paix, Les Frères Karamazov, Voyage au bout de la nuit, Moby Dick...) uniques, sans équivalent. Je ne vais pas m'attarder à en faire la critique, n'ayant rien à ajouter à ce qui a déjà été dit, et tellement on ne peut que se sentir infiniment dépassé par l'ampleur du chef d'oeuvre. Des noms, des mots, des personnages, des situations sont devenus des archétypes (Don Quichotte pour ses rêveries et son inadaptation au monde, Sancho pour sa naïveté), des termes du langage courant (une dulcinée), des expressions (se battre contre des moulins à vent, c'est-à-dire en vain).
Écrire Don Quichotte a été l'occasion et le prétexte pour Cervantès de commenter son époque, de tout attaquer à la fois, la royauté, la religion, la noblesse, etc, tout en évitant la censure et les condamnations : trouve-t-on utile en effet de censurer des piques et des railleries, même lancées contre nous, quand elles sortent de la bouche d'un fou (ou de quelqu'un, plus exactement, passant pour un fou) ?
Je veux enfin souligner la finesse de Cervantès quand il s'agit de régler ses comptes. Après la publication du premier volume des aventures de Don Quichotte, et son succès, un auteur, de bien plus médiocre talent, presque se les appropriant, sans aucun accord (la propriété intellectuelle n'était pas alors ce qu'elle est aujourd'hui), s'est permis d'en imaginer la suite et de la publier ! Il fait un bide, apparemment. Mais il n'en a pas fallu plus pour convaincre Cervantès de raconter à son tour la "vraie" fin des aventures du chevaleresque héros, dans un second volume, dans lequel il fait que Don Quichotte, à un moment, tombe par hasard sur cette fameuse biographie apocryphe de cet écrivaillon, et, la jugeant odieuse, ne s'y reconnaît pas lui-même ! La finesse de la vengeance littéraire ! Voilà, tout ça pour dire : chef d'oeuvre universel.
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Avis rédigé suite à la lecture des 2 tomes :

Miguel de Cervantes condamne ici les romans de chevalerie dont des centaines appartenant au héros finissent sur le bûcher afin de les lui ôter de la vue, espérant lui rendre ses esprits. Mais les exploits des grands chevaliers sont si encrés dans la tête d'Alonso Quichano, alias Don Quichotte, qu'il n'a plus besoin de les lire pour s'en souvenir. Il les connait par coeur et voit dans ses aventures des similitudes avec d'autres récits célèbres, accentuant sa certitude d'être un chevalier errant. Dès lors, les péripéties se succèdent et le conseil qu'un ami de l'auteur lui exprime dans le prologue est suivi à la lettre : Tâchez aussi qu'en lisant votre histoire le lecteur mélancolique ne puisse s'empêcher de rire, ni le rieur de s'esclaffer, que l'homme simple ne s'ennuie pas, que l'homme d'esprit en admire l'ingéniosité, que les personnes graves ne la méprisent point, que les sages ne lui refusent pas leurs éloges. le liseur ne s'ennuie pas une seconde au côté de Don Quichotte. Malgré quelques longueurs dans des discours plus théoriques ou de rares répétitions, le récit ne laisse point de répit au lecteur qui, le sourire aux lèvres, en redemande.
L'intrigue est portée par une plume que certains trouveront désuète, mais qui a un charme certain et sied parfaitement au roman. Les aventures de Don Quichotte de la Manche ne seraient pas ce qu'elles sont si elles n'étaient contées par l'écriture de l'auteur, caractérisée par sa richesse et sa galanterie. Un parlé qui ne se retrouve plus dans les ouvrages d'aujourd'hui et qui englobe le récit d'une forme de nostalgie dans laquelle il fait bon se blottir et qu'il est difficile de quitter. Sentiment renforcé par les lettrines de début de paragraphe ainsi que les noms donnés aux différents chapitres (ex. : Où l'on raconte de quelle plaisante manière don Quichotte fut armé chevalier ; Où l'on raconte ce qu'on y lira). Évidemment, l'époque évoquée est différente de celle de maintenant et certains propos sur l'esclavage ou autre peuvent déconcerter et choquer, mais ils n'entravent pas l'ensemble de la lecture. Il faut garder en tête que les moeurs différaient de ceux d'aujourd'hui.
Si le héros de l'histoire en fait le succès, ce dernier repose également et non moins sur le personnage de Sancho Panza, l'écuyer. Celui-ci, dont la folie ou l'aveuglement dépasse parfois celui du maître, use et abuse de proverbes donnant lieu parfois à des phrases étonnantes. de plus, son manque de connaissance entraîne parfois la non compréhension de certains mots qu'il comprend de travers. Cela donne lieu à des réparties farfelues qui enchantent le lecteur.
Les apartés du narrateur à destination du lectorat sont également divertissants et n'hésitent pas à mettre en avant des défauts du récit ou des erreurs glissées dans le premier tome. L'auteur n'a pas peur de l'autocritique, ce qui est tout à son honneur. Cependant, une particularité largement appréciée du premier tome en fait les frais dans le second. En effet, la première partie des aventures de Don Quichotte est parsemée de nouvelles n'ayant pas un lien direct avec notre héros. Celles-ci, en plus d'être de qualité, apportent une touche de fraîcheur au récit, une parenthèse agréable. Malheureusement, Miguel de Cervantes n'est pas du même avis et condamne ces histoires annexes dans la seconde partie. Celle-ci est d'ailleurs dénuée de tels à-côtés. Dommage.
Bref, beaucoup d'éléments bien pensés rehaussent l'intérêt de ce classique au cours de sa lecture et en garantissent le succès. Il s'agit là d'un incontournable !
Lien : https://livresratures.wordpr..
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Naïf le naïf qui stigmatise les naïfs dont il est .
Tel est Don Quichotte.
Franchement,qui n'aurait éclaté de rire à toutes les extravagances de cette paire de fous maître et valet ?
Don Quichotte et Sancho Panza.
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Roman le plus comique que j'ai jamais lu. L'épisode des moulins à vent n'est pas célèbre sans raison, une vraie pièce d'anthologie. La prémisse est déjà drôle, Don Quichotte est devenu fou à la lecture de trop de livres et la tension comique de tout le récit provient de l'écart entre l'interprétation que fait Don Quichotte de ce qui lui arrive et ce qui lui arrive vraiment.
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Les traductions de références sont celles de Jean Canavaggio, biographe de Cervantès et exégèse de Don Quichotte (éditions Pléiade et Folio classique) ; ainsi que celle de Jean-Raymond Fanlo (Le Livre de Poche/pochothèque) - qui revient sur quelques subtilités de traduction dans cet entretien :
http://www.lalibre.be/culture/livres/article/510014/don-quichotte-dans-toute-sa-complexite.html
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