Bébert Lepic, surnommé le Bèbe, tient d'une main de maître le Bar Am', il connaît les habitudes de ses clients, leur consommation, leurs conversations …Mais quand Jean Travoli meurt brutalement, tout le monde est stupéfait. Lui qui était affublé du surnom de Travolthé pour ses performances dans un club de danse. Et puis… il annotait le « Dauphiné Libéré », récupérait les anciens numéros, il ne paraissait pas déprimé. L'inspecteur Paul Renardy intrigué par l'enquête officielle qui a conclu à un suicide, décide d'enquêter. “
Ad Vernam Aeternam” naît du déchiffrage de messages transcrits en langage Vernam. le Bar Am' permet toutes les rencontres nécessaires aux rebondissements de l'enquête .Elle se déploie en poupée russe, se déplie en mode origami. le Bèbe, l'inspecteur et sa collègue Amandine sont propulsés dans une succession d'aventures qui mêlent les puissants, la pègre locale, la hiérarchie véreuse, le monde libertin … “
Ad Vernam Aeternam” est un thriller tissé de romanesque, l'action tutoie l'invraisemblable, le mystère puise dans les références cinématographiques (OSS 117,
Bruce Lee…), la pointe d'érotisme atteint le libertinage. La succession des personnages et des péripéties laissent quelques interrogations. le tueur à gages, « l'Ombre », androgyne aux dons de mimétisme, dépasse les exploits d'Arsène Lupin et de Fantômas. Sa disparition permettra-t-elle une suite ? L'univers des commanditaires des meurtres reste artificiel, leurs décisions provoquent des ondes mortifères disproportionnées… L'auteur, Éric Cervos, traduit efficacement l'ambiance d'un bar en 1991. Les conversations mêlent la guerre du golfe, le futur stade du FC de Valence, le fait divers du jour…Amplifiées par les vapeurs éthyliques, elles se mêlent aux bruits du jukebox …Les références monétaires en franc restent aléatoires, quelques confusions apparaissent quant aux sommes escroquées (anciens francs ou NF ? ? p 188 et p 189). L'intérêt à la lecture est maintenu par un canevas scénographique rythmé, l'action rebondit, de nouveaux espaces d'enquête surgissent au risque d'approcher le trop plein . L'édition du roman est réussie. le papier est agréable au toucher, la typographique est aérée. Au final, un thriller intéressant, imaginatif, à la limite du « trop » cependant. Merci à Babelio et son Opération Masse Critique et aux Editions THOT pour cette découverte.