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Raccourcir un roman pour en faire une BD, ce n'est pas simple, mais là, j'ai franchement eu l'impression que tout était trop rapide, trop raccourci, trop esquissé.
Je n'ai pas retrouvé les thèmes qui m'avaient tant plu dans le roman, la montée en puissance de l'action, le drame qui se joue, les jeux sur les regards, les références au théâtre.
Ici, les cases s'enchainent, les parties aussi, l'histoire est saccadée, tout va trop vite et on ne comprend plus rien.
Antigone est bien là, mais finalement trop là.
Il n'y a plus qu'elle.
On suit cette histoire sans ressentir grand chose là où j'avais été tellement révoltée par l'attitude de Georges et le gouffre dans lequel Samuel l'avait précipité.
Même la fin est trop explicite.

Le dessin vient un peu rattrapé la BD en proposant un album tout en gris avec des visages très expressifs.
Les personnages sont vifs, les décors sont travaillés.
Au moins un bon point.
Lien : https://lirerelire.blogspot...
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Résumé : L'idée de Samuel était belle et folle : monter l'Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth. Voler deux heures à la guerre. En prélevant dans chaque camp un fils ou une fille pour en faire des acteurs. Puis rassembler ces ennemis sur une scène de fortune, entre cour détruite et jardin saccagé.

Samuel était Grec. Juif aussi. Mon frère en quelque sorte. Un jour il m'a demandé de participer à cette trêve poétique. Il me l'a fait promettre. À moi, le petit théâtreux de patronage. Et je lui ai dit oui. Je suis allé à Beyrouth le 10 février 1982. Main tendue à la paix. Avant que la guerre ne m'offre brutalement la sienne… S. C.

Commentaires : Cette bande dessinée est inspirée de l'ouvrage de Sorj Chalandon lui aussi intitulé le quatrième mur, paru aux éditions Grasset en 2013. Roman que je n'ai pas lu : je ne peux donc faire la comparaison entre les deux publications.

Ne vous attendez pas à une BD d'aventures rocambolesques. le quatrième mur est avant tout une occasion d'échanges de points de vue entre les protagonistes. En suivant le parcours d'un jeune initié au projet de présentation de la pièce d'Anouilh, Georges, qui prend connaissance de la complexité du contexte politique, historique et religieux du Liban et de la Palestine. Confronté aux difficultés et aux obstacles de réaliser le rêve de son ami Samuel. Une démarche littéraire et artistique très documentée qui rend bien l'atmosphère de guerre continuelle et qui amène le lecteur à remettre en question certains préjugés sur des conflits quasi insolubles qui alimentent les médias.

D'un point de vue graphique, le choix du noir et blanc et des tons de gris s'imposait. le cadrage de chaque image met l'accent sur l'essentiel. Les nombreux gros plans rapprochent le lecteur des personnages. Avec un découpage quasi cinématographique. Émotions garanties.

Ce que j'ai aimé : le sujet. La qualité graphique qui permet de bien traduire les émotions et la désolation des paysages détruits par la guerre.

Ce que j'ai moins aimé : -

Lien : http://avisdelecturepolarsro..
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1982. A la demande de son ami Sam, metteur en scène grec mourant, le narrateur prend le relais de son rêve : monter Antigone à Beyrouth, en plein coeur de la guerre, avec des acteurs de tous les camps. Obtenir une trêve de chacun, jouer une seule fois. Georges ne sait pas qu'il vient alors de vivre le début d'un long périple dont personne ne sortira indemne.

Monter Antigone d'Anouilh à Beyrouth en pleine guerre du Liban, en faisant jouer sur la ligne de démarcation un fils ou une fille de chaque camp : afin de tenir cette promesse pour le moins insensée, Georges part main tendue à la paix, avant que la guerre ne lui offre brutalement la sienne.

Un récit épuré qui montre parfaitement à quel point cette belle idée, de mettre le théâtre au service de la paix pour « Voler deux heures à la guerre en prélevant un coeur dans chaque camp » accouchera d'une tragédie bouleversante qui enterre les illusions de l'utopie sous les cendres de la guerre et de l'apocalypse.

Son adaptation en roman graphique par le scénariste Corbeyran et le dessinateur Horne est très réussie.

Car si la mise en images peut donner l'impression d'adoucir le propos violent et apre du roman de Chalendon, les choix graphiques ' noirs et blancs, traits de pinceaux) et narratifs de la BD mettent bien en avant le côté viscéral et toute en urgence de cette course contre la montre, convaincante aussi bien du point de vue du récit que graphiquement, avec ce roman graphique superbement mis en scène.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre. Cette bande dessinée est l'adaptation du roman du même nom de Sorj Chalandon : le quatrième mur (2013), prix Goncourt des Lycéens 2013 et choix des Libraires 2015. Il a été adapté en bande dessinée par Éric Corbeyran (scénario) et Horne Perreard (dessins). il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, avec des nuances de gris.

Dans l'introduction de 2 pages, un homme en costume se tient sur une scène et présente Antigone, avec les mots de Jean Anouilh. Chapitre 1 - Georges participe à une manifestation en faveur de la Palestine, dans les rues de Paris, en avril 1974. À côté de lui marche Samuel Akounis, un pacifiste juif grec de Salonique. Sam demande à Georges de ne pas clamer haut et fort n'importe quel slogan. Georges a rencontré Sam la première fois, alors que ce dernier donnait une conférence à la Fac de Jussieu, sur l'opposition à la dictature des colonels dans son pays (1967-1974). Il raconte, entre autres, comment une représentation d'Ubu Roi (d'Alfed Jarry, 1896) a provoqué son emprisonnement arbitraire, parce qu'il en était le metteur en scène.

Le groupe gauchiste auquel appartient Georges perd de sa vigueur et il se retrouve un peu désorienté. Par contre il continue à fréquenter Sam. Ce dernier lui parle de la pièce Antigone, écrite par Jean Anouilh en 1944 : Antigone. Il lui parle de la petite maigre, de ses parents juifs, de la notion de quatrième mur (ce mur virtuel qui sépare les acteurs des spectateurs au théâtre), de Joseph Boczov. Il lui apprend le sens des mots et à faire la différence entre une dictature et la démocratie qui existe en France. Georges se marie avec Aurore, et ils ont une fille qu'ils appellent Louise. Samuel Akounis tombe malade, et il parle du projet qu'il a initié, à Georges : faire jouer Antigone à proximité de la ligne verte (frontière de 1967), dans la zone frontalière du Liban et de la Palestine.

Si le lecteur n'a jamais entendu parler du livre original de Sorj Chalandon, il ne se rendra pas forcément compte qu'il s'agit d'une adaptation. Cela veut dire qu'Éric Corbeyran a bien fait son travail, en sachant transcrire les spécificités de l'écriture d'un roman, avec les particularités narratives d'une bande dessinée. le pari était risqué parce que l'intrigue ne repose pas sur des aventures ou sur des rebondissements étonnants, mais souvent sur des échanges de points de vue au cours de discussions. Or les dialogues ne sont pas souvent des séquences présentant un grand intérêt visuel. Afin de conserver une narration fluide, le scénariste a choisi de mettre en scène les passages avec des déplacements, ou des actions particulières (par exemple une manifestation), et d'insérer les réflexions de Georges sous forme de cellule de texte.

Éric Corbeyran et Horne Perreard avaient déjà travaillé ensemble sur une adaptation d'un roman de Frantz Kafka : La métamorphose (2009). Ce dessinateur réalise donc des dessins en noir & blanc qu'il habille avec nuances de gris, comme appliquées à l'aquarelle. Par cette méthode, il peut donner l'impression de textures sur les murs ou d'autres éléments de décor, évitant un effet trop lisse ou trop nu. Il rend aussi ainsi compte des ombres portées par les sources de lumière. Cela donne l'impression de pages assez denses d'un point de vue graphique. En y regardant de plus près, le lecteur peut avoir l'impression que les traits encrés s'apparentent à des esquisses, L'artiste s'attachant plus à capturer l'impression générale du moment pour en conserver la spontanéité, qu'à se montrer le plus précis possible, ou le plus descriptif possible. Ce choix graphique donne une forme d'allant à la narration visuelle, évitant une forme trop pesante. de temps à autre, Horne passe plus de temps pour une vue plus éloignée comme celle d'une foule lors d'une manifestation, ou la vue d'ensemble de l'amphithéâtre de Jussieu, ou encore une vue globale d'un quartier de Paris.

Au fil des pages, le lecteur peut se projeter dans chaque environnement qu'il s'agisse du petit appartement de Georges, de la chambre d'hôpital de Sam, ou des différents lieux au Liban et en Palestine. Les dessins ne constituent pas un reportage journalistique sur l'état du Liban, encore moins une balade touristique. Cela n'empêche pas le lecteur de pouvoir observer l'ampleur des dégâts occasionnés par la guerre, ou d'être sous le charme des paysages intacts en dehors des villes. Cette approche graphique conserve également la spontanéité des personnages. Horne leur donne des silhouettes toutes un peu similaires, à savoir fines. le lecteur constate qu'il sait les représenter dans des postures de tous les jours, effectuant des gestes normaux. Il utilise régulièrement des plans taille pour les discussions ce qui permet de faire apparaître une bonne partie de la posture des interlocuteurs. le lecteur observe que les visages comportent souvent 2 gros traits pour les sourcils, et un point pour chaque oeil. En outre, les visages sont parfois un peu plus gros que ne le voudrait l'exactitude des proportions anatomiques. Cela permet de mieux faire passer les émotions sur les visages en les rendant plus importants et plus expressifs. Ainsi le lecteur perçoit mieux l'état d'esprit de l'interlocuteur.

Horne se montre tout aussi expressif dans les scènes sortant de la banalité du quotidien. Il sait montrer la ferveur d'une foule en train de manifester, la douleur d'un corps torturé, la faiblesse d'un malade alité, la tension de Georges quand son guide lui confie un pistolet, la tension des acteurs quand Georges les rencontre pour la première fois. Par le biais des cases, le lecteur peut observer la précarité et le dénuement dans certains quartiers de Beyrouth. le lecteur se laisse donc facilement emporter dans l'histoire par les dessins simples en apparence, mais remplissant leur fonction avec un vrai savoir-faire. Il apprécie de lire une vraie bande dessinée, et pas une transposition réalisée à la va-vite en recopiant des gros pavés de texte du roman, avec des images trop figées. Éric Corbeyran est un scénariste de bandes dessinées prolifique qui maîtrise son mode d'expression, auteur de séries comme le régulateur avec Éric et Marc Moreno, Châteaux Bordeaux avec Espé, le chant des Stryges avec Richard Mérineau & Merlet. Ici il s'efface derrière le roman originel de Sorj Chalandon.

Le lecteur est amené à suivre un jeune homme d'une bonne vingtaine d'années, pendant plusieurs années, uniquement au travers de ce projet de représentation d'Antigone, au Liban. Dans le cadre contraint de la pagination de cette bande dessinée, Corbeyran ne peut pas expliciter toutes les références historiques, culturelles, religieuses et politiques. Il vaut mieux que le lecteur ait une vague idée de ce qu'est un druze ou un maronite, ou qu'il fasse preuve du courage nécessaire pour aller consulter une encyclopédie en ligne ou papier. Sinon, il éprouvera quelques difficultés à saisir les antagonismes ethniques et culturels que doit surmonter Georges pour tenir faire aboutir le projet initié par Sam. Par contre, le scénariste consacre du temps pour expliquer l'argument de la pièce Antigone de Jean Anouilh, rappeler le contexte de son écriture, et faire ressortir les rapports de force qui existent entre les personnages. de ce fait, même si le lecteur ne s'intéresse pas à la situation du Liban et de la Palestine au début des années 1980, il peut trouver son intérêt dans les tensions sous-jacentes qui font obstacle au projet.

Sorj Chalandon fut un journaliste pendant plus de 30 ans pour Libération (de 1973 à 2007) puis pour le Canard Enchaîné. À ce titre il a reçu le prix Albert Londres en 1988. Il est un écrivain auteur de plusieurs romans la plupart primés, Retour à Killybegs ayant reçu le Grand prix du roman De l'Académie Française, en 2011. le lecteur suit les dernières étapes de l'organisation de cette représentation d'Antigone, en accompagnant Georges dans ses démarches. Il constate rapidement que chaque personnage a une histoire personnelle qui influe fortement sur ses décisions. L'auteur rend compte de la complexité de la situation, de l'engagement de Samuel Akounis et de son regard sur la vie. Il évoque le passé de ses parents, sous-entendant que leur histoire personnelle a exercé une forte incidence sur celle de leur fils. Ce passage et très rapide dans la bande dessinée, il est peut-être plus étayé dans le roman.

Éric Corbeyran a bien su conserver la dimension littéraire du roman, et les questions qui se posent au fur et à mesure de l'avancée du projet de Sam. Il n'y a pas que les difficultés de faire travailler ensemble des individus dont les peuples s'entre-déchirent depuis des décennies. le projet en lui-même soulève des questions quant à la motivation de Georges, quant à son engagement, quant à l'importance qu'il lui donne par rapport à celle accordée à sa femme et sa fille. En outre, Georges lui-même n'est pas un individu neutre, c'est un blanc, européen, avec une culture catholique, même s'il ne pratique pas cette religion. Il intervient au Liban pour faire aboutir un projet qui n'est pas le sien, pour apporter un moment de paix dans cette région du monde, comme si les communautés locales en étaient incapables par leurs propres moyens. Enfin, l'intrigue d'Antigone entre en résonance de bien des manières avec les personnes d'origine diverse qui doivent l'interpréter. Sorj Chalandon n'utilise pas la pièce de Jean Anouilh comme un vague prétexte culturel plaqué artificiellement. Il en mêle le thème à celui de son récit, pour une mise en abîme intelligente, pertinente et pénétrante. le lecteur peut également voir une forme de mise en abîme entre Georges et Sam, et l'auteur lui-même dans la mesure où les deux premiers sont des metteurs en scène, fonction que remplit également l'écrivain.

Il est vraisemblable que cette bande dessinée n'apporte pas grand-chose à quelqu'un ayant déjà lu le roman. Pour un autre type de lecteur, il s'agit d'une vraie bande dessinée ambitieuse. le lecteur peut facilement ressentir de l'empathie pour Georges, projeté dans une situation qu'il n'a pas souhaitée, même s'il dispose d'une personnalité et d'une histoire qui le rendent unique. Il apprécie l'intrigue au premier degré en se demandant ce qu'il adviendra du projet de représentation d'Antigone. Il observe ces individus normaux faire de leur mieux, essayer de s'adapter aux circonstances. Il ressent l'écho de l'intention de Jean Anouilh au travers de sa pièce et la nature universelle de ce thème, s'adressant directement au lecteur, en brisant le quatrième mur de manière métaphorique, plutôt que formelle.
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Le roman n'a rien a envier a la Bd. Encore faut il avoir lu le magnifique roman de Sorj Chalandon. En pleine guerre libanaise, un metteur en scène francais est chargé de monter la pièce Antigone de Jean Anouilh. Chaque personnage est interprété par un membre d'une confession différente. Palestinien, Druze, Arménien catholique , Chiite,... se retrouvent sur les planches, unis le temps d'une pièce, laissant tomber temporairement les conflits qui les divisent. Un beau projet. Encore faudrait il que la réalité ne les rattrape pas ...
Autant le roman m'avait touché en plein coeur, autant la BD me laisse de marbre. Certes, la retranscription fidèle des mots de Chalandon nous permettent de nous replonger dans l'histoire. Mais le dessin ne fait, cette fois, pas passer l'émotion. Les rencontres avec les acteurs sont rapides. On a du mal a comprendre l'engagement et la passion des personnages. de plus le trait de l'illustrateur n'est peut être pas le plus adapté pour un tel récit. Bref, une BD fidèle mais qu'il faut lire en préambule du roman et non l'inverse.
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Une représentation de la pièce d'Antigone dans un pays en pleine guerre. C'est le projet fou de Sam, metteur en scène grec. C'est le projet fou qu'il va demander à son ami de porter. La pièce se jouera à Beyrouth. Mais ça, Georges ne le sait pas encore.

La première fois Samuel Akounis apparaît devant Georges, c'est un jour de janvier 1975. Sam s'apprête à faire une intervention dans l'amphithéâtre où Sam suit son cursus universitaire. Sam vient témoigner sur la violente répression du mouvement des étudiants de Polytechnique ; lorsque les chars ont été lancés contre des jeunes gens, faisant une quarantaine de morts et une centaine de blessés. Sam le grec avait plusieurs casquettes : metteur en scène, artiste et résistant.

Georges est impressionné, lui qui milite depuis de nombreuses années de façon aveugle, souvent violente. Il se laisse dépasser par une haine qu'il ne comprend pas. Très vite, les deux hommes sympathisent. Une amitié solide sur laquelle ils pourront compter pour des années. Sam devint ainsi le témoin de Georges puis le parrain de sa fille. Jusqu'au jour où, sur son lit d'hôpital, Sam demande à Georges de lui rendre un service : monter Antigone pour lui avec une trouve cosmopolites de comédiens.
Georges découvre Beyrouth. Venu pour monter une pièce de théâtre, il découvre la guerre.


Qui est donc le réel personnage principal de cette histoire ? Est-ce Georges, qui agit au jour-le-jour et acceptera le service que lui demande son ami ? Est-ce Georges sans qui rien de tout cela ne serait arrivé ? Est-ce finalement Antigone, la pièce de théâtre de Jean Anouilh autour de laquelle se tisse l'intrigue ?

Eric Corbeyran tisse son intrigue avec finesse. Il nous permet dans un premier temps de faire la connaissance des deux principaux protagonistes dans un contexte social tumultueux. Les étudiants sont mobilisés dans un mouvement contestataire des réformes universitaires et Georges, éternel étudiant, éternel adulescent, est en première ligne. Un personnage animé de bons sentiments mais trop fougueux, trop « brouillon » pour mener une lutte constructive. Sam est son double, l'aîné qui a tiré leçons de son expérience, celui qui prend sous son aile et tente – lentement – un travail de fond, appelant au calme et à la raison. Penser, raisonner, prendre du recul pour ne pas foncer tête baissée dans une lutte futile. Identifier la cause du combat, ne pas faire d'amalgames.

Un récit qui propose une réflexion sur la guerre, sur les motifs d'un conflit séculaire. Un heurt entre religions, entre identités. Une légitimité différente qui convainc chacun qu'il est dans son bon droit et que l'autre est un usurpateur. On rentre pleinement dans ce récit. On épouse les convictions des personnages qui appellent à la tolérance, au respect, à l'apaisement. L'intrigue se construit autour d'une utopie : croire que l'Art est capable – le temps d'une heure – de faire taire les animosités, de permettre un havre de paix, un ailleurs qui permet de s'échapper de la réalité.
Croire qu'une trêve est possible et qu'un medium possible pour permettre ce dépôt des armes est la scène, l'expression artistique. Croire que les artistes ont cette capacité à faire abstraction du reste et que les badauds, à partir du moment où ils mettent leur costume de spectateur, ont cette même capacité d'abstraction. Les deux camps protégés par le quatrième mur. Un mur invisible que seul les deux personnages principaux sont susceptibles de franchir.... (...)
La chronique complète : https://chezmo.wordpress.com/2017/02/08/le-quatrieme-mur-corbeyran-horne/
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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J'ai découvert le quatrième mur par ce roman graphique très différent de ceux que j'ai pu lire jusqu'à présent, premièrement par ses tonalités blanc et noir et puis par son sujet de guerre bien plus sombre que mes lectures habituelles.

J'ai également le livre dans ma liseuse mais je pense que le roman graphique donne une bonne ébauche de celui-ci, nous suivons ici Georges qui reprend le projet de Sam qui est très malade de monter la pièce de théâtre Antigone de Jean Anouilh à Beyrouth qui est en pleine guerre.

Le but de cette oeuvre éphémère est de rassembler le temps de la pièces des acteurs de toutes religions et toutes cultures afin de les faire jouer ensemble et d'essayer d'oublier le temps de la représentation la guerre.

On se doute de la fin du récit dès que les premières horreurs de la guerre apparaissent.
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Un mur symbolique sépare les acteurs d'un théâtre à ses spectateurs, tout en les protégeant. D'autres murs, bien réels ceux-là, séparent les différentes communautés religieuses libanaises. Pour les tenter de les rapprocher l'espace d'une représentation, Samuel forge le rêve fou de monter à Beyrouth « Antigone » d'Anouilh. Mais la réalité rattrape vite l'utopie, fût-elle portée par l'un des plus grands mythes de l'histoire.
Entre realpolitik et les tragédies intimes (la maladie, les séparations ou les désillusions), le metteur en scène tente de trouver sa voie dans un Moyen-Orient en plein déliquescence. La bonne volonté et la culture ne feront pas le poids face aux bombes.
Un dessin léger et rapide rehaussé d'un gris très doux ramène un peu d'humanité et de vie dans un cet univers morbide.
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Le narrateur : Georges, avec son passé d'étudiant militant parisien, dans les années 70. C'est ainsi qu'il a connu Sam, passionné comme lui de théâtre. Sam est leur exemple à tous, ayant osé braver la dictature en Grèce. Georges et Sam deviennent deux amis très proches, deux frères. Un jour, Sam demande à Georges de réaliser son propre rêve : faire jouer Antigone à Beyrouth. Sa santé ne lui permet plus de monter ce projet lui-même. le Liban est en guerre. le but est de rassembler coûte que coûte des acteurs de différentes religions (juifs, musulmans et chrétiens), donc des ennemis qui joueraient le temps d'une trêve. Georges n'écoute que son coeur, laisse femme et enfant à Paris pour partir à Beyrouth, à ses risques et périls. Là se dévoile alors toute l'atrocité de la guerre, rendant même puériles les manifestations étudiantes.
Un texte magnifique, très émouvant. Et l'émotive que je suis a pleuré très rapidement...
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Hjhg
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