Citations sur Les Détectives du Yorkshire, tome 2 : Rendez-vous avec .. (35)
— Alors, où en étions-nous ? dit Delilah, ramenant son attention sur le fermier. Pas de police, donc.
— Et pourquoi pas ? interrompit Samson. Dans un cas pareil, vous devez les informer au plus tôt de la disparition, non ? Vous ne voulez pas que Ralph se balade dans la nature par ce froid.
— Bah, la laine ça tient chaud, marmonna M. Knowles. Non, ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'il se fasse renverser par une voiture.
— Ça lui est déjà arrivé ? De fuguer, comme ça ?
Clive Knowles hocha la tête.
— Chaque fois qu'il en a l'occasion. Il faut tout le temps le tenir à l'œil. D'habitude, je sais par où commencer à le chercher. Mais cette fois...
Il haussa les épaules. Un fumet particulier s'échappa des plis de ses vêtements et l'air parut s'épaissir autour de lui.
Le jeune homme était avide de passer un moment seul avec la célèbre Delilah Metcalfe. Lui aussi courait dans les collines et il connaissait tous les exploits sportifs de la jeune femme, au point de la mettre sur un piédestal d'une hauteur considérable.
Samson s'interrompit pour prendre une bouchée de cake, et la combinaison des fruits moelleux et d'un mélange d'épices lui remit bien des souvenirs en mémoire. Il regarda Ida, surpris.
En tant que policier infiltré, Samson O'Brien avait travaillé pour les plus importantes instances chargées de faire respecter la loi dans le pays – l'Agence de lutte contre la grande criminalité organisée et l'Agence nationale de lutte contre la criminalité qui lui avait succédé. Autant dire qu'en matière d'environnements de travail, il en avait vu de toutes les couleurs.
Mais rien ne l'avait préparé à la vie professionnelle à Bruncliffe, où tout le monde avait son avis sur absolument tout et ne se gênait pas pour l'exprimer avec vigueur.
— Franchement, marmonna Geraldine au moment où la directrice quittait la cafétéria, la façon dont cette femme parle aux gens ! Quelle impolitesse ! Ils ne pouvaient pas trouver quelqu'un de plus local, pour ce travail ?
— Une Anglaise, tu veux dire ? demanda Edith avec un sourire railleur. Geraldine fit la moue.
— Ce n'est pas parce que je n'approuve pas le choix de cette femme que je suis xénophobe.
— Techniquement, si la seule chose que tu lui reproches est de venir des Balkans, je pense que si, s'interposa Clarissa, ouvrant tout grand ses yeux innocents.
— Ça, c'est pour ton manque de respect ! Envers ma personne, et les personnes âgées de cette ville. Elles ont droit à une vie amoureuse, elles aussi.
— Je te crois sur parole, reprit Samson en veillant à se placer hors de sa portée. Qu'est-ce que tu organises ? Des speed datings au ralenti ?
C’est drôle, la façon dont les gens se cramponnent au passé (…) alors que l’avenir peut leur offrir tellement plus.
Pas étonnant donc que ce gamin, pourtant né ici, ait été officiellement étiqueté offcumden, un étranger, un gars pas du coin. Pas étonnant non plus qu'on le considère comme un fauteur de troubles.
La nuit descend vite, en hiver, dans les Vallons du Yorkshire. Après une journée de temps affreux et de ciel noir, la transition se fit presque sans heurt, uniquement marquée par l'illumination des décorations de Noël sur la place du marché. Dès les premières lueurs de l'aube, quand la pluie cessa enfin, Bruncliffe dormait encore à poings fermés.
La plupart de ses habitants, du moins.
— On est vraiment obligés d'aller si vite ?
Le lundi matin, Samson était cramponné au tableau de bord de la Nissan Micra qui passait le premier pont de Horton, le parapet de pierre incroyablement près de la vitre côté passager, avant de filer vers la gauche pour prendre le deuxième pont. À l'arrière, Calimero poussa un petit gémissement approbateur.
— Désolée, marmonna Delilah en levant un peu le pied pour s'engager sur la route qui quittait le village et remontait vers Selside, au nord, et la caravane de Pete Ferris. La journée a mal commencé.
— J'ai le droit de demander pourquoi ?
— Vaut mieux pas.