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Ô romantisme ! Tes hautes tours ceinturées de lierre, tes jeunes Werther agonis de souffrances, tes méditations si poétiques, tes pleurs qui débordent (Valmore), tes pianos alémaniques, la pureté de tes élans, tes chastes incestes… Oui, parce que (François ?) René aime sa soeur, et sa soeur aime René, voyez. 

Voici un cas d'école que la censure de l'époque, impitoyable avec Baudelaire et Flaubert, peut entendre et laisser publier, pour peu que la chaste pécheresse (et pas le pécheur bien sûr) passe par la case couvent (qui a disparue de nos Monopoly actuels).

René décide pourtant de faire d'un chou un potager et de disserter sur le non-évènement auprès d'un amérindien dont il envie la paisible existence, ce qui est désormais bien établi (la paisible existence des amérindiens du XIXe siècle comparée à celle De Chateaubriand…y aurait de quoi lancer une nouvelle controverse de Valladolid, Bartolomé de Las Casas danse dans sa tombe…).

« Ô temps suspend ton vol ». C'est un ouvrage résolument romantique, le même vertige de la jeune et noble âme face au précipice du temps, les mêmes réflexions sur la passion, celle qui déchire et arrache plus de larmes aux jeunes garçons de bonnes familles qu'il est possible de se le figurer de nos jours.

« La douleur n'est pas une affection qu'on épuise comme le plaisir ». A partir de ce constat, Chateaubriand et d'autres auteurs vont pouvoir offrir (surtout monnayer) à la littérature des centaines de pages de tourments, d'implorations et d'apitoiements infantiles et doloristes, cela sans s'épuiser, sous le regard indifférent d'un Dieu le père, pourtant si souvent appelé en renfort. Les amères leçons des premiers transports amoureux induisent un chemin vers la sagesse passant par l'expérience contrariée.


Le romantisme n'en reste pas moins un courant qui bénéficiera de part son époque, d'une langue merveilleuse, et dont certains auteurs, comme Goethe s'affichent comme parangons de la littérature amoureuse. Ce court roman De Chateaubriand ne parvient à mon humble avis pas à en faire autant.

« Je n'étais occupé qu'à rapetisser ma vie, pour la mettre au niveau de la société » pauvre René, une violette sous la mousse, c'est si dur d'être à la fois humble et exceptionnel… Mais Chateaubriand non plus, ne prend pas son personnage pour une mandarine : « Il vaut mieux, mon cher René, ressembler un peu plus au commun des hommes et avoir un peu moins de malheur » lui réplique son interlocuteur. Imparable : le commun des hommes à l'époque, en pleine exode rurale, happé de tous ses membres au sortir du berceau par les usines naissantes n'a rien à envier aux prolixes vagabondages de notre jeune noble.
Il manque à René l'impétuosité et l'humanisme du jeune Werther, mais surtout il se dégage une forme de complaisance de l'auteur pour son personnage : le héros pathétique est encore trop pris au sérieux par son auteur.

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Le XIXème siècle fut un siècle parfois tourmenté ; certes, ce fut le siècle de Zola, confiant en le progrès ; et de beaucoup de gens de ce type. Mais le XIXème siècle fut aussi le siècle de Huysmans, de Dostoïevski et du René, De Châteaubriand, qui illustre la tourmente face à un monde dont il est difficile de connaître le sens, face à une Histoire, entre royalisme et République, qui ne semble pas avoir de sens, tant elle est touffue, pleine d'événements menant au contraire de tant d'autres événements…
C'est ce qui explique le fameux "mal du siècle", celui de René, de Fiodor Dostoïevski et de Des Esseintes.
René est peut-être la première grande figure de cette angoisse mélancolique au contact d'un monde qui ne semble plus avoir de sens, au contact d'une société qui semble éclater, où l'ordre social change profondément.
Et il est certain que le "mal du siècle" est un sujet idéal pour un auteur romantique… Et, avec ce sujet idéal, Chateaubriand réussit et montre son style parfait, lyrique, plein d'exclamations et d'interrogations, grand, beau, mélancolique, bref : sublime, de toute beauté, constamment.
Il porte à la perfection la sensibilité romantique, qui émeut, et il écrit dans un style d'une grande beauté…
Ce court récit, qui fait un peu ( voire un peu beaucoup ) penser à "Atala" est un grand texte, très personnel je pense et d'une beauté indescriptible, unique, qui n'appartient qu'à François-René de Chateaubriand.
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René, suite d'Atala, inséré dans le Génie du Christianisme comme une illustration du vague des passions. « Plus les peuples avancent en civilisation, plus cet état du vague des passions augmente, car il arrive alors une chose fort triste : le grand nombre d'exemples qu'on a sous les yeux, la multitude de livres qui traitent de l'homme et de ses sentiments, rendent habile sans expérience. On est détrompé sans avoir joui ; il reste encore des désirs, et l'on n'a plus d'illusions. L'imagination est riche, abondante et merveilleuse ; l'existence pauvre, sèche et désenchantée. On habite, avec un coeur plein, un monde vide ; et sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. » Voilà la description du vague des passions dans le Génie du Christianisme, car c'est une passion chrétienne selon Chateaubriand, « un dégoût constant », « une impression de tristesse, et peut-être même une légère teinte de misanthropie », pur héritage du tædium vitae de la vie monastique.
Je n'avais jamais lu ce roman et je pourrai dire que je l'ai relu, tant il m'a paru familier. La lune, les tombeaux, la solitude, l'amour… si souvent imité au dix-neuvième siècle. Evidemment, les souffrances du jeune René c'est notre Werther à nous. Mieux, c'est une réponse française et catholique. Pathétique, romantique mais sans complaisance, avec une fin morale. Comme le dit Chateaubriand lui-même, il ne s'est rien passé d'extraordinaire dans la jeune vie de René, un homme malheureux avant d'avoir souffert et qu'un seul évènement réussi à ébranler.
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Celle lecture est une bonne surprise d'abord parce que c'est le premier livre De Chateaubriand que je lis (j'en ai peut-être lu dans ma jeunesse mais je ne m'en souviens pas) et j'ai été touchée par l'histoire de "rené" d'autant plus que c'était le prénom de mon père (et le deuxième prénom De Chateaubriand).
Je m'attendais à un roman de bigot mais pas du tout car si le sentiment religieux est omniprésent c'est d'abord celui du coeur. Il faut dire que celui de René est bien mal en point. Il a le vague à l'âme comme on dit pudiquement.
Il vit en Louisiane, dans la tribu des Natchez où il ne semble pas être heureux, ressassant sa mélancolie dans ses promenades en solitaire.
Il finit par accepter de se confier à deux hommes, Chactas le vieux sage aveugle et Souël, le père jésuite. Il leur raconte le drame de sa vie qui l'a éloigné de son pays natal.
Après la mort de son père qui était veuf, René va choisir de voyager en laissant sa soeur Amélie avec qui il a partagé ses meilleurs moments de jeunesse. Elle va pourtant le sauver du suicide et de son ennui quand il rentre déçu et hanté par la mort. Mais torturée par des sentiments incestueux elle décide de devenir religieuse.
Certes, je suis loin de penser que la religion peut sauver car je ne suis pas croyante mais la prose De Chateaubriand est d'un romantisme qui me donne des frissons. Quand il écrit par exemple en évoquant la lune "Souvent, aux rayons de cet astre qui alimente les rêveries, j'ai cru voir le Génie des souvenirs assis tout pensif à mes côtés.", son désespoir est poignant.
Je me suis rendu compte que "rené" faisait suite à "Atala" qui met en scène l'accueil par les Natchez en Louisiane du français nommé René. Sa lecture s'impose donc pour y retrouver avec plaisir les mots De Chateaubriand.


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Je n'ai presque rien lu De Chateaubriand - immense écrivain, certes, mais pas vraiment dans le goût du jour, car il est considéré comme très réactionnaire. Il n'en reste pas moins l'un des précurseurs du romantisme français. Ceci se sent bien dans le bref récit intitulé "René". Cet homme, en proie à une langueur sans cause bien établie, a le spleen - au point qu'il songe au suicide. Rien ne le retient à la vie, si ce n'est sa soeur Amélie, pour laquelle il éprouve un réel attachement qui est réciproque. Brusquement, elle décide de se retirer dans un monastère de moniales. René est bouleversé par leur séparation, qui sera définitive. Lors de l'impressionnante cérémonie où Amélie prononce ses voeux, elle avoue - à demi-mots - sa « criminelle passion » pour son frère, qu'elle a décidé d'expier dans son état monastique. René, brisé, s'exile en Louisiane et apprend la mort de celle qui l'a aimé.

J'ai lu rapidement ce texte, qui est bref. Pourtant, la première partie m'a semblé assez fastidieuse, car les états d'âme romantiques du héros malheureux ne m'ont pas vraiment touché. C'est là que se situe la très fameuse phrase: « Levez-vous vite, orages désirés », que l'on cite parfois. Cependant, j'ai trouvé forte la scène-clé de la cérémonie des voeux, avec l'aveu de la future moniale. Evidemment, tout cet épisode véhicule une religiosité qui surprendra ou même énervera certains lecteurs. Mais il faut toujours replacer les livres dans leur contexte historique et littéraire.
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Déclarons tout net que René de Chateaubriand est indissociable de la carte du ciel. Chateaubriand et le ciel, voilà donc une idée bien curieuse me direz-vous. Peut-être pas tant que cela si l'on se rappelle que la terre, le soleil et la lune constituent la base de la cosmogonie des romantiques du 19ème siècle.
Mais avant de découvrir les cieux De Chateaubriand demandons-nous qui est donc René ?
Présentation de René : personnage torturé, René a quitté la France pour vivre dans les bois, loin de la civilisation, en Amérique, au début du 18ème siècle. Il livre tout le long du livre le motif qui a présidé à son exil dans le Nouveau Monde : on assiste à une véritable confession sous le ciel.

Les astres en effet jouent un rôle central dans l'oeuvre De Chateaubriand tant par la luminosité qu'ils créent (1) que par un véritable pouvoir de révélation sur l'homme lui-même (2) et sur son âme (3). Reprenons ces éléments de manière plus détaillée dans les articles suivants.
Lien : http://www.gazettelitteraire..
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A ne pas confondre avec le mari de Céline!
René c'est l'archétype du héros romantique (rien à voir avec le mari de Céline Dion donc), tel que l'a défini Chateaubriand: une allure enfiévrée, un visage enflammé, une longue chevelure ébouriffée. Un héros dans lequel toute une génération, celle du début du XIX ème siècle, se retrouve..Un héros indifférent aux exigences sociales, qui passe par des sentiments contradictoires, passant de l'abattement à l'exaltation et réciproquement, de la mélancolie à l'enthousiasme, de la solitude à l'effervescence en groupe. Il aime les tempêtes qui correspondent au tourbillon des émotions qui l'habitent. Un héros pas forcément facile à vivre donc..
Dans le livre, René, à l'instar De Chateaubriand, voyage en Amérique et raconte sa vie à un Indien, Chactas...évoquant ses années d'enfance dans le château paternel, avec sa soeur Amélie pour unique compagne.
Un récit très autobiographique et représentatif de cette exaltation du "moi" propre aux Romantiques...
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Cette grosse nouvelle donc parle d'un homme qui s'appelle René (coïncidence étrange, Chateaubriand s'appelle François-René). Cet homme, exilé en Amérique, confie son histoire à ses amis, c'est l'histoire d'un homme très compliqué, qui ne sait pas ce qu'il veut, ne se pose nulle part et est malheureux partout. Son seul lien affectif est sa soeur Amélie mais leur relation est complexe.

Bref, bien que cela soit très bien écrit, on a parfois envie de dire à René de se secouer et de lui dire que la vie est belle quand on arrête de râler.
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Il m'énerve René, mais qu'est-ce qu'il m'éneeeeeerve !!
Héros romantique par excellence, il est malheureux... parce qu'il n'a aucune raison d'être malheureux. Insupportable.
Mais Chateaubriand écrit tellement bien que je me suis à la fois régalée et énervée en lisant cette nouvelle ! Ce fut donc une expérience de lecture très intéressante pour moi :)
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C'est un livre atravers duquel beaucoup de jeune francais se sont reconnues chateau briand a bien su interprté l'esprit de ces voisins
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