Quelque part près de
Salem…
Lorsque les Spencer visitent la Ferme, c'est un coup de folie. La curiosité, l'envie de voir autre chose, de rêver un peu, à l'abri du tumulte new-yorkais. Mais ce n'est pas si fou que ça : qu'est-ce qui les empêche de s'y installer avec les enfants ? Tom a besoin d'être tout à son inspiration pour se remettre de l'échec de sa dernière pièce. Olivia, lassée du culte de l'apparence que lui impose l'émission quotidienne qu'elle animait jusqu'à alors à la télévision, aspire à l'anonymat. À Mahingan Falls, Chad, Owen et Zoey grandiront proches de la nature, préservés des vices de la ville. Tu penses !
À peine sont-ils installés que des événements inquiétants tombent sur la bourgade. Il y a d'abord cette ado qui disparaît en plein baby-sitting, puis cette vieille femme qui se jette sous les roues d'un pick-up sous les yeux de Tom, et ces cris terrifiants sur les ondes dont plusieurs sont témoins… Mahingan Falls bruisse de légendes qu'on se refile sous le manteau, loin du petit paradis perdu que les Spencer imaginaient. Ce n'est pas le lieutenant Cobb, en service ici depuis peu, qui dira le contraire : cet ouragan de malheurs n'a rien de rationnel. Mahingan Falls, nichée au milieu de la muraille que les locaux appellent la Ceinture, semble s'animer d'une force inconnue. Et si quelque chose se dissimulait dans les entrailles de la ville ? Chad Spencer, Owen et leurs nouveaux amis n'en doutent déjà plus.
Lasciate ogne speranza, voi ch'intrate.*
À moins d'avoir passé les deux derniers mois dans une grotte, vous avez forcément entendu parler de ce roman. Et vous avez forcément lu quelque part que ça sentait le
Stephen King. Eh bien c'est vrai. Fan de King que je suis, je me suis régalée des nombreux clins d'oeil à ses oeuvres, et je peux dire que
le Signal m'a donné des frissons dignes de mes premières lectures du Maître. Mais arrêtons-nous là pour l'apprécier à sa juste valeur, sans lui imposer trop de comparaisons. Fait suffisamment rare pour que je le souligne, j'ai aimé tous les personnages (disons que j'ai aussi aimé en détester certains). Les Spencer sont une chouette famille, les gamins sont intelligents, intrépides, courageux. Forts de leur complicité, Tom et Olivia évoluent côte à côte, on a envie de les épauler, de leur épargner ce qu'on redoute. le décor planté,
Maxime Chattam semble vous tendre la main : « Viens, viens avec nous, si tu acceptes de croire, tu vas passer un sacré moment… », et ça, j'adore. Quand, en quelques pages à peine, le pacte entre l'auteur et le lecteur est scellé. C'est la promesse d'un très bon roman. J'ai pris le temps de m'en imprégner (et de jeter un oeil sous mon lit avant de me coucher), j'ai cogité, sans toutefois voir passer ses 750 pages. La tension ne faiblit pas, le final est à la hauteur, et je le place sans aucun doute parmi mes meilleures lectures de l'année.
* « Vous qui entrez, laissez toute espérance. » (
Dante,
La Divine Comédie, traduction de
Danièle Robert)