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EAN : 9782378550066
180 pages
Assyelle (24/05/2018)
4.83/5   3 notes
Résumé :
L’animal est une figure centrale de l’univers des hommes : nous en sommes issus, et de plus en plus, nous réalisons que nous sommes des frères. Mais il n’en reste pas moins, au fond de nous, une part énigmatique de notre ego, celle où s’enfouit notre face sombre et, en même temps, le plus authentique de notre humanité.

Ce recueil veut explorer ce paradoxe, et il le fait sur le mode fantastique, un fantastique où la suggestion et le décalage ont la par... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quel magnifique recueil tout en délicatesse à l'image de la couverture créée par Loren Bes, illustrateur très original (https://www.lorenbes.com/)
L'écriture de l'auteur à la fois sensible et puissante s'attarde sur des paysages fortement symboliques, des animaux habités d'une assurance peu commune comme s'ils connaissaient tout de nous autres humains. On ne peut pas leur mentir, ils sont l'innocence même malgré les souffrances qu'on leur inflige : des sortes de figures christiques qui seront notre salut. Pour cela il faut passer le mur du réel, ne pas avoir peur de franchir l'autre côté.
Nous sommes une seule entité et nous pouvons interagir. Les figures humaines sont un peu en perdition, surtout les adultes. Pour se racheter, nous devons abandonner nos habitudes, aller au-delà de l'animal ou de l'humain. C'est beau !
Malgré la tonalité générale plutôt sombre, quelques lueurs d'espoir peuvent surgir.
Le guide : Il s'agit d'un chat qui montre le chemin. Description fouillée d'un quartier de Paris, le soir. L'homme, Monsieur Souriot n'est pas pressé de rentrer. Il est en errance volontaire et ce matou roux le fascine. Commence un voyage au pays des souvenirs où l'on ne sait plus s'il rêve ou s'il vit vraiment les scènes terribles. Texte aux multiples sens qu'il faut savourer.
L'agneau de Noël : Tout commence avec la soirée de Noël quand le narrateur s'occupe de sa mère, peu communicante. le thème de la solitude, des projets de couple qui capotent à cause d'une différence de priorité. Lui voulait un enfant… Pas elle. Sa mère, figure centrale qui le ramène à sa médiocrité et qui le pousse à sortir, entrer dans une église, observer la crèche. Là aussi il s'agit d'éprouver ce qu'un animal sacrifié peut ressentir. Une simple visite et tout bascule. Très fort.
La cathédrale qui nous plonge au coeur d'un harcèlement au départ banal, mais qui se durcit et se transforme en vengeance. Très belle description des sentiments enfouis, du fusionnement avec dame nature et cet oiseau de nuit, un aigle, son éventuel sauveur. Les mots donnent le vertige.
L'arpenteur : l'histoire d'une femme encore amoureuse d'un homme qui l'a trompée, incapable de renouer pourtant avec ses vrais sentiments. Une araignée, son double (?) apparaît, scellant son destin. Difficile choix entre la vie et la mort.
La petite flamme J'ai beaucoup aimé cette histoire de taureau, solitaire, dégageant une immense humanité faite de résignation, de douceur malgré la bêtise d'un certain José, voulant prouver sa force, cherchant à humilier la bête… On est à la fois dans la tête de l'animal et dans celle d'un passant, Antoine qui communique avec l'âme innocente du pauvre taureau. S'entremêle une histoire d'amour entre Antoine et Lisa qui ne devraient pas se trouver ensemble, à cause de la loi instaurée par les caïds de la cité… Triste fin. Antoine et le taureau ne sont-ils qu'un seul et même être ?
Le rossignol Joli récit de cet oiseau chanteur qui apparaît dans le jardin de Monsieur Dzarovia. Il recueille son chant qui l'appelle. L'homme va le secourir, en le gardant dans une cage car le petit être semble mal en point. Chaque jour, il le soigne et aime à l'entendre. Une complicité va naître, mais il faut bien le libérer...
Les dieux Surprenante histoire. Difficile à résumer car construite à partir des émotions de petits animaux, des escargots. L'ensemble est un bel hymne à l'instinct de vie.
Les animaux et les soldats Déroutant. L'enfant qui est au coeur du récit livre un combat contre son père (ou les adultes en général ?) qui cherche à s'immiscer dans son monde qu'il a organisé comme un rempart rejetant le mode de communication du père à base de questions. Pierre, l'enfant s'accommode de sa vie de parfait petit soldat, mais a besoin de s'évader… Il ne veut surtout pas que son espace imaginaire (intérieur) soit piétiné, désorganisé par quiconque car jouer avec ses soldats tient du rituel. Belle apologie du rêve indispensable à l'équilibre des jeunes et moins jeunes.
L'infirmier Nouvelle la plus fantastique dans la veine surréaliste. Comment une vieille femme peut devenir l'objet du fantasme de son fils, obsédé par le devoir accompli. Il doit s'en occuper le mieux possible alors que celle-ci qui était sa mère est devenue sénile, incapable de parler… le thème de la jalousie, de se sentir légitime par rapport à une personne au rôle antérieur de mère pose question à ce fils perclus de remords… Un rat surgira du néant, détruisant le bel ordre des choses.

Conclusion : ce recueil questionne beaucoup notre humanité, les souffrances que nous nous infligeons au lieu d'aller de l'avant. D'impressions fugitives en traces indélébiles, nous avançons parmi les nouvelles de Laurence Chaudouët en voyageur des âmes à consoler. J'ai apprécié cette expérience proche de la poésie.
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C'est avec grand plaisir que j'ai lu “Les Passeurs de l'ombre” de Laurence Chaudouët paru aux éditions Assyelle. J'ai découvert l'univers mystérieux et envoûtant de cette auteur grâce à la revue l'Ampoule où elle a été publiée plusieurs fois, ainsi que sur le site des éditions de l'Abat-Jour. Je n'ai pas été surprise d'apprendre qu'elle écrit depuis l'adolescence et a commencé à publier (de la poésie) il y a une trentaine d'années, tant son écriture est aboutie et cohérente.

Laurence Chaudouët développe dans ses nouvelles une écriture de la blessure, de la douleur, mais aussi de l'absence et du manque. En ce sens, elle me fait penser à cette citation de Camille Claudel “il y a toujours quelque chose d'absent qui me tourmente”. J'ignore tout de ses fantômes mais nul doute que la littérature de Laurence Chaudouët est hantée et intense.

Ses héros, quand ils ne sont pas des enfants harcelés ou rejetés par leurs parents, sont des adultes blessés, solitaires, des êtres en errance (voire proche de la déchéance) mais aussi en quête... qui croisent le regard d'une bête qui va les révéler à eux-mêmes. Ses nouvelles sont habitées par de nombreux animaux qui sont autant de Passeurs de l'ombre, dont la grâce, la beauté et la bonté contrastent avec la bêtise et la violence des hommes : chiens, chats, araignée, taureaux, escargots (dans "Les dieux", une des nouvelles les plus étonnantes du recueil), rossignol, rats mais aussi créatures hybrides ou géantes. Car l'écriture de Laurence Chaudouët, très subtile et psychologique, flirte souvent avec l'onirisme, voire le fantastique. Notre animalité y est autant interrogée que l'humanité de l'animal. La perspective de la mort n'est jamais loin, comme une échappatoire possible, un passage vers un autre monde. Car il y a aussi un élan mystique dans l'écriture de Laurence Chaudouët et ses personnages sont souvent attirés vers l'au-delà.

Au fil des pages, en lisant ces 9 nouvelles, toutes très réussies et prenantes, au style travaillé, élégant et précis (sans jamais tomber dans l'afféterie), on pourra penser tantôt à “L'araignée d'eau et autre récits fantastiques” de Marcel Béalu, excellent nouvelliste trop méconnu, tantôt au Norvégien Tarjei Vesaas et son si touchant et délicat “Palais de glace” ou au “Merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède” de Selma Lagerlöf. Quelque chose de Virginia Woolf aussi pour dire toute la palettes des états d'âme humains et la lumière qui entre par la fenêtre d'un salon. On pourra détecter aussi une filiation avec les tragédies antiques dans les portraits de mères abusives et l'inéluctabilité sous-jacente des destins présentés. A souligner : la très belle couverture réalisée par Loren Bes.
Lien : https://lepandemoniumlittera..
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Cette oeuvre forte et dépaysante présente un ensemble de nouvelles reliées par le thème des animaux qui croisent notre quotidien. Sous la plume de Laurence Chaudouët, ils deviennent des créatures fantastiques, souvent consolatrices de nos tourments secrets, mais aussi reflets de nos angoisses et juges des travers qui nous rendent parfois inhumains. La dimension philosophique de ces textes est indéniable, mais ils ne se déparent jamais de l'onirisme poétique qui les rend si envoûtants.
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