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EAN : 9782909201719
80 pages
Éditeur : Le bois d'Orion, 16/06/2018 (16/06/2018)
4.17/5   3 notes
Résumé :
 
 
  « Il a beaucoup neigé sur notre pays l'an passé. Adultes et enfants ont attendu ces chutes qu'on nous annonçait. Visages tournés vers le ciel. Qu'advient-il de l'heure courante et des échéances quand des êtres ainsi s'attardent et regardent ce qui peut-être est là qui vient ? »

  À l'équilibre rassemble cinq recueils : Le sol et l'envol, Ce qui nous appelle, Dans l'évidence, Entre nous l'espace ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
 
 
Cet ouvrage comprend cinq
moments de poésie :
. le sol et l'envol,
. Ce qui nous appelle,
. Dans l'évidence,
. Entre nous l'espace,
. L'exclamation et le suspens.

Pour Judith Chavanne le temps — bleu —
ne dure qu'une halte d'oiseau.

Elle habite un pays où les arbres entrent en
dialogue dans un froissement de feuillage.

Elle insiste sur ce pays, où les oiseaux, autrefois
messagers, se posent et nous adressent cette
authentique page de silence.

L'auteure nous décrit la décoration de l'espace
avec une simple branche, « un peu nue comme
la solitude ».

Judith Chavanne reste humble et lucide
devant la l'énigme de la fleur si fragile,
qu'elle suffit à décourager nos mots et
nos airs d'importance.

Enfin l'auteure poursuit l'évocation
du désir, du pur désir qui « jubile
d'être vivant », et le galop des flocons
de neige, ces hérauts de pure blancheur.


Ainsi ces quelques extraits :

" Ce qui nous appelle
À Clémence
L'enfant s'émerveille d'un oiseau, elle appelle,
qu'on partage avec elle cet émoi.
Elle se tient debout devant
la fenêtre : l'aile est si belle, ce bleu
que l'oiseau ne porte pas ailleurs sur son corps.

Et l'on vient en effet, on se tient
debout aussi, à côté ; ce qui a lieu
alors entre nous, on n'a plus l'ardeur
d'en tirer une sorte de foi.

Mais on sait cela : on est deux,
unies devant l'arbre à la faveur
et à l'intérieur même du bleu,
le temps que dure une halte d'oiseau.
p.23


" Ce qui nous appelle
Feuille à feuille, on entend le vent ; il dénoue l'arbre
depuis un silence de bois,
le tronc imperturbable comme l'homme qui se renfrogne,
l'enfant obstinément se tait,
qui veulent se faire une force
du refus.

Passe la première brise,
on dirait qu'elle secoue les feuilles
des chants d'oiseaux goûteux comme des fruits.
L'arbre entre en dialogue, se multiplie.
p.24


" Ce qui nous appelle
Il nous est venu un oiseau,
gorge blanche, menu corps,
un passereau muet qui s'est posé
à hauteur de regard et de reconnaissance
derrière le carreau ;
comme il nous aurait adressé
dans l'enveloppe une page de silence,
comme on aimerait soi-même songeant
à ceux qu'étreint un noir chagrin
confier aux oiseaux autrefois messagers
le soin de dire sans dire,
sur la pierre en hauteur se posant simplement,
comme un soupir : douceur !
p.29


" Ce qui nous appelle
Pourtant , il y a la douceur ;

la façon comme un sourire en avril
que le prunus et le cerisier ont d'éclore ;

à des carrefours, la marche suspendue
le temps qu'on hésite, et le corps
qui prend avec grâce une pause inconnue ;

le rythme plus lent sur lequel se prononce
une amie, comme pour nous laisser le temps
de nous installer dans une parole partagée ;

et cette place qu'on s'accorde aussi
en aimant en secret, destinant des pensées
que l'on sait pouvoir être reçues.

Il ne suffit pas que l'âme soit effleurée ;
mais on peut sans doute aller sans frémir,
avec l'air, la voix, les corps, l'absence même
et la nature inventive pour alliés.
p.33


" Dans l'évidence
Elle aimait dès qu'il était temps
placer dans un vase une branche de prunus,
arbre de premier printemps
aux fleurs légères, dispersées ;
elle disposait une branche un peu nue
comme la solitude.

Elle posait le vase haut et long
sur la table désencombrée du salon.

L'espace alors prenait une autre dimension
et, se tournant vers la branche, on se souvenait
d'une intériorité, de la résonance,
d'une ferveur en nous tremblante
qui cherchait à frayer sa croissance,
malgré l'étouffement des jours à chanter ;

même en silence, à vibrer de toute sa précarité.
p.39


" Dans l'évidence
Fleur, à laquelle je reviens comme à une énigme,
même la moins parée,
fleur de talus le long des routes et des voies ferrées
ou des champs : coquelicot, camomille
et celle, si bien nommée
que l'on dit compagnon rouge ou blanc,
plus vive dans l'herbe que tous les désenchantements.
Insolente, légère, si elle est fragile,
que dire ? ni Dieu, ni sens,
qui décourage nos mots, nos airs d'importance.
Taisons-nous, il suffit
si devant elle le coeur sourit, s'il se fond
à la couleur — nous aimons.
p.40


" Dans l'évidence
L'enfant a désiré qu'on la regarde
tracer son étoile sur le papier.

On en avait accompli pourtant des travaux
et vécu des journées ; fallait-il
ce dépouillement d'un matin de novembre
pour comprendre dans la clarté ce qui s'accomplissait ?

La lumière, si elle pouvait, se sentirait croître
dans l'herbe, le bouleau, ou le rosier.

On a su soi-même qu'une vie pouvait
trouver sa paix dans cette simple demande,
pour avoir, à l'appel de l'enfant,
soutenu la naissance tremblante d'un trait.
p.41


" Dans l'évidence
Un geste du temps passant,
une main de lumière
au front des sapins assombris
que battaient le vent, la pluie ;

alors les jardins mouillés s'illuminent
pour rien, que l'instant,

et le désir, le pur désir
par la lumière éveillé qui jubile
d'être lui, vivant.
p.46


" Entre nous l'espace
Il suffit parfois d'une main qui échappe,
elle touche, incidemment, la peau ;
un corps naît où il y avait une absence,
un corps, un saisissement.

Ce premier effleurement,
ce n'est pas toujours le prélude à une danse
mais nous sommes sous les doigts
vivants comme un envol frémissant d'oiseaux.
p.55


" L'exclamation et le suspens
Peut-être la neige. Comme si
on avait pu entendre, venu de très loin, très haut
le galop des flocons avant d'en apercevoir
une image…
On y croyait ; elle ne tombait pas,
mais on se serrait dans le manteau de son imminence,
et le sapin était noir, plus qu'aucun jour.
Ainsi vêtu, de la nuance de nuit dont sa robe
s'approfondissait,
il était le héraut véritable
de la pure blancheur.
p.67
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Entre nous l'espace


Deux mésanges pépient dans le bosquet,
le vent au loin fouille dans les feuilles,
il fait tendrement gris — sont-elles épuisées les peurs ?
C'est le reflux, un jour de paix,
jour de verdure et de douce ombre dans l'été,
une lumière que je connais ;
car il vient des jours où l'on ne peut aimer
(que sont devenues les grandes ardeurs ?)
que subrepticement, dans un reflet
autrefois entrevu ensemble
quand il se déposait sur l'étang au fond d'un pré,
non loin du saule et du tremble.

p.52
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Le sol et l'envol


On a si souvent touché du bout seulement des lèvres
au pain, la joie ;
une audace de moineaux,
comme à terre il en est dans le soleil
qui piétinent pour des miettes.

Rien que l'on savoure,
qui demeure au fond de soi, se dissout,
résout les murs de la grotte : le cœur
peu à peu transparent que la saveur de la joie emporte ;
plein champ alors sur la clarté du ciel.

Rien comme cela.
Mais les oiseaux, eux, sont bientôt enlevés par le vol.

p.17
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Dans l'évidence


Prendre la joie
comme une baie sur les chemins encore sauvages,
il y faut une telle légèreté, et pout goûter
la vie comme un semis de hasards furtifs ;
ainsi se posent sur l'arbre nu au cours d'un après-midi
pinson, pivert, mésange, oiseaux, gouttes de vie.

p.48

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Le sol et l'envol


Plus difficile à l'homme de grandir,
à la jeune femme, sidérée par la vie,
qui erre, ignorant quel est son amour ;

qui attend le geste, le corps aussi,
ce qui — quelque chose ou quelqu'un —
lui redonnerait, comme un frisson de feuilles,
l'usage de ses mains.

Ô pour rien : arroser des fleurs,
mettre des graines dans le nichoir, pour
des matins ordinaires.

p.13
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Dans l'évidence


L'enfant au jardin cueille une pâquerette
à la tige trop courte, mais elle dira ainsi son amour.
Une femme au soir se pare avec pudeur,
elle suspend les heures.
Parfois, comme en sous mains les livres
aux époques terribles, on échange
dans un dialogue un peu de sens, des bribes.
On n'est prémuni contre rien
mais l'instant vibre, à jamais, dans l'évidence.

p.43
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Videos de Judith Chavanne (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Judith Chavanne
Avec Husnia Anwari & Belgheis Alavi accompagnées de Kengo Saito (rubâb)
Nous, femmes poètes, nous n'avons d'armes que nos mots, de moyens de résistance et de liberté de parole que par nos poèmes, le plus souvent. Pour soutenir dans un élan solidaire les femmes afghanes qui sont, depuis longtemps déjà mais particulièrement dans le contexte actuel, réduites au silence dans leur pays, nous souhaitons faire entendre leurs voix : des landays de femmes pachtounes exilées ou appartenant au cercle littéraire clandestin de Kaboul, le Mirman Baheer, aux poèmes en dari de femmes souvent assassinées d'avoir écrit comme Nadia Anjuman à qui Atiq Rahimi a dédié son livre Syngué sabour. Pierre de patience. Pour que sur la scène emblématique de la Maison de la Poésie, toutes accueillies, nous puissions dire la force qui nous unit en poésie à travers le monde, un ensemble de femmes poètes françaises est en train de se constituer autour d'Husnia Anwari, journaliste franco-afghane et poétesse féministe, et Belgheis Alavi, enseignante chercheuse à l'Institut national des langues et civilisations orientales, qui liront sur scène accompagnées au rubâb par le musicien Kengo Saito.
Avec : Laure Gauthier, Laurence Werner David, Sophie Loizeau, Judith Chavanne, Véronique Pittolo, Rim Battal, Zoé Besmond de Senneville, Marie-Hélène Archambeaud, Sanda Voïca, AC Hello, Julia Lepère, Orianne Papin, Virginie Poitrasson, Anne Savelli, Marcelline Roux, Lika Mangelaire, Séverine Daucourt & Maud Thiria
Manifestation à l'initiative de Maud Thiria, organisée avec l'aide de Séverine Daucourt
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