L'Islam, de chair et de sang

"Si les actes sont contraints au moins que la pensée soit libre" affirme Malek Chebel (anthropologue, philosophe, conférencier,traducteur du Coran et...président du prix des lecteurs du Var), adepte d'un islam libéral, dans son essai philosophique et théologique L'islam, de chair et de sang.
De chair et de sang: pour évoquer l'amour, le sexe et la viande, car l'auteur a constaté l'importance des questions sexuelles chez les musulmans (présentes dans les versets coraniques), qui, de façon contradictoire, jouissent du sexe mais le condamnent par ailleurs.Le lien au sang se retrouve dans les menstruations, mais aussi dans les conditions d'abattage des bêtes, dans la circoncision ou dans l'excision car "le sang coule". le sperme est présent aussi mais tout est fait pour que "le corps physique bascule vers un corps sacré".Selon l'interprétation faite des versets coraniques, le sexe est tabou, la chair est sale.Or, si l'on s'en réfère à l'art, la poésie ne prend corps que grâce à la métaphore et cette chair là est sublime. Il existe donc un islam des Lumières et l'autre des Talibans.L'émergence de la femme en tant que "sujet autonome" n'est pas encore vraiment établie.
Pour un prix dérisoire de trois euros, cet essai fort complet et enrichissant (les questions des rites, du voile,des valeurs,de la virginité,de la séduction... sont également abordées) prouve l'ouverture d'esprit de Malek Chebel.
A lire!

Thème interessant. J'ai eu hâte de lire cet essai. Au final j'ai été déçu. L'auteur n'a pas toujours su transmettre le résultat de son analyse, fouillee à nul doute. Cet aspect des l'islam m'a paru très pertinente et à titillé l'envie de mieux comprendre, de suivre malek chebel dans son analyse. Mais il l'a partagé trop sommairement. Les pertes sont laissées béantes.

Cette vision est un peu trop essentialiste pour être pertinente. Malgré ses diplômes, Malek Chebel, comme beaucoup, manque de bien-fondé. L'argumentation est peu claire, mal structurée. Et les idées ne trouvent pas de réelles sources dans la réalité, et encore moins dans les textes. Elles auraient pu être intéressantes si elles avaient été plus nuancées, plus questionnées et intégrées à une dualité inhérente à toute religion.