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Le fait divers, qui m'était inconnu avant d'en entendre parler par Ariane Chemin, de passage à La Grande Librairie, frappe l'imagination: comment des membres d'une famille - trois adultes et deux enfants - ont pu plonger ainsi vers la mort, du septième étage d'une tour d'habitation, avec ce qui a toute l'apparence de la détermination, tout cela sans un seul cri ? L'auteure explore la généalogie des deux soeurs qui se sont données la mort - des jumelles -, les petites-filles de Mouloud Feraoun, un écrivain algérien assassiné le 15 mars 1962 par l'OAS, l'Organisation de l'armée secrète. Explorant l'hypothèse psychologique de la transmission intergénérationnelle des traumatismes, ici de la guerre d'Algérie, Ne réveille pas les enfants, s'il a le mérite de sortir de l'ombre cet écrivain que je ne connaissais pas, s'est avéré moins intéressant à lire que je ne m'y attendais, en référence au contexte historique qu'elle installe et que j'ai trouvé par moments un peu indigeste; le tout me laisse avec une certaine impression de « tout ça pour ça ? », là où un article d'enquête aurait peut-être suffit…
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Ariane Chemin raconte la vie de l'écrivain Mouloud Feraoun, à nouveau mis en lumière. En effet, une gerbe fut déposée par l'ambassadeur de France sur sa tombe un après-midi de mars 2022 à la demande du Président de la République. Mais, quel est le lien avec le suicide collectif de Montreux le 24 mars 2022 que la journaliste raconte dès le début de l'enquête intitulé “Ne réveille pas les enfants”.

Ali est âgé de 80 ans maintenant et est le seul survivant pouvant témoigner de la famille. Il est né en 1942, deux ans avant son frère, le père des jumelles. Celui-ci, Mouloud Feraoun, était instituteur en Algérie. Il a reçu le prix de la ville d'Alger pour son roman le fils du pauvre. Réédité par l'éditeur français le Seuil en 1954, il connaît une certaine notoriété.

Les “événements” d'Algérie, comme on disait alors, ont commencé le 1er novembre de la même année. Puis, dès 1957, la terreur s'installe du fait des exactions de l'armée française. Sa famille les subit sous les menaces. Mouloud Feraoun continue de dire et d'écrire le terrorisme de la peur en action.

Le massacre du 15 mars 1962, où sont morts six inspecteurs de l'éducation algérienne et laissent vingt enfants orphelins, est relié au suicide de cinq personnes, le 24 mars 2022. Mais, de quelle manière ?

Ariane Chemin met en place son puzzle où la dernière pièce emboîtée permettra d'en connaître le lien, comme un piège qui se referme. C'est évidemment passionnant où tour à tour se découvrent le FLN et sa résistance et l'OAS avec ses méthodes expéditives sans mandat officiel.

Cette histoire de colonisation et d'indépendance est encore à découvrir. Car, il s'agit d'effacer les ornières qu'ont laissés les tortures et crimes passés si longtemps sous silence. Pour aussi permettre aux petits enfants de tourner la page de ce destin tragique. Ariane Chemin démontre qu'un hommage élyséen ne suffit pas à effacer les traumatismes de ces violences, même s'il est indispensable.

Ariane Chemin déroule magistralement son enquête avec une intrigue découverte au fur et à mesure et mener avec brio. La journaliste met à jour les liens qui relient les deux événements sans jamais venir combler les vides. Un bel exemple de journalisme d'investigation.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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le 24 mars 2022, cinq personnes (trois adultes et deux enfants) se jettent successivement par la fenêtre du septième étage d'un immeuble face au lac Léman, à Montreux. Un fait divers incompréhensible qui interpelle en particulier l'autrice qui va tenter d'en savoir plus. En remontant, la généalogie familiale, on se retrouve en 1962 en Algérie où l'écrivain Mouloud Feraoun, grand-père des deux soeurs jumelles défenestrées est assassiné par l'OAS. On tarde à percevoir ce qui pourrait lier les deux événements et l'historique algérien est touffus. Ce n'est qu'avec les explications fournies par l'interview d'un psychiatre que la notion de « paranoïa intergénérationnelle » vient apporter une hypothèse possible à ce suicide collectif. L'enquête journalistique secoue un peu le tapis d'une mémoire défaillante et conforte une similitude d'état d'esprit et d'angoisse autorisant l'improbable à survenir.
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Madame Chenin traite du suicide collectif de cinq personnes d'une même famille survenu à Montreux le 24 Mars 2022 impliquant notamment les deux jumelles Feraoun', descendant de l'écrivain et enseignant Mouloud Feraoun, assassiné par l'OAS le 15 Mars 1962
Après avoir acquis la conviction qu'il s'agissait d'un suicide et qu'aucune autre personne n'y était mêlée, la police suisse a classé le dossier sans suite.
L'auteur enquête sur les causes de ce suicide qu'elle veut relier à l'assassinat de Mouloud Feraoun, qui aurait causé chez les jumelles un traumatisme trans-generationnel.
. Elle consacre la majeure partie du livre à cet assassinat, et à diverses considérations en partie hors sujet sur la guerre d'Algérie.
Cependant le livre laisse entrevoir une autre piste au moins aussi vraisemblable : la famille vivait en vase clos, adhérant à des theses complotistes, et avait développé une psychose induite par le Covid et les craintes liées au vaccin. Les enfants étaient scolarisés en famille, mais les parents n'avaient pas répondu à des demandes de renseignements des autorités scolaires.
Le jour du drame, les gendarmes s'étaient présenté au domicile pour remettre une convocation et étaient repartis sans avoir pu le faire.
Cette visite a pu être surinterpretee dans un cadre complotiste par des gens imaginant qu'elle était le prélude de choses beaucoup plus graves
De nombreux suicides collectifs se sont produit dans des contextes de paranoïa obsidionale complotiste ( l'auteur évoque d'ailleurs le suicide du Temple Solaire qui s'est produit dans la même région) sans que les victimes aient de lieu avec la guerre d! Algérie ou d'événements du même genre.
Je ne détiens évidemment pas la vérité dans cette affaire mais je suis très sceptique quant à l'existence des transmissions de traumatismes héréditaires à des gens qui n'en ont été ni témoins ni directement victimes et qui se sont produits bien avant leur naissance
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Dans ce récit très intéressant, la journaliste Ariane Chemin tente de démêler le mystère autour, de ce qui apparaît comme un fait divers survenu en mars 2022 à Montreux, à savoir la chute d'une famille de cinq personnes depuis le balcon de leur immeuble. Cette famille se compose d'un père, d'une mère de famille, de leurs deux enfants et de la soeur jumelle de la mère.
La journaliste enquête, interroge, fait des recoupements assez troublants avec des évènements passés. Elle retrace l'histoire familiale des deux soeurs dont le grand-père, intellectuel algérien, a été sauvagement assassiné par l'OAS pendant la guerre d'Algérie. Elle explique les liens particulièrement fusionnels qui unissent les deux soeurs.
Elle n'apporte pas de réponse à cette énigme, mais elle esquisse des pistes avec beaucoup de retenue et de délicatesse, en s'interrogeant, entre autres, sur la transmission intergénérationnelle de certains traumatismes psychiques.
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Une enquête autour de la mort d'une famille de Français à Montreux en mars 2022 - un couple, leurs enfants et la belle-soeur de l'épouse, qui se sont jetés de la terrasse de leur bel appartement, La journaliste met en parallèle ce fait-divers avec le meurtre du grand-père des deux femmes 60 ans auparavant, Algérien devenu inspecteur d'académie et assassiné avec d'autres responsables du système éducatif de l'Algérie française par un groupe de tueurs de l'OAS. Des passages intéressants sur la terreur qui pesait sur tous pendant la guerre d'Algérie, mais dans l'ensemble une déception liée au fait qu'un article aurait suffi à présenter la vie de cette famille enfermée sur soi, à la fin plutôt inexplicable d'autant qu'elle était organisée.
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Un matin très tôt, deux policiers, avec un mandat d'amener, secouent la porte d'une famille française repliée sur elle-même, en rupture, semblant fuir depuis des années, devenue complotiste (et survivaliste?), à la faveur du COVID, à Montreux, sur la rivièra suisse.
Ils vivent les uns sur les autres, au 7e étage, dans un appartement débordant de stocks de nourriture, de médicaments...
Une vue panoramique. "Une vraie tour de guêt".

Motif: non respect des obligations scolaires.
Risque: une simple amende.

BAM ! BAM ! BAM !
Ouvrez !

Un instant.

BOUM ! BOUM ! BOUM ! BOUM ! BOUM !

Ils ont tous sauté. En habit de nuit. L'un après l'autre, avec méthode, sans un bruit.
La tante soeur jumelle de la mère, la mère, la petite, le fils qui survivra miraculeusement, le père.
Des adultes à peine quarantenaires et surdiplômés.
Des enfants. Jamais scolarisés...

Tout de suite en France, on a pensé suicides collectifs, secte, Temple Solaire.

L'auteure va donc interroger le chef d'orchestre, l'illustre Tabachnik.
La justice n'a trouvé aucune autre explication que le suicide collectif.
Pour une simple amende?
Même Tabachnik n'y croit pas.

Mais ce drame intervient 60 ans presque jour pour jour après l'assassinat resté impuni du grand-père des jumelles, brillant intellectuel kabyle, Mouloud Feraoun, écrivain renommé, un homme doux, dont la mémoire venait d'être honorée par la République Française.
Un homme qui voulait protéger ses enfants, et avait vécu des années dans la peur panique. Au point de développer une paranoïa contagieuse ? Sur 2 générations ?

Au delà de ces hasards trop nombreux pour ne pas être signifiants, de la crise sanitaire qui a fait flamber les névroses, du repli sur soi extrême d'une famille, c'est un aspect ignoré de la guerre d'Algérie qui est étudié ici. La transmission transgénérationnelle des traumatismes.

Passionnant. Brillant.

En en conclusion, des éléments inédits, me semble-t-il, issus des auditions du jeune survivant, et qui éclairent ce mystère.
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Avant tout un petit clin d'oeil aux éditions du Sous-sol, soucieuse de nous transmettre des histoires vraies, inconnues, inclassables, bref des faits-divers.
Et ici les faits sont :
un suicide collectif, le 24 mars 2022, dans la ville de Montreux en Suisse, cinq personnes se jettent dans le vide, sans cri ni écrit, du septième étage d'une tour d'immeubles, une mère, sa jumelle, son mari et ses deux enfants, sa petite fille de 8 ans et son fils de 15 ans, seul survivant.
La journaliste Ariane Chemin enquête, par professionnalisme elle relate les faits incompréhensibles, étranges et se questionne sur l'histoire de cette famille, des gens discrets, plutôt avenants qui vivent en cocon et qui se protègent de l'ambiance extérieure, même leurs deux enfants sont scolarisés à la maison. La Suisse leur offre une sorte d'anonymat .
Le covid et la guerre en Ukraine renforcent leur isolement.
Alors la journaliste, dans ce silence d'enquête policière sans réponses décide d'investiguer dans le passé, elle essaye de combler les vides, les questionnements sans fin.
Et dans ce puzzle de recherches, elle fait une marche-arrière, elle interroge le passé de cette famille de suicidés, son ambition est intrigante mais elle trouve une source.
Le grand-père des jumelles est Mouloud Feraoun, né en 1913 en Kabylie, instituteur investi, écrivain algérien reconnu, il a écrit une trilogie autobiographique, un témoignage de vérités et d'émotions. Né en Algérie française, proche du FLN et de la décolonisation, il ne fait pas de politique, il connaît le sujet sensible et veut protéger sa famille dans le contexte d'une guerre prévisible.
Il sera fusillé par l'OAS à Alger le 15 mars 1962 comme six inspecteurs de l'éducation algérienne, une exécution qui fera 20 orphelins.
Alors nous y voilà, la guerre d'Algérie, un contexte sordide, effacé par la France, pays colonisateur.
Une tragédie humaine, une cicatrice qui suint encore et un silence abyssal.
Les archives de cette guerre ne seront disponibles qu'en 2021 et il faudra attendre mars 2022 pour un hommage du président de la république française, bien tardif.
Des dates qui se superposent mars 1962 et mars 2022.
Des fils, des parallèles tissés par l'auteur, c'est son métier.
Un psychiatre interrogé, sans rien affirmer, informe notre enquêtrice d'une possible transmission intergénérationnelle de traumatisme familial.
Ce que l'on sait, une tragédie peut perdurer, rien ne s'efface et rien n'est simple.
Passionnant, troublant et percutant.







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Lu dans le cadre de la rentrée litteraire de septembre 2023

Ariane Chemin, journaliste décide d‘enquêter sur un fait divers .

Lequel ?

Le 24 mars 2022, ville de Montreux, 5 corps sont retrouvés en bas d‘un immeuble. Un survivant parmi cette famille qui s‘est suicidee depuis son balcon . Il s'agit d‘une famille . le père, la mère, la soeur jumelle de celle ci et leurs deux enfants dont un le garcon survivra .

Que s‘est il passe ?
Les a t‘on pousse ?

L‘enquête désormais close conclura à un suicide collectif.

Pourquoi cette famille se serait suicidee ?

C‘est le point de départ de l‘enquête de Ariane Chemin.
Elle retrace la vie de cette famille ainsi que les ascendants de celle ci .

Car la famille des soeurs jumelles n‘est pas inconnue. Les soeurs jumelles sont les petites filles de l‘écrivain Mouloud Feraoun assassine 60 ans plus tot par l‘Oas au sortir de la guerre d‘Algérie.

Y a t‘il un lien avec le passe de ce grand père ?

Alternant récit de 2021 et histoire en Algérie 60 ans plus tot, l‘auteure nous entraine dans le récit de cette famille sur plusieurs générations.

Des pistes seront avancées mais chacun pourra s‘en faire sa propre opinion.

J‘ai aime cette alternance entre les faits historiques et l‘enquête récente sur ce fait divers .
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Que d'hésitations avant de me lancer, les 2 T de Télérama, le fait divers tellement intrigant et puis un doute à la lecture d'un Babelioteur, je me dis, attendons. Et voilà que l'auteure apparaît à la grande librairie, invitée par Emmanuel Carrère et là ça change tout, il est question d'une enquête bourrée d'impasses et bêtement je me dis ça va parler de la difficulté d'être journaliste, de rage ou de frustration. Grosse déception, l'enquête avance et le parallèle avec le grand-père exécuté en Algérie tient bien la route. le psy peut convaincre, les connaissances, les amis, ok d'accord mais au bout du compte, c'est moi qui ai eu mon compte de frustrations. Sur Babelio , quelqu'un dit c'est comme un article sauf qu'il est un peu long et demande d'autres articles sur les hypothèses. Cependant agréable à lire et court.
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