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EAN : 9782364684805
192 pages
Editions du sous-sol (01/09/2023)
3.49/5   82 notes
Résumé :
La sœur jumelle. Puis la mère. Puis la petite fille. Puis le fils adolescent, et enfin le père. Le 24 mars 2022 une famille française se jette du septième étage de son balcon, face au lac Léman, à Montreux, en Suisse.

“Suicide collectif”, concluent presque aussitôt les enquêteurs, malgré la présence de deux enfants mineurs. Un an plus tard, le dossier est clos. Les autorités ont posé une chape sur le “mystère de Montreux”, un peu comme soixante ans pl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
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Le fait divers, qui m'était inconnu avant d'en entendre parler par Ariane Chemin, de passage à La Grande Librairie, frappe l'imagination: comment des membres d'une famille - trois adultes et deux enfants - ont pu plonger ainsi vers la mort, du septième étage d'une tour d'habitation, avec ce qui a toute l'apparence de la détermination, tout cela sans un seul cri ? L'auteure explore la généalogie des deux soeurs qui se sont données la mort - des jumelles -, les petites-filles de Mouloud Feraoun, un écrivain algérien assassiné le 15 mars 1962 par l'OAS, l'Organisation de l'armée secrète. Explorant l'hypothèse psychologique de la transmission intergénérationnelle des traumatismes, ici de la guerre d'Algérie, Ne réveille pas les enfants, s'il a le mérite de sortir de l'ombre cet écrivain que je ne connaissais pas, s'est avéré moins intéressant à lire que je ne m'y attendais, en référence au contexte historique qu'elle installe et que j'ai trouvé par moments un peu indigeste; le tout me laisse avec une certaine impression de « tout ça pour ça ? », là où un article d'enquête aurait peut-être suffit…
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Ariane Chemin raconte la vie de l'écrivain Mouloud Feraoun, à nouveau mis en lumière. En effet, une gerbe fut déposée par l'ambassadeur de France sur sa tombe un après-midi de mars 2022 à la demande du Président de la République. Mais, quel est le lien avec le suicide collectif de Montreux le 24 mars 2022 que la journaliste raconte dès le début de l'enquête intitulé “Ne réveille pas les enfants”.

Ali est âgé de 80 ans maintenant et est le seul survivant pouvant témoigner de la famille. Il est né en 1942, deux ans avant son frère, le père des jumelles. Celui-ci, Mouloud Feraoun, était instituteur en Algérie. Il a reçu le prix de la ville d'Alger pour son roman le fils du pauvre. Réédité par l'éditeur français le Seuil en 1954, il connaît une certaine notoriété.

Les “événements” d'Algérie, comme on disait alors, ont commencé le 1er novembre de la même année. Puis, dès 1957, la terreur s'installe du fait des exactions de l'armée française. Sa famille les subit sous les menaces. Mouloud Feraoun continue de dire et d'écrire le terrorisme de la peur en action.

Le massacre du 15 mars 1962, où sont morts six inspecteurs de l'éducation algérienne et laissent vingt enfants orphelins, est relié au suicide de cinq personnes, le 24 mars 2022. Mais, de quelle manière ?

Ariane Chemin met en place son puzzle où la dernière pièce emboîtée permettra d'en connaître le lien, comme un piège qui se referme. C'est évidemment passionnant où tour à tour se découvrent le FLN et sa résistance et l'OAS avec ses méthodes expéditives sans mandat officiel.

Cette histoire de colonisation et d'indépendance est encore à découvrir. Car, il s'agit d'effacer les ornières qu'ont laissés les tortures et crimes passés si longtemps sous silence. Pour aussi permettre aux petits enfants de tourner la page de ce destin tragique. Ariane Chemin démontre qu'un hommage élyséen ne suffit pas à effacer les traumatismes de ces violences, même s'il est indispensable.

Ariane Chemin déroule magistralement son enquête avec une intrigue découverte au fur et à mesure et mener avec brio. La journaliste met à jour les liens qui relient les deux événements sans jamais venir combler les vides. Un bel exemple de journalisme d'investigation.
Lien : https://vagabondageautourdes..
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Madame Chenin traite du suicide collectif de cinq personnes d'une même famille survenu à Montreux le 24 Mars 2022 impliquant notamment les deux jumelles Feraoun', descendant de l'écrivain et enseignant Mouloud Feraoun, assassiné par l'OAS le 15 Mars 1962
Après avoir acquis la conviction qu'il s'agissait d'un suicide et qu'aucune autre personne n'y était mêlée, la police suisse a classé le dossier sans suite.
L'auteur enquête sur les causes de ce suicide qu'elle veut relier à l'assassinat de Mouloud Feraoun, qui aurait causé chez les jumelles un traumatisme trans-generationnel.
. Elle consacre la majeure partie du livre à cet assassinat, et à diverses considérations en partie hors sujet sur la guerre d'Algérie.
Cependant le livre laisse entrevoir une autre piste au moins aussi vraisemblable : la famille vivait en vase clos, adhérant à des theses complotistes, et avait développé une psychose induite par le Covid et les craintes liées au vaccin. Les enfants étaient scolarisés en famille, mais les parents n'avaient pas répondu à des demandes de renseignements des autorités scolaires.
Le jour du drame, les gendarmes s'étaient présenté au domicile pour remettre une convocation et étaient repartis sans avoir pu le faire.
Cette visite a pu être surinterpretee dans un cadre complotiste par des gens imaginant qu'elle était le prélude de choses beaucoup plus graves
De nombreux suicides collectifs se sont produit dans des contextes de paranoïa obsidionale complotiste ( l'auteur évoque d'ailleurs le suicide du Temple Solaire qui s'est produit dans la même région) sans que les victimes aient de lieu avec la guerre d! Algérie ou d'événements du même genre.
Je ne détiens évidemment pas la vérité dans cette affaire mais je suis très sceptique quant à l'existence des transmissions de traumatismes héréditaires à des gens qui n'en ont été ni témoins ni directement victimes et qui se sont produits bien avant leur naissance
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le 24 mars 2022, cinq personnes (trois adultes et deux enfants) se jettent successivement par la fenêtre du septième étage d'un immeuble face au lac Léman, à Montreux. Un fait divers incompréhensible qui interpelle en particulier l'autrice qui va tenter d'en savoir plus. En remontant, la généalogie familiale, on se retrouve en 1962 en Algérie où l'écrivain Mouloud Feraoun, grand-père des deux soeurs jumelles défenestrées est assassiné par l'OAS. On tarde à percevoir ce qui pourrait lier les deux événements et l'historique algérien est touffus. Ce n'est qu'avec les explications fournies par l'interview d'un psychiatre que la notion de « paranoïa intergénérationnelle » vient apporter une hypothèse possible à ce suicide collectif. L'enquête journalistique secoue un peu le tapis d'une mémoire défaillante et conforte une similitude d'état d'esprit et d'angoisse autorisant l'improbable à survenir.
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Avant tout un petit clin d'oeil aux éditions du Sous-sol, soucieuse de nous transmettre des histoires vraies, inconnues, inclassables, bref des faits-divers.
Et ici les faits sont :
un suicide collectif, le 24 mars 2022, dans la ville de Montreux en Suisse, cinq personnes se jettent dans le vide, sans cri ni écrit, du septième étage d'une tour d'immeubles, une mère, sa jumelle, son mari et ses deux enfants, sa petite fille de 8 ans et son fils de 15 ans, seul survivant.
La journaliste Ariane Chemin enquête, par professionnalisme elle relate les faits incompréhensibles, étranges et se questionne sur l'histoire de cette famille, des gens discrets, plutôt avenants qui vivent en cocon et qui se protègent de l'ambiance extérieure, même leurs deux enfants sont scolarisés à la maison. La Suisse leur offre une sorte d'anonymat .
Le covid et la guerre en Ukraine renforcent leur isolement.
Alors la journaliste, dans ce silence d'enquête policière sans réponses décide d'investiguer dans le passé, elle essaye de combler les vides, les questionnements sans fin.
Et dans ce puzzle de recherches, elle fait une marche-arrière, elle interroge le passé de cette famille de suicidés, son ambition est intrigante mais elle trouve une source.
Le grand-père des jumelles est Mouloud Feraoun, né en 1913 en Kabylie, instituteur investi, écrivain algérien reconnu, il a écrit une trilogie autobiographique, un témoignage de vérités et d'émotions. Né en Algérie française, proche du FLN et de la décolonisation, il ne fait pas de politique, il connaît le sujet sensible et veut protéger sa famille dans le contexte d'une guerre prévisible.
Il sera fusillé par l'OAS à Alger le 15 mars 1962 comme six inspecteurs de l'éducation algérienne, une exécution qui fera 20 orphelins.
Alors nous y voilà, la guerre d'Algérie, un contexte sordide, effacé par la France, pays colonisateur.
Une tragédie humaine, une cicatrice qui suint encore et un silence abyssal.
Les archives de cette guerre ne seront disponibles qu'en 2021 et il faudra attendre mars 2022 pour un hommage du président de la république française, bien tardif.
Des dates qui se superposent mars 1962 et mars 2022.
Des fils, des parallèles tissés par l'auteur, c'est son métier.
Un psychiatre interrogé, sans rien affirmer, informe notre enquêtrice d'une possible transmission intergénérationnelle de traumatisme familial.
Ce que l'on sait, une tragédie peut perdurer, rien ne s'efface et rien n'est simple.
Passionnant, troublant et percutant.







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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
07 décembre 2023
Ariane Chemin ("Le Monde") se penche sur un fait divers hors normes : le suicide collectif de Montreux.
La journaliste française retrace cette histoire avec brio et sensibilité dans "Ne réveille pas les enfants".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
" Un nom peut être lourd à porter,
continue-t-il***.
Dans la culture kabyle, chacun est "le fils " ou " la fille de".Le poids du patronyme est très important. Celui de Feraoun, on imagine à quel point..."Il était celui d'une cible sur la liste macabre des tueurs de l' OAS." Il me semble en plus que les années passant, les circonstances de la mort de ce grand-père ont été figées dans le temps.Cet assassinat a pu revêtir une force plus grande au fil des ans, devenir un symbole sur lequel la descendance de l'écrivain a dû se construire."

***professeur Amine Benyamina , psychiatre à l'hôpital Paul Brousse de Villejuif
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Avant de me rendre à l'hôpital Paul- Brousse, j'ai lu quantité d'articles de revues scientifiques sur ce trouble psychiatrique si particulier qu'est la paranoïa, faite de
" méfiance excessive et irrationnelle envers les autres" et d'" idées délirantes de persécution ou de complot"(...)

J'ai besoin de savoir comment cette maladie peut puiser loin, très loin, dans une généalogie.
- (...)Mouloud Feraoun a vécu la peur de manière réelle, objective.Mais cette angoisse a pu faire écho chez les générations suivantes.Il a probablement creusé malgré lui le lit d'une décompensation pour une partie de sa descendance. Les petites-filles de Mouloud Feraoun ont pu construire une paranoïa a posteriori.

J'interromps son exposé.
- Vous voulez dire que le danger au milieu duquel Moloud Feraoun a vécu, ces menaces de sang et de mort dans lesquels il évoluait ont pu irriguer et créer , deux générations plus tard, un état traumatique ? Emmèner certains membres de sa descendance vers une sorte de paranoïa par procuration ?


( p.162)
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En 1932, il a 19 ans, Feraoun intègre l' École d'instituteurs de Bouzareah, dans la banlieue d'Alger, où la section " indigènes" a été supprimée deux ans plus tôt. Il y croise un garçon qui devient son frère de coeur, plus tard son éditeur et l'ami de toute une vie: le romancier Emmanuel Roblès.Ce sont encore des jeunes hommes et leurs oeuvres sont devant eux.Ensemble, ils rient, d'un
" humour sans épines ",selon la belle formule de Roblès, s'écrivent et se rendent visite lorsqu'en 1935 le jeune " maître " Feraoun quitte la capitale et retourne enseigner dans ses montagnes.Il épouse une fille de Tizi Hibel, sa chère et jeune cousine Dahbia aux yeux bleus, à qui il apprend lui-même à lire et écrire.

( p.54)
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- J'ai besoin de savoir comment cette maladie(**paranoïa et délire de persécution) peut puiser loin, très loin, dans une généalogie ?

-(...)Moloud Feraoun a vécu la peur de manière réelle, objective.Mais cette angoisse a pu faire écho chez les générations suivantes.Il probablement creusé malgré lui le lit d'une décompensation pour une partie de sa descendance. Les petites-filles de Mouloud Feraoun ont pu construire une paranoïa a posteriori.
J'interromps son exposé.
- Vous voulez dire que le danger au milieu duquel Mouloud Feraoun a vécu, ces menaces de sang et de mort dans lesquels il évoluait ont pu irriguer et créer, deux générations plus tard, un état traumatique ? Emmener certains membres de sa descendance vers une sorte de paranoïa par procuration ?

( p.162)
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Mais à quoi bon la littérature quand la guerre prend toute la place ? La mort annule la fonction, l'engloutit. Seule reste la transcription d'un réel qui s'obscurcit.
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