Sur l'île Bourbon, qui deviendra quelques années plus tard l'île de la Réunion, Ferréol Bellier Beaumont est responsable de la plantation familiale de canne à sucre à Sainte Suzanne pas loin de la capitale. Il régnait sur quelques dizaines d'esclaves. N'ayant jamais voulu se marier, se sentant seul, il décide de s'occuper d'un jeune esclave dont la mère vient de mourir. Il le nomme Edmond.
Féru de botanique,Ferréol partage avec Edmond sa passion. Il lui enseigne la classification des plantes, lui fait mémoriser leur nom grec, lui montre la manière de les féconder. Si bien qu'à l'âge de douze ans, Edmond fait une découverte extraordinaire, comment féconder cette fleur de la famille des orchidées: la vanille.
"C'est un petit garçon qui avait tout découvert. Il avait du génie...
Edmond Albius. Mais il était noir, esclave et enfant, aussi on lui a volé sa découverte, on lui a dénié son génie et on l'a spolié de ses bénéfices".
Ecriture pleine de poésie, qui donne envie d'apprendre le grec quand elle parle de la classification des plantes. Et je n'ai pas résisté à me faire un chocolat, à la vanille et au miel comme (?) celui offert à Cortez par Moctezuma qu'elle évoque.
Je n'ai pas pu m'empêcher de dévorer ce livre et je l'ai trouvé délicieux.
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Comme l'auteure le dit elle-même à propos de "La vraie couleur de la vanille" : " La trame historique se tissait patiemment. Mais c'était un roman que je voulais écrire. Le plus authentique, le plus plausible, mais aussi le plus romanesque possible. Écrire un roman, c'est accumuler des pierres et des poutres éparses de réalité. Tâcher de les assembler avec un ciment d'imagination, d'intuitions. Et aérer le tout par des questions qui sont des ouvertures, des portes battantes, des vasistas." Pari réussi avec ce livre où Sophie Chérer mêle avec brio réalité et romance tout en jouant avec nos émotions.
Sur l'Ile Bourbon, en cette première moitié de 19ième siècle, Ferréol Bellier Beaumont, riche planteur de canne à sucre va défier ses compatriotes. Pour tromper sa solitude, il décide de prendre sous son aile le nouveau-né d'une de ses esclaves morte en couches. Au fil des années, ce passionné de botanique va transmettre à celui qu'il a appelé Edmond ses connaissances de la flore, sans pour autant lui apprendre à lire, ni l'affranchir. Un jour, par hasard, le jeune garçon découvre le secret de la vanille, secret qui pourrait apporter la richesse à l'île. Mais les notables et les planteurs blancs ne sont pas prêts à accepter que ce qu'ils cherchent depuis longtemps ait pu être trouvé par un esclave.
Inutile de vous dire que j'ai pris beaucoup de plaisir à retrouver à travers cette lecture, ce petit bout de caillou qui allait devenir La Réunion, île que j'ai eu le bonheur de parcourir il y a quelques années. Son histoire passée a fait d'elle ce qu'elle est actuellement : une terre de mixité culturelle, originelle, religieuse.
Sophie Chérer déploie son talent en jouant sur deux tableaux : d'une part la violence en étalant sous nos yeux le quotidien des esclaves et d'autre part la poésie à travers ses nombreuses descriptions de la flore locale.
Elle joue aussi sur l'ambivalence du maître des lieux. Par ses idées sur l'esclavage, il semble en avance sur son temps par rapport à ses compatriotes. Pourtant, il n'est pas prêt à les mettre en pratique, notamment vis à vis d'Edmond. Une mention particulière pour le chapitre qui porte sur l'importance de l'identité chez l'être humain. Identité que l'on refuse à l'esclave qui n'a pas de nom et souvent un prénom ridicule donné par le propriétaire.
Classé dans la catégorie jeunesse, mon seul regret est que ce roman ne soit pas plus long. Il est temps de rendre à Edmond ce qui lui appartient : si la fleur est blanche, le fruit de la vanille, lui, est bien noir. Un magnifique hommage à ce petit garçon qui mérite un 20/20.
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Lecture très agréable (à la plage) de cette biographie romancée bien écrite, bien documentée où l'imagination de l'auteur ne va que dans le bon sens: nous faire saisir que le jeune Edmond Albius, inventeur de la technique de fécondation de la fleur de vanille était bien né au bon moment, au bon endroit et à la bonne époque. Mais, qu'il n'avait pas la bonne couleur de peau.
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C'est un roman qu'on lit tranquillement et qui nous fait découvrir bien des choses sur la botanique, sur les conditions de vie des esclaves, l'abolition de l'esclavage ou encore l'attribution de noms de famille à ces nouveaux hommes libres. On est pris d'affection pour le petit Edmond et sur la façon dont étaient traités les esclaves noirs.
J'ai bien aimé ce livre dans l’ensemble même si je me suis lassé vers la fin, trop rapide.
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Edmond, jeune esclave noir de l'île de la Réunion, est élevé par son maître blanc qui lui transmet l'art de la botanique. Jeune prodige, il découvre le secret de la culture de la vanille qui amène prospérité à l'île. Mais jalousé par tous il est renvoyé à sa condition d'esclave.
A travers le destin du jeune Edmond nous découvrons la société esclavagiste de l'île de la Réunion au début du 19e siècle avec ces gros planteurs de canne à sucre dont la culture a défiguré l'île mais aussi les circonstances de l'abolition de l'esclavage, le tout parfumé de vanille et de pages magnifiques sur la botanique.
Pour tous dès la 5e
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J'ai lu dans une interview que Sophie Cherrer avait porté ce roman en elle pendant 15 ans avant de l'écrire, et bien cette maturation lui a permis de donner naissance à un très beau roman. J'ai été sensible à l'écriture même si j'imagine qu'elle pourra présenter quelques difficultés pour des jeunes lecteurs, cela fait partie des textes que l'on a envie de leur donner à lire pour les confronter à de beaux textes littéraires. La langue est surtout au service d'une formidable histoire, celle d'Edmond Albius, jeune esclave sur l'île Bourbon (l'actuelle Réunion), qui au début du XIXe siècle découvre le secret de la polinisation de la fleur de vanille. Spolié de sa découverte par les blancs, lui dont le geste permis l'enrichissement de l'île qui va devenir le premier producteur de vanille, tombe dans l'oubli. le roman lui offre cette reconnaissance. Si le personnage a bien existé et qu'il est avéré qu'il est "l'inventeur" de la polinisation artificielle de la vanille, il restait à lui réinventer son histoire. C'est en racontant la vie d'Edmond et celle de son maître, Ferréol que S. Cherrer parvient à donner chair à son personnage principal. Tout débute pour lui en effet avec sa rencontre avec Ferréol, un propriétaire terrien pas comme les autres dans cette île ou en 1793, il est normal de posséder des esclaves pour exploiter la canne à sucre. Mais le maître d'Edmond est d'abord botaniste, féru de lectures des textes des grands philosophes grecs et mal à l'aise avec l'exploitation de l'homme par l'homme. Il est surtout veuf et ce bébé qui vient de naître orphelin, il décide de le prendre sous son aile. Il lui apprend sa science de la botanique sans jamais lui donner par contre accès à la lecture. Edmond est intelligent, il absorbe tout, les noms latins et grecs des plantes comme les gestes de bouturage ou de greffe. Mais cela n'était pas suffisant pour expliquer pourquoi un jeune esclave avait réussi là où les plus éminents botanistes avaient échoués. Sophie Cherrer imagine alors que Edmond a vécu un événement fondateur qui conditionne son geste créateur.
J'ai adoré ce roman, l'auteur a su rendre au mieux les émotions du personnage principal et accorder l'écriture au sujet du roman. Nombre de comparaisons entre les plantes et les hommes sont parfaitement utilisées pour signifier en toute subtilité ce que vit Edmond, même le plus traumatisant. On comprend tout de la violence de la condition d'esclave ou des tourments des personnages grâce à cette belle langue. On ne peut plus prendre entre ses doigts une gousse de vanille sans penser à Edmond Albius après avoir lu ce livre, le noir de ces graines est la plus belle des couleurs grâce à Sophie Cherrer.
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J'ai été un peu déçu par ce livre. Je m'explique : ce qui m'a attiré c'était le résumé qu'il y avait au dos du livre. Dans ce résumé, il y avait du mystère et on restait sur notre faim, on voulait lire la suite! Or, il se trouve que livre ne raconte absolument pas ce qu'il y avait dans le résumé : il n'y a aucun mystère et aucun suspens. Sinon, l'histoire est plus ou moins prenante mais elle est parsemée de passages inintéressants remplis de mots compliqués et de vocabulaire biologique racontant la vie des plantes.
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