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sur 2767 notes
Attention, ce livre n'est pas, comme je l'ai cru niaisement, un livre sur les sorcières à proprement parler. Non, il s'agit d'une étude fort intéressante sur les sorcières modernes, qui sont chassées, bousculées, mises à mal, réduites à néant, encombrantes et j'en passe.
Et oui, de nos jours, il ne fait pas bon vivre d'être une femme, et qui plus est, une femme avec du talent et intelligente.
Dans cet essai sociologique, Mona Chollet, s'exprime très bien sur le sujet, son sujet. L'écriture est fluide et passionnante, pas difficile pour un sou.
La sorcière d'antan ne se trouve pas bloquée au Moyen-Âge, que nenni ; elle ne fut pas persécutée uniquement par les catholiques, les protestants s'y sont mis également avec une joie toute enfantine. de même, on a souvent comparé la sorcière avec le juif, en en faisant une figure d'un antisémitisme forcené. Enfin, le démonologue est très souvent, pour ne pas dire toujours, un homme.
Quatre parties dans ce livre ; tout d'abord la femme qui a des velléités d'indépendance, les célibataires et les veuves principalement. Elles seront exclues de certaines professions et menacées, intimidées et en proie au chantage. Point de salut pour les femmes indépendantes.
Dans la seconde partie, elle nous parle des femmes qui ne veulent pas d'enfants, qui font le choix de la stérilité. Attention ! Menace ! Ces femmes-là sont assurément des sorcières car elles n'aiment pas les enfants.
La troisième partie nous montre toute la haine et le dégoût qu'inspirent les vieilles femmes, les ménopausées, enfin toutes celles qui sont sur le déclin, ou devrais-je plutôt dire incapable de procréer et que les hommes quittent pour une plus jeune.
Enfin, il sera question de la médecine face aux femmes, de l'appropriation du corps de celles-ci par les médecins, et la misogynie des docteurs face aux infirmières, aux sage-femmes etc. La partie sur l'accouchement est un petit bijou.
Bref, vous l'aurez compris, tout cela est passionnant, et Mona Chollet régle ses comptes à toutes ces persécutions qui, encore de nos jours, en 2018, fragilisent la femme, les femmes mais également les petites filles, femmes en devenir.
Ce qui ressort de ce livre ? Les hommes ont une peur bleue de ces femmes libres, faisant fi d'un désir d'enfant ou d'un compagnon. Et de cette peur découlent toutes les injustices faites à ces femmes, ces "sorcières" des temps modernes.
En refermant ce livre, je me suis interrogée : mais quand donc finira cette effrayante "chasse aux sorcières" qui nous fait reculer plutôt qu'avancer ?
Mystère.
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Au moment d'écrire ce billet et d'exprimer mon ressenti de lecture, je me rends compte que cela ne va pas être aisé. "Sorcières" est un essai qui parle des femmes et s'adresse d'abord aux femmes, l'essentiel de ce qui est abordé dans ce livre sera donc impossible à appréhender en tant qu'homme, si ce n'est par le biais de l'empathie. Rarement je ne me serai autant senti un intrus comme ici, même si c'est par procuration.
Le propos et les arguments de Mona Chollet sonnent haut et fort.
Il est facile de comprendre le sentiment de révolte qui prévaudra en fin de lecture si l'on est une femme, au mieux, il y aura entendement et empathie pour les hommes, car au-delà des faits et des développements, il y a une évidence limpide : ce qui est une réalité pour les unes reste assez abstrait pour les uns.
Je vais commencer par louer la plume de l'auteur et la parfaite structuration de l'ouvrage, car s'agissant d'un essai ou d'une enquête, il n'est pas évident de maintenir l'intérêt constamment comme c'est le cas ici, bravo.
Il s'agit d'un sujet clivant, incontestablement, dès le départ on désigne une victime et un coupable.
Ouvrage protéiforme par excellence, cet essai va nous amener progressivement à prendre conscience d'une réalité incontestable, en commençant par L Histoire bien sûr, j'ai apprécié que l'auteur ne se limite pas à des statistiques ou à des faits ressassés. Connaissiez vous le "Marteau des sorcières" ? Moi pas, ou comment un ouvrage décrivant ce qu'est une sorcière a pu servir de référence à des générations de magistrats jusqu'à devenir une règle dans l'inconscient collectif des européens du moyen-âge. La somme de ce qui a pu en rester de nos jours en termes de convictions et d'expressions est édifiante.
S'ensuivront des contes, des écrits religieux, des films, le tout parachevant le travail de sape dans l'inconscient collectif, y compris et surtout dans celui des femmes.
Il sera question bien sûr du désir d'enfanter et de la maternité, ainsi que de stérilité. J'ai été fasciné par le travail de recherche et la démonstration de l'existence d'un carcan implacable, véritable machine à broyer les femmes, enfin surtout celles qui sont réfractaires à la norme attendue. le développement proposé est parfait de sensibilité et de justesse quand l'auteur aborde la psychologie autour de ces thématiques avec des témoignages choisis, la dissimulation du mal être est fréquent, entre culpabilité et révolte, le curseur comportemental est très large.
Il sera aussi question de l'image et de la place de la femme dans la société, le critère retenu étant souvent son âge, une injustice de plus si l'on considère le "deux poids, deux mesures" avec le traitement réservé à l'homme. Là encore, la somme de témoignages est éloquente et pertinente, mais surtout l'analyse se révèle extrêmement instructive.
Ce billet commence à être assez copieux, c'est un livre qui demanderait à être débattu tant il est foisonnant et générateur d'idées, je vais donc conclure en louant la justesse de ton de l'auteur, pas tendre non, mais pas inutilement agressive non plus (Rassurez-vous Mona Chollet, vous n'êtes pas une harpie).
Je vais louer également une certaine objectivité, elle n'hésite pas à se moquer de certains mouvements féministes (extrémistes) en soulignant leurs contradictions et autres excès.
Plus que les hommes, la véritable cible est la société patriarcale et sa perversité, j'ai apprécié la justesse et la pertinence de ses analyses, j'ai été impressionné par la somme de recherches et surtout par ce talent à présenter un tout cohérent qu'il est si facile d'entendre.
Je note quand même que l'auteur se limite exclusivement (et sagement) à une critique du patriarcat américano européen et chrétien, qui n'est pas le pire refuge de nos sorcières actuelles.
Il y a bien sûr mes regrets de ne pas évoquer ici les questionnements et autres idées qui me sont venues à l'esprit au cours de cette lecture, et notamment le caractère insoluble autour d'une certaine thématique.
Voilà, il me reste à dire que j'ai adoré cette lecture, et surtout à remercier Doriane (la sorcière), son billet enflammé m'a littéralement impressionné.
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Je ne traiterai jamais plus personne de sorcière. Non pas que cela m'arrivait souvent. Mais je n'avais jamais pris conscience de ce que la sorcière n'était au fond qu'une invention des hommes afin de conserver leur pouvoir. Mona Chollet met au jour certaines peurs masculines, enfouies depuis des siècles derrière la haine des femmes libres. Les hommes continueront peut-être à avoir peur, mais espérons que cela ne se produise plus jamais au détriment des femmes.
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Après Beauté fatale où elle dénonçait l'injonction faite aux femmes d'être jolies et de se taire (pour résumer grossièrement ce brillant ouvrage), Mona Chollet décortique les atteintes faites aux femmes fortes, que ce soit par les hommes ou par les religions (majoritairement menées par les hommes). « Mais qui étaient au juste celles qui, dans l'Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femmes ces siècles de terreur ont-ils censurés, diminués, réprimés ? » (p. 3 & 4) Pour l'autrice, il s'agit de la femme indépendante, de la femme sans enfant et de la femme âgée. Comme dans son précédent essai consacré aux femmes, Mona Chollet cite de nombreuses penseuses féministes, mais illustre également sa démonstration de références populaires ô combien parlantes ! Les séries Charmed, Ma sorcière bien-aimée ou Buffy contre les vampires, les romans Moi, Tituba sorcière ou La servante écarlate ou encore le film Les sorcières d'Eastwick proposent des représentations différentes de la sorcière et il est passionnant de les croiser, de les comparer et de les opposer.

La sorcière, la vraie, celle qui terrifie le patriarcat – religieux ou non –, c'est la femme qui ne se marie pas, et/ou qui n'a pas d'enfant, et/ou qui a un emploi ou une activité en dehors du foyer, et/ou qui est financièrement ou socialement autonome. Bref, un être à l'égal de l'homme, et ça, mon brave Monsieur, évidemment qu'on ne peut pas laisser faire ! Je passe sur les siècles de violences patriarcales, paternelles, matrimoniales, gynécologiques, obstétriques et institutionnelles : au mieux, vous en avez entendu parler ; au pire, vous les avez subies. Alors, libérer la parole est plus que jamais nécessaire, comme c'est le cas actuellement avec #MeToo. Parce que cette libération, c'est permettre à la vérité d'exploser, mais aussi – pourquoi pas – aux incantations de résonner. Tremblez, oppresseurs de tout poil, la sorcière n'a peut-être plus de balai volant ou de chaudron bouillonnant, mais elle a toujours de grands pouvoirs !
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La sorcière est pour beaucoup d'entre nous la méchante des contes de fée, vieille et moche elle symbolise le mal face à la jeune, belle et innocente jeune fille. Pourtant depuis toute petite j'ai toujours eu un faible pour les sorcières qui souvent ont bien plus de personnalité que les héroïnes au coeur tendre qui attendent passivement le prince charmant. Et si comme à l'instar du Loup dans nos contes pour enfants la sorcière était un personnage injustement mal aimé ?

Mona CHOLET décide d'éclairer nos lanternes et de rendre aux Sorcières ce qui est aux Sorcières. Les Sorcières ce sont d'abord et avant tout des femmes qui à l'époque de la Renaissance ont été victimes d'une chasse visant à les exterminer. En d'autres mots un génocide, un pogrom, une extermination de masse. Bref dans l'histoire le fait peut paraître anecdotique mais il n'en est rien, bien au contraire. Cette extermination ne visait pas toutes les femmes ce qui évidemment aurait été suicidaire pour la race humaine. La chasse aux sorcières est beaucoup plus sordide que ce que nous pouvons imaginer. Qui est visé, qui sont les sorcières d'alors ?

Tout a commencé par le démantèlement de l'ordre des Béguines qui permettaient aux femmes seules (souvent veuves) de vivre libres, en communauté sans qu'un homme ne les dirige et sans qu'elles n'aient décidé d'être nonnes. Cette indépendance et cette absence de soumission au patriarcat, que ce soit à un mari ou à dieu, dérangeait beaucoup ces messieurs. Démanteler les Béguines fut donc les prémices de la chasse aux Sorcières. La chasse de ces femmes qui défient les conventions sociales de l'époque en étant indépendantes, célibataires, autonomes, voire tout ça à la fois. Elles exerçaient souvent la médecine, faisant office de sages-femmes mais aussi via une connaissance des plantes et des remèdes pointue et transmise de mère en fille pour soulager les maux. le pire est que beaucoup reconnaissaient leur talent et avaient recours à leur aide. Pourtant cela ne les a pas sauvées. Au contraire. Pas assez dociles, de telles femmes ne peuvent être que sous la coupe du diable (ben oui il faut bien un homme quelque part). Toute femme qui n'est pas soumise à la domination patriarcale est un danger potentiel. le premier chef d'accusation de ces femmes accusées de sorcellerie était d'ailleurs dans la majorité des cas l'arrogance.

En d'autres termes ces femmes ont été jugées et condamnées au bûcher car elles étaient indépendantes et qu'elles avaient du caractère. Indomptables malgré l'ingénuité de l'époque dont ces messieurs faisaient preuve pour les briser. Je vous suggère d'aller voir sur internet ce qu'est une bride de mégère, cela en dit long… La haine des Sorcières alla même jusqu'à condamner des générations de félins, le chat étant le plus fidèle compagnon de la sorcière dans l'imagination commune de l'époque. Quelle hérésie, en l'absence de chats les rats proliférèrent et la peste s'installa. Mais bon on avait sauvé les âmes de ces diablesses de Sorcières et de leurs chats, suppôts de Satan. Ouf on l'a échappé bel !

Une fois exterminées les sois disant Sorcières, la voie était libre pour ces messieurs qui se sont réservés l'exercice de la médecine, pillant sans vergogne les connaissances des Sorcières dont les connaissances étaient basées sur l'expérience et la pratique. Si certains remèdes ne sont pas des plus efficaces il faut quand même rappeler que la plupart des substances utilisées en obstétriques sont des dérivés des plantes utilisées par les Sorcières. Beaucoup des remèdes étaient pour l'époque pertinents et surtout accessibles aux pauvres. Les médecins qui ont alors pris la place des sages-femmes ont déclenché une épidémie de fièvre et un nombre important de femmes sont mortes en couches. Pourquoi ? Tout simplement car ces messieurs qui accusèrent les sages-femmes d'être sales, passaient de la dissection d'un corps à un accouchement sans s'être lavés les mains. Nous avons bien progressé depuis ? Certes mais encore aujourd'hui une femme qui se plaint de douleurs dans la cage thoracique est traitée à cous d'anxiolytiques alors qu'un homme est redirigé vers un cardiologue. Et puis il suffit de voir la prise en charge des femmes atteintes d'endométriose, l'utilisation de la pilule à la liste d‘effets secondaires potentiels impressionnant (personne ne voudrait tenter de la réduire… ?) sans oublier l'époque pas si lointaine des ablations d'ovaires et de clitoris censés résoudre des problèmes qui en fait n'en étaient pas (trop forte libido, tendance à la masturbation… ça c'est de la maladie super grave !).

Cette chasse aux Sorcières, aujourd'hui encore se poursuit, les femmes sont encore bien trop souvent jugées sur leur physique et subissent de plein fouet l'injonction à demeurer jeune, du moins en apparence, le plus longtemps possible.
Messieurs vos rides et vos cheveux blancs vous donnent charme et charisme mais mesdames non ! La moindre des chose serait de vous rendre présentable, allons !
Les cheveux blancs font « négligés », la ménopause est tabou son arrivée sonnant comme une date de péremption, le non désir d'enfants est plus mal perçu chez une femme que chez un homme, de même que sa volonté de faire carrière.
Bref Mona CHOLET balaie tous ces plafonds et ces injustices qui fondent les inégalités entre les 2 sexes encore aujourd'hui car nous sommes encore pétris du modèle de l'autorité patriarcale.

Mais les plus grandes victimes ce sont les femmes qui ont passé la cinquantaine. Prendre de l'âge, arborer des chevaux blancs, ne plus être féconde, ne plus pouvoir enfanter donc ne plus avoir d'utilité pour la société. Plus les femmes vieillissent, plus elles sont renvoyées au stéréotype de la Sorcière. Vous avez déjà vu un vieux monsieur être qualifié de Sorcier vous ? Non. Tandis qu'une femme surtout si elle est un peu revêche…

Un chapitre de ce livre revêt une importance particulière dans le développement de Mona CHOLLET, c'est celui qui nous parle de la pression sociale qui pèse sur les femmes en matière de maternité. Il y a une injonction sociale à être mère qui n'existe pas pour les hommes que l'on incite toujours à l'autonomie et l'indépendance. Dans l'image d'Épinal la femme veut se marier et avoir des enfants et c'est le bonheur suprême, l'homme lui se fait passer la corde au cou et assume les frais liés aux enfants. Son objectif c'est sa carrière.
Je conçois très bien les développements de l'auteur sur ces mères qui se sentent emprisonnées dans la maternité parce qu'elles ont cédé par convention sociale. Je regrette par contre qu'il ne soit pas question de femmes qui n'ont renoncé ni à avoir des enfants ni à avoir une carrière. Pourtant cela existe et toutes les femmes n'ont pas un partenaire qui s'investit moins qu'elles dans l'éducation des enfants.

Alors j'avoue, au vue de tout ce qui est décrit dans ce livre je suis sans conteste une Sorcière parce que je revendique mon indépendance, le droit à mener ma vie, mes relations, ma carrière … comme je l'entends. Et comme les chiens ne font pas des chats une belle lignée de Sorcières est prête à prendre la relève. Mais n'oublions pas qu'il existe quelques Sorciers aussi et qu'ils sont de plus en plus nombreux à se dresser aux côtés des Sorcières.
Un livre intéressant et même s'il est parfois un peu manichéen il est souvent révélateur de ces discriminations tellement ancrées qu'elles en viennent à passer inaperçues. Les relever ne peut être que bénéfique !
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Femmes = Sorcières ! Mona Chollet associe les deux et il est clair qu'au fil des siècles, la sorcière avait souvent un visage féminin, qui plus est vieille, laide, sale etc….. Elle est parée de tous les vices, est ramenée souvent au ras du sol, on lui attribue souvent un manque d'intelligence et traitée comme telle et si c'était tout le contraire : si justement c'était parce qu'elle détenait certaines connaissances, qu'elle parlait vrai, qu'elle faisait peur qu'on lui faisait porter tous les malheurs de la société….

Il faut souvent être femme pour comprendre ces maux mots, ces attitudes dans la vie de tous les jours et pas seulement dans notre entourage mais aussi à tout niveau où, normalement, on pourrait penser que la femme est aussi bien considérer que l'homme, ni supérieure, ni inférieure….. Juste à l'égal de l'homme. Mais vous comme moi nous écoutons les statistiques….. C'est loin d'être gagné.

Grâce à cet essai, Mona Chollet, relève, et parfois de façon très petinente, ironique et très documentée, ces petits affronts qui jalonnent nos vies. Après une longue introduction dans laquelle elle revient sur l'histoire des Sorcières jusqu'aux mouvements féministes actuels avec ses figures de proue, le récit se divise en quatre parties.

Parler des choix de vie, du non-désir de maternité (j'ai trouvé très courageux et lucide le fait d'aborder ce thème),, de la vision des femmes vieillissantes matures et enfin de la relation femme et médecine, Mona Chollet aborde tous ces sujets et à un moment ou à un autre on se retrouve dans ses mots, dans les situations, dans certaines blessures. Je n'aurai pas pensé faire le parallèle entre sorcières et femmes mais finalement quand on analyse son argumentaire le rapprochement est évident.

J'ai lu cet essai presque comme un roman tellement il est finalement le récit de situations que vivent des millions de femmes, en silence parfois souvent, c'est un essai-roman sur les femmes qui assument leurs vies, des femmes fortes….. des Sorcières, qui ne veulent pas plier, qui n'acceptent pas de se taire, des justiciaires dont le combat est sans fin pour être ce qu'elles sont, qui elles sont et qu'on les accepte comme telles.

J'ai aimé qu'elle ne fasse que revendiquer l'égalité entre hommes et femmes, sans chercher la querelle, mais mettre en évidence des faits, constations sur la différence de traitement si l'on est homme ou femme (et particulièrement sur l'homme et la femme avançant en âge).

J'y ai fait des découvertes en particulier sur les mouvements américains comme WITCH et sur les femmes qui ont marqué les mouvements féministes: Gloria Steinem, Susan Sontag etc…. Je ne connaissais pas les prises de position très justes de Martin Winckler par exemple. J'ai retrouvé des situations vécues par moi ou des proches dans lesquelles je n'avais pas compris qu'il s'agissait d'une différence de traitement (comme quoi on apprend à tout âge) entre les sexes en particulier dans le domaine médical.

C'est une lecture dans laquelle je me suis retrouvée, reconnue, qui m'a fait du bien mais qui me dit également que le combat n'est pas fini, mais sera-t-il fini un jour ? Les femmes ne sont pas des sorcières, elles sont femmes.

Mona Chollet parle principalement de la force des femmes, de certaines femmes, mais toutes ne sont pas de cette trempe. J'aurai aimé qu'elle évoque également les femmes qui subissent, qui souffrent oui mais celles-là ne sont pas des Sorcières elles ne sont que les victimes…… C'est un essai qui fait du bien car il permet également de se rendre compte que nous ne sommes pas seules, uniques, que d'autres pensent et vivent les mêmes situations, qu'elles ne sont pas responsables, mais victimes.

C'est un essai que tout le monde devrait lire : hommes, femmes et aussi adolescentes pour ne pas tomber dans certains stéréotypes, pour ne pas laisser la porte ouverte à certaines attitudes, pour apprendre à dire Non ou Stop.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Les sorcières, ce sont nous toutes : toi, qui préfère faire carrière plutôt que de rester à la maison pour élever tes enfants, moi qui souhaitais travailler à temps plein et aussi pouvoir élever mes enfants sans reproches, jugements et avec des infrastructures (garde, école, etc) qui me le permettent, elle qui n'en veut pas des mioches et veut vivre "comme un homme" et qu'on lui foute la paix !
- Vivre comme un homme ? tu veux dire quoi par là ?
- Travailler, gérer son argent, son emploi du temps, sa vie sans charge mentale autre que la sienne...
- Ah ! En un mot, "vivre", quoi ?! pourquoi tu rajoutes "comme un homme" ?
- Cherche et tu vas trouver !

Car, nous verrons avec Mona Chollet, que ce qui est une évidence pour la gente masculine est loin d'être aussi facile pour nous, les femmes. Non, elle n'exagère pas, elle dit tout simplement ce qui est, au fil des époques, des âges aussi (pas simple de vieillir pour une femme et bien plus difficile socialement, culturellement parlant que pour un homme)...

Au fur et à mesure de la lecture, elle nous fait nous interroger sur des choses que nous avons tendance à penser "de fait" ou "de droit", alors qu'il n'en est souvent rien. Certains retours sur L Histoire font froid dans le dos. On voudrait ne pas y croire tant c'est inconcevable. Mais les faits sont là...

Beaucoup crie au loup, à la supercherie, au féminisme exacerbée et ont tendance à ridiculiser et/ou montrer du doigt toute personne (homme ou femme) qui refuse ces clivages. le ridicule ne tue pas. Mais il contraint souvent au silence... Alors, que nous en soyons convaincus ou non, lisons Sorcières, et que chacun se fasse son opinion en son âme et conscience...

"Aller débusquer, dans les strates d'images et de discours, ce que nous prenons pour des vérités immuables, mettre en évidence le caractère arbitraire et contingent des représentations qui nous permettent d'exister pleinement et nous enveloppent d'approbation : voilà une forme de sorcellerie à laquelle je serais heureuse de m'exercer jusqu'à la fin de mes jours."
Lien : http://page39.eklablog.com/s..
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Sorcières fut le dernier ouvrage des lectures cursives que j'ai découvert. (ma lecture date de début mai) Et j'affirme sans hésitation que ce fut une excellente découverte !
J'avais déjà entendu parler brièvement de cette oeuvre, mais c'est tout, je n'avais pas réellement cherché à m'y intéresser davantage. le fait que cet essai soit présent dans les lectures cursives de français me permit donc de le lire. Et quelle découverte !

Avec La cause des femmes de Gisèle Halimi, ces deux oeuvres furent mes préférées découvertes dans le parcours.
J'ai trouvé cette lecture extrêmement intéressante et aujourd'hui, je comprends mieux le succès que cet ouvrage a eu.
Alors oui, il y a certes eu des soirs où j'étais fatiguée, pas concentrée dans ce que je lisais, pas assez investie, et je trouvais cela compliqué à lire. (ce qui est vraiment faux, en réalité) J'ai eu du mal à rentrer dans le récit, au début, je l'avoue. Mais il y a eu d'autres soirs où je me concentrais un peu plus, et où je trouvais juste cela passionnant.

Cet essai est poignant, vraiment. C'est une claque, et il m'a fait me rendre compte de choses dont je n'avais même pas conscience. C'est incroyable.

Alors oui, c'est vrai, j'ai probablement un regard très différent, beaucoup moins mature, sur ce texte, que la plupart des personnes qui l'ont lu. L'ado de seize ans que je suis le reconnait haha. Néanmoins, je suis extrêmement heureuse d'avoir pu découvrir cette oeuvre !

C'est un texte très riche avec de nombreuses références, et tellement puissant !

J'ai beaucoup aimé cette lecture. Cet ouvrage mérite son succès et il mérite d'être lu. Sincèrement.
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Ai parcouru cet essai sur les femmes dans les Sociétés et celles cataloguées de "sorcières" en particulier.

"La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable".

* Bien sûr, il y a eu celle de Blanche Neige de Walt Disney, avec ses cheveux gris filasse sous sa capuche noire, son nez crochu orné d'une verrue, son rictus imbécile découvrant une dent unique plantée dans sa mâchoire inférieure, ses sourcils épais au-dessus des ses yeux fous qui accentuaient encore son expressions maléfique".

Mais, même les sorcières inquiétantes, celle de Hansel et Gretel ou celle de la Rue Mouffetard, ou la Babayaga des contes russes, tapis dans son isba juchée sur des pattes de poulet, m'ont toujours inspiré plus d'excitation que de répulsion.

En 2016, le Musée Saint-Jean de Bruges a consacré une exposition aux "Sorcières de Bruegel", le maître flamand ayant été le premier peintre à s'emparer de ce thème.

Les grandes chasses aux sorcières furent faites à la Renaissance et non au Moyen Age comme on a tendance à le croire.

Les exécutions des "sorcières" ont été faites dans une grande majorité à la suite de condamnations dans des cours civiles ; et non, lors de l'Inquisition qui n'était préoccupée principalement que des hérétiques.

Bouquin très intéressant où la femme est bien souvent malmenée si elle n'entre pas dans le moule de la Société.

"Mais il peut y avoir une immense volupté - la volupté de l'audace, de l'insolence, de l'affirmation vitale, du défi à l'autorité - à laisser notre pensée et notre imagination suivre les chemins sur lesquels nous entraînent les chuchotements des sorcières.
A tenter de préciser l'image d'un monde qui assurerait le bien-être de l'humanité par un accord avec la nature, et non en remportant sur elle une victoire à la Pyrrhus ; d'un monde où la libre exultation de nos corps et de nos esprits ne serait plus assimilée à un sabbat infernal."

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Non, non, ce livre ne parlera pas des filles qui ont étudié à l'école de magie de Poudlard. Parce qu'elles, ce sont de vraies sorcières

Non, plus terre à terre, Mona Cholet va nous parler de ces femmes accusées d'être des sorcières et qui n'en était pas.

Une vraie sorcière, telle que Minerva McGonagall, ne se serait jamais laissée brûler sur un bûcher ! Elle aurait changé tous ces juges laïcs en lombrics rampants. Na !

Le problème, c'est que les sociétés n'ont jamais aimé que des gens vivent différemment des autres, en marge de leurs règles. Et nous ne parlons pas des sociétés du Moyen-Âge, mais de celles de la Renaissance ! Comme quoi…

Quand des femmes, veuves ou célibataires, indépendantes, avec du savoir médical, avaient décidé de vivre sans être sous la coupe d'un père, d'un mari ou d'un fils, ça faisait grincer des dents et on finissait toujours par crier haro sur le baudet et à intenter des procès à ces pauvres femmes qui avaient voulu, ô les folles, vivre de manière indépendante !

À croire que nous foutons vraiment la trouille aux mecs lorsque nous refusons d'être des petites choses fragiles, des femmes à protéger, que nous parlons d'indépendance, de vivre sans compagnon, de faire des bébés toutes seules (♫) ou pire, quand on se rebelle ou qu'on se dresse devant le mec qui voulait nous agresser, sans peur dans nos yeux, mais avec la flamme qui dit "Viens, approche mon gars et tu vas voir ce que tu vas prendre dans ta gueule"…

Cette étude ne sera pas consacrée qu'aux chasses aux sorcières, aux femmes indépendantes, veuves, impertinentes… Mais l'autrice abordera aussi une bonne partie des problèmes rencontrés par les femmes dans le Monde et au fil du Temps.

Bizarrement, nous sommes souvent réduites à notre utérus et à notre condition de femme. Trump a attaqué Hillary sur sa condition de femme, se gaussant d'elle lorsqu'elle devait aller aux toilettes (Trump ne doit jamais pisser ou chier, lui !)…

Encore de nos jours, certains hommes ont souvent tendance à nous proposer, avec cynisme, de retourner à nos casseroles et à nos gosses. Et surtout, de nous occuper de notre mari ! Oui, la femme n'est bonne qu'au ménage, à s'occuper des autres (et de son mari) et à pondre.

Parce que la femme, pour être épanouie, doit faire des gosses ! Seule la maternité en fera une vraie femme et gare à elle si un jour elle ose dire à voix haute qu'elle regrette d'avoir eu des enfants, que ça lui a gâché sa vie. Tout le monde lui tombera sur le râble.

Idem avec les femmes qui veulent vivre seules, indépendantes, sans homme, sans enfants… Nous sommes en 2021 et c'est toujours mal vu. Il faut s'en justifier sans arrêt et tout le monde vous dira qu'un jour, vous le regretterez de ne pas vous être mariée ou d'avoir refusé d'avoir des enfants.

Moi, je suis pour être une tata, pas une maman. Je suis une super tata (je me jette des fleurs) et j'en ai ma claque aussi de devoir me justifier parce que n'ai rien voulu faire grandir dans mon utérus. M'envoyer en l'air, oui, prendre du plaisir, oui. Pour les gosses, je laisse ça aux autres. Ça en défrise toujours certaines ou certains…

Pour conclure (dans le foin), cette étude qui nous parle de la place des femmes dans la société, du féminisme, de nos droits obtenus de haute lutte (une dure lutte), du fait que certains ne veulent pas partager le pouvoir avec la moitié de l'humanité, que certaines femmes, elles-mêmes, préfèrent rester dans le rang, ne se lit pas d'une seule traite.

Les sujets sont vastes, denses et il vaut mieux être au calme pour en apprécier toutes les informations données. C'est 230 pages d'un condensé qui ne se boit pas d'un coup, tant on a envie aussi de grimper au mur devant toutes les injustices dont nous furent les victimes, nous les femmes. Et dont nous sommes toujours victimes !

Le plafond de verre est toujours sur nos têtes et nos droits, chèrement acquis, peuvent disparaître du jour au lendemain, sans que nous nous en rendions compte.

Gare à nous, les sorcières des temps modernes, qui refusons le maquillage, la teinture pour nos cheveux et qui, lorsque nous vieillissons, ne bénéficions pas de la sagesse que les mecs acquièrent, eux, avec les cheveux gris !

Putain, on s'est quand même bien fait baiser durant tout ce temps ! Parce que même sans être une petite chose fragile, même sans vivre avec un homme castrateur, même en possédant une grande liberté d'action, même en ayant fait mes propres choix, on s'en prendra tout de même plein la gueule du fait de notre sexe féminin.

Une étude sociologique à lire et à faire découvrir.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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