Gamin rêveur et sans le sou, pas facile pour Théophile de se confectionner une batterie pour assouvir sa passion du jazz. Par chance, il est un bricoleur né ! Alors quand les animaux de la forêt se mettent à enquiquiner le petit musicien, il n'hésite pas une seconde à se venger en musique : après tout, un hippopotame fait vite une grosse caisse, tout comme un boa prend facilement des allures de cymbale ! Il suffit de dompter ces importuns. Manquerait plus que tout ce petit monde se prenne au jeu et plaisir à jouer… (ce qui sauve la maltraitance initiale)
Auteur des très beaux «
Little Lou », «
Little Lou, numéro 2 : La Route du Sud » et «
Little Lou à Paris »,
Jean Claverie me touche dans son approche des lectures jeunesse, tablant à la fois sur la musique jazz et le racisme, en donnant voix au chapitre à des noirs américains (dans «
Little Lou ») et africains (ici). Ces beaux personnages, lumineux et plein d'espoir, sont une véritable respiration dans le paysage de la littérature enfantine.
Alors que le racisme est clairement évoqué dans «
Little Lou » (pour des lecteurs plus âgés), ici, pour des lecteurs débutants, l'auteur ne pointe rien du doigt, il se contente de donner corps à un petit garçon noir, tout simplement. C'est parfaitement vu et bien trop rare pour être mis en avant. Dans ces pages, la présence du héros est naturelle et devrait être tellement plus répandue pour être banalisée. Oui, l'on peut être noir et camper le premier rôle d'une histoire. C'est avec des auteurs de cette trempe, humanistes et généreux, que nos bambins auront une chance de faire mieux que leurs parents et accepter l'autre, sans plus remarquer sa couleur de peau que son chapeau. En tout cas, je vous tire le mien, monsieur Jean. Continuez. Rendez-nous l'humanité belle et multiple, métissée et sereine.