Quand René Lesigne, directeur commercial dans l'import export et associé minoritaire de l'entreprise Bréant & Lesigne, est retrouvé assassiné à son bureau alors qu'il était occupé fort tard à étudier des documents comptables, l'officier de police principal Robert Depardieu se retrouve face à un certain nombre de suspects, non pas tant à cause du passé louche du défunt condamné en 1946 à 5 ans de travaux forcés pour collaboration avec les nazis et même si son chef comptable, un nommé Georges Gourdon, ex collabo et escroc a été son compagnon de cellule mais parce que l'amour et le sexe, motifs éternels du meurtre semblent jouer à plein dans cette histoire. En effet, la femme de Lesigne, Danièle, fichée à la mondaine dans se jeunesse, avait un amant dont les lettres pressantes et enflammées témoignent d'une féroce jalousie et l'alibi que lui fournit sa soeur, Jeanne Segal, est vite battu en brèche alors que de son côté, René Lesigne était l'amant de sa secrétaire Hélène Delgado qui a été vue sur les lieux du crime la nuit du meurtre. le bel officier de police dont le charme opère avec force tant sur Jeanne Segal, jeune femme entretenue par un vieux monsieur, que sur Hélène Delgado qui se console rapidement de la perte de son amant, va multiplier les perquisitions et les interrogatoires, parfois donc sur l'oreiller pour suivre des pistes multiples. L'affaire se complique encore quand l'un des suspects meurt à son tour et qu'un maître-chanteur n'hésite pas à risquer sa vie face à l'assassin pour quelques millions, car tout le monde le sait, l'argent est aussi un mobile puissant pour pousser un homme... ou une femme à tuer.
Julien Clay est le nom de plume du commissaire de police
Jacques Perez y Jorba. Son roman "
Du sang sur le grand livre" a obtenu en 1966 le prix Quai des Orfèvres. Il fut le deuxième flic, après
Jacques Levert en 1946, année de création de ce prix littéraire, à recevoir cette récompense des mains d'un jury de 22 membres (ça ne s'invente pas) issus des rangs de la police, de la magistrature, juges et avocats, et auxquels s'ajoutent quelques journalistes. Depuis une dizaine d'année, la Maison Poulaga engrange les victoires, ne laissant que des miettes à ceux qui ne sont pas du sérail. Faut-il y voir un vote de complaisance qui flatte l'entre-soi ou la reconnaissance évidente de la suprématie des policiers pour décrire avec réalisme et crédibilité les rouages d'une enquête et le mode de fonctionnement des institutions policières et judiciaires françaises ? Car en effet, c'est là un critère important, à côté de l'aspect purement littéraire, qui préside au choix du lauréat. Je me garderai bien de prendre parti pour l'une ou l'autre des branches de l'alternative d'autant que l'auteur, dans une postface honnête, reconnait les limites de son divertissant roman dans cette recherche de pragmatisme et de plausibilité notamment en ce qui concerne le comportement de son héros vis-à-vis de la gente féminine et de ses errements coquins fort éloignés de l'orthodoxie des méthodes académiques enseignées à l'Ecole de Police mais qui, il faut bien l'avouer, apportent du piquant au récit et permettent même parfois de faire progresser l'intrigue au lieu de provoquer, comme il se devrait dans la réalité, la révocation du policier coupable de ces agissements. Il est vrai aussi que dans certains cas, quand la trame est mal ficelée, les personnages sans consistance et le style aux abonnés absents, je préfère les auteurs qui oublient quelque peu la déontologie policière plutôt que ceux qui, aux défauts susnommés, confondent en plus pistolet et révolver, appuient un peu trop souvent sur la "gâchette" et trouvent normal qu'un 6,35 possède la puissance de feu d'un cuirassier tout en ayant, du Code de Procédure Pénale, des notions fort parcellaires. On trouve moins de policiers dans la seconde catégorie à mon humble avis.