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4,02

sur 4329 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai mis 4 étoiles à Belle du Seigneur, parce que je trouve que c'est un 'grand' livre, avec du souffle, une originalité, un style particulier, beaucoup de finesse dans la description de la société et ses faux-semblants, beaucoup de justesse aussi dans les personnages et leur évolution au cours de ce huis-clos amoureux...

Pourtant, ce livre m'a vraiment dérangée quand je l'ai lu, j'en ai gardé un souvenir agacé et j'ai retrouvé ces impressions mitigées en le feuilletant pour écrire ma critique.
En fait, le sentiment amoureux est tellement exacerbé et lyrique qu'il en devient mièvre et un peu écoeurant...
On sent que Solal et Ariane, magré leur fragilité et leur part d'ombre, sont deux individus solaires, brillants et attachants. Et c'est un vrai gâchis de les voir se détruire à vouloir s'aimer trop absolument ! En lisant, j'avais envie de secouer Ariane et de lui dire 'Retournez à Genève, que Solal trouve du boulot, toi aussi ou alors écris ton fameux roman, voyez des gens, lisez des livres, faites des enfants, promenez-vous en montagne, acceptez le quotidien et la routine, ils peuvent être très beaux aussi !'. Evidemment, si elle avait suivi mes conseils, la littérature aurait perdu un chef d'oeuvre. Mais Ariane et Solal auraient peut-être gagné une longue vie d'amour d'ensemble, et plein de petits moments de bonheur.
Bref, la philosophie de Belle du Seigneur, cette recherche impossible d'absolu et de pureté, ne correspond pas du tout à ma façon de voir les choses. D'où certainement mon agacement à la lecture.

Toutefois, je pense que c'est un livre à lire absolument, qui laisse une empreinte durable, peut toucher ou faire réfléchir à la vie.

A lire aussi pour tout ce qui passe autour d'Ariane et Solal.
Le monde minuscule d'Adrien d'abord : on se prend à sourire franchement lors des passages légers, mais, à d'autres moments, il devient presque touchant à force d'être si benêt et 'à côté de la plaque'...
Les monologues intérieurs de la femme de ménage d'Ariane, pleins de sens pratique et d'incompréhension devant les lubies de sa patronne...
La caricature de tous les petits-bourgeois hypocrites et mesquins...
Le discours sur la séduction/babouinerie que Solal fait à Ariane, justement pour la séduire...
Le style, parfois ampoulé, parfois indigeste, mais qui, pour moi, s'adapte parfaitement à ce long roman et donne la preuve du talent d'Albert Cohen...
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Que retient-on des années après l'avoir lu?
D'abord que c'est une histoire d'amour mémorable. Celle de Solal et d'Ariane. J'ai retenu la scène de la rencontre. Lui, au dessus de la mêlée, homme cynique et charmeur désabusé, se donne trois heures pour charmer la belle Ariane, pourtant mariée mais très seule dans son couple. C'est une histoire avec ces fulgurances mais aussi des scènes subtilement décrites sur l'usure du couple et cette fin... magnifique.

Que la SDN (Société des Nations) est un ramassis de paresseux dont le mari d'Ariane, Adrien Deume, est un beau spécimen. Et il cumule bien d'autres tares.

Que la famille Deume vaut le détour. Et pas seulement pour avoir engendré le fils nommé plus haut. Quel couple Antoinette et Hippolyte Deume! Ce dernier est le petit père qui subit les humeurs de sa terrible femme et s'en échappe quand il le peut vers son établi en traînant ses chaussons qui couinent sur le parquet ciré.

Pour moi "Belle du Seigneur", c'est un pavé qui contient des moments de grâce et de tragédie mais aussi des morceaux comiques. Ceux qui me reviennent à l'esprit concernent Mangeclous - le fort en gueule, l'escroc qui ne trompe personne- et le brave Hippolyte Deume.
Et quand ces deux-là se rencontrent, il devient difficile de contenir un fou rire.

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J'ai bien failli abandonner au tout début : style bien trop alambiqué, à la limite de l'indigeste. Et puis je me suis accrochée. le style reste ensuite à peu près le même, mais selon les personnages et les scènes, il passe bien mieux. Il y a même beaucoup de belles trouvailles, des fulgurances. Mais il y a aussi de très, très longues tirades de monologue intérieur, parfois sans ponctuation !
Ce roman est réputé être un grand roman d'amour. C'est surtout un grand roman sur la passion amoureuse, un roman pessimiste sur l'amour qui s'étiole et l'ennui qui s'installe, d'autant qu'Ariane et Solal se retrouvent sans plus aucun lien social. La vision de l'amour de Solal est bien trop sombre ! Et celle d'Ariane bien trop romanesque et archaïque à mon goût. Mon personnage préféré est finalement la domestique Mariette, pleine de bon sens et dotée d'une saine et simple conception de l'amour.
Mais ce que j'ai le plus apprécié n'est pas là, parce que je n'ai pas vraiment accroché à leurs amours de gens privilégiés, très riches, mondains et oisifs. Ce que j'ai trouvé génial, énorme, ce sont les scènes satiriques : la vacuité du travail d'Adrien, le mari d'Ariane, l'inutilité de la SDN avec son personnel carriériste. le renvoi de Solal quand il insiste pour agir en faveur des Juifs allemands enfonce le clou. La charge contre le snobisme de la petite bourgeoisie avec le personnage d'Antoinette, la belle-mère d'Ariane, est énorme et savoureuse, elle aussi. Les analyses sociales de Solal sonnent toutes parfaitement juste. Parmi les moments mémorables, il y a aussi de vrais scènes comiques comme la rencontre de Mangeclous et du beau-père d'Ariane.
Le traitement de l'antisémitisme des années trente est aussi intéressant : Solal y prête peu attention au début du roman, et c'est un thème plutôt discret tant qu'il travaille à la SDN. Pour évoquer la situation en Allemagne, il y a juste une scène, à Berlin, complètement fantasmagorique. Par la suite, devenu apatride, Solal finit par se sentir juif et est pris d'élan de tendresse pour les Juifs, leur culture et le judaïsme. Les personnages exubérants de ses oncles, les Valeureux, sont un régal, leur langue est incroyable.
Pendant ma lecture j'ai été souvent irritée, exaspérée (une tirade trop longue, trop de lyrisme, à la limite de la mièvrerie, des longueurs, …) mais quel souffle, et quelle finesse dans la vision de la société. Cette lecture n'est pas une sinécure, mais, vraiment je ne regrette pas : beaucoup de passages sont un vrai régal.
Pour moi, ni un coup de coeur, ni un chef d'oeuvre, mais un très grand roman, hors norme !
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C'est le livre qu'il fallait lire un jour. Donc c'est fait !

Jeux de séduction, passion obsession, déchéance et tragédie, cette tragique histoire d'amour a fait rêver ou cauchemarder des millions de lecteurs.

Il y a des longueurs, des descriptions interminables d'un ennui mortel. le bain d'Ariane dure 23 pages !!! Il y a de quoi en sortir toute fripée ;)

Mais il y a aussi l'exploration du sublime au creux des silences savamment placés, édifiant ce récit sombre et délicat.

Le langage très stylisé compose un ensemble d'une puissance littéraire incontestable.




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Ce roman est d'une richesse, d'une profondeur et d'une beauté incroyables. A lire absolument !
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Serait-ce une pantomime qu'a voulu nous livrer ici, Monsieur Cohen, certaines scènes pourraient en faire de jolies au théâtre.
Ce ne serait, certes pas, du Feydeau !
Mais alors, ce que c'est drôle parfois, toute cette petitesse et ces personnages hauts en couleur, si bien caricaturés.

Adrien Deume, petit bonhomme, très très petit ... arriviste puant d'un narcissisme poussé à l'extrême.
Il ne se prend pas pour de "la crotte de bique" ; quel indécrottable connard !
L'argent, l'argent, son bel argent !!!

Ariane, sa "Rianounette", dont il croit être le maître et savoir en tirer toutes les ficelles,
Elle va "matcher grave" pour le beau Solal.
Amoureuse du sentiment d'amour, celle-ci va parfois en oublier toute dignité.
Quelle cruche, a bien des égards, la pauvrette avec tous ses faux-semblants, n'empêchera pas la routine et l'ennui de s'installer progressivement dans son beau rêve.

Et, Solal, le beau, le magnifique, l'affreux, le cynique, cruel et parfois violent et dans les mots et dans le geste.

CA de l'Amour ?

Cohen descend ce sentiment dans les 3/4 de son livre et nous le rend nauséabond.
Il n'y a pas l'âme d'une quelconque poésie, il se plaît à caricaturer à l'envi jusqu'à nous en dégoûter.

Ki Ki feint ?
Vous le saurez en lisant ce pavé de 853 pages .

ET IL Y A LA MARIETTE !
Je dirais, heureusement,
Un phénomène avec son franc parler, et la jugeotte des gens "de peu" à observer mine de rien tout ce "beau monde".
Elle le voit bien, elle, toutes ces simagrées que font les amoureux pour :
caramboler - faire la combine - la gaudriole ....
Elle a du vocabulaire la Mariette et de l'humour.

Des chapitres avec de longues très très longues longueurs !!!! propres à
vous faire abandonner, illico, mais j'ai tenu bon sur ce bateau qui prenait l'eau pour constater le naufrage annoncé.

Ô ferveur des premiers rendez-vous
Ô douceur des premiers baisers
Ô Splendeur des premières amours
Ô Agonie des sentiments
Ô Douleur.

Le Chapitre CVI
pour moi, ce fut, le chant le plus beau
et rien que pour lui,

Ce livre valut le coup que je le " lisasse" !

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Belle du seigneur, superproduction de l'amour. Inadaptable au cinéma. Même si Glenio Bonder a tenté de relever le défi en 2013. La preuve que le tout puissant septième art a aussi ses limites. Inadaptable au cinéma car sans doute tout simplement inadaptable à la vie. Quelle réalité pour rivaliser en effet avec l'imagination débridée, intarissable, le talent démesuré d'Albert Cohen dans ce roman ? Hégémonie d'un esprit, seul capable de traduire l'inénarrable.

Plus de mille pages de digressions mentales les plus folles, pour dire le ressenti intime. Mille pages pour dire que les manifestations terrestres de l'amour ne sont pas l'amour, mais que "babouineries".

Quel réalisateur pour mettre en images les chapitres les plus forts de cet ouvrage ? le chapitre XVIII par exemple. Dix-sept pages dans l'intimité des pensées d'Ariane, sa nudité spirituelle. La beauté de ses émotions. La laideur de ses idiomes abêtissants qui tentent de mettre en mots des peur, espoir, colère, joie, et tant d'autres fulgurances qui jaillissent en cascade dans le plus complet désordre, la plus parfaite spontanéité. Au coeur de la mystérieuse alchimie qui fait naître des pensées d'un organe périssable. Dix-sept pages d'une grande bousculade sans la moindre bouffée d'air. Pas la moindre ponctuation. Quel acteur pour déclamer cette tirade ?

Phénomène curieux que le sentiment. Pourquoi lui, le seigneur ? Pourquoi elle, la belle ? Tous deux futurs morts. Quelle prouesse que de mettre en mots l'amour divin qui vient fondre en un seul, dans le même creuset, deux coeurs, deux esprits, deux âmes. La réunion des corps n'est qu'illusion. Le faire comprendre c'est le sommet du talent.

Quel réalisateur pour mettre en image le chapitre XXXV : "je vais vous séduire". Mais à cette fin je vais commencer par être odieux. Odieux sur cinquante-quatre pages. Vous donner mille raisons de me détester. De détester l'amour. L'amour terrestre. Vous convaincre que l'amour c'est bien quand on l'ambitionne. Le vivre c'est déjà le voir mourir.

Quel réalisateur pour mettre en image la frénésie de l'attente. L'éternité en une minute. Vingt-et-une pages pour languir, aux aguets d'un signe de vie, d'un signe d'espoir, d'une poignée de porte qui tourne. Les pages défilent dans un temps suspendu.

L'amour absolu, exclusif, égoïste, comme il doit être. Solitude à deux. L'amour se satisfera-t-il des exigences du corps ? Résistera-t-il à l'érosion du temps, à la solitude dans laquelle il plonge ceux qui s'aiment dans un monde de cupidité, de haine ? 1936. La raison perdue, la raison et son cortège d'ennui, d'habitudes, de nécessités retrouvera-t-elle ses droits pour sauver les amants d'une félicité inconcevable pour des êtres de chair et de sang ? L'amour céleste résistera-t-il à son ennemi terrestre le plus féroce : la jalousie ?

Belle du seigneur, admirable de talent. Trop, peut-être. Tout est trop dans ce roman. Trop beau, trop éloquent, trop fort. Trop long aussi. Trop improbable, ces deux coeurs qui trouvent la connivence absolue. Tout est trop. Mais ce tout est si peu pour dire l'amour. Albert Cohen a dû se plier aux contraintes terrestres pour dire l'amour, mais on sent bien avec lui que ces mille pages auraient pu être dix Mille, cent mille, pour dire l'espoir dans l'amour. Albert Cohen nous fait comprendre qu'il n'a été que le vecteur d'une inspiration, d'une transcendance. Pour nous enseigner que l'amour est un concept trop haut pour être vécu ici-bas.

L'auteur abuse de son pourvoir de fascination. Il séquestre son lecteur. Narcissisme suprême de la main qui matérialise les divagations d'une imagination incontrôlée. Verve sophistiquée, féconde et intarissable. Logorrhée verbale stupéfiante des Mangeclous et consorts. Humour désopilant. Humour décalé dans ce drame de l'amour qui ne trouve d'assouvissement que dans la perspective de la mort. Ariane et Solal n'ont pas la force pour endurer celle de leur amour. Ils n'ont que leur pauvre corps périssable pour supporter l'amour infini. Malédiction de ne pouvoir vivre une bénédiction.

Roman trop long pour dire les manifestations de l'amour. Roman trop court pour dire l'Amour.

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Ce grand classique nous raconte l'histoire d'Ariane, une jeune femme de bonne famille mariée pour raisons pratiques à un haut fonctionnaire de l'état (quasiment une mésalliance). Son Adrien est un bon bougre qui aime sa femme, mais lui et sa famille cherchent en permanence à s'élever dans la société à tel point que c'en devient ridicule ; Et puis Ariane, loin d'être passionnée, s'ennuie un peu. L'histoire qui va découler de cette situation est l'occasion pour l'auteur de nous dresser un portrait formidable de toutes les strates de cette société en évolution, sur fond (à peine visible) de seconde guerre mondiale.


Bientôt Ariane rencontre Solal le magnifique, le supérieur de son mari, un séducteur qui tombe amoureux d'elle au premier regard mais dont l'arrogance aide Ariane à le mépriser. Jusqu'à ce que la séduire devienne un pari divertissant entre eux : arrivera, arrivera pas ? Malheureusement pour eux, il y arrivera : Ce sera la fin du couple marié, la découverte délicieuse de l'amour interdit, pimenté et parfait. Mais pour le vivre pleinement, les deux amants décident d'officialiser leur amour pour être libres… Libres ? Pas totalement : Car nos tourtereaux ne sauront pas s'affranchir de l'image de perfection qu'ils veulent à la fois se donner mutuellement pour se garder, et donner aux autres afin de justifier leur folie ; Prisonniers d'une idée, celle d'un amour parfait, et d'une illusion, celle qu'il durera toujours, ils ne savent plus comment affronter la vie réelle qui égratigne, lentement mais sûrement, leurs sentiments respectifs. Faut-il être beau et parfait pour être aimé ?


*****

Quelle oeuvre magistrale ! Voici un roman qu'il faut du temps pour lire et aussi pour digérer : 1100 pages d'écriture foisonnante et non calibrée, au style variant selon le personnage dans la peau duquel on nous plonge ; Une expression parfois non ponctuée lorsque, durant plusieurs dizaines de pages, l'auteur exprime les pensées en pagaille d'un personnage. C'est donc un roman riche mais qui se mérite. Cette forme d'écriture met bien en valeur le fond du propos et les sentiments qui se bousculent de manière frénétique dans la tête de chaque personnage, notamment des amants. Ce qui est remarquable, c'est qu'Albert COHEN excelle à tous les styles qu'il exploite dans ce roman : Même la vie théoriquement moins passionnante d'Adrien, fonctionnaire ambitieux au poil de la longueur d'un baobab dans la main et qui a l'impression de travailler intensément au sein de la Société des Nations, est un portrait savoureux.


« Belle du Seigneur » n'est donc pas dépourvu de stéréotypes : Sur les arrivistes, les mères et leurs fils, les fonctionnaires, les amours parfaits du début et leur mauvais vieillissement… Mais c'est précisément en exploitant et approfondissant ces stéréotypes avec une grande finesse, et un souci du détail admirable, que l'auteur parvient à mettre en lumière chaque grain de sable venant enrayer l'engrenage de leurs vies. Ces clichés, volontaires et pertinents, sont un moyen d'exprimer le message de l'auteur en mettant en lumière là où le bât blesse dans la logique des personnages (car aucune classe sociale n'est épargnée). Si les personnages sont stéréotypés, leurs personnalités sont extrêmement fouillées, et on les découvre grâce à divers points de vue : celui du narrateur omniscient, leurs propres pensées intimes ainsi que le regard et les pensées des autres, ce qui nous donne énormément d'informations sur chacun d'entre eux, tout en nous dessinant leur histoire.


Vous l'aurez compris, il s'agit d'un jeu de séduction poussé à son paroxysme entre deux amants : être admiré de l'autre est devenu leur passe-temps, puis leur raison de vivre. Contraints de se cacher tant leur amour est interdit, ils passent beaucoup d'énergie à être exactement parfaits pour leur prochaine rencontre : toilette, haleine, coiffure, odeur, maison, tout doit être parfait pour que l'être aimé ne nous abandonne pas à notre vie d'avant. C'est ainsi que la course à la perfection permanente commence…


Mais lorsque, ne pouvant plus se passer de cet autre tellement parfait, les amants décident de s'affranchir des codes pour vivre ensemble, les masques peinent à rester en place, et il faut user de toujours plus de subterfuges idiots pour que l'autre ne nous voit pas « au naturel », donc imparfait ! Chacun sa chambre, un son de cloche pour signaler qu'Ariane fait le ménage et donc n'est pas visible, deux pour demander si l'on peut entrer, un mensonge pour occulter tel échec, des non-dits qui s'accumulent… Emprisonnés dans leur amour de vitrine, parfait pour la démonstration mais bien inadapté à la vie réelle, Ariane et Solal se sentent de plus en plus seuls et désoeuvrés ; Ils s'ennuient mais ne le disent pas de peur de rompre l'équilibre, commencent à voir les défauts de l'autre malgré tout mais ne veulent pas se l'avouer, ne veulent pas échouer encore.


Et alors que l'amertume grandit insidieusement en chacun d'eux, qu'ils s'en veulent mutuellement et à eux-mêmes de s'imposer cela, qu'ils ne savent plus comment sortir de la prison qu'ils se sont forgée ensemble… des sentiments plus violents naissent au fond d'eux, brisant le joli miroir aux alouettes dans lequel ils ne cessent de se mirer depuis trop longtemps.


Deux amants à la recherche de l'amour parfait, sacrificiel, pour justifier leur adultère. Deux amants ne pouvant pas vivre l'un sans l'autre, mais s'ennuyant de la perfection de leur amour. Deux amants isolés que l'absence d'interaction sociale et le repli sur eux rendent amères et dépités, vaguement déçus. Deux amants qui, tels Roméo et Juliette, ne peuvent plus vivre ensemble, mais ne peuvent pas se quitter non plus. Pas dans cette vie, en tous cas… Si un couple doit toujours conserver un minimum de glamour pour s'estimer, doit-il pour autant courir après la perfection de tous les instants, au risque de perdre toute humanité et toute étincelle de vie ? Comment va finir l'histoire d'Ariane et de Solal ? Je vous incite à trouver le courage de lire ce chef d'oeuvre, complexe mais riche et non dénué d'humour et d'intéressantes réflexions, pour le savoir !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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Ce volumineux roman, lu il y a plus de vingt ans, n'est pas seulement le récit d'une belle histoire d'amour. Sa lecture m'a surtout laissé le souvenir du portrait moqueur d'Adrien, fonctionnaire à la Société des Nations fier de sa réussite sociale, et naïvement cocufié. le décalage entre la manière dont ce personnage se perçoit, et ce qu'en montre l'auteur est amusant. L'analyse psychologique d'Adrien est d'autant plus pertinente que nous avons tous en nous quelque chose qui lui ressemble dans nos représentations de nous mêmes, plus ou moins prononcé selon les personnes, et indépendamment de nos positions sociales. Il suffit pour s'en convaincre d'observer l'arrogance d'un ex-président de la République française jouant des coudes - une centaine (et des poussières) de centimètres au-dessus de ses talonnettes - pour figurer sur le devant de la scène ! Ma comparaison entre lui et le pitoyable Adrien s'arrête là, puisque je ne connais pas les frasques de la chanteuse CB et ne m'en soucie guère…
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Le beau juif Solal, petit salop de macho aux 32 dents parfaites, Sous-Secrétaire Général de la société des Nations de Genève aime les jolis seins d'Ariane, un peu sosotte et sauvée du suicide par son époux Adrien Deume, roi de la procrastination (2 heures pour expliquer qu'il ne fait rien de ses journées) mais qui vient d'obtenir une promotion, justement de Solal, son chef, qu'il invite à un repas royal (2 autres heures pour expliquer la préparation du repas sous la gouverne de la belle mère Antoinette qui se prend pour une mondaine et sait dire 'montrez moi vos jeulis souyés s'il vous polait' et terrorise son petit phoquet zézayeur de mari, plus deux heures d'attente la non venue de Solal).

Dommage pour les premières heures assez chiantes ainsi que quelques longueurs car le reste est savoureux, remarquablement raconté, économie de mots merveilleusement choisis, humour (juif?) excellent!, et je ne vous ai pas encore parlé des autres babouins gravitant autour de la Société des Nations aussi inutiles qu'imbus de leur personne, des impayables cousins juifs, ni du soliloque de Solal (deux autres heures) sur les onze manèges de la séduction des babouines et autres petites araignées,
amours phéromonées, éphémères futilités,
amours chimiques, muses prolifiques...
détresse des amours éteintes.
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