Chéri

Alors que Sigmund Freud découvre le complexe d'Oedipe fin XIX°-début XX° siècle, Colette (écrivaine française dont l'oeuvre entière n'est que prose emplie de sensibilité) plonge avec Chéri en 1920 en pleines amours subversives d'un jeune-homme Fred pour Léa l'amie vieillissante de sa mère.
Trois portraits d'une très grande finesse psychologique.
Celui de Fred Peloux dit Chéri, "très beau et très jeune-homme,ni grand ni petit,le cheveu teinté comme le plumage d'un merle", tour à tour dans le passé rentier-gigolo surnommé "ma gosse", "mon vice" par ses vieilles maîtresses qui, fétichiste, fantasme sur le collier de perles de Léa, griffe,se donne,se dérobe impertinent, accourt,se soumet, calcule,plaque pour se marier, cynique, avec la jeune, jolie et riche Edmée, se sent orphelin,revient vers celle dont il ne peut se passer, demande la permission de grandir.
Celui de Léonnie Vallon, dite Léa de Vallon, 49 ans qui cache son âge, condescendante,qui materne, berce puis manipule,"Nounoune" qui désire lascive son "beau démon,ange maudit,petit serin",s'énerve de ne pas cerner,souffre,pleure,s'angoisse,s'ennuie,remplace,regrette,reprend,autorise et permet l'évasion.
Celui d'Edmée qui enfant a "camaradé dans le jardin" avec Fred, marchandise pitoyable entre mère et belle-mère parlant gros sous, inexpérimentée en amour, jeune femme gentille qui aime Fred et jalouse l'ancienne maîtresse, rage,et pardonnera la trahison.
Un registre émotionnel très riche et une peinture de société forte, celle d'un Paris bourgeois au coeur du Neuilly des années folles.

C'est la fin d'une histoire d'amour.
La belle époque, c'est aussi le triomphe des « Grandes horizontales », courtisanes de haut vol qui bâtissaient leur fortune grâce à de richissimes amants qui les arboraient comme des trophées.

Le décor est planté : les hôtels particuliers de Neuilly, de l'avenue Bugeaud, les intérieurs surchargés de pampilles, de lourdes draperies où s'affaire une armée de domestiques : chauffeur, concierge, femme de chambre, cuisinière …

Léa de Lonval est une de ces courtisanes. Encore belle et désirable, elle brille de ses derniers feux et elle le sait. Elle a bientôt cinquante ans et a pour amant Fred Peloux, qui a vingt quatre ans de moins qu'elle.

C'est le fils d'une autre courtisane, Charlotte Peloux, une ancienne rivale de Léa qui l'a élevé dans du coton, le fils d'une « grue » … comme on disait alors. Leur liaison dure depuis six années.

Chéri est beau comme un Adonis. Brun, bien bâti, vigoureux – pour moi, c'est Alain Delon jeune - il ne fait rien d'autre que dépenser l'argent de sa maîtresse mais n'est pas un gigolo. Il dispose lui aussi d'une confortable richesse personnelle, qu'il gère avec sagacité. Leur liaison fait scandale dans Paris … elle serait banale aujourd'hui, on parlerait de cougar. Mais, à la veille de la guerre de Quatorze, cela fait jaser. Elle n'en a cure…

Cependant, Chéri va se marier … Il a 25 ans, il épouse la charmante Edmée tout droit sortie du couvent. C'est la coutume. le jeune couple se fait construire un hôtel particulier à la décoration surprenante. En attendant, ils résident chez la belle-mère.

Léa sait ce qui l'attend. Elle est raisonnable, elle ne va pas faire de scène. Elle s'éclipse pendant six mois, voyage, prend de nouveaux amants. Mais elle est lucide : elle se voit telle qu'elle est devenue, vieille, et surtout pas faisant une fin avec un vigoureux sexagénaire. Ce qui l'attend est la solitude désormais, malgré toute son élégance, sa résolution … Ce sera rude. Pour Chéri aussi.

Je n'avais jamais autant apprécié le talent de Colette dans sa description psychologique des sentiments, des scènes érotiques évoquées avec fougue et tendresse, la vacuité de ce jeune dandy à la fois caressant et cruel, velléitaire et de mauvaise foi, né pour faire souffrir les femmes qui l'auront aimé : sa maîtresse et son épouse … la cruauté de Charlotte Peloux, sa démoniaque mère.

On sait aussi qu'il y a bien des souvenirs personnels de Colette dans cette histoire sans issue. Celle d'une liaison avec un homme de 13 ans son cadet, lui aussi immensément riche.

Le roman, publié en 1920, a été adapté en 1948 pour le théâtre avec Jean Marais dans le rôle-titre, puis au cinéma par Pierre Billon en 1950.

Chéri est alors incarné par Jean Dessailly, la mère Peloux par Jane Marken … Plus récemment, j'avais vu la version de Stephen Frears de 2007, dans de somptueux décors Art Nouveau …

C'est là un des multiples chefs-d'oeuvre de Colette. Pas démodé du tout … et il a une suite : « La fin de Chéri », publié en 1926 … mais je ne sais pas si j'ai envie de connaître cette fin !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..

C'est une histoire d'amour, une histoire de différence d'âge entre un jeune homme plein de vie et une femme qui se fane.

C'est un peu long, ça manque de développement, mais l'auteur réussit tout de même à nous faire ressentir l'amour entre les deux protagonistes. L'amour qui ne s'avoue qu'à demi-mots. Malheureusement pour eux, il est né trop tard, ou elle est née trop tôt. Et cette différence d'âge se fait de plus en plus ressentir au fil des pages. C'est plutôt bien fait. Leur histoire ne m'a pas passionné mais j'ai ressenti de la compassion pour Léa, cette jeune femme qui ne reconnaît plus son corps car il vieillit plus vite qu'elle. C'est touchant.

Dé-li-cieux!
Voici ce que j'ai envie de m'exclamer après avoir refermé Chéri, un court roman contant la fin de la liaison de Léa, courtisane d'un âge que je ne dirais pas, jamais pour les dames, et de son beaucoup plus jeune amant, Chéri donc, à la beauté affolante, fils d'une de ses anciennes rivales/officiellement ami, qui va se marier avec une jeunette de dix-huit printemps.
L'horreur de la société pour la femme mûrissante, voici ce que Colette épingle ici dans un texte cruel sous des dehors précieux, et ça tape juste, avec une économie de moyens épatante. le lecteur prend le trait droit au coeur et en redemande, tant le talent de Colette transparaît dans ce texte.
Excellentissime et à recommander à tous!

Fred, surnommé Chéri, est un jeune homme de vingt-cinq ans, beau comme un dieu, mais superficiel et volontiers méchant avec ceux qui l'aiment. Il est depuis sept ans l'amant de Léa, femme de quarante-neuf ans, entretenue toute sa vie par de nombreux amants, pour qui Chéri est le dernier caprice qu'elle compte s'offrir.

Cette relation doit s'achever avec le mariage du jeune homme, arrangé par pur intérêt par sa mère. Cette rupture s'avère plus compliquée à gérer que prévu. Fred, habitué à ce qu'on satisfasse tous ses caprices, supporte mal cette vie d'adulte responsable, devient rapidement odieux avec sa jeune épouse, et finit par s'enfuir de la maison sans dire un mot à personne.

Léa, malgré son apparence détachée, n'accepte pas la perte de son amant. Habituée toute sa vie à la séduction, elle ne se fait pas à l'idée qu'elle a vécu sa dernière histoire. Un séjour chez ses anciennes amies la renvoie à toutes ses craintes : peur de vieillir, ridicule des unions entre des femmes de plus en plus vieilles avec des hommes de plus en plus jeunes.

Si on est vite agacé au début du récit par ces personnages superficiels, on les trouve ensuite attachants et on les prend en pitié quand on se rend compte de l'amour qui les lie, un amour interdit et bien plus fort qu'ils ne le pensent eux-mêmes.

Début du XXe Siècle , Colette nous décrit une société de femmes bourgeoises nanties et frivoles, demi-mondaines parvenues, qui ne s'intéressent qu'à leurs placements financiers, leurs conquêtes, leurs dîners et potins.
Une société sur le déclin mais qui ne le sait pas, deux guerres passeront dessus et feront disparaître tous ces personnages désuets .
Dans cet univers superficiel, Léa dite Nounoune va faire l'éducation sexuelle de Fred, dit Chéri: 30 ans les séparent.

Et cette relation prend un tour pathétique dans le sens où elle dure et s'installe, ce qui n'était que jeux et plaisirs devient mélancolie : Chéri se marie pour assurer son avenir.
Les deux amants, victimes des préjugés de l'époque, malheureux sombrent dans la dépression et le malheur se rendant compte trop tard qu'ils sont passés à côté de l'amour véritable.

Une belle histoire cependant, bien contée , toujours dans le beau style de Colette, cette femme très en avance sur son temps, une des premières féministes sans doute.
Ce livre aurait-il une connotation autobiographique ?

Tiens, encore un roman des années 20 du siècle dernier, mais contrairement à La garçonne, il n'a pas fait scandale !  

Léa de Beauval, à la cinquantaine bien conservée est la maîtresse de Fred Peloux, surnommé Chéri, un jeune homme dont elle fréquente la mère.

Tout va bien pour ce couple, où Léa, offre à Felix tout ce qui lui fait envie, sentant bien que cet amant sera le dernier. Les marques de l'âge commencent à apparaître, Fred se fait plus gourmand et moins câlin ...  ...

Mais la mécanique se grippe quand Fred se marie à la timide Edmée.

Etonnée de sa réaction, Léa préfère s'enfuir dans le Sud, entre la Côte d'Azur et le Pays basque, elle ne manque pas de prétendants et panse son chagrin inattendu.

Pendant ce temps Chéri, a erré comme une âme en peine, passant ses nuits à hanter les bars, consommer de la drogue avec Desmond, qui vit à ses crochets.

Au retour de Léa, Chéri, en manque d'elle, la reverra ...

Un roman qui nous emmène dans les belles demeures de Neuilly, avec des promenades en voiture, des commérages autour d'une tasse de thé, les rencontres de ces femmes vieillissantes qui couvent Chéri, de leurs attentions étouffantes.

Avec un ton plus ironique qu'amer, Colette nous offre, dans ce roman,  un beau portrait de femme.

Dans ma pile de livres à ire depuis plusieurs décennies, je suis ravie de m'y être enfin plongée, au hasard d'un challenge qui me demandait de lire un livre d'un auteur décédé durant la décennie de ma naissance ! 
Lien : http://les-lectures-de-bill-..

C'est le premier livre que je lis de l'auteur Colette.

Il est bien normal qu'un auteur puise la matière de ses romans dans sa vie personnelle, ses relations, ses rencontres, dans l'actualité, le tout assorti d'une dose d'imagination. Ici le personnage de Chéri est inspiré d'Auguste Hériot, homme de grande richesse et amant de Colette.

Une femme quinquagénaire peut-elle séduire un homme qui a une vingtaine d'années, telle est la situation décrite dans le roman de Colette.

Léa est une bourgeoise parisienne de quarante-neuf ans qui partage une vie de plaisir entre ses amants, ses voyages, sa toilette et des parties de cartes avec des amies plutôt parasites. Léa est une femme libre, hors des conventions sociales, encore séductrice mais aussi une femme terrorisée par l'idée de vieillir et de ne plus plaire. Chéri est son toy boy de dix neuf ans d'une beauté surprenante que Léa admire sans compter. Elle ne manque pas de réprimander son arrogance et sa désinvolture.

Dans la relation Léa – Chéri, Colette souligne et renforce même le fait d'une relation de mère amante.

Léa comme Colette est une sensuelle. Léa vit un rapport obsessionnel à son corps qu'il faut déguiser (maquillage).

Lorsque Chéri épouse la belle Edmée, Léa pense que Chéri sera son dernier amant

Colette décrit avec finesse une relation d'amour entre un jeune homme et une femme mûre qui n'est que le reflet de ce qu'elle a vécu elle-même.

Hourra ! Mon premier Colette !
Comme j'aime le faire avec les classiques, je vais essayer de "moderniser" mon avis. "Chéri" raconte l'histoire d'amour entre une cougar et un jeune glandeur. La cougar, Léa, est une MILF de cinquante ans, hyper fraiche du genre aristo libertine. le jeune glandeur s'appelle Chéri (Fred de son prénom) ; il a trente ans, plutôt beau gosse, il est du genre pourri-gâté, ne fait pas grand-chose de sa life à part dilapider son argent en restau et passer ses journées dans le lit de Léa.
Le problème, c'est que Chéri doit se marier avec la jeune Edmée, choisie par sa maman, parce qu'à trente ans... il est temps de se marier pour un garçon ! Léa, la pauvre, se retrouve sur la touche, d'autant plus qu'elle s'attache de plus en plus à son "Chéri"...
Ce que j'ai préféré dans cette courte nouvelle, c'est qu'elle sort un peu des sentiers battus. Je n'ai pas lu beaucoup de livres qui parlent d'amour entre une femme plus âgée que l'homme qu'elle aime. Finalement, les histoires d'amour sont intemporelles car une telle histoire pourrait avoir lieu de nos jours. Un jeune trentenaire a une relation avec une femme de cinquante ans mais se marie avec une jeune femme bien plus jeune parce que la Société veut que...
Quelle est la place de la femme dite "senior" dans la Société ? Doit-on la mettre au placard en raison de son âge lorsqu'elle se retrouve face à une jeunette ? L'amour doit-il avoir un âge raisonnable ?
J'ai beaucoup aimé ce récit que j'ai trouvé très touchant. J'y ai également perçu une petite pointe d'ironie de l'auteure sur la société bourgeoise du début du XXème siècle. C'est un récit profondément féministe et si tous les romans de Colette le sont autant, on devrait sérieusement songer à lui faire plus de place dans les programmes scolaires...


Lien : https://mademoisellechristel..

Lu à un âge très tendre, ce roman ne m'a évidemment pas séduite, et même vaguement écoeurée, comme l'air confiné du boudoir d'une cocotte sur le retour. Relu à un âge ultérieur, il m'a profondément agacée. Je n'aime guère les huis-clos amoureux, qui ne peuvent que finir plutôt mal. de l'air, de l'air ! du drame si l'on veut, mais de l'espace, de la perspective, du mouvement !