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Je ne saurais dire si Colette sera une écrivaine qui marquera à jamais la littérature française, je ne la place pas dans mon panthéon littéraire, mais il se trouve qu'à chaque fois que je la lis je suis épaté par l'art qu'elle possède pour choisir et placer les mots au bon endroit, décrire un personnage, un paysage, une situation et qui fait mouche...
Ici encore, sur un court récit dont le thème a priori aurait dû me laisser sur le bas-côté de la route, j'ai été séduit par sa langue et sa manière de peindre un très beau personnage féminin.
J'ai imaginé que cette Julie de Carneilhan avait en elle quelque chose de Colette, une rage exquise et vacharde, un amour de la vie pour vouloir la croquer à belles dents malgré les rebuffades, la mesquinerie des hommes, le désespoir, peut-être le chagrin aussi.
Tremper sa plume dans le cyanure des mots...
Et puis se relever, continuer de vivre, tendre son visage au soleil et s'en délecter comme si c'était du miel.
C'est un peu l'image que je me fais naïvement de cette écrivaine qu'il m'aurait plu d'avoir comme amie.
Le personnage de Julie de Carneilhan incarne ici un très beau portrait de femme qui ouvre et clôt le récit ramassé sur une courte période d'une quinzaine de jours.
Nous faisons sa connaissance dans son studio d'un quartier populaire de Paris, où elle vit désormais, tout en étant comtesse, - une comtesse ruinée sans le sou, continuant de vouloir donner le change par sa beauté, son orgueil, ses quarante-cinq ans qu'elle porte allégrement. Se croyant guérie de l'amour et de ses blessures, elle se drape d'une sorte de légèreté désinvolte pour camoufler sa situation devenue précaire, la solitude...
Financièrement, les choses ne vont pas fort pour Julie de Carneilhan d'autant plus qu'elle tente d'ignorer son sort, faire la fête, continuer de tenir peut-être son rang de comtesse. Aimer la vie...
Justement, est-elle guérie de ses amours contrariées ? Elle se console auprès d'une jeunesse insouciante à laquelle elle voudrait continuer de ressembler, des jeunes hommes tournent autour d'elle, affolés comme des guêpes.
Il ne se passe pas grand-chose dans ce récit, sauf au moment où Julie de Carneilhan va retomber sous le charme de son dernier mari le comte d'Espivant, lorsqu'il l'appelle à son chevet, à la suite d'une crise cardiaque. Sans doute elle l'aime encore... Il va jouer la comédie, c'est un homme politique... Elle accepte sans scrupule d'être mêlée à une déloyale opération d'argent...
On voudrait tant lui dire non, n'y va pas ma chère Julie... Ne te fais pas avoir par la bassesse de cet homme une seconde fois...
Colette nous décrit ici un personnage féminin haut en couleurs qui assume ses choix de femme, ses goûts, ses erreurs aussi, sa liberté. Même bafouée par l'homme ingrat qu'elle a aimé, elle renonce à être une victime, elle agit, jouissant pleinement de la vie telle qu'elle se présente...
La fin de l'histoire donne à voir une femme meurtrie une nouvelle fois, qui se console auprès de son amour indéfectible pour les chevaux.
L'amitié de cette femme avec son frère est belle et touchante aussi. Elle nourrit la respiration de ce récit.
Tout est fin ici, délicat, triste, cruel, cynique, beau, jubilatoire. La vie, quoi !
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C'est toujours avec plaisir que je retrouve la plume de Colette. Ici elle nous dresse le portrait d'une femme émotionnellement équilibrée malgré l'état critique de ses finances, malgré sa solitude car divorcée deux ou trois fois...Il ne se passe pas grand chose dans ce livre puisque tout tourne autour de Julie et de ses ex-maris mais Colette nous fait vivre l'univers féminin dans une position où la femme s'assume dans ses choix et dans ses goûts, elle ne se fait plus passer pour une victime de l'homme ou de la société mais un être agissant...jouissant pleinement de sa vie telle qu'elle se présente! On se régale dans chaque respiration que l'auteure affecte à Julie qui n'est que le reflet de Claudine, son personnage récurent, simplement de l'autrice elle-même!
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Ce livre fit l'objet, à sa parution, l'objet d'un feuilleton dans Gringoire journal de droite, puis d'extrême droite, pendant l'occupation.

Julie de Carneilhan, aristocrate ruinée, divorcée, habite, dans un quartier populaire, un petit studio où la cuisine est séparée en 2 par un rideau pour accueillir la baignoire, accessoire indispensable dans sa vie. Elle y mène une vie légère en compagnie de jeunes personnes pour fuir le souvenir du conte d'Espivant dont elle est divorcée mais….
Son ex-mari l'entraînera une fois de plus dans une manoeuvre sordide et limite frauduleuse, manoeuvre percée à jour par l'actuelle femme d'Espivant. Humiliée une nouvelle fois, mais fière, elle se retournera vers sa maison natale, retrouver les chevaux, son frère, oublier la bassesse masculine….
Dans ce livre, Colette règle ses comptes avec Jouvenel ou les miasmes accrochés à ce passé et retrouve ses racines paysannes pour mieux se guérir et retrouver des valeurs authentiques.

Quel plaisir de vous retrouver Colette… il y avait si longtemps, trop longtemps. Vous êtes ma Madeleine. Vous lire dans ces vieux bouquins que je déniche chez les bouquinistes ajoute à mon plaisir.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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La comtesse Julie de Cameilhan a connu des jours meilleurs en cette toute fin des années 30 mais ne se laisse pas abattre pour autant.
Bien sûr, Herbert d'Espivant, son second mari l'a « jetée » pour épouser Marianne une jeune héritière richissime, mais à 45 ans, Julie continue a faire en sorte de paraître plus jeune, plus belle et plus fortunée qu'elle ne l'est en réalité, et d'avoir toujours auprès d'elle de jeunes admirateurs.
Mais quand Herbert d'Espivant dont tout Paris le sait bien malade lui envoie un mot en lui demandant de venir à son chevet, elle ne peut y résister.
Et malgré la forte opposition de Léon son frère qui n'a jamais apprécié d'Espivant, Julie ne peut se résoudre à laisser celui qui l'appelle si tendrement « Youlka » mais une fois de plus il va abuser de la crédulité de cette femme qui l'aime encore tant.
Humiliée, désemparée, c'est Léon qui lui apportera le secours dont elle a besoin en quittant avec lui Paris pour leur terre natale alors que la ville se fait l'écho d'une grande rumeur : la guerre est imminente.
Un joli portrait de femme demi-mondaine dans ce Paris qui s'apprête à succomber au chaos de la Seconde Guerre Mondiale.
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Une femme, Julie, libérée des liens du mariage et fauchée comme les blés essaie de garder sa dignité tout en cherchant à toucher de l'argent auprès de ses anciens maris. Elle arrive encore à nous faire profiter de la vie parisienne dans cette première moitié du 20 ème siècle.
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paru en 1941

Merveilleuse Julie sensuelle, aristocrate aux quarante-cinq ans solides et terriens. il y a une résonance de Claudine en elle et une résonance de Colette elle-même. Désargentée, elle vit dans un petit studio sis dans une rue commerçante de Paris. Elle se repose d'un amour difficile à guérir, celui qu'elle éprouva pour le comte Herbert d'Espivant dont elle est divorcée (ne serait-ce pas un roman à clé?). Il l'a quittée pour une femme riche, utile à sa carrière. Il fera de nouveau appel à la belle et fidèle Julie qui ne refusera pas de l'entendre et se retrouvera une fois de plus manipulée par cet homme égoïste et charismatique. Humiliée mais fière, elle partira vers l'endroit où elle peut, sans danger, être elle-même : son pays natal. un frère aimant et droit, des chevaux et Julie tournera définitivement le dos à l'amour destructeur.

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Colette publie ce roman en 1941, en pleine guerre. Elle y dépeint une héroïne qui lui ressemble beaucoup. Et elle en profite pour régler quelques comptes avec les hommes de sa vie, en particulier son deuxième mari, Henry de Jouvenel, homme politique éminent, qui n'est pas vraiment à son avantage …

Julie de Carneilhan est une très belle femme, âgée de 44 ans, qui a déjà été mariée jeune à un riche hollandais qui continue à lui verser une petite pension, puis à Herbert d'Espivant qui l'a plaquée pour épouser une richissime héritière, Marianne, très belle femme elle aussi.

Julie de Carneilhan a gardé son nom de jeune fille car elle est comtesse. C'est un peu l'image en négatif de Léa de Lonval, la maîtresse de Chéri, qui est une courtisane bien dotée.

En revanche, et comme celle-ci, elle est très libre de ses amours en particulier avec un amant occasionnel, Coco Vatard – 28 ans - et continue à susciter des passions, y compris auprès du jeune fils de Marianne, Toni, 17 ans.

Habile de ses mains, Julie est malheureusement pauvre : elle habite un studio dans un quartier populaire, mais sort beaucoup, se débrouille avec adresse pour se vêtir avec les moyens du bord. Elle et son frère Léon, éleveur de chevaux, tirent le diable par la queue mais s'efforcent de donner le change.

C'est une femme libre. « Créée pour rencontrer l'homme et lui plaire, pour l'aimer fréquemment et s'abuser de lui. » Il n'est pas douteux qu'elle nourrit toujours des sentiments envers Herbert, alors qu'il tombe gravement malade et l'appelle auprès de lui. En réalité, il va la manipuler pour soutirer à son épouse une somme d'argent conséquente … elle va tomber dans le panneau de ce triste sire mais sans en tirer avantage. Libre, donc, mais naïve …

Un portrait sans fard de l'aristocratie rurale ruinée, de la libération des moeurs des femmes de l'élite, de la complexité de l'âme féminine qui ne se résout pas à la déchéance sociale mais continue à traîner les coeurs après elle. Un art que Colette maîtrisa toute sa vie.

Un portrait de femme moderne, qui n'a pas pris une ride … et un style « vachard » éblouissant. Je sais gré à la personne qui m'a envoyé la très récente biographie de Colette par Antoine Compagnon, et m'a incitée à lire cet ouvrage, bien loin des clichés des Claudine et de Gigi !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Qui lit aujourd'hui Colette, l'auteur des « Claudine » ? On se dit (avec des titres comme « Chéri » ou « Gigi ») que cela va être complètement gnangnan. Au hasard, je suis allé prendre « Julie de Carneilhan » dans la bibliothèque de mon père. Ce court ouvrage est inclassable, très original. La plume est vive, alerte, légère, aérienne. le ton, sémillant, est malicieux. C'est sublimement féminin. Oui, je sais : peut-on encore dire cela aujourd'hui ? Mais j'assume. le mâle que je suis affirme que Colette, c'est l'intelligence littéraire au féminin. Visuelle, sensitive, primesautière, elle procède ici (tel un peintre) par petites touches pour faire pressentir un contexte, permettre petit à petit de resituer une scène. C'est du Proust au féminin. Cela demande de la part du lecteur une vigilance, une acuité de tous les instants. On se sent même (surtout au départ) un peu balourd devant cette impertinence littéraire. On est déconcerté devant tant d'espièglerie savante. Mais c'est une délicieuse surprise, comme un baiser délicat que vous ferait une jeune fille sur le coin de la bouche sans vous embrasser tout à fait. Colette, c'est le (bon) Champagne de la littérature française.
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