Le Blé en herbe

Un chapitre aurait suffi, mais Colette a fait durer. D'accord pour le décor changeant de la côte bretonne, mais pour les personnages, que de répétitions : les cheveux noirs de l'un, les cheveux blonds de l'autre, ses yeux bleus, sa peau halée par le soleil et le vent, les jeunes corps souples. Sans doute deux jeunes enamourés ne se lassent-ils pas de se regarder, mais il en va autrement pour la tierce personne qu'est le lecteur.
Quand deux amis d'enfance se muent en adolescents que de nouveaux sentiments habitent, leurs relations se compliquent. Leurs sexes différents les attirent autant qu'ils les éloignent. C'est assurément vrai à toutes les époques, mais reste-il assez de points communs entre ceux d'aujourd'hui et ceux d'il y a tout juste cent ans pour conseiller cette lecture à la jeunesse ? Peut-être l'étaient-ils en 1923, mais les échanges aux tonalités sérieuses et mélodramatiques des deux principaux protagonistes semblent aujourd'hui très peu réalistes. La plume de Colette n'a plus de quoi choquer personne.

C'est, à mon avis, et hors extraits étudiés en classe, la première fois que je lisais un livre de Colette.
J'avoue que j'ai été profondément déçu.
Je me suis ennuyé du début à la fin. Pourtant, je vais dire, trivialement, que "c'est bien écrit". Je n'en disconviens pas et certains passages sont très poétiques.
Mais l'histoire est fade au possible. Les sentiments exprimés et la façon de les raconter font vieillots au possible.
Le récit est bref mais, à mon regret, j'ai trouvé cela interminable et seul le style sauve cette lecture.

Histoire désuète de nos jours. Néanmoins, l'éveil amoureux adolescent y est, de mon point de vue, analysé d'une manière très sensible et juste.
L'écriture est belle, le rythme un peu lent est en harmonie avec les sentiments mêlés du jeune couple à la limite entre l'adolescence et l'accès à la vie amoureuse adulte.
Il se passe un temps long entre Vinca et Philippe, temps que les "baby-couples" d'aujourd'hui ne prennent pas ou peu. On peut s'interroger sur la précipitation à passer à la relation physique..
Commentaire ringard sans doute !...

Lecture de jeunesse. Souvenir de turbulences hormonales d'un jeune adolescent rêvant vivre les mêmes expériences que Philippe. Lecture fraîche et sensuelle.
Ce livre a été présenté au club de lecture de la bibliothèque de Tubize le vendredi 9 décembre 2022 par Ian
Lien : https://clubdelecture.tubize..

A sa façon de nous parler des gosses on voyait bien qu'elle nous aimait beaucoup…
C'était bien, c'était chouette, chez Colette.

Première incursion dans ce monde où les phrases se dégustent souvent fraiches de l'éclat de leur perfection mais parfois trop onctueuses de leur musique aux saveurs complexes et tendrement surannées.

J'ai apprécié débusquer les idées masquées d'interdits par l'époque trop prude aux épanchements.
J'ai ressenti pleinement les émois de l'adolescence de Philippe « enfermé dans son précoce amour comme un prince orphelin dans un palais trop vaste », identiques aux miens malgré une période plus tardive mais toujours marquée de l'inhibition imposée par l'ombre des parents.
J'ai aimé les minauderies et les enfantillages de Vinca et Philippe ancrés aux phrases de luxe de cette auteure qui possède le talent de décortiquer les sentiments de la fin de l'enfance où les passions ne s'expriment que dans l'extrême.
J'ai profité de l'environnement vivifiant de cette Bretagne aux parfums d'iode et de goémon, entouré de buissons d'ajoncs et de chardons de dunes aussi bleus que les yeux de Vinca.
J'ai frémi avec Philippe lorsqu'il rejoignait Mme Dalleray avec ce sentiment ambivalent de faire de lui un homme victorieux mais tremblant de perdre son innocence.

« Mais le plus beau matin rajeunissait jusqu'à ces enfants égarés et qui se tournaient parfois, plaintivement, vers la porte invisible, par où ils étaient sortis de leur enfance. »

On y retournera, pour ne pas l'oublier, Colette. Ce sera bien, ce sera chouette.
Et on reparlera des histoires du passé.

Qu'une femme ose écrire dans les années 1920s comment un adolescent de seize ans est déniaisé par une femme mûre, cela a probablement déchainé les passions. D'autant plus quand l'écrivain en question a séduit son beau-fils. le texte nous décrit à demi-mot l'éveil sexuel de Philippe durant un été. C'est tout à la fois sage et suffisamment provocant. Paradoxalement, les réactions de son amie Vinca sont très conformes à ce qui est attendu d'une femme à cette époque. J'en retiendrai de belles pages des dernières vacances sur une plage de Bretagne de deux adolescents qui comprennent que leur relation a changé à tout jamais.

LE BLÉ EN HERBE de COLETTE
Phil et Vinca, 16 et 15 ans se retrouvent comme tous les étés au bord de la mer. Leurs parents sont amis de longue date, reviennent ensemble depuis longtemps et au fil du temps qui passe, en regardant leurs enfants respectifs évoluer, ils les considèrent presque comme fiancés. D'ailleurs, sans se le dire vraiment, Phil et Vinca ne voient guère leur avenir l'un sans l'autre et avec l'âge leur flirt devient plus intense. Un jour une femme toute de blanc vêtue passe devant leur maison, elle s'est égarée et c'est Phil qui va la renseigner. Plus tard, lors d'une promenade en vélo, Phil va la croiser, elle va l'inviter pour une orangeade...il reviendra régulièrement la nuit pensant être discret, il ne veut pas blesser Vinca. La femme en blanc, c'est Camille Dalleray, la trentaine, belle et élégante, comment résister…
Très belle histoire, sulfureuse pour l'époque, adaptée au cinéma, rien d'exceptionnel mais j'imagine le choc de la lecture il y a un siècle.

Intérêt de l'histoire : une histoire d 'amour entre jeunes de 15 et 16 ans, cela devrait être captivant, mais ça traîne, ça traîne, et ce n'est pas le blé en herbe de l'amour, mais plutôt celui de la trahison. 15 ans et déjà trompée, pauvre Vinca...
Psychologie des personnages. Alors le personnage de Vinca est sympa, mais on se demande de quoi est fait la caractère de Philippe. Il a l'air de dominer Vinca pour la dominer, il est balloté par les filles et les événements, si peu nombreux en plus.
Dialogues : un peu surréalistes, ça fait fabriqué de toutes pièces, pas ou peu de spontanéité.
Vitesse de lecture : très lente : Colette fait des descriptions très compliquées, la plupart des passages sont nébuleux, autant dire qu'on n'y comprend rien, et on doit sans cesse reprendre sa lecture pour tenter de comprendre la fine pensée de la phrase, et son articulation avec la précédente et la suivante... Un jour javais perdu mon marque page, je pensais que je m'étais arrêté à telle page, j'ai donc lu plus de 20 pages avant de me rendre compte que les avais déjà lues, autant dire que ce qu'on lit ne frappe pas du tout l'esprit. Les évènements sont faibles.
Points positifs : il y a quand même une certaine ambiance, due au style si particulier de Colette, le personnage de Vinca est sympa, on voudrait juste plus de dynamisme et d'action, et non pas une certaine forme d'art pour d'art qui anesthésie le lecteur à la longue.

Vinca et Philippe qui passent leurs étés ensemble depuis 15 ans sont complices et attachés l'un à l'autre par une amitié qui devient de l'amour, des projets sous-entendus pour le futur. Mais Philippe rencontre « la dame en blanc » Avec elle il aura une aventure, il se rend compte qu'il n'est plus un enfant, qu'il devient un homme et il découvre l'amour physique. Par association, après le départ de cette dame en blanc qui l'a initié à ces désirs, il se rapproche de Vinca, il se rend compte qu'il l'aime et qu'il veut qu'elle lui appartienne. L'été s'achève, les adolescents sont tristes.
Vinca est surnommée la Pervenche à cause de la couleur de ses yeux. Elle est décrite comme une jeune fille jolie et un peu sauvage. Elle va évoluer tout au long du roman. La petite fille devient une femme jalouse lorsqu'elle découvre que Philippe rend des visites nocturnes à la dame en blanc.
Extrait de « le livre des soeurs », Amélie Nothomb.
« Lors d'un après-midi de solitude, tandis que Laetitia était à son cours de guitare, Tristane s'empara d'un livre dans la bibliothèque des parents : le blé en herbe, de Colette. Ce fut le coup de foudre. Elle avait déjà lu des romans sans effort ni ennui. Ce qu'elle découvrit avec Colette était d'un autre ordre : elle éprouva plus que de l'intérêt – du plaisir. Cela tenait encore davantage à la manière dont c'était écrit qu'à l'histoire elle-même.
…
Je sais enfin ce que signifie bien écrire. »

Certains trouvent le langage et le vocabulaire désuet mais je l'ai trouvé raffiné et recherché. Il est à l'écriture ce que les mets raffinés sont comparés à la « malbouffe » !
Les descriptions de la cote cancalaise sont riches et de toute beauté.
Les tourments amoureux des deux adolescents racontés de façon pudique, j'ai du mal à croire qu'au début du 20ème siècle ces textes aient fait scandale.

Dans ce court roman, Colette raconte l'amitié qui se transforme en amour. Deux adolescents passent tous leurs étés au milieu des paysages de la Bretagne entre baignade et partie de pêche. Ils assistent, impuissants, parfois réticents, à la transformation de leur amitié en amour. Et de la trahison, avec l'arrivée la dame en blanc. Personnage central, elle n'est pourtant que vaguement décrite, car ce qui compte ici ce sont les sentiments de Philippe et Vinca. D'ailleurs les autres adultes qui les entourent sont "les ombres".
Tout est doux, tendre, malgré la violence des sentiments et des désirs…Le délicat passage à l'âge adulte et les premiers émois amoureux sont ici décrits de manière subtile et sensible, tout comme les paysages.

En 1923, ce roman a fait scandale : l'initiation amoureuse d'un jeune garçon par une femme plus âgée, écrite par une femme, c'était déplacé. Moi, j'aime cette écriture, la plume douce et mélodieuse, le charme d'un temps révolu, des usages désuets. Une jolie parenthèse de douceur.