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3,57

sur 2096 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A sa façon de nous parler des gosses on voyait bien qu'elle nous aimait beaucoup…
C'était bien, c'était chouette, chez Colette.

Première incursion dans ce monde où les phrases se dégustent souvent fraiches de l'éclat de leur perfection mais parfois trop onctueuses de leur musique aux saveurs complexes et tendrement surannées.

J'ai apprécié débusquer les idées masquées d'interdits par l'époque trop prude aux épanchements.
J'ai ressenti pleinement les émois de l'adolescence de Philippe « enfermé dans son précoce amour comme un prince orphelin dans un palais trop vaste », identiques aux miens malgré une période plus tardive mais toujours marquée de l'inhibition imposée par l'ombre des parents.
J'ai aimé les minauderies et les enfantillages de Vinca et Philippe ancrés aux phrases de luxe de cette auteure qui possède le talent de décortiquer les sentiments de la fin de l'enfance où les passions ne s'expriment que dans l'extrême.
J'ai profité de l'environnement vivifiant de cette Bretagne aux parfums d'iode et de goémon, entouré de buissons d'ajoncs et de chardons de dunes aussi bleus que les yeux de Vinca.
J'ai frémi avec Philippe lorsqu'il rejoignait Mme Dalleray avec ce sentiment ambivalent de faire de lui un homme victorieux mais tremblant de perdre son innocence.

« Mais le plus beau matin rajeunissait jusqu'à ces enfants égarés et qui se tournaient parfois, plaintivement, vers la porte invisible, par où ils étaient sortis de leur enfance. »

On y retournera, pour ne pas l'oublier, Colette. Ce sera bien, ce sera chouette.
Et on reparlera des histoires du passé.

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Dire la fin de l'enfance, et plus encore ce moment juste avant de basculer dans le vestibule de l'âge adulte est un de ces exercices littéraires où il est aisé de se casser les dents et de passer à côté de son sujet.
Force est de constater que Colette, qui écrit à une époque où le concept même d'adolescence existait à peine, s'en sort avec une certaine finesse, en optant habilement pour le regard du garçon sur ses propres atermoiements autant que sur la fille - femme aimée. de fait, Phil et Vinca ressortent de ces pages avec une réelle consistance, toute de peau hâlée aux jeux de mer en été, d'attouchements avortés, et des non dits d'une pensée sentimentale pas encore mûrie.
"Le blé en herbe" n'est pourtant pas pour moi de ces romans qui fascinent et emportent, si ce n'est par l'intemporalité du sujet qui ramène le lecteur à sa propre adolescence. Malgré quelques jolies phrases, il m'a tardé d'arriver au bout de ce récit pourtant court. Lu trente (ou quatre vingt dix!) ans trop tard, peut-être!
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Chaudement recommandé par un professeur de lettres, j'étais curieuse de lire ce roman de Colette dont il disait que c'était le roman "où elle règle ses comptes avec la gent masculine".
Intriguant, comment à partir du récit d'un séjour de deux jeunes ados parisiens en Bretagne Colette aurait pu faire une telle chose ? N'étant tant pas insensible au charme désuet de la plume de Colette, les critiques très mitigées ne m'ont pas arrêtée !
Alors, en toute sincérité, je dois admettre que l'intérêt du roman se situe dans les trois derniers chapitres.
J'ai ressenti cette lecture comme étant surtout une nostalgie pour un Eden D innocence qu'est celui de l'enfance qui ignore le mensonge et la trahison. Dans ce récit du passage à l'adolescence de Vinca et Philippe, ses deux amis d'enfance fusionnels qui étaient comme des "jumeaux" nous dit la narratrice sont séparés lorsque la rencontre de Phil avec Mme Camille Dalleray (dont ke portrait est vraiment magnifique et d'une sensualité malgré sa simplicité... surprenant !) crée l'éveil des sens du jeune garçon.
Dans le blé en herbe, le serpent est remplacé par une belle trentenaire lascive face à laquelle le jeune Phil est désarmé. Et Vinca, lorsqu'elle mord dans une poire refuse de la donner à Phil, ses deux scènes seraient d'ailleurs intéressantes si on prenait le temps de les regarder de plus près.
Et en cédant à l'appel de la chair, les deux ados perdent leur statut et rôle d'enfant ainsi que leur vision idéalisée d'un amour pur. Et le personnage de Phil ne devient rien de plus.. qu'un lâche ! Celui qui a trahi mais cherche à se faire plaindre, se pose en victime et en sauveur avec des mits d'amiur auxquels la jeune fille ne peut plus croire.

Si j'ai apprécié l'écriture de Colette et les trois derniers chapitres, je comprends qu'un tel récit puisse rebuter un lecteur du 21ème siècle, non seulement parce qu'il est très descriptif mais aussi très mesuré pour une revanche et toute la relation avec Mme Dalleray n'est que suggérée par des images pour qui voudrait lire un roman d'initiation érotique.

Au final cette lecture n'a pas été déplaisante mais je ne le conseillerai pas non plus à n'importe quel lecteur.


Multi défis 2020
Défi XX ème 2020
Défi Plumes féminines 2020
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Dense, lumineux, ce "blé en herbe" est à la fois un adieu à l'adolescence et un éveil à la sensualité. C'est une fin et un commencement, un crépuscule et une aurore. Il aurait été facile pour Colette d'en faire un roman à scandale puisqu'elle y évoque la relation charnelle d'un jeune garçon et d'une femme mûre, mais ce qui l'intéresse, c'est moins la fusion des corps que la confusion des esprits qui en résulte.

Nulle crudité, ici. Nul érotisme au sens commun du terme. Rien que des êtres en proie au vertige du désir, perdus sans boussole sur l'océan des sentiments. Curieusement, j'entends parfois qualifier ce livre de tiède, de mièvre, de convenu. Eh bien moi, je le trouve intense, beau et subtil! Il dit sur l'amour des choses très belles et les dit avec beaucoup de justesse.
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J'en attendais beaucoup, je suis restée sur ma faim. le livre ne me semble pas être à la hauteur de sa réputation. A lire, sans plus. du même auteur, j'ai été bien plus sensible à "La chatte".
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Depuis 2021, les commémorations nationales sont une mission confiée à l'Institut de France. C'est dans ce cadre que France Mémoire détermine chaque année un calendrier de cinquante anniversaires et que cette année est fêtée la naissance de Colette (née en 1873). C'était donc l'occasion de lire le blé en herbe, une de ses oeuvres principales, publiée il y a cent ans, en 1923.

J'aimerai dire que j'ai beaucoup aimé, mais malheureusement ce n'est pas le cas.

Dans Sido, livre lu l'année passée, j'avais apprécié le jardin de la mère de Colette et la végétation de l'Yonne, peut-être en raison du retour aux paysages de ma propre enfance. Cependant, la côte cancalaise, où se déroule le blé en herbe, est réputée, donc ces descriptions auraient dû me transporter. Malheureusement, j'ai trouvé que le style était daté, désuet et ne suis pas parvenue à me projeter.

Par ailleurs, le récit de la complicité d'enfance qui se transforme en rapport charnel à l'aube de l'âge adulte, affadie par le spectre de la femme expérimentée qui a eu la primeur des ébats avec le jeune premier, laissait beaucoup de possibilités sur l'exploration psychologique des personnages, la mise en lumière des émotions, l'étude des moeurs et de l'époque. Ici encore, peut-être parce que le texte est centré sur le point de vue de Philippe, sans avoir celui de Vinca ou de Madame Dalleray, j'ai eu des difficultés à entrer dans le texte.

Ce livre est en milieu clos, les familles de Philippe et de Vinca se retrouvant tous les étés dans cette maison du bord de mer, qui est à peu de distance de celle louée par Madame Dalleray, venue passer ses vacances seule. Peut-être que c'est cette limitation de l'espace qui restreint les possibilités d'actions et de péripéties et qui a causé mon ennui ?

Bref, je suis la première malheureuse de n'avoir pas su apprécier à sa juste valeur ce texte (au niveau de l'écriture, des lieux, des personnages et du récit). Que cela ne vous décourage pas pour autant, ce n'est que mon impression et d'autres ont adoré !

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Phil et Vinca sont deux amis d'enfance, complices depuis leur plus jeune âge. À l'adolescence, cette complicité se transforme naturellement en amour. Plus tout à fait enfants, pas encore vraiment adultes, les deux jeunes ont toutefois un peu de mal à gérer le bouleversement de leur relation. D'autant qu'une trentenaire en vacances dans la région s'entiche de Phil, et est bien décidée à lui faire découvrir les plaisirs de la chair.

Ce livre me paraît avoir assez mal vieilli ! Dans l'écriture d'une part, même si, selon les goûts, cela pourra conférer au roman un certain charme désuet ; mais surtout dans la relation homme/femme décrite : Phil est dominateur, possessif, insensible ; Vinca est soumise (bien que son côté enfant la pousse un peu à la révolte), et on mesure son amour à la quantité de souffrance qu'elle encaisse sans broncher.

Difficile de comprendre à notre époque pourquoi ce roman a pu scandaliser à sa sortie.
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Déjà lu il y a très longtemps, je l'ai relu avec un certain plaisir. le style, très classique, les descriptions, très précises, n'ont pas perdu de leur charme.
L'analyse psychologique est très fine
L'amour de deux adolescents, Philippe et Vinca, qui se retrouvent chaque été à Cancale est troublé par la mystérieuse « dame en blanc » que Philippe va rejoindre la nuit.
Publié en 1919, ce livre dut sembler avant-gardiste alors qu'il paraît des plus soft de nos jours.
Ce n'est pas le livre de Colette que je préfère, mais il fut très agréable à relire.
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J'avais lu Claudine à l'école il y a de très nombreuses années, j'ai donc profité de la lecture commune de notre forum La ronde des livres pour redécouvrir cette auteure. Ce petit roman m'a laissée une impression assez mitigée. D'une part, j'ai beaucoup aimé le style très riche et poétique de Colette, certains diront suranné, mais cela nous change de l'écriture actuelle. Les descriptions de la nature sont justes magnifiques, on a vraiment l'impression de voir ces paysages de Bretagne, de sentir l'odeur des fleurs, le goût des fruits ou des crevettes. le vocabulaire est d'une richesse incroyable, la langue totalement maîtrisée. Rien que pour cette très belle forme, ce texte mérite d'être lu, il est comme un poème en prose.

Si la forme est vraiment très belle, le fond, lui a assez mal vieilli. le roman a été publié en 1923, et à ce moment-là il a fait scandale par son audace. Il raconte la fin de l'adolescence de Vinca et Phil, dont les familles sont amies et qui passent tous leurs étés dans une villa louée sur la côte bretonne, près de Cancale. Des indices textuels laissent à penser que l'intrigue se déroule au début du vingtième siècle, du moins avant la première guerre mondiale. Les deux adolescents de quinze et seize ans se connaissent et s'aiment depuis toujours, ils pensent naturellement être promis l'un à l'autre. Phil grandit et leur relation est plus difficile cette année-là, il se montre dominateur envers son amie. Ils se sentent tous deux impatients face à leur avenir, même s'il ne recèle aucune surprise, les cinq ou six ans qui les séparent de leur mariage leur semble des siècles. Au début des vacances, Vinca est prête à se jeter d'une falaise tant cette attente est difficile, mais Phil la retient. Un jour, une belle dame d'une trentaine d'années demande un renseignement au jeune homme, puis l'invite à boire une orangeade alors qu'il passe en vélo devant sa villa. C'est le début d'une relation secrète où elle l'initie aux plaisirs de la chair. Ils se voient durant la nuit, Phil croit s'échapper de sa villa sans bruit. Fin septembre, la fin des vacances se précise, Camille rejoint Paris avant Phil qui est très troublé. Mais Vinca sait tout, elle lui reproche de l'avoir trompée, mais lui pardonne et s'offre à lui pour ne pas le perdre.

Les scènes de sexe ne sont évidemment pas du tout explicite, vu l'époque où le livre a été écrit. Je ne sais pas exactement ce qui a choqué à l'époque, le fait que Phil soit initié par une femme qui a le double de son âge et qui ne désire qu'une relation charnelle ou celui que Vinca se donne à son ami alors qu'elle n'a que quinze ans. Les sentiments des deux adolescents sont complexes et instables, faits d'attirance et de répulsion, d'envie de devenir adultes très vite et d'une nostalgie sans fond pour les plaisirs simples de leur enfance qui s'enfuit irrémédiablement. La vision de l'avenir qui s'offre à eux est complètement dépassée aujourd'hui, Phil va commencer le lycée et pense que faire son droit plus tard est le seul moyen de s'élever dans la société tandis que son père est un commerçant aisé. C'est surtout l'avenir de Vinca qui nous fait froid dans le dos, laissant voir le gouffre qui nous sépare des femmes de cette génération : Elle ne fera pas d'études après sa scolarité obligatoire et aidera sa mère à la maison en attendant de se marier. Elle n'a aucune ambition et suivre ce chemin tout tracé lui paraît le but le plus désirable à atteindre. J'ignore si Vinca a pu paraître une jeune fille audacieuse et libérée en 1923, mais c'est sûr que pour nous, elle est le prototype de la femme soumise, bonne ménagère et surtout future épouse qui acceptera comme normales les infidélités de Phil.

J'ai trouvé ce roman assez long, malgré ses seulement cent vingt cinq pages, car il est difficile de se passionner pour ces deux adolescents tourmentés d'un autre temps, je suis toutefois très contente d'avoir redécouvert cette auteure.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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Qui n'a pas entendu parlé de Colette et de son fameux le blé en herbe ?
Du coup, pour ne pas me sentir bête, je l'ai proposé lors d'une lecture commune ... (les avis sont d'ailleurs partagés)

Eh bien, grande déception ... pourtant le 1er chapitre m'a plutôt ravie : la plume de l'auteure, ses descriptions m'ont embarqué sur cette plage bretonne avec la nostalgie de mes étés. J'y ai ressenti une douceur de vivre, bercé par l'iode et les ajoncs et la découverte de ce petit couple d'adolescents en plein tournant. L'âge où l'on garde la frivolité de l'enfance mais aussi les 1ers sentiments amoureux dûs à l'adolescence.
Tout ceci inauguré que du bon... mais non je me suis lassée. Ce livre pourtant court m'a fait 2-3 jours. Tout me semblait un peu trop mièvre, un peu fade. Seule la petite crise de colère de Vinca à la fin m'a réveillée de ma torpeur...

Cela dit, nous sommes en 2019. Je suppose qu'à sa sortie, les jeunes lectrices ont dû être bouleversées par cet amour naissant, cet amour de vacances.
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