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« Moi, Tituba, sorcière… noire de Salem », Maryse Condé (279P, Folio)
En 1692, au cours d'une incroyable crise d'hystérie collective dans la petite cité de Salem, à l'Est de ce qui n'est pas encore les Etats-Unis, des jeunes filles vont accuser de nombreuses personnes d'être des suppôts de Satan qui les ont littéralement possédées. Dans cette communité ultra-puritaine et repliée sur elle-même, ce délire conduira à des dizaines d'arrestations, (dont celle d'une jeune femme noire, Tituba, esclave chez le révérend intégriste du village), à des procès et des condamnations multiples. Au final, vingt personnes, dont quatorze femmes, furent pendues.
De cette histoire vraie, Maryse Condé va faire émerger le personnage bien réel de Tituba ; elle lui donne (invente) une histoire qui dépasse avant et après l'affaire des « Sorcières de Salem », depuis son enfance sur l'ile de la Barbade dans les Caraïbes comme esclave d'une femme anglo-américaine, à sa vente à un pasteur plus que rigoriste qui retourne en Amérique du Nord, et donc son exil forcé, sa vie de misère dans ces contrées lointaines et froides et la manière dont elle est embarquée dans cette folie hallucinée, à son retour au bout de dix ans sur sa terre de naissance jusqu'à sa mort prématurée et violente.
C'est le portrait poignant d'une femme qui résiste comme elle peut à toutes les humiliations, celles de l'esclavage chez des colons blancs inhumains, des rigueurs puritaines, mais aussi celles venues des hommes, y compris des hommes noirs, esclaves ou anciens esclaves. Tituba est une femme qui ne cesse de se battre et espérer, qui trouve parfois refuge dans des croyances animistes, aux dons de guérisseuse (dès son enfance elle a acquis par sa mère et sa tante des connaissances sur les bienfaits des plantes) qui lui ouvriront des portes et lui feront une réputation parfois bienveillante, parfois dangereuse.
C'est bien écrit, dans une langue forte et généreuse, qui transcende tout ce désespoir qui aurait pu imprégner son destin, et celui de ses soeurs et frères de misère.
C'est un rappel ô combien nécessaire de ce que furent les débuts de la traite des noirs et de l'esclavagisme, mais aussi du puritanisme religieux le plus délirant, à un moment où le racisme et les extrémismes religieux font si bon ménage, pour le pire de l'humanité.
Et c'est à lire.
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voici l'histoire d'une esclave de la Barbade remplie de péripéties, une vie dure, malmenée par les Blancs et leurs injustices, leurs caprices et leurs colères ! Quelle histoire ! L'auteure a une écriture plutôt poétique qui donne plus de couleurs aux bons moments et un style plus froid et dramatique lors des épreuves traversées, tout en ralentissant le rythme pur une certaine langueur exotique parfois. j'ai trouvé cette histoire merveilleusement bien écrite. Et lue par Audrey Fleuriot en audiolivre, c'est bien aussi (même si c'est long).
Pour faire court : Un destin de femme à connaître ! Une écriture à découvrir. Une très belle lecture !
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Quelle superbe lecture ! Je ne m'attendais pas à être aussi emportée dans ce roman, qui m'a passionnée de la première à la dernière ligne !

Maryse Condé est une autrice qui a reçu beaucoup de distinctions littéraires, ce qui me faisait un peu peur; j'ai toujours, en effet, cette crainte que le texte soit trop exigeant. Il n'en fut heureusement rien dans ce livre : la plume m'a emportée, et m'a fait vivre un voyage fabuleux en compagnie de Tituba ! Maryse Condé a un talent fou pour proposer une histoire basée sur un fait historique réel auquel elle apporte une touche fabuleuse qui la rend absolument extraordinaire. le tout est emprunt à la fois d'onirisme et de réalisme, se dévorant littéralement. Je tiens absolument à découvrir d'autres oeuvres de cette autrice tant celle-ci m'a convaincue et charmée !

Et que dire de l'histoire, qui est incroyable ! Maryse Condé nous livre un destin hors du commun, celui d'une femme, Tituba, née d'un viol, fille puis femme d'esclave, guérisseuse mais considérée comme sorcière. Maryse Congé parle de l'esclavage, de la bigoterie et du procès des sorcières de Salem comme personne. A travers Tituba, tant de maux exprimés : la servitude, le deuil, l'abnégation, la cruauté de l'époque et des Hommes, la fatalité. Tituba cumule les handicaps : femme, de couleur, guérisseuse. Elle en fera des forces. C'est en cela que se révèle toute la beauté, la force et l'inspiration qu'elle donne.

A travers sa plume remarquable, Maryse Condé décrit un personnage fabuleux victime de son époque. Une époque où règne l'esclavage et la bigoterie. Une époque où Dieu et l'Homme Blanc règnent en maître. Une époque dont la magie mais aussi la cruauté imprègnent l'air, et les pages de ce roman qui nous enveloppe de son ambiance très pesante et légère à la fois. Il m'était perturbant à chaque fin de lecture de sortir le nez de mon livre et de me retrouver libre au XXIème siècle, tellement j'étais prise dans cet univers et cette ambiance.

Moi, Tituba sorcière… est indéniablement une de mes lectures les plus marquantes de l'année 2020, et la plume de Maryse Condé une véritable révélation !
Lien : https://matoutepetiteculture..
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Malheureusement, je suis passée un peu à côté de ce livre qui pourtant bénéficie de nombreuses critiques élogieuses.

Pourtant, l'histoire de Tituba a tout : rebondissements, injustices, méchants détestables, un peu de surnaturel et une héroïne peu commune.

Je pense avoir été gênée par un récit qui ne se place ni vraiment dans la réalité, ni vraiment dans l'imaginaire de Tituba. Je ne parvenais pas à distinguer les faits dans ce conglomérat...
Le style de Maryse Condé, bien que poétique et riche en vocabulaire, ne m'a pas aidée à dépasser cette gêne, bien au contraire. Trop de métaphores peut-être.

Bref, je suis passée à côté.
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On connaît l'histoire des sorcières de Salem, l'histoire de ces petites filles qui, dans la Pennsylvanie rigoriste du 17e siècle, paraissent possédées par le démon et accusent de sorcellerie les femmes du village. Cela aboutira à une vague de procès et d'éxécutions. L'histoire que l'on connaît moins, c'est celle de Tituba, l'esclave noire de la famille des principales accusatrices. Utilisant les savoirs ancestraux appris sur l'île de la Barbade, où elle est née, elle s'attire l'hostilité d'une des fillettes, hostilité qui déclenchera toute l'affaire.
Dans ce récit, Maryse Condé raconte l'histoire de Tituba. Histoire en partie inventée, tant Tituba intéressera peu ses contemporains et donc ne génèrera que très peu d'archives. Mais histoire réaliste cependant, qui restitue à cette femme la place qu'elle mérite. On découvre donc le destin hors norme d'une femme que l'adversité malmène mais jamais ne rompt. Une leçon !
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Un seul mot : MA.GNI.FI.QUE
Une fabuleuse histoire triste et belle à la fois
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Ce livre m'a scotché ! Bon, c'était un peu gagné d'avance, car j'aime beaucoup les créations qui tournent autour de Salem (Arthur Miller, Thomas Gilbert). Ce qui me plaît dans ce thème, c'est la façon dont chaque écrivain met en place la machination diabolique de la chasse aux sorcières, avec plus ou moins de part de fantastique.

Pour Maryse Condé, c'est une vraie réécriture moderne. On trouve d'ailleurs les mots féminisme et racisme dans le récit, ce qui m'a, je dois dire, un peu déstabilisée puisque cela ce passe au 18e siècle. le personnage de Tituba est d'une richesse incroyable, son lien avec la nature et sa spiritualité sont profonds. J'ai aimé le fait que Maryse Condé traite toute sa vie, avec la même intensité que l'épisode de Salem (pour lequel elle reprend les transcriptions du procès). Ici la fiction se mêle donc à la réalité de façon à combler les manques d'archives.
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" de cette jeune esclave effacée de l'histoire, Maryse Condé prend le parti de faire une sorcière noire. Pour échapper au viol par le maître, la mère de Tituba le tue. Elle est pendue, Yao se suicide, et la petite fille est confiée à Man Yaya, une vieille femme qui lui apprend à communiquer avec les morts, faire des incantations et des sacrifices et utiliser les plantes. Les fantômes des deux femmes l'accompagneront toute sa vie, Abena l'aimant comme jamais elle n'a pu l'aimer de son vivant, et Man Yaya restant par delà la mort sa maîtresse ès magie. Aux deux femmes se joint parfois Yao. Ttuba connaît d'abord la liberté : après la mort de ses parents, survenue alors qu'elle n'a que 7 ans, elle est chassée de la plantation par le propriétaire. Recueillie par Man Yaya, elle n'appartient plus à personne. « Ce n'était pas une Ashanti comme ma mère et Yao, mais une Nago de la côte, dont on avait créolisé en Man Yaya le nom de Yetunde. On la craignait. Mais on venait la voir de loin à cause de son pouvoir. » Avec elle l'enfant apprend, et elle la remplace comme guérisseuse auprès des esclaves après sa mort. « Man Yaya m'apprit les prières, les litanies, les gestes propitiatoires. Elle m'apprit à me changer en oiseau sur la branche, en insecte dans l'herbe sèche, en grenouille coassant dans la boue de la rivière Ormonde quand je voulais me délasser de la forme que j'avais reçue à la naissance. Elle m'apprit surtout les sacrifices. le sang, le lait, liquides essentiels. Hélas ! peu de jours après l'anniversaire de mes quatorze ans, son corps subit la loi de l'espèce. Je ne pleurai pas en la mettant en terre. Je savais que je n'étais pas seule et que trois ombres se relayaient autour de moi pour veiller. » "
Extrait d'un article de Lonnie
Lien : https://doublemarge.com/moi-..
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Lorsque Maryse Condé exhume Tituba des archives historiques pour lui rendre corps, coeur et dignité sous sa plume, cela donne ce roman magnifique.
Des terres aimées de la Barbade, à l'exil forcé aux États-Unis, tantôt esclave, tantôt libre, toujours extrêmement sensitive, cette guérisseuse qui maîtrise l'herboristerie et sait communiquer avec les esprits sera accusée de sorcellerie au cours du retentissant procès de Salem.
Le racisme ambiant côtoie l'hypocrisie des bigots. Mais, malgré les épreuves et les injustices Tituba fera face, inlassablement, et sans jamais se départir de sa bienveillance, dans un monde où sa couleur de peau laisse si peu d'espoir en un avenir meilleur.
Un livre qui aiguise les sens et dont on tire belle leçon de courage et de transmission.
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Il s'agit ici, de l'histoire de Tituba, une esclave accusée de sorcellerie à Salem. L'autrice nous explique que c'est une biographie romancée, qu'elle a essayé de faire coïncider les événements avec les éléments que nous possédons mais que beaucoup de passage sortent de l'imagination de Maryse Condé. C'est surtout l'histoire de l'esclavage à travers Tituba. C'est aussi les traditions d'un peuple, d'une tribu, d'une groupe, d'une famille trouvée. La sorcellerie pratiquée par Tituba ressemble à la médecine naturelle, elle vise le bien-être du corps et de l'esprit la plupart du temps. Ce récit n'était pas idyllique, il a son lot de malheurs, de loupés, de faux-semblants.
C'était intéressant! Même si je pensais trouver plus de faits historiques, j'ai apprécié ma lecture telle quelle a été. C'est resté enrichissant.

Pour parfaire mon apprentissage sur les procès de Salem, j'ai regardé une vidéo faite par la chaîne youtube Occulture, qui est également très intéressante.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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