AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,15

sur 788 notes
5
56 avis
4
43 avis
3
12 avis
2
2 avis
1
0 avis
Dire de Maryse Condé qu'elle est une incroyable conteuse est galvaudé.
Personne, aujourd'hui, ne remet en cause ce talent qui était le sien.
Elle avait ce don de raconter des histoires – grandioses, immenses –,
de forger des personnages inoubliables,
et de donner force à leur bras et tendresse à leurs larmes.

Il n'est pas donné à toute le monde une telle habileté.
À peine a-t-elle jeté ses filets, que nous voilà pris·e au piège.
Ferré·e. Capturé·e et captivé·e par la grandeur de son récit.
La langue est pure, simple et limpide. le sang chaud et la peau fébrile.

Sous-jacente, dissimulée dans les méandres d'une histoire palpitante : une force.
Un volcan.
Un boucan.
Assourdissant.

Et la rage en bouclier, l'amour en fer de lance.
Celui de la chair et du mot.
De l'histoire et de la passion.

Moi, Tituba sorcière… est un voyage. Dans un ailleurs, un passé, un oubli.
C'est une réhabilitation aussi libre que généreuse. L'histoire magnifiée d'une femme au destin tragique, l'amertume en étendard, parée d'injustices.

C'est une ode à la liberté, celle du corps et celle de l'âme.
Un hymne à la résilience, un chant de guérison.
C'est une complainte amoureuse bercée par le roulis des ruisseaux sillonnant la Barbade, une symphonie rayonnante, lumineuse, aussi luxuriante que la végétation de l'île aux mille visages.
C'est un embrasement. Une flamme.
Crépitante,
et décoiffante.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
Commenter  J’apprécie          50
Je ne connaissais pas Maryse Condé avant d'avoir appris sa mort récemment. Son parcours, ses origines et ses faits d'armes m'ont incité à vouloir découvrir ses oeuvres. Comme je n'ai pu mettre la main sur le livre intitulé Ségou, je me suis rabattu sur celui-ci suivant les recommandations d'un libraire.

J'ai débuté ma lecture avec beaucoup d'enthousiasme, car l'histoire et le contexte m'interpellaient (je suis d'origine Antillaise). Plus j'avançais dans le déroulement et plus je trouvais que le tout était brouillon. En partant d'un fait réel peu documenté (l'existence de Tituba), l'auteure lui a imaginé une vie fort remplie, mais les diverses étapes sont déclinées avec beaucoup de rapidité. L'histoire est racontée au "je", et cela n'a pas aidé. En effet, il dur de croire qu'une esclave noire soit capable d'utiliser des termes et expressions aussi savants que "contrites", ou "soigner les langueurs de ma maîtresse"...

Bref, au final ce fut un livre instructif. Il vise à réhabiliter la mémoire d'une esclave de la Barbade, ou à la faire découvrir, et en ce sens ce fut mission accomplie en ce qui me concerne. Par contre, le style, la forme et certains aspects du contenu m'ont laissé sur ma faim. C'est comme si j'avais l'impression de l'auteure avait un peu bâclé son travail, avec tout le respect que je lui dois.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai adoré Moi, Tituba sorcière…., premier livre de Maryse Condé qu'il m'est amené de lire, et qui est le début d'une longue liste. Adoré. Bien entendu, à cause de ce récit d'une vie, celle de Tituba, fille de l'esclave Abena qui sera pendue, et de yaho son père, qui se donnera la mort en avalant sa langue. Tituba est recueillie par Man yaya, une veille femme aux pouvoirs surnaturels qui lui apprend le secret des plantes et la communication avec les anciens. Son mariage avec John Indien l'amène à intégrer la plantation de Susanna Endicott, avant d'être vendue avec son mari à un Pasteur puritain, Samuel Parris, qu'elle suit à Boston puis à Salem. Dans l'atmosphère hystérique de la ville, elle souffre des procès en sorcellerie, et devra faire preuve de son incroyable ingéniosité pour survivre. Adoré, car comme tous les récits portant sur cette terrible période que fut l'esclavage des noirs, ce roman est fondé sur l'abnégation, et une ode à vivre malgré l'horreur. Tituba demeure intérieurement une femme libre sous le joug de la société esclavagiste dans laquelle elle évolue, tendue par le désir d'aimer, et de pratiquer sa science. Aucun passage ou mot superflu n'émaille le roman. C'est un cinq étoiles.
Commenter  J’apprécie          20
Maryse Condé nous a quittés il y a deux semaines. Je ne la connaissais que de nom, sans l'avoir jamais lue encore. Et c'est seulement à l'annonce de sa disparition que je me suis rendue compte que j'avais dans ma bibliothèque l'un de ses livres. Il m'avait été offert il y a quelques temps déjà et s'était malheureusement un peu perdu dans ma pal et dans ma mémoire.
Je le retrouve donc en cette triste occasion, où tous les hommages et éloges entendus m'ont donné envie de sortir ce livre de ma pile à lire et de découvrir enfin cette grande écrivaine.
Et c'est une oeuvre vraiment particulière que ce roman.
Je connaissais assez vaguement, comme beaucoup je pense, la ville de Salem et ses célèbres procès de sorcières au XVIIe siècle. Ce que j'ignorais en revanche c'est que parmi elle figurait une esclave noire venue de la Barbade et prénommé Tituba. Là aussi, nous sommes beaucoup à ne pas la connaitre, car qui se souviendrait du sort d'une esclave, femme et noire qui plus est ? Et c'est justement cet affront, cet oubli, cette injustice qu'a voulu réparer Maryse Condé. Sous la forme d'un roman, d'une biographie romancée donc — bien qu'appuyée sur les rares documents et traces restant d'elle —, l'autrice redonne à Tituba toute la vie et la substance qu'elle mérite à l'égal de tout autre personnage historique. Quoi de mieux qu'un roman pour faire revivre et réintroduire dans l'inconscient collectif une femme disparue depuis plus de trois siècles et dont on sait si peu de choses ? Mieux encore, Maryse Condé lui donne ici la parole, libre et entière de nous faire elle-même le récit de sa vie. Alors on va l'écouter, la découvrir et voyager avec elle.
Et quelle vie va-t-telle avoir !
Une vie de servitude bien-sûr, mais pas que, une vie marquée par bien d'autres choses que l'asservissement. L'amour et les rencontres seront les deux principaux éléments marquants qui vont jalonner sa vie. Ballotée de maître en maître, de maison en maison, de ville en ville, elle croisera le chemin d'un nombre incalculable de personnes. Souvent mauvaises mais quelque fois bonnes, et ce qui frappe surtout dans la personnalité de Tituba c'est son grand coeur et sa grande naïveté. Malgré les horreurs qu'elle vit et qu'elle voit, elle continue chaque fois d'avoir spontanément foi en l'autre au premier abord, à faire confiance, comme si elle ne pouvait s'en empêcher. Et c'est d'ailleurs toujours pour aider les autres qu'elle utilisera ses talents de guérisseuse, ces talents qui lui vaudront partout le qualificatifs de sorcière. Toujours aider l'autre au détriment de ses propres interêt, un trait de caractère noble mais qui lui causera bien des tourments et bien des déceptions. Et parmi eux il y a les hommes. Tituba aime les hommes, aime l'amour charnel, aime aimer, parfois bien malgré elle, mais toujours intensément. Elle en connaîtra beaucoup, des hommes, aussi différents les uns que les autres, et qui chacun lui apporteront ou lui enlèveront quelque chose.
Tituba nous raconte son histoire elle-même donc, maison ne sait pas combien de temps après elle le fait. Quelques années ? Décennies ? Siècles ? Car je n'ai pas pu m'empêcher de sentir quelques anachronismes ici et là, dans l'usage de certains termes dans certains dialogues, et aussi au travers du grand recul qu'à Tituba sur son histoire. J'ai peut-être l'oeil un peu trop tatillon car qu'importe, ce qui compte ici c'est Tituba.
L'écrivaine fait renaitre sous sa plume simple, directe, acérée, cette sombre période de l'histoire, celle de l'esclavage et de la traite négrière, mais à échelle humaine.
Stigmatisée comme sorcière et comme esclave, connu que pour cela, Maryse Condé nous offre à découvrir une Tituba complexe, comme tout être humain finalement, humaine, avide de liberté et d'amour, forte et flamboyante, même dans la misère.
Pour cette oeuvre, merci Madame Maryse Condé !
Commenter  J’apprécie          130
Une très belle découverte marquante sur un sujet qui m'intéresse énormément : la chasse aux sorcières au XVIIe siècle.

Nous rencontrons Tituba à la barbade. Elle est née d'un viol entre sa mère et un marin anglais. Elle va être élevée et initiée aux pouvoirs surnaturels avec l'aide de Man Yaya, guérisseuse et faiseuse de sorts. Tituba rencontre John Indien un esclave avec qui elle va se marier. John va être vendu à un nouveau maître les forçant à quitter la Barbade pour le village de Salem.

Un roman passionnant mélant sorcellerie, faits historiques, place de la femme et la folie des hommes. Malgré une plume brutale et difficile par moment, l'autrice a réussi à m'immerger dans cette histoire aux côtés de Tituba avec beaucoup de poésie. J'avais un peu peur au début de sa plume mais au final, cela ne m'a dérangée, bien au contraire. L'histoire débute avec le viol de la mère de Tituba. Les premières pages sont douloureuses et pourtant importantes pour comprendre tout le cheminement derrière.

L'autrice redonne vie dans ce roman à ces femmes qui, sous l'hystérie générale de l'époque, se sont retrouvées emprisonnées et persécutées pour leur croyance et pour leur différence.
Le personnage de Tituba m'a touché. J'ai souffert, pleuré avec elle, j'ai ressenti sa colère au plus profond de moi et wow quelle expérience.

Elle dégage une telle force que j'en suis restée bouche bée, refusant de se laisser marcher dessus, se battant pour ses convictions et sa liberté du début à la fin. Là où certains auraient flanché, elle n'a pas peur.

Un sentiment d'injustice et de colère s'est élevé en moi face à toutes ces atrocités commises par l'homme que ce soit envers Tituba et envers les esclaves. Nous avons droit à un tableau absolument terrifiant de la condition de la femme et des esclaves qui ne laisse personne de marbre.

Un roman puissant, dont on ne peut tirer qu'une belle leçon de courage. Merci à l'autrice pour avoir mis des mots sur les maux de Tituba.

Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
J'ai adoré la plume de Maryse Condé. En moins de 300 pages, on a une histoire complexe plutot bien cadrée, avec des developpements dans plusieurs pays. Sorcière, Salem...
Mais voilà je n'ai pas accroché au personnage de Tituba dans cette reprise: trop tendancieuse à foncer dans le mur.
Commenter  J’apprécie          00
Ecriture fluide et très maîtrisée pour un sujet brûlant... Qui n'a pas fini de faire crier, écrire, pleurer.
Un livre écrit en 1986 qui donne un la à une foule d'autres, plus récents et essentiels ; les descendants et descendantEs des esclaves ont encore beaucoup à exprimer. L'humanité (principalement la blanche) a encore beaucoup à entendre et modifier pour qui sait un jour retrouver une certaine dignité.

Commenter  J’apprécie          141
Tituba est la fille d'Abena, une esclave violée par un marin anglais avant d'être achetée pour tenir compagnie à la femme de son maître. Jugée inutile car enceinte, elle est donnée en mariage à un autre esclave. Lorsque sa mère est condamnée à mort et son père adoptif se suicide, la jeune Tituba est recueillie par Man Yaya une guérisseuse qui communie avec les forces naturelles et surnaturelles. La vie de Tituba bascule lorsqu'elle rencontre et tombe amoureuse de John Indien. L'amour l'esclavagera et la mènera au coeur des procès de Salem... sur le banc des accusés.

Autant vous le dire, cette histoire ne respire pas la joie de vivre dès les premières lignes (mais on était prévenu entre l'esclavage et Salem) et les âmes sensibles devraient s'abstenir car certaines scènes (la torture des sorcières notamment) peuvent s'avérer très violente.
Cependant le projet du livre est des plus intéressants : Tituba est un personnage historique, elle a réellement été l'une des premières accusées à Salem d'être une sorcière. Mais qui était-elle vraiment ? L'histoire raciste et la société patriarcale n'ont pas jugé qu'il était intéressant de le consigner. Maryse Condé recrée donc l'histoire de Tituba. Certains passages appartiennent à l'histoire, d'autres sont totalement inventés pour combler ses lacunes et c'est tout l'atout du texte.
La grande réussite dans le style de l'autrice est la narration à la première personne qui permet de plonger dans l'histoire que Tituba nous raconte de sa propre voix. On la laisse enfin s'exprimer après l'avoir réduite au silence. Même certaines notes de bas de page sont ambiguës, les unes nous donnent des sources historiques objectives et les autres sont plus subjectives comme si Tituba nous avait fait des annotations.
Si le début avait un enchaînement rapide, j'ai trouvé que la fin traînait un peu en longueur et j'aurais aimé voir Salem un peu plus approfondit puisque c'est ce passage qui est mis en valeur par le titre.
Or j'ai eu l'impression que les procès étaient un peu survolés et ne prenaient finalement pas tant de place dans la totalité du livre. On nous décrit l'ambiance religieuse malsaine qui y règne mais ensuite Tituba est en prison et n'en sort pas avant le pardon général. On nous raconte les rumeurs qui lui parviennent de la prison mais qui sont incomplètes, incertaines et on n'en mesure pas vraiment l'envergure.
Pourtant, bon point pour la fin, je ne m'y attendais pas vraiment. Bien que j'aurais souhaité une fin différente, c'est finalement la plus réaliste.
Malgré ses nombreuses erreurs, on s'attache à Tituba qui est, au final, l'un des seuls personnages que j'ai réellement apprécié avec Man Yaya et Hester (tous les autres étaient vraiment détestables).
L'auteur développe, en plus d'une réflexion forte sur la liberté et l'esclavage, un questionnement éminemment féministe à de nombreuses reprises notamment grâce au personnage d'Hester, condamnée à la lapidation pour avoir trompé son mari.
La dimension surnaturelle des pouvoirs de Tituba est finalement ce qui amène à garder espoir dans un épilogue doux qui contraste avec une vie de souffrance. Il élargit le livre mais l'allège aussi, ce dont j'avais clairement besoin après une journée complète à lire Tituba passant de malheurs en malheurs.
Bien que confrontée aux difficultés de la vie, ce que j'ai apprécié chez la personnage principale, c'est qu'elle arrive à être heureuse à certains moments. Elle a conscience que son bonheur est éphémère et imparfait mais elle le souligne malgré tout.
Commenter  J’apprécie          50
« Blancs ou Noirs, la vie sert trop bien les hommes »

Passionnant roman, au récit qu'on ne lit pas tous les jours.

C'est d'abord une proposition futée : un roman sur l'histoire fictive d'une personne réelle, un style à cheval entre le roman fantastique et historique. Ce sont des anachronismes voulus et maîtrisés, le lecteur se prend à croire à l'existence de ces personnages et de ce monde parallèle aussi triste que merveilleux.

Mais c'est aussi un portrait de la féminité qui réussit à ouvrir une troisième voie en érigeant au même niveau ce qu'elle a de plus organique, de plus spirituel, que ce qu'elle a de plus politique (ca fait plaisir de ne pas opposer nature à culture). C'est d'ailleurs récurrent dans Moi, Tituba, qui porte au fil du roman, cette troisième voie(x).

Car on peut connaître les récits sur l'esclavage et le racisme, on peut connaître le sort réservé aux sorcières et femmes savantes, mais rester abasourdi et révolté de réaliser à quel point 1 + 1 font 3 pour Tituba, sorcière noire de Salem.

Unique en son genre, un remède à la binarité et une bonne initiation à l'intersectionalité, pour ceux qui en douteraient encore 😏
Commenter  J’apprécie          10
Merveilleux roman que je viens de relire. Tituba a réellement existé, est mentionnée dans les actes du procès des sorcières de Salem en 1692-1693 mais on ne connait rien d'elle. Maryse Condé lui redonne vie dans un roman à la fois historique, poétique, merveilleux, palpitant car la vie de Tituba est riche d'aventures.
Issue d'un viol entre une esclave et un marin blanc sur un bateau négrier, elle accoste à la Barbade, aux Antilles. Après la mort de sa mère pendue sous ses yeux pour s'être défendue contre un planteur trop entreprenant, elle est élevée jusqu'à ses 14 ans par Man Yaya, une femme qui l'initie aux soins par les plantes, lui apprend à communiquer avec les invisibles, les morts qui nous sont chers, à devenir une sorcière qui fait du bien.
Tituba rencontre John l'Indien, un homme lâche pour l'amour duquel elle redevient esclave. Tituba comme lui dira plus tard Hester rencontrée en prison aime trop l'amour et les hommes, c'est sa grande faiblesse, jamais elle ne pourra de venir féministe. Ces passages là sont très drôles. Tituba, en effet, n'est pas une esclave noire soumise, elle est forte, elle aime la vie malgré les malheurs qu'elle endure. Maryse Condé lui redonne vie et surtout une personnalité, des pensées.
Embarquée à Salem par Samuel Parris, un pasteur puritain fanatique, elle est accusée de sorcellerie, elle qui se servait de ses dons pour soulager et guérir. Les Blancs puritains n'y voient qu'une emprise du Malin, la différence de mentalité est totale. Cette communion totale avec les Esprits, la Nature n'est vue que comme la marque du diable par les Puritains.
Un livre sur l'esclavage, sur les femmes, sur l'amour. Tituba, une femme généreuse, solaire, drôle, intelligente et humaine par ses faiblesses...les hommes et l'amour.
Commenter  J’apprécie          8-4




Lecteurs (2106) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}