Quel choc !
C'est encore une histoire qui m'a remué les tripes.
Amélie Cordonnier m'a fasciné une fois de plus, avec ce premier roman fougueux et très percutant.
Je n'ai même pas eu à
trancher, car dès les premières lignes, je me suis plongé presque « à corps perdu » dans cette histoire si folle, si triste, si envoutante, pour la lâcher à la dernière page du récit.
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Le roman est très bien écrit, avec des phrases courtes, des phrases haletantes, comme pour accompagner les suffocations et les instants d'offenses de cette femme que son mari-bourreau torture.
Mais un bourreau qui « travaille » pernicieusement en profondeur. Un bourreau qui ne touche ni le corps ni la peau de sa victime, et qui ne laisse aucune trace physique visible.
Un bourreau qui a choisi des paroles et des mots, tranchants comme un scalpel, parfois râpeux comme de grosses tenailles pour opérer et arracher en lambeaux le coeur de sa femme.
Je me suis placé tout de suite, tout contre cette femme, cette épouse, cette mère, cette inconnue dont je ne connaissais même pas seulement son prénom. Une femme désemparée, qui avait cru, par des promesses, avec l'enfant qu'elle avait donné par amour à son époux, qu'une vie nouvelle pouvait recommencer. Que son couple pouvait prendre un nouveau départ. Que le bonheur d'hier pouvait revenir avec un visage radieux.
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J'étais tout contre cette femme si émouvante, comme pour faire un illusoire rempart entre elle et les mots qu'elle recevait. Des mots lancés comme des poignards effilés. Des mots crachés comme des flèches empoisonnées. Des mots soufflés avec violence comme des éclats de verre.
Des mots qui lacéraient à toute volée d'autres mots, comme douceur, tendresse, légèreté ou gaieté.
Une femme qui se parlait à elle-même, ou à son double et témoin. Une femme qui se dédoublait comme pour peut-être fuir les scènes dont elle était le coeur du drame, comme pour mieux prendre de la distance face aux insultes qui lui fracassaient son être, qui lui brûlaient l'âme.
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Dans cette histoire si dramatique, on ignore de quoi souffre Aurélien, le mari.
Est-ce un pervers ? Est-ce un homme atteint par quelconque syndrome ?
L'homme semble cependant être un beau psychopathe, malgré les soins qui lui sont prodigués. Un furieux qui ne cesse par crises de plus en plus rapprochées, sous n'importe quels prétextes, d'insulter, de railler, d'humilier par des grossièretés, par des mots orduriers, son épouse.
Et la perversion de ce mari arrive à son comble lorsque celui-ci se « lâche » sur sa femme, en la rabaissant et en l'avalisant devant leurs deux enfants.
Des enfants, inquiets, anxieux presque effrayés, qui très vite prendront fait et cause pour leur maman.
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Mais le réconfort de ses deux enfants sera-t-il suffisant pour cette mère si désespérée ?
La maman, la femme avait cru une première fois que l'amour serait le plus fort, que son mari aurait l'énergie et la vitalité de combattre définitivement ses vieux démons.
Cette fois-ci, elle va se donner un temps à la réflexion. Un temps qui va lui paraitre interminable.
Doit-elle continuer encore et encore d'espérer et de croire ?
Et comment retrouver un second souffle avec toute cette souffrance qui l'étouffe ?
Ou doit-elle abandonner son mari avant qu'il la détruise entièrement et qu'elle n'ait plus aucune force pour se reconstruire ?
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Un grand merci à ma chère
Agathe Ruga pour m'avoir dernièrement conseillé ce livre.