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3,66

sur 280 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre qui ne parle que d'écriture, de lecture et d'écrivains ne peut que me ravir. Des les premières pages, j'avais l'impression d'avancer sur un plage où chaque phrase était comme une vaguelette venant mourir à mes pieds, sensation si forte de peur mélangée à la douceur.

Peur d'être déçue, de ne pas trouver ce que je recherche : l'émerveillement par les mots. Mais vite, je me rends compte que "Au Bon Roman" n'est pas un roman comme les autres. Une fraicheur s'en dégage !!!

Que sont les bons romans ? C'est la question qui nous taraude en lisant cette histoire. Pour moi c'est simple, il doit apporter un plus à mon quotidien, un peu de nostalgie, un peu de joie, un peu d'espoir des fois, un peu de solitude avec soi et un peu de tout.

Chacun des romans nous affecte d'une manière ou d'une autre mais ce qui est sûr c'est qu'il nous indiffère jamais et c'est cela la vraie passion de lire !!

Ce roman nous rapproche des "Plumitifs", ceux et celles qui écrivent avec leurs coeurs et leurs tripes, les "grands prosateurs" comme aime les appeler Ivan.
Laurence Cossé, je ne connaissais pas mais j'avoue qu'à la lecture de ce roman, je suis tombée sous le charme de son style, de sa plume et de cette histoire pleine de titres, de noms d'auteurs et de récits littéraires. Elle fait glisser les personnages subtilement et avec une grande finesse pour les mettre à leur place. Beaucoup de complicité, d'amitié et de secrets en font un bon roman à mon sens. Ils sont tous attachants et si “particuliers" qu'ils méritent de faire l'objet d'un roman chacun.

Ce roman me fait penser à un homme qui a vécu sa vie pour les livres, de ces gens qu'on croise dans notre vie et dont le souvenir reste à jamais. Je tiens à rendre hommage à mon bouquiniste "aami Rachid", une rencontre au détour d'une ruelle comme seule peut en faire le hasard, un air fatigue par le poids des années mais toujours un sourire accroché aux lèvres, qui me rassure “ il y'a encore des gens biens “ qui vous offre un verre d'eau par une journée chaude d'été et un mot gentil qui vous réchauffe le coeur par une froide matinée d'hiver. Eh oui, il est comme cela mon bouquiniste à Alger ! Humble, cultivé, il connaissait les auteurs et les romans par coeur et même que des fois il me récitait quelques extraits gravés dans sa mémoire. Autre chose et pas des moindres, il ne met jamais en vente un livre en mauvais état, c'est sa façon simple de respecter ses amis les romans !!!!
Un grand homme aami Rachid !!!!

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N'y allons pas par quatre chemins et parce que le jeu de mots est tellement à portée de clavier et facile.... Ce roman est un bon roman, un très bon roman et en plus sur un thème qui ravit tous les passionné(e)s de lecture que nous sommes. L'ouverture d'une librairie mais pas n'importe quelle librairie ! Une librairie qui n'offre au public que des bons romans grâce à deux passionnés de belle littérature et un comité de sélection composé de 8 lecteurs anonymes. Qui n'a pas rêvé de ce genre d'endroit où à coup sûr vous trouvez le roman, le bon roman, celui que l'on ne voit pas forcément de prime abord dans les autres librairies, noyés dans la production littéraire, celui qu'il vous faut, à vous, à soi, au bon moment, celui qui n'a pas forcément beaucoup de publicité, celui que l'on attendait, vous savez celui que l'on nomme souvent la petite "pépite" et avec des "fous" des livres pour vous conseiller ?

""Nous voulons des livres nécessaires, des livres qu'on puisse lire le lendemain d'un enterrement, quand on a plus de larmes tant on a pleuré (...) des livres pour les nuits où malgré l'épuisement, on ne peut pas dormir, et où l'on voudrait simplement s'arracher à des visions obsessionnelles ; des livres qui fassent le poids.(...) Nous voulons des livres écrits pour nous qui doutons de tout, qui pleurons pour un rien, qui sursautons au moindre bruit derrière nous. Nous voulons des livres qui aient coûté beaucoup à leur auteur, des livres où se soient déposés ses années de travail, son mal au dos, ses pannes, son affolement quelquefois à l'idée de se perdre, son découragement, son courage, son angoisse, son opiniâtreté, le risque qu'il a pris de rater. Nous voulons des livres qui nous plongent dans la splendeur du réel et qui nous y tiennent ; des livres qui nous prouvent que l'amour est à l'oeuvre dans le monde à côté du mal, tout contre, parfois indistinctement, et le sera toujours comme toujours la souffrance déchirera les coeurs. Nous voulons des romans bons. Nous voulons des livres qui n'éludent rien du tragique humain, rien des merveilles quotidiennes, des livres qui nous fassent revenir l'air dans les poumons". (p332-333-334)"

Et puis il y a le lieu, les rencontres, l'ambiance chacun plongé dans les quelques lignes qui lui permettront ou pas de sélectionner sa prochaine lecture, de se reconnaître, d'échanger parfois, de se sentir chez soi, entre amis, au sein d'une famille :

"-De toutes les fonctions de la littérature, vous me confirmez qu'une des plus heureuse est de faire se reconnaître et se parler des gens faits pour s'entendre. (p95)"

A travers une enquête suite à l'agression de trois des lecteurs du comité de sélection alors que personne, à part Ivan et Francesca, les initiateurs et propriétaires de la librairie, ne connait leurs véritables identités, nous découvrons non seulement la génèse et les différentes étapes de création (très bien ficelées) de ce lieu situé en plein quartier latin (bien sûr), toutes les stratégies mises en place pour que cette librairie soit un lieu à part, sans influence d'aucune sorte que celle qui anime ses créateurs : l'amour de la belle littérature et sa mise en valeur. Alors arrivent le succès, puis les jalousies, les coups bas, mais explore aussi les personnalités de chacun de ses membres, par petites touches, au moment opportun de l'histoire, gardant jusqu'à la fin une part de mystère savamment entretenue.

J'ai beaucoup aimé la construction du récit, l'écriture fluide et entraînante qui m'emmenait des coulisses du monde littéraire, des arcanes des maisons d'édition, aux références littéraires, retrouvant parfois certains titres, en trouvant d'autres, découvrant les vies des différents protagonistes, les chemins qui les ont menés jusqu'à ce lieu enchanteur, m'attachant à eux, me demandant qui était le narrateur de cette aventure, les rejoignant parfois dans leurs jugements sur les sorties ou prix littéraires même si tout le monde doit y trouver son compte, m'amusant des noms trouvés pour certains médias, découvrant ce milieu où parfois les coups bas et manigances sont de mise.

L'enquête sur les agressions n'est qu'un prétexte pour dénoncer de circuits de vente et de littérature dite "commerciale", "facile" mais sans jamais l'interdire car admise comme domaine apprécié de certain(e)s lecteur(trice)s mais dans laquelle une autre littérature possédant parfois moins de moyens, de marketing, est noyée. Ici, Au bon roman, elle est mise en valeur, elle a une nouvelle chance.

Ce roman est une déclaration pour la belle et bonne littérature, pas forcément élitiste, une sorte de paradis livresque mais dénonce aussi, parfois violemment, certains circuits, certaines pratiques, l'auteure ayant oeuvré dans le secteur culturel comme journaliste, critique littéraire et productrice à France Culture en connait tous les rouages.

"La littérature est source de plaisir (...) c'est une des rares joies inépuisables, mais pas seulement. Il ne faut pas la dissocier de la réalité. Tout y est. C'est pourquoi je n'emploie jamais le mot fiction. Toutes les subtilités de la vie sont la matière des livres.(...) Tu notes bien que je parle de roman ? Il n'y a pas que les situations d'exception, dans les romans, les choix de vie ou de mort, les grandes épreuves, il y a aussi les difficultés ordinaires, les tentations, les déceptions banales ; et en réponse, toutes les attitudes humaines, tous les comportements, des plus beaux aux plus misérables. (p176-177)"

J'ai dévoré ce roman divisé en quatre parties comme les quatre étapes de la vie de cette librairie que j'ai aimé retrouver, y flâner, y retrouver les animateur(rice)s avec une affection particulière pour Francesca, cette femme blessée, secrète qui trouve en ce lieu une nouvelle raison de vivre.

J'ai écrit cette chronique dès le roman terminé, tellement enthousiaste d'avoir entre les mains ce "bon roman" qui comporte tous les ingrédients de ce que je demande dans un roman : une histoire, des personnages finement décrits, un fil conducteur bien tenu et surtout celui-ci offre en plus la particularité de se dérouler dans un univers que j'aime : une librairie, des livres et la littérature.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Qu'est-ce qu'un bon roman ?
C'est la question que se posent Francesca et Ivan lorsqu'ils décident d'ouvrir ensemble une librairie d'un genre particulier : celle où l'on ne trouvera que de bons romans.
Très vite, ils sont montrés du doigt : on leur reproche une forme d'élitisme, de snobisme intellectuel, une sorte de refus de fédérer autour de la lecture.
Bientôt, les membres du comité de lecture sont victimes d'agression dans la plus profonde perplexité des deux libraires puisque leurs noms n'ont jamais été dévoilés.
Tour à tour hommage à la grande littérature, dénonciation de la commercialisation de l'écriture et roman policier, Au bon roman est un bonheur de lecture alliant intelligence, culture et tendresse.
A l'heure du débat sur le nombre insensé de publications annuelles, la question de la qualité versus quantité met ce roman à l'ordre du jour.
Régalez-vous
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Au bon roman est un roman d'amour policier, dont l'intrigue est particulièrement intéressante du fait de sa rareté : un crime contre la littérature. Laurence Cossé raconte son histoire de façon magistrale, avec des mots choisis, percutants, on a l'impression de visionner un film, les images sont claires et précises. Tout ce qui entoure la littérature (l'écriture, la lecture, les librairies, les maisons d'édition, les écrivains, le commerce du livre) est décortiqué avec soin et sans lourdeur. Et l'amour omniprésent. En prime, des listes de romans incontournables dont j'ai pris note avec soin. Un grand roman que j'ai dévoré dès la première page et que je referme, rassasiée.
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Quand trois membres du comité secret qui sélectionne les ouvrages qui seront vendus Au Bon Roman, leur librairie parisienne, sont agressés, Ivan et Francesca décident de raconter leur projet fou à un policier érudit afin de débusquer le coupable.

Sur une trame policière qui sert bien entendu de prétexte à la narration, Laurence Cossé nous invite à nous interroger sur la place de la littérature dans la culture, sur la transparence des prix littéraires, sur la pertinence des points de vues de la presse en général et des critiques en particulier, sur un certain élitisme qui anime quelques tranches de lecteurs...
Parce qu'au fond, qu'est-ce qu'un bon roman? le meilleur des romans pour moi est-il le meilleur pour vous? Est-ce qu'on lit ce qui doit être lu, ce qui nous fait du bien ou ce qui nous fait plaisir?
Même si on croit découvrir les réponses que l'autrice apporterait à ces questions, je dois avouer qu'à la fin de ma lecture, je n'avais pas de réponse tranchée en ce qui me concerne.

Au Bon Roman se lit lentement, il se dévoile petit à petit et dissémine également quelques mécanismes qu'il emprunte à la littérature classique en matière de romantisme.
Laurence Cossé possède une plume qui nous effleure et finit par nous toucher sans qu'on s'en rende compte consciemment. Elle distille beaucoup de réflexions, à petite dose, un peu comme l'encre qui s'écoulerait d'une plume posée sur une feuille de papier. Au début ce n'est qu'une petite tache, et lentement, mais sûrement, tout est imbibé. Il ne sera pas possible de ne pas penser au Bon Roman la prochaine fois que je franchirai les portes d'une librairie et que je devrai faire un choix avant d'en repartir.
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J'ai adoré avancer dans ce roman pas à pas et découvrir de nouveaux titres de roman semés là comme des petits cailloux à ramasser et à mettre dans sa poche pour les ressortir plus tard à chaque nouvelle lecture.
Belle idée que cette librairie même si l'idée de sélection est toujours ambiguë.
A lire, c'est certain.
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Qui n'a pas rêvé un jour d'entrer dans une librairie où ne seraient vendus que des chefs- d'oeuvre ? Où aucun produit d'appel n'encombrerait les tables ou les présentoirs ? Ce pari c'est celui que vont faire Ivan, libraire et Francesca, amoureuse des livres et grande bourgeoise parisienne :

« Ceux que nous verrons Au bon Roman, ce sont les gens qui n'achètent jamais un livre parce qu'il vient de sortir, sauf à adorer son auteur, mais pour d'autres raisons, sans rapport avec sa date de parution, à laquelle ils sont indifférents , explique Ivan. Nous n'avons que faire des livres insignifiants, des livres creux, des livres faits pour plaire. Nous voulons des livres écrits pour nous qui doutons de tout, qui pleurons pour un rien, qui sursautons au moindre bruit derrière nous.»

Francesca fournit les fonds financiers et les voilà lancés dans l'aventure.

Mais comment peut fonctionner et survivre financièrement une librairie spécialisée dans les chefs-d'oeuvre ? Et d'abord comment reconnaître un vrai chef-d'oeuvre ? A quels critères répond-il ? La subjectivité des goûts en matière d'art et de littéraire ne condamne-t-elle pas cette aventure à l'échec ? D'ailleurs, n'est-ce pas avant tout une démarche élitiste, qui réserverait aux seuls amateurs éclairés l'accès à ce type de littérature ? Un ouvrier peut-il lire cette littérature, de la même façon qu'un étudiant ou un professeur qui possèdent tous deux la culture pour décrypter les oeuvres et les rendre accessibles ? Beaucoup de questions se posent et agitent le milieu de l'édition, de la librairie et de la presse.

Mais voilà, le succès est au rendez-vous et la librairie ne désemplit pas. C'est alors que vont avoir lieu les premières manoeuvres d'intimidation : menaces, tentatives de meurtre, lobbying de certaines maisons d'édition, articles polémiques dans la presse, rumeurs …

La librairie, face à de puissants intérêts financiers, va-t-elle pour voir résister ?



Je ne sais pas si le roman de Laurence Cossé est un chef-d'oeuvre, mais incontestablement c'est un très bon livre avec lequel on passe d'agréables heures de lecture. Je me suis régalée. La narration est très bien menée, à la manière d'une enquête, et les questions posées sont tout à fait intéressantes dans le contexte actuel où on prédit de plus en plus la disparition du livre papier en faveur du livre numérisé. Peut-on défier les lois du marché, alors que de plus en plus de librairies indépendantes peines à survivre ? On trouve dans ce livre aussi quelques réponses : comment fédérer une mouvance de lecteurs autour de valeurs fortes, sans négliger la modernité et la vente par Internet, comment impulser un esprit à une démarche qui pourrait n'être que commerciale. En tout cas, j'aimerais bien pousser un jour la porte d'une telle librairie !

Un challenge a été créé par Pralines à partir des livres cités :

Challenge au bon roman


Lien : http://www.litterama.fr/arti..
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« Toutes les subtilités de la vie sont la matière des livres. Il insistait : Tu notes bien que je parle du roman ? IL n'y a pas que les situations d'exception, dans les romans, les choix de vie ou de mort, les grandes épreuves, il y a aussi les difficultés ordinaires, les tentations, les déceptions banales, tous les comportements, des plus beaux aux plus misérables. [..] Des adultes vont te dire que non, que la littérature n'est pas la vie, que les romans n'enseignent rien. Ils auront tort. La littérature informe, elle instruit, elle entraîne. »

Ça commence par des crimes, des attentats psychologiques, le mystère est complet. Une enquête doit être menée, alors il faut raconter toute l'histoire. Toutes les histoires. D'amour, politiques, de jalousie, de haine. Un « je » s'en charge, très discret au début, laissant place à l'intrigue, pour s'affirmer, au fil des pages, et enfin se révéler, au lecteur, à lui-même.

Francesca a un rêve, des moyens. Elle rencontre Van, qui, lui, a une passion, et de l'expérience : « Il avait acquis un discernement formidable. Dans les deux premières pages, il repérait le très bon livre. Celui-là, il le lisait en entier. Les autres, il leur consacrait ni plus ni moins que le temps qu'ils méritaient, trois minutes pour la pseudo-enquête du journaliste gonflant un article déjà paru, cinq pour le pavé dans lequel il était évident qu'on ne trouverait pas une phrase à noter, un quart d'heure pour le roman attendu – aux deux sens du terme – de l'auteur exploitant sans risque sa réputation en récrivant toujours le même opus.. » Ils créent « la librairie parfaite, celle qui ne vendrait que de bons romans » : Au Bon Roman 
«  - Vous n'avez presque aucune chance.
Ce presque nous passionne, dit Van. »

Un comité secret se crée, composé de huit membres qui établissent leurs listes, sans jamais se rencontrer. Valse des pseudos, des titres à recouper, des genres, pays époques à représenter. Travail de Titan, de fourmis, la galerie se creuse, s'étend, s'étoffe, s'organise. « Je suis un peu perdue, entre les vrais noms qui ont l'air de faux, les noms de plume adoptés par certains et les noms d'emprunt que nous exigeons de tous.

Rouages économiques, chaîne du livre désentravé, le roman déploie ses feuilles, parmi ses congénères, ses amis d'enfance, ses camarades de longue date. Plongée vers les abysses romanesques, navigant entre les incontournables, les classiques, pour atteindre le précieux, le caché dans les profondeurs. le jamais remonté à la surface, le passé inaperçu derrière un ban de nouveautés, un récif de best-sellers. La barrière de corail se lève et le goûteux entre en scène.

Une librairie spécialisée qui attire spécialement les amateurs d'authentique, de phrases cent fois remises sur le métier avant d'être couchées à vie sur le papier, des parfums qui se distillent et s'évaporent, différents à chaque page, à chaque livre. Galerie d'art, les cinq sens sont invités, le temps suspend son vol et l'absolu s'empare des lieux.
« Enfin ! Enfin une librairie où il n'y a que des romans superbes. Enfin une vraie sélection, Enfin on peut être certain que l'on ne sera pas déçu.
« déjà la librairie est bénéficiaire. Là n'est pas l'essentiel. Au bon roman est beaucoup plus qu'une entreprise, c'est un mouvement. »


Une librairie qui attire aussi les intrigues, les malveillances, les coups bas. La tragédie guette, d'abord tapie entre le canapé et l'étagère, et se déclare. Sur place, dans la presse, sur le net, dans la rue.
« la conjuration des médiocres et des envieux n'a qu'une force, elle est innombrable. »
L'attaque est massive, anonyme, virulente, violente. Massive, mais orchestrée, par quelques-uns seulement, un réseau, une autre fourmilière, semblable à celle d'Argentine, qui décime toutes les autres, tente différentes attaques aux points stratégiques, sur plusieurs fronts.
Les forces obscures s'emparent de la Capitale (de la douleur ?), Flaubert les dénonçait déjà, 150 ans plus tôt. van contr'attaque pacifiquement, invite au dialogue, au calme, à passer sans trop se retourner, à tourner les pages, quoi qu'il arrive.
« ce qui m'angoisse, c'est le combat terrible entre les Puissances, je veux dire que ce combat soit incessant, n'ait pas de vainqueur, pas de fin, et que nous en soyons les jouets, terrifiés »

Ce combat n'est pas le seul. Il y a aussi celui des sentiments, des amours impossibles. Anis(z) et van semblent mener une relation pour le moins épique : épistolaire, puis téléphonique, puis « rendez-voutesque ». Anis plus que quiconque s'identifie à une héroïne, inaccessible, qui aime les histoires mais craint de les vivre : « Anis free, on ne peut mieux dire. Je vais envoyer ce type de messages. Ce sont des papillons voyageurs, ils feront mois de bruit que ceux que je laissais sur votre répondeur. Vous serez encore plus libre de ne pas y répondre. » « Il ne voyait que cette signature. Chimène. Son coeur sautait de joie. Chimène ou les atermoiements, Chimène inaccessible. Chimène divisée, contradictoire, Chimène ouvrant les bras à celui qu'elle ne veut pas voir, fermant les yeux sous ses baisers – ceci expliquant peut-être cela. »Anis est un extrait, d'amour, d'inaccessible, un passage qu'on aime à relire sans en saisir jamais véritablement l'essence. Tandis que Van, de son côté, commence les siennes sans jamais laisser à quiconque le soin d'en écrire une suite:des coups de foudre, des sérénades, des roulades et des roucoulades. Et puis un grand coup de barre de mon fait. En arrière toute. Des pleurs et des reproches chez elle. Chez moi, des regrets, de la honte, du soulagement. .
Francesca, l'instigatrice, celle par qui tout arrive, voudrait Van, mais ne peut pas (et n'en dit rien), van veut Anis qui pourrait mais ne sait pas ce qu'elle veut.
L'une bouleverse Van, l'autre le structure, le stabilise : J'ai la certitude que vous allez me permettre d'accéder à mon être propre. Alors même que son mariage est distendu, poli et décousu de fil terni, jaunâtre.


Des personnages tout droit tirés de romans, des histoires hors du communément racontées
Mais, après tout. ce ne sont que des histoires, tout ça. Ce sont des histoires, justement. Il en fallait donc une pour les raconter toutes. Un polar éthique, une poésie policière, en quête de littérature, à la recherche du roman perdu.
Lien : http://www.listesratures.fr/..
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L'histoire commence comme un polar par des agressions bien calculées ayant comme point commun de s'être attaquées à des écrivains appartenant à un comité secret. Ces membres du « Bon Roman » faisaient partie des huit auteurs choisis pour déterminer le fonds de commerce d'une librairie pas ordinaire.
Et le roman n'aura de cesse de nous faire comprendre et découvrir comment cette librairie a pu voir le jour en suscitant la polémique. Il y a de nombreux retours en arrière notamment au cours du récit que les deux héros de l'histoire, Ivan le libraire et Francesca sa riche associée, vont faire au commissaire chargé de l'enquête.
J'ai aimé l'univers des livres évidemment et les stratégies d'implantation de la librairie, la description de son fonctionnement son public. J'ai aussi aimé l'aspect enquête pour tacher de découvrir qui peut en vouloir à nos deux héros. Et puis l'histoire d'amour entre Ivan et la mystérieuse Anis. Une matière d'écriture très fournie donc, dans laquelle on se plonge avec délice, qu'on ne veut pas voir finir... et c'est sans doute ce qu'a également ressenti l'auteur et qui fait que j'ai été un peu déçue par la fin. Mais sans regretter du tout cette excellente lecture par ailleurs.
Lien : http://toutzazimuth.eklablog..
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Ce que j'aime dans les romans c'est qu'au détour d'une phrase, à l'ombre d'un chapitre, glissé entre deux sentences définitives, on nous parle de… livres.
Ainsi, c'est en lisant un Nothomb, je ne sais plus lequel, ils sont si nombreux, que la dame au chapeau m'a donné envie de lire « la pitié dangereuse » de Zweig, désormais l'un de mes dix romans préférés.
Si vous êtes comme moi, avide de conseils avisés (qui mieux qu'un écrivain pour nous indiquer ce qu'il faut lire), vous allez vous régaler dans celui-ci, vous rassasier jusqu'à l'étouffement.
L'idée est toute simple : proposer une librairie qui ne vendrait que des bons romans.
On connaissait « au bon beurre », « le bonheur des dames », voilà que Laurence Cossé nous présente « le bon roman ».
Et c'est vrai. Ce livre est excellent. Il mêle enquête policière (il y a quand même trois agressions, faut pas déconner!), histoire d'amour et, surtout, d'une belle amitié agrémenté d'un très joli portrait de femme (Francesca). Mais le sujet principal reste le livre.
Et là se pose la question : qu'est-ce qu'un bon livre? Vaste sujet et discussions à n'en plus finir. Pour établir leur fond de commerce, les responsables de la librairie trouvent un moyen idéal : demander à huit écrivains leur propre liste de 600 titres (50 ou 100 ne suffisaient pas, ils auraient tous cités les mêmes). Seulement voilà, ça ne va pas plaire à tout le monde. Ca ne peut pas plaire à tout le monde.
Alors, qu'est-ce qui fait un bon livre?
Le succès, les ventes? Ca fait belle lurette qu'on sait que la majorité n'a pas toujours raison, spécialement en ces temps de marketing et de conditionnement marchand.
La postérité? Faudrait-il qu'un texte ait traversé deux ou trois siècles pour qu'il trouve une place de choix dans le panthéon littéraire? Heureusement que non.
Un livre qui sait dépeindre au plus juste l'âme humaine?
Un qui instruit, qui nous rend meilleur?
Un qui changerait la face du monde?
L'originalité, le style, le pouvoir d'émouvoir sans flagorner?
Un début de réponse apparait à la fin du chapitre 36, un plaidoyer que toutes les librairies digne de ce nom devraient afficher à côté de leurs heures d'ouverture.
Dans le roman, on reproche vite fait à cet élitisme son côté anti-démocratique. C'est vrai. Pour qui se prennent-ils donc ces « pisse-froid » avec leurs bons romans?
C'est oublier un peu vite que des sélections, il y en a forcément tout au long du parcours d'un livre. Depuis le manuscrit. Qui ira reprocher à un auteur de privilégier une version de son bébé à une autre, jetée définitivement à la poubelle? Ensuite, l'éditeur reste la barrière implacable : c'est lui qui décide de publier ou non. Et ce n'est pas fini! A moins de faire partie du gotha des bêtes à Goncourt ou du petit comité des gros vendeurs (vous aurez suffisamment de vos dix doigts pour les dénombrer), pas sûr que la prose d'un auteur, si subtile soit-elle, soit correctement promotionnée. Parmi ce trop plein de nouveautés (quelques centaines rien qu'à chaque rentrée littéraire), on doit faire un choix. La censure a été remplacée par l'abondance. On est donc tous influençables, à moins de se consacrer corps et âme et 24 heures sur 24 à lire tout ce qui sort. Une boulimie indigeste qui aura tôt fait de vous dégoûter à tout jamais d'ouvrir un livre. Non, il faut suivre le mouvement, faire confiance, ou piocher à l'aveugle… parmi les piles déjà choisies et mises en avant par ceux et celles qui font l'actualité. Alors, oui, tout n'est question que de choix et le vôtre ne pèse pas lourd dans la balance.
Au fil des pages, on imagine une prise de conscience du lecteur. Il est possible de l'éduquer, une écologie de la consommation littéraire tout comme on fait attention aux produits que nous mangeons, à notre empreinte écologique et à nos gestes éco-citoyens.
« Au Bon Roman« , ce n'est certes pas qu'une suite de titres jetés aux yeux du lecteur (c'est ainsi que j'ai découvert « Rapport aux Bêtes » d‘Emmanuelle Revaz), mais quelques belles prouesses de style. Par exemple, le narrateur apparait mystérieusement et timidement au milieu du roman, pour s'imposer tout à fait à la dernière page. Quelques belles phrases aussi : « écouter ce que lisent nos yeux » ou encore des associations plaisantes : « renverse crépusculaire ». Et puis aussi une belle bourde : non, Laurence, mille jours ne fait pas plus de trois ans.
Il ne manque juste que cette fameuse liste de 3200 titres, en appendice du roman par exemple.
Et si on s'y mettait tous? Etablir nos listes de cent romans favoris ou les cent que l'on juge incontournables.
Dilemme : le bien et le bon ne coïncident pas forcément. On n'en sortira pas.
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