Je quitte avec peine cette atmosphère étrange, oppressante, accrochée dans le lierre, dans les arbres touffus, dans ces chambres sombres, dans les secrets violents.
Je quitte avec d'autant plus de peine ce roman surprenant et sournoisement attirant, parce que j'en ai rêvé deux fois de suite. Oui ! Je me suis retrouvée là-bas, dans le domaine de Candre Marchère, cet homme triste et silencieux. J'y ai vu distinctement les pièces, la petite table du salon où Aimée, sa toute jeune femme, mange en sa compagnie. J'ai vu la salle de musique où celle-ci accueille sa professeure de flûte. Et je me suis réveillée troublée.
Aimée, Amand, Emeline : ne trouvez-vous pas étrange d'affubler de prénoms de la même consonance trois personnages de cette histoire ? C'est qu'on parle beaucoup d'amour, dans cette histoire…
Aimée est la fille d'Amand, un ancien militaire blessé dans son coeur et son corps, et de Josèphe. Elle épouse, conseillée par son père, Candre, « un homme pieux et bon, le meilleur d'entre tous », un homme jeune encore, mais veuf après six mois de mariage.
C'est à peine à trente kilomètres de sa maison d'enfance, mais c'est dans un autre monde, qu'elle va vivre. Un monde qui s'alimente de non-dits. Henria la servante, Angelin son fils, Emeline la professeure de musique, tous tournent autour d'Aimée…
J'ai tout bonnement adoré cette histoire un peu glauque, pleine de ténèbres. Et j'ai accompagné la solitude d'Aimée,
seule, en sa demeure.