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sur 1773 notes
Rentrée littéraire 2021 #2

Fin XIXème siècle, dans le Jura forestier. Aimée, mariée à Candre, un riche propriétaire terrien, découvre qu'elle ne peut plus sortir de la propriété conjugale. Au fil du temps et de ses désirs, elle va comprendre ce qu'il s'y est passé avant elle.

Cécile Coulon est joueuse. Elle a mis en récit un conte empli de références assumées entre Dracula et Orgueil et préjugés, avec une touche de soeurs Brontë et de Daphné du Maurier. Au carrefour de nombreuses atmosphères, elle s'amuse des codes du huis clos, de l'enquête policière et du roman gothique, excellant à caractériser les personnages dont on imagine parfaitement l'apparence et la gestuelle :

- la jeune ingénue, vierge et innocente, pleine d'espoir et d'illusion, prête à s'éveiller à la connaissance de soi et à la sensualité
- le mari énigmatique, rigide d'apparence, d'où semble émaner un certain danger, encore non identifié
- le fantôme de la première épouse dont la présence invisible plane au-dessus de chaque situation
- le serviteur sauvage et muet, toujours tapi à espionner
- une sorcière qui se cache derrière des atours anodins.

Avec une qualité d'écriture aiguisée et fine, souvent poétique, pleine de musique et de sons, elle excelle tout particulièrement dans les descriptions des lieux, la forêt du domaine et bien évidemment l'inquiétant manoir qui semble prendre vie pour menacer Aimée dès son arrivée :

« le château se fondait dans la végétation, comme s'il était né de la forêt, protégé par elle sans qu'elle le dévore, habillé par ses feuilles et ses plantes grimpantes, bourdonnant d'abeilles, et pourtant étincelant et propre comme les costumes de Candre. Elle imaginerait un oeil géant, de lumière et de verdure, tandis que la voiture s'arrêterait devant l'escalier, usé, vestige des caprices de Jeanne Marchère. Un oeil immense posé sur elle, aux cils de vantaux plats, aux cernes de vitres impeccables. Elle ne saurait en ces lieux quoi répondre aux silences de la forêt. »

Loin d'être une pale copie ou une plate compilation hommage à des inspirations extérieures, le récit mystifie en n'allant jamais là où on croit qu'il va aller. C'est toute l'habileté de l'auteure de parvenir à berner le lecteur en l'aspirant dans sa focalisation interne à la troisième personne. On colle à Aimée, à ses doutes, à ses suspicions à mesure que sa psyché évolue … mais Cécile Coulon désamorce systématiquement nos reflexes et nos hypothèses influencées par le parcours d'Aimée et la confusion qui l'habite. On est côte à côte avec elle lorsqu'elle prend conscience de son corps et de ses désirs, avec elle lorsqu'elle enquête sur la mystérieuse épouse decédée quelques mois après son mariage. Des secrets sont révélés, pas ceux qu'on imaginait, dans le dernier quart.

J'attendais avec impatience le nouveau roman de Cécile Coulon, une des auteures françaises que j'apprécie le plus. Si cette lecture n'est pas un coup de coeur comme il y a deux ans avec Une Bête au paradis ( il m'a manqué une empreinte émotionnelle puissante ), même s'il porte moins la "patte" Cécile Coulon, je l'ai trouvée pleine de charme et l'ai dévorée en quelques heures. A noter sur la couverture la très belle illustration de Vincent Roché : les branches des arbres encadrant le manoir forme en filigrane le visage d'une femme, invisible au départ, puis vigoureusement présent lorsqu'on l'aperçoit.
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Après m'avoir régalé avec Trois saisons d'orage puis Une bête au Paradis, je retrouve avec grand plaisir l'écriture délicieuse de Cécile Coulon qui avait su bien présenter son dernier roman, Seule en sa demeure, aux Correspondances de Manosque 2021.
Avec un souci constant du mystère et du suspense, cette jeune autrice me plonge au coeur du sort des femmes, en plein XIXe siècle, dans le Jura.
Un homme doux, très croyant, mène d'une main très ferme un vaste domaine forestier, la forêt d'Or. Il se nomme Candre Marchère. Il avait 5 ans quand sa mère est morte d'un arrêt cardiaque juste avant de communier dans l'église des Saints-Frères. Alors, c'est Henria, la fidèle servante qui a pris le relais pour élever Candre comme son fils, un fils qu'elle a d'ailleurs et qui se prénomme Angelin. Cécile Coulon a de l'imagination pour prénommer ses personnages…
À 26 ans, Candre est déjà veuf. Il courtise Aimée, fille d'Amand et Josèphe Deville, qui, elle, a grandi avec son cousin, Claude. Ce dernier rêve de carrière militaire en espérant un meilleur sort que son oncle, Amand, revenu fortement handicapé de sa première campagne. Autour d'Aimée, il voit juste dans ce qui se trame et son rôle sera important au cours de cette histoire qui, peu à peu, devient très angoissante.
Cécile Coulon, peu à peu, nous amène donc jusqu'au mariage entre Candre et Aimée puis sait à merveille faire partager les doutes, les interrogations d'une jeune femme attendant les assauts de son mari alors qu'ils ne partagent pas la même chambre.
Henria, la servante au physique imposant, est toujours là mais son fils, Angelin est muet. Aimée apprend, horrifiée, qu'on lui a coupé la langue parce qu'il passait, disait-on, son temps à jouer dans des lieux mal famés.
Enfin, et surtout, il y a l'histoire d'Aleth, la première épouse de Candre, morte après quelques mois de mariage, dans un sanatorium, en Suisse.
Alors que le père d'Aimée décède subitement, Candre décide de payer des cours de musique à son épouse qui s'ennuie. Pour cela, il fait venir, à grands frais, la meilleure professeure du Conservatoire de Genève : Émeline Lhéritier, pour qu'elle lui apprenne à jouer de la flûte traversière.
Débutent alors des séances de maintien qui font grand bien à Aimée. C'est à partir de là que tout s'accélère et se dégrade, même si cela semble bien fonctionner, au lit, entre les jeunes époux.
Le cousin Claude, Angelin, Émeline, Henria et Aimée jouent un rôle important et décisif permettant d'expliquer tous ces mystères alors que l'autrice fait bien revivre le monde rural et surtout cette nature omniprésente. Candre Marchère est un propriétaire aisé qui mène son domaine d'une main de fer dans un gant de velours, bien abrité derrière une pratique religieuse très confortable. On se déplace en berline tirée par des chevaux mais Aimée, Seule en sa demeure, doit se montrer très forte pour décrypter tout ce qui s'est passé et se passe encore autour d'elle.
Cécile Coulon, sans négliger le petit monde des domestiques et des ouvriers du grand propriétaire et exploitant forestier, a réussi un nouveau grand roman au coeur d'une époque déjà lointaine où chaque femme mariée pouvait subir son sort ou tenter de savoir, de mettre au jour les secrets d'un monde masculin tout puissant.

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Lorsqu'elle s'unit pour la vie avec Candre Marchère, Aimée ne se doute pas qu'elle épouse aussi un domaine, luxueux mais froid, et ses occupants, dont la rude Henria et son fils muet. La jeune femme naïve tente au même rythme que le lecteur de décrypter les codes pour comprendre ce nouvel univers si éloigné de ce que fut son enfance. Les personnages qui gravitent autour d'Aimée ne se laissent pas immédiatement dévoiler. Et en particulier Candre, dont le passé est émaillé de deuils successifs.

Pour un temps, l'atmosphère se détend avec l'arrivée d'une professeure de flute qui éveille Aimée à la musique mais aussi à la sensualité. Elle est malheureusement vite évincée, trop curieuse, trop affutée ?

Cette galerie de personnages riches par leur côté mystérieux est ainsi une accroche solide pour maintenir l'attention du lecteur. Tous ont leur part d'ombres et les mensonges, ne serait-ce que par omission, sèment le doute jusqu'au dénouement final.

C'est un roman dont l'ambiance sombre rappelle certains classiques et particulièrement l'univers
des soeurs Bronte (on pense à Jane Eyre) ou de Daphné du Maurier avec Rebecca. Et cette raison suffit pour apprécier le texte.

Cécile Coulon évolue avec beaucoup d'aisance dans ce récit aux couleurs surannées, comme celles d'un vieux film italien et le genre lui sied parfaitement.


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Candre Marchère, homme de nom, de foi et de travail, est, aux yeux d'Amand Deville, le mari idéal pour sa fille, Aimée. Une fois les présentations faites, le déjeuner organisé, les balades en tête à tête, la jeune femme n'est pas insensible au charme de cet homme si différent, presque féminin à ses yeux. Au bout de quelques mois, le mariage est organisé. Un mariage simple, sans cris de joie ni lancer de bouquet, et en petit comité. du côté de Candre, seuls sont présents la bonne, Henria, qui a élevé le jeune homme, sa mère étant décédée alors qu'il n'avait que 5 ans, et son fils, Angelin. Lorsqu'elle quitte ses parents et son cousin, avec qui elle a grandi, pour s'installer au domaine des Marchère, au coeur de la Forêt d'Or, Aimée peinera à trouver sa place auprès d'un mari courtois mais taiseux, de la bonne qui semble régir au delà de ses fonctions et du fantôme de la première épouse décédée deux ans auparavant...

Conte cruel et gothique, revisitant un brin les grands classique tout en y apportant une certaine modernité, ce roman nous plonge dans les affres d'un mariage arrangé. Aimée, qui connaît peu de choses de la vie, encore moins celui du mariage, va découvrir, au fil des jours et des nuits, cette demeure qui ne lui inspire que peu confiance, ses propriétaires mais aussi les non-dits et les secrets qui l'entoure. de plus en plus déçue et enserrée dans son nouveau rôle d'épouse qui ne lui sied pas, Aimée va se sentir de plus en plus enfermée, isolée, la forêt autour s'affichant comme une sorte de rempart. Les personnages, forts, complexes, énigmatiques, sont parfaitement dépeints et s'en révèlent d'autant plus captivants, partagés entre désamour et amours interdits. de sa plume riche, précise, poétique, parfois surannée, Cécile Coulon dépeint avec minutie aussi bien la nature, les sentiments, les simples détails ou encore la beauté du jour.
Un roman tout aussi surprenant que vibrant...
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Unie au riche propriétaire du lointain domaine Marchère par l'un de ces mariages arrangés si courants au 19ème siècle, Aimée se découvre un mari austère mais courtois, absorbé par l'exploitation de ses forêts du Jura. Elle apprend bientôt qu'elle succède à une première épouse, morte peu après ses noces. Troublée par l'épais silence entourant cette disparition, la jeune femme accumule les noirs pressentiments et se met à considérer son nouvel environnement sous un jour de plus en plus menaçant...


C'est d'abord la prégnance soigneusement entretenue de son cadre oppressant qui ancre cette histoire dans une angoisse diffuse. Encerclée par une épaisse forêt qui l'isole aussi sûrement qu'elle semble vouloir l'étouffer dans le silence bruissant de ses obscures futaies et de ses brouillards aveugles, la demeure des Marchère prend déjà des allures de manoir écossais ou de château des Carpates, quand on la découvre en plus le théâtre d'une tragédie scellée dans le secret du passé. La présence fantomatique de celle qui l'a devancée dans la position d'épouse devient pour Aimée d'autant plus insidieuse et troublante, qu'elle s'assortit d'un mystère que l'énigmatique comportement des hôtes du domaine a tôt fait de faire paraître suspect. C'est donc désormais avec l'obsédante sensation d'une menace incertaine que, piqué par l'intrigue, le lecteur s'achemine peu à peu vers des révélations inattendues.


Au fil des pages, viennent à l'esprit de nombreuses références de la littérature britannique du 19ème siècle, comme Jane Austen et les soeurs Brontë, avec en particulier Jane Eyre. Cécile Coulon joue avec les thèmes gothiques et sentimentaux, y associe une pointe de critique sociale et de féminisme en évoquant le mariage et la condition des femmes dans la société conventionnelle d'alors. le ton restant moderne, sans la tournure des dialogues de l'époque, l'on se sent immergé dans l'un de ces contes contemporains en vogue, versions revisitées de grands classiques intemporels. Chez le lecteur, l'amusement en finit presque par l'emporter sur l'inquiétude et le suspense…


Si ce nouveau roman de Cécile Coulon, moins âpre et légèrement plus fantaisiste qu'Une bête au paradis, se lit peut-être avec moins de passion, il possède un charme qui, à défaut de foudroyer, se savoure avec quelques frissons d'angoisse.

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Écartant le rideau où gisent encore les mots, je quitte ce texte habité par des silences aussi dévastateurs qu'une tempête en Bretagne.
Je ne sais pas s'il faut vous laisser la porte entrouverte, ce récit a un goût totalement inachevé et c'est ce qui fait son charme envoûtant. C'est aussi pour cela que je l'ai aimé.
Ce n'est pas la première fois que Cécile Coulon m'envoûte par son inspiration, je commence à y prendre goût, le venin qu'elle distille dans les pages de ce roman ressemble à un vin délicieux et troublant, certains lecteurs initiés évoqueront les mots de baroque ou de gothique, j'évoquerai un vertige abyssal, ténébreux et sensuel. Qu'importe si cela rappelle de loin Jane Eyre ou de près Rebecca, ou peut-être l'inverse, puisqu'ici il est question d'enfermement, de possession, de peur et de sol qui s'éventre, cela m'évoque tout simplement Cécile Coulon au sommet de son art.
Je referme le livre comme une porte qui vient se sceller sur un univers étrange, en les quittant j'ai l'impression de trahir certains des personnages qui m'ont fait voyager dans leurs coeurs, Aimée, Émeline, Claude, Angelin... J'ai l'impression de les abandonner à leur sort sur cette page finale comme une porte que l'on cloue sur son huis, tandis que derrière elle, des personnages crient encore, raclent l'envers du décor avec leurs ongles, leurs griffes, leurs gestes, leur désespoir, leur chagrin... pour qu'on ne les oublie pas.
Seule en sa demeure est un roman animé par une forme d'intemporalité, alors qu'il y a un lieu, des dates, des repères qui raccrochent l'histoire à quelque chose de concret, ne serait-ce que de la boue, des branches, la pierre froide d'un seuil, la forêt au loin qui laisse passer le ciel entre ses ramures comme pour nous rassurer, nous faire croire un instant que la vie existe encore. Seule en sa demeure est un paysage presque onirique après la brume, celle qui s'estompe, faisant apparaître une maison, une demeure justement, cossue et pas forcément très accueillante, où Aimée s'apprête à vivre unie désormais pour le meilleur et pour le pire auprès de son riche propriétaire, un certain Candre Marchère. Un mariage arrangé vient de les unir comme il en existait tant au XIXème siècle puisque nous y sommes, précisément à la fin de ce siècle-là, là-bas dans le Jura... Je dis là-bas, parce que je suis totalement à l'ouest en vous écrivant ce billet...
Aimée se heurte aux silences de cette demeure, aux silences de son époux, aux silences de ce lieu comme on se heurte à des murs en essayant de tâtonner, de trouver son chemin dans les ténèbres. Aimée n'est pas la première épouse de Candre Marchère. Il est veuf...
L'endroit devient peu à peu menaçant alors qu'il n'y a pas vraiment de raison objective d'avoir peur, si ce n'est que cette peur ressemble à de l'angoisse, c'est-à-dire qu'elle, Aimée, et nous aussi avec elle, ne savons dire pourquoi nous sentons, ressentons cela comme quelque chose de plus en plus oppressant au fur et à mesure que les pages défilent sous nos yeux, que le sol tremble sous nos pas apeurés...
Et puis vient Émeline, professeure de musique, le personnage que j'ai préféré du roman... Ah ! Comme j'aimerais être initié à la musique par cette femme ! Aimée croit reconnaître en elle quelqu'un qui viendra enfin effleurer son âme, la comprendre, la sauver, l'aimer peut-être. Aimée, pas aimée...
Les pages de ce livre sont hantées par des cris d'oiseaux, par le bruit de la nuit, par le mouvement des feuilles mortes qui s'entassent sur le sol, par un goût de terre et de ronces qui abiment les seuls gestes qui voudraient s'éprendre de désir, par les non-dits et les secrets...
Pourtant j'ai cru reconnaître, dans ce texte inachevé comme l'est parfois la vie, nos vies, ce bruit de l'amour lorsqu'il s'en va, fuyant entre la terre et les feuilles mortes qui jonchent le sol...
Ce texte est un brasier, pour peu qu'on soulève la brume du paysage, comme un rideau, là où seuls demeurent les mots de Cécile Coulon...
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Cécile Coulon nous revient avec son huitième roman faisant suite au succès impressionnant de « Une bête au paradis« , qui a obtenu le prix littéraire le Monde en 2019. « Seule en sa demeure » paraît aux éditions de L'Iconoclaste, pour cette rentrée littéraire 2021, où Cécile Coulon fait d'ores et déjà figure de « valeurs sûres » et cela depuis de nombreuses années déjà. Ici nous sommes dans la veine du roman gothique anglais se caractérisant par la présence d'un certain nombre d'éléments de décor, de personnages formant une atmosphère si particulière où la menace est sous-jacente. Cécile Coulon nous tisse ici une histoire originale à l'atmosphère inquiétante, emplie de secrets et de non-dits. le style d'écriture de l'auteure est à la fois poétique et, dans un même élan, crue, réaliste et nimbée de mystère, sans que cela ne provoque de distorsions. C'est toujours avec plaisir que l'on retrouve une auteure, une nouvelle fois inspirée, même si ce roman me paraît être un ton en dessous de son prédécesseur. Loin des errances nombrilistes de certain(e)s auteur(e)s, Cécile Coulon nous immerge dans un XIXème siècle très codifié, fantasmé avec tous les éléments propres au genre littéraire de cette époque. Tapi dans l'ombre, il y a ce personnage à part entière de la forêt d'Or et de ses hauts arbres. La riche famille Marchère possède ce domaine avec cette demeure perdue au fond de ces bois qui l'enchâsse. Une scène ouvre le livre et donne le ton de l'ambiance propre à ce roman. Jeanne Marchère, mère de Candre (le fils unique du couple Marchère), meurt dans la travée principale de la petite église du village des Saints-Frères, terrassée par une crise cardiaque tel un arbre touché par la foudre. Une nouvelle fois, le destin a frappé durement cette famille. C'est Henria, la servante, qui l'éleva, lui l'orphelin, en compagnie de son fils Angelin. A vingt six ans, Candre est orphelin et veuf, car comble de malheur, il a perdu sa première épouse. Au village, on considère Candre comme une âme pieuse et austère même s'il est immensément riche.

Candre va chercher à se remarier et c'est vers Aimée que son coeur se tourne. N'y allons pas trop vite non plus, le coeur y est pour peu de chose car c'est un mariage arrangé comme il y en avait tant dans la bourgeoisie ou la noblesse à cette période. Aimée a dix huit ans et c'est son père Amand et sa mère Josèphe qui l'ont élevé avec son cousin, l'impétueux Claude, avec qui Aimée a une très belle relation de confiance. Un personnage important ce Claude, qui va percevoir le malaise dans lequel s'enfonce peu à peu sa cousine. Elle doit quitter son foyer pour rejoindre cette mystérieuse propriété des Marchère, dans une demeure où elle sombre peu à peu dans une forme de mélancolie teinté d'un soupçon de fantastique. Là encore, l'allusion et l'hommage au genre littéraire en vogue à cette période est criante. Peu à peu on s'enfonce en compagnie d'Aimée, dans l'atmosphère suffocante de la propriété. Cette dernière est un personnage à part entière du récit. Cet isolement du domaine, cette profonde solitude d'Aimée, sa mélancolie qui peu à peu s'insinue en elle, tout concoure à rendre ce lieu néfaste. Candre est très respectueux bien sûr, mais c'est un homme dont la foi ardente régie tous les aspects de sa vie. Malheureuse, Aimée voit comme un rayon de lumière l'arrivée d'Emeline, professeure de musique que Candre a autorisé à venir en sa demeure. Je dis « sa » demeure car Aimée ne s'y sent pas chez elle. Tout l'oppresse. Et puis il y a cette bonne qui dirige tout en sous main. Qui est cette Henria ? Pourquoi ne veut elle pas présenter son fils Angelin qui semble apeuré dès qu'on l'approche et préfère fuir dans les bois ? Mais surtout, l'énigme s'est Candre lui-même, cet époux si consciencieux, doux, affable, respectueux. Qui est-il au fond ? Aimée pressent qu'en cette demeure des secrets sont enfouis et qu'il ne fait pas bon les déterrer..

La suite je vous laisse la découvrir en lisant ce roman addictif, au style affirmé et pleinement réussi. Malgré tout, il m'a manqué ce grain de folie qui m'a empêché d'être pleinement emporté par ce récit. Je suis resté spectateur de ce qui se déroulait, un peu comme si l'ambiance primait sur l'histoire en elle-même. J'ai tellement aimé son précédent roman que la comparaison m'a semblé tourner en défaveur de « Seule en sa demeure. » Mais, il est certain que même un « bon cru » de Cécile Coulon vaut mieux que nombre d'auteur(e)s surcoté(e)s. Si vous aimez les atmosphères mystérieuses à la Sarah Waters, je songe à son joli roman « L'indésirable », vous risquez d'être comblé. Les nombreux lecteurs de Cécile Coulon retrouveront sa plume avec plaisir.
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Candre Marchère a perdu sa mère très jeune dans des circonstances dramatiques et inattendues. Marié depuis quelques mois, il se retrouve veuf après la maladie de sa femme.
Il va porter son choix sur Aimée Deville qui va se voir engagée dans ce mariage par ses parents et son futur mari. Candre n'est pas désagréable mais il est lointain, son regard ne regarde jamais la jeune fille.
Le futur marié est à la tête d'une importante scierie dans le Jura. le jour du mariage, Aimée découvre son domaine perdu dans les bois, mystérieux.
C'est vrai que, comme annoncé, j'ai pensé à" Rebecca" de Daphné du Maurier pour le mystère qui entoure le manoir, pour la mort qui devient mystérieuse de la première épouse de Candre mais la comparaison s'arrête là.
Cécile Coulon nous livre un roman bien à elle avec une ambiance très particulière, des descriptions très précises , très belles au point de vue écriture.
Le personnage le plus lourd dans tous les sens du terme s'appelle Henria, au service de Candre et de son éducation depuis la mort de sa mère.
Le fils de celle-ci, Angelin, sourd-muet fait se poser beaucoup de questions.
Claude le cousin d'Aimée tombera sur un secret , véritable pavé dans la mare .
Au milieu de cette ambiance, avec un mari plus que bizarre, Aimée s'ennuie.
Arrivera Émeline , sa professeure de musique pour lui apprendre à mieux jouer de la flûte. Celle-ci ira au fond d'un mystère assez terrible.
L'ambiance est étrange, lourde, avec une préférence de l'auteure pour nous la décrire, pour nous la faire vivre avant de nous livrer la clé . Même les scènes d'intimité dans le couple résonnaient froidement, bizarrement.
J'avais déjà lu des romans qui se passaient fin XIXème siècle mais jamais dans un noir aussi intense.
Unique pour moi mais un peu pesant.
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Ouvrir un livre de Cécile Coulon c'est entrer dans un univers non pas féerique mais de conte de fée et d'ailleurs qu'on ne s'y trompe pas, la cruauté est bien présente. On ne lit pas du Cécile Coulon pour être cocooné!
Les descriptions sont toujours soignées, très imagées et il suffit de se laisser bercer par ses mots pour partir dans son univers.
L'histoire se déroule au 19e siècle, Aimée se marie à Candre. Ce mariage arrangé est troublant puisque pour Candre il s'agit d'un remariage, sa première femme Aleth est décédée quelques mois après avoir dit "oui"
Dans le magnifique domaine Marchère, ce n'est pas la douceur de vivre qui y règne mais une ambiance étrange digne d'un scénario d'Hitchcock. La sensualité n'est cependant pas exempte de ce roman.
Si certains lecteurs émettent quelques bémols sur ce dernier roman moi je reste toujours autant conquise par la plume de Cécile Coulon. Il y a toujours chez elle un mélange de sensualité, de magie , de dureté qui me plaît beaucoup.
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Il était une fois une jeune fille de dix huit ans, mariée par son père, à un riche exploitant forestier jurassien. On est au XIX e siècle, et la jeune Aimée se trouve bien solitaire dans cette maison où elle n'a de contact (en dehors de son mari, l'austère Candre Marchère) qu'avec la domestique Henria, bien plus qu'une servante, vu que c'est elle, qui a quasiment élevé le fils de la maison ( sa mère étant morte quand il avait cinq ans). C'est qu'on meurt jeune dans ce domaine, tout d'abord , les parents de Candre , puis Aleth la première épouse...
Désoeuvrée dans ce grand domaine, on ne sait pas trop ce qu'Aimée fait de ses journées. Aimée attend la nuit, celle qui lui permet de rentrer en communion avec son mari. Oh, pas longtemps ! Il vient, fait son affaire et s'en repart dans sa chambre, mais grâce à cela, les nuits d'Aimée sont plus belles que ses jours.
Une vie bien solitaire jusqu'au jour, ou Candre engage une professeure de musique pour Aimée.

Si j'ai commencé ce petit résumé par "Il était une fois", c'est parce que ce roman m'a fait penser à un conte. Un conte pour adulte un peu cruel, car les bonnes fées ne viendront pas, ou pas complètement...On pense à " La belle et la bête" , car Aimée est quasiment prisonnière de cette maison, entourée de bois hostiles. Soumise à la bonne volonté de cet homme présenté comme un homme sérieux, respectueux de la religion, gentil quand il s'intéresse au bien-être d'Aimée , mais aussi , dans les faits présenté comme un homme froid, passant dans la chambre de sa femme, le moins de temps possible, juste le temps d' assouvir ses pulsions . [ " Candre semblait de ce monde comme le sont les animaux sauvages". ]
Roman sensuel, où la sexualité est vécue comme un "pont" entre deux personnes, et à vrai dire : la seule chose qu'ils partagent ...
Comment ne pas penser aussi à "Rebecca" de Daphné du Maurier, pour l'arrivée d'Aimée au domaine, pour l'hostilité , la froideur ou l'indifférence de la domesticité, pour l'absence de son mari à ses côtés et sa présence dans son esprit, la totale dépendance d'Aimée ?
Conte pour enfant un peu cruel, littérature gothique, Cécile Coulon a emprunté à ces deux genres littéraires, avec brio et virtuosité. Ecriture aiguisée, parfaitement maitrisée. Pour les lecteurs qui aiment ce genre de romans , il est parfait, mystérieux, sombre, implacable.
Un roman très original qui se distingue de ces confrères sur les étagères des librairies. L'illustration de la couverture étant particulièrement bien choisie et représentative de ce qu'on trouve dans ses pages...
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