Après une excursion mitigée chez l'
Alpha Legion en compagnie de John Grammaticus nous retournons dans le space opera avec le huitième tome de l'Hérésie d'Horus, La Bataille des Abysses rédigé par le même auteur du tonitruant La Galaxie en Flammes. Ce nouveau voyage dans les étoiles va-t-il rehausser la qualité générale qui commençait à être en berne depuis le volet consacré aux Dark Angels ?
Un vaisseau terrifiant navigue dans la galaxie, l'Abyss. A son bord, une multitude des plus fanatiques des Space Marines, les Word Bearers fils du religieux primarque Lorgar, qui se sont ligués avec le Chaos, fâchés des mesures athéistes de l'Empereur qui refuse qu'on lui voue un culte religieux à son honneur. L'Abyss fonce droit devant vers une planète particulière, Ultramar, le monde natal des Ultramarines, la légion la plus fidèle de l'Imperium régenté par son noble primarque Roboute Gulliman, dans le seul but de la détruire. Cependant, face à cette menace qui pourrait avoir de terribles répercussions pour l'organisation de l'Imperium, un capitaine ultramarine du nom de Cestus forme un groupe réunissant aussi bien les siens, que d'autres Astartes d'autres légions pour anéantir l'Abyss et sauver la planète. Parviendront-ils à réussir cette mission désespérée et de sauvegarder la planète la plus indispensable de l'Imperium ?
Dans ce nouveau récit dédié à la guerre civile entre Horus et ses alliés contre l'Empereur et ses loyalistes, Ben Counters s'inspire des itinérations galactiques que son confrère Ben Counters s'est donné pour La Fuite de l'Eisenstein avec sa patte stylystique. C'est que les navires futuristes y sont tout autant aussi acteurs, avec l'introduction dans des termes quasi lovecraftiens (jusqu'à l'exagération) de l'Abyss théâtre de tous les tensions et scènes d'actions possibles. Les gentils comme les méchants se déplacent et se cachent dans les immensités gigantesques de ce monstre en métal volant. Mais l'intérêt principal n'est pas pour autant une ode à la gloire terrifiante de ces machines de guerres mais à notre bande de bras cassés qui s'unissent pour contrer l'ennemi. Car La Bataille des Abysses à l'avantage de nous présenter une 'dream team' de plein de Space Marines venant de légions tout aussi hétéroclites dont les personnalités sont frappantes, entre l'Ultramarine rigide mais pragmatique Cestus et ses hommes de main tout aussi accomplis que lui, les féroces et joyeux drilles space wolf Brynngar et Rujved, le brutal et sanguinaire Skraal et le sorcier ayant l'éminence grise question intelligence et sagacité, du Thousand Son Mhotep. On explore avec certains leurs souvenirs comme l'initiation rituel des Space Wolf pour Bryngar et on découvre à quel point ils sont tous admiratifs et liés envers leur père génétique dont pour certains ils refusent de croire absolument à leurs trahisons, ainsi les doutes qui assaillent Skraal en apprenant sur la sédition d'Angron. Les confrontations sont très vivantes et en révèlent bien les liens que entretiennent ces frères d'armes : qu'on pense donc à l'animosité que voue Brynngar au 'sorcier' Mhotep qui prélude surtout à la haine mutuelle et bientôt éternelle entre les Space Wold et Thousand Ones dans le lore ? Quant aux méchants, ils sont bien sinistres ces Word Bearer ayant une conviction fanatisée des plus effrayantes, déterminés jusqu'au bout à occire leurs ennemis sans autre possibilité de rémission.
Pourtant et c'est là que le bât blesse, effectivement une bonne partie des personnages sont très sommaires voire caricaturaux, sans psychologie fouillée et qui frôlent le ridicule (Brynngar et Skraal notamment en sont pathétiques tant ce sont des clichés sur pattes ! ) et c'est bien dommage, quand on compare la finesse des protagonistes des premiers tomes du cycle qui sans être toutefois parfaits jusqu'à l'absolu étaient bien consistants et dépassaient les clichés de brutes épaisses militarisées : rien que la trilogue autour d'Horus et surtout Fulgrim (qui est vraiment mon favori décidément) en étaient des preuves éclatantes. Leurs états d'âmes sont rustres et peu développées, délaissés au profit des batailles qui abondent dans le roman. La Bataille des Abysses est en effet très bourrin où on virevolte sans arrêt de fusillades, de tirs de bolter, de combat à main nues mais aussi de l'intervention des abominations du Chaos qui se mêlent à ce bain de sang. Les morts et le gore sont au rendez-vous et ce malgré quelques scènes bien pensés qui mobilisent bien l'intellect et les ressentis : Mhotep qui est le seul à être un peu plus construit que les autres a des moments très intéressants montrant l'ambiguïté du rôle des Thousand Son ces soldats faisant appel à la magie et qui par conséquent en sont menacés pour leur proximité psychique tout comme les accusations de sorcellerie à leur encontre, j'ai bien aimé notamment
toutes ces confrontations avec cette créature qu'on devine vite être une Horreur du maléfique dieu du changement le volatile bleu qu'est Tzeentch et qui annonce le sort tragique des fils de Magnus qui devront s'allier au prix de leur âme à cette fourbe déité . de plus, quand on connait le lore, la fin est vite prévisible évidemment mais je ne me garde de spoiler pour ceux qui lisent sans consulter tout cela justement, juste que le final est vite attendu. Mais c'est bienvenu toutefois de nous introduire dans l'univers des Ultramarines et des autres factions qu'on va explorer dans les prochains tomes notamment les Thousand Son.
Quant au style de Ben Counters, il est palpitant à suivre surtout pour aborder toujours ce sentiment de détresse dans les trahisons, de poursuite dans les couloirs iodés et de fraternité entre camarades qui n'ont rien à perdre, mais encore une fois ce n'est pas au niveau de
Graham McNeil et c'est pas du Dickens.
En conclusion, une oeuvre franchement guère indispensable dans le cycle si ce n'est de suivre une sorte d'équipe à la Avengers impériale contre un ennemi commun avec leurs relations et difficultés et de luttes épiques qui ne laissent hélas guère de places à l'introspection et psychologique. Ce n'est pas mauvais toutefois et bien plus plaisant à suivre que du déroutant Retour des Anges de
Mitchel Scanlon, surtout pour apprécier une fois de plus les voyages galactiques et les batailles dans l'espace mais ce volet-là n'est pas important à lire pour la continuité du cycle toutefois. Je vais toutefois poursuivre ma lecture dans la saga pour voir son évolution, par l'Empereur !