AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,14

sur 32 notes
5
5 avis
4
5 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un très fort moment de lecture ...et comme une belle rencontre avec un camarade partageant des complicités communes...intenses ...

"Certes, on demandait à la photographie de raconter le monde, mais elle devait aussi à mon avis assumer sans compromis son extraordinaire pouvoir poétique. "(p. 149)


Une découverte impromptue...guidée principalement par mon goût de longue date pour la photographie. Alors un photographe professionnel comme Franck Courtès formulant avec une certaine rage son rejet pour ce métier choisi très jeune, sa passion...pendant plus de vingt-ans...Il y avait de quoi m'intriguer !!

Je serai très curieuse de découvrir ses clichés, ses portraits d'écrivains, d'artistes, de personnages publics...mais je ronge mon frein, jusqu'à la fin de ma lecture.
Sa manière d'évoquer son travail, ses face-à-face, avec les célébrités dont ils devaient faire le portrait sont étonnants, est très vivante, remplie d'anecdotes et de chaleureuse sensibilité...

Un texte très personnel qui stimule gaiement notre imagination..Je serai sûrement surprise ou en décalé entre ce que je me suis représenté, et ses clichés, lorsque je vais en prendre connaissance !...Surtout intrigué par ses travaux en noir et blanc !

Un récit des plus intéressants, où notre écrivain-photographe nous raconte sa détestation de l'école, son inadaptation aux groupes, aux horaires, aux règlements, à toutes les contraintes, sa sauvagerie, son indécision quant au choix d'une profession...et puis la photographie va surgir, va embraser notre "futur artiste", lui offrir le monde, et comme un rattrapage à son "inculture" dans tous les domaines !

"Je photographiais la politique, la littérature, la peinture, la musique, le sport, les métiers rares, l'entreprise, les puissants, les anxieux, les méchants. (...)
Pièce après pièce, à la manière d'un gigantesque puzzle, le monde se révélait à moi. "(p. 152)

Le début de ce déclic sera provoqué par sa maman, qui faute de l'avoir convaincu pour les études, lui proposera chaque dimanche d'aller se promener, avec l'appareil- photographique du grand-père..pour capturer les "petits émerveillements" rencontrés, savourés lors de ses escapades dominicales ...

Ce parcours est celui d'un homme entier dans sa passion, qui à force de se plier aux concessions, aux diktats du monde de la presse, des médias, des modes, du surgissement du numérique [ transformant le métier de photographe, dont certaines tâches manuelles, faisant partie des charmes de la profession !] développe un humour corrosif, décapant... mettant en relief l'escalade de la superficialité , la fugacité et le mercantilisme de cet univers professionnel, où il a vécu tant de joies et de plaisirs.... Il se retrouve "saturé" d'un univers dévoré par la communication et l'information...devenues trop formatées !

Un hommage vibrant à la photographie et plus exclusivement, au noir et blanc... que je partage sans réserve ...

Franck Courtès se met à douter, à s'épuiser dans une passion professionnelle exclusive... mais qui évolue dans des directions qui ne le satisfont plus... où il perd progressivement le "feu sacré"...Dans ces lignes denses et percutantes, Franck Courtès nous offre aussi une "radiographie" de notre époque, "Société spectacle"...absolue, ainsi qu'une réflexion approfondie du (des) rôle(s) de la photographie, et des images, en général , dans notre quotidien!...

Après les années magiques où l'amour de la photographie ont éclairé Franck Courtès, la lassitude, une extrême fatigue l'ont incité à "déserter"sa première passion pour se lancer dans l'écriture !...

N.B : je viens de visualiser quelques clichés ,ceux en noir et blanc, de Franck Courtès... et j'apprécie infiniment la poésie, la fantaisie de ce regard original et chaleureux...Je suis sous le charme , vraiment !



Commenter  J’apprécie          484
Les romans naissent souvent d'une belle idée, d'une impulsion positive, d'une jolie histoire à raconter, d'un goût que l'on veut sinon transmettre, tout du moins partager. Rarement, on entend qu'un livre naît d'un dégoût. C'est pourtant bien d'un dégoût dont il est question ici, de bile noire, de rêves foudroyés par la connerie humaine ou quoi, juste par la vie.

Aucun rêve ne tient ce qu'il promet dit la chanson. le rêve de Franck Courtès, c'était la photo. C'est né comme ça, en voyant une photo qui sublimait un paysage qui ne l'avait pourtant pas frappé quand il l'avait vu "en vrai". le photographe l'impressionnait aussi et lui aussi s'est dit qu'il aimerait impressionner son monde. Sur ses conseils, avisés ou un brin condescendants, il photographie ses pompes. Vous ou moi, si nous photographions nos pompes, à moins d'y ajouter un freakin' filtre Instagram, cela ne donnerait rien. Mais le rêve tient encore ses promesses pour ce jeune Franck Courtes qui vit alors encore dans un monde sans réseaux sociaux, et ses photos sont plutôt chouettes. Il est photographe. Il ya un déclic qui n'est pas seulement celui de son appareil. Franck devient très vite un artiste et ses portraits ont rapidement beaucoup de valeur. Il peut également compter sur un atout de taille, qui fait de lui une célébrité dans le milieu : il peut faire des portraits réussis en un temps record. Dans le monde de la promotion d'artistes où chaque minute compte, cela ressemble presque à un super-pouvoir.

C'est la première partie du livre, dédiée à l'amour qu'il porte à son art, sa fulgurante ascension dans la presse et les formidables artistes, écrivains, philosophes ou célébrités que son métier lui permet de rencontrer : " Comme il me fallut le défendre, ce métier ! J'en parlais comme d'une fille dont je serais tombé fou amoureux. Lui seul pouvait me sortir du lit en pleine nuit dans le froid de janvier pour immortaliser un Paris vide et brillant. Il allait m'offrir les voyages, la musique, l'amour, et un peu d'amitié !"

Comme le dit une autre chanson, il n'y a cependant pas d'amour heureux et les belles rencontres (Arthur H, Murat, Frédéric Dard, Modiano) ne suffisent bientôt plus. Et puis les amitiés, réelles, sont rares. Il y a un magnifique moment de littérature dans la deuxième partie quand Courtes raconte a quel point Frédéric Dard est chaleureux avec lui, d'une gentillesse sans fin. Hélas, il n'arrive pas à le prendre en photo, ses portraits sont ratés : "J'avais envie de l'entendre dire que j'étais ici chez moi, que je n'avais qu'à rester ce soir même, que c'était fini, que j'avais bien travaillé, que je n'avais plus besoin de repartir. [...] le badinage photographique, ce flirt incessant qui rarement débouchait sur une amitié durable, créait un vide à l'intérieur de moi, une dépression de grand fond. "

Le récit, bientôt, devient cruel. La passion n'est plus là, son métier commence à le dégoûter, comme ces stars qui - tel ce salopard de Joey Starr, le traitent comme un moins-que-rien. C'est une rupture progressive : "J'étais devenu l'employé modèle d'un système qui me rongeait. [...] J'excellait à ne pas déranger, à me faire oublier. On me complimenta une fois : "Tu sais te rendre invisible. " Triste qualité que celle de ne pas exister.

La coupe, un jour est pleine. Franck Courtés écourte telle séance, enrage à la fin d'une autre, ne prend même plus plaisir ou fierté à voir son nom accolé à une photo publiée. Certains amants ne touchent plus leur conjoints, lui ne touche plus à son appareil. C'est une page qu'il déchire un jour brutalement, pour en ouvrir une autre, celle d'un bloc-notes.

Je ne dirais rien de plus de cet abandon ni de la renaissance d'un photographe qui devient écrivain. Il faut lire ce livre, admirable, sur ce qui peut lier un homme à sa passion, et sur la destruction qu'une telle passion peut provoquer.
Il y a également plein d'anecdotes sur ce métier, ses dérives et beaucoup de gens célèbres que l'on se met instantanément à aimer ou à détester. Franck Courtès était connu pour ses portraits photos, il se peut qu'il le reste encore pour ses portraits littéraires.
Commenter  J’apprécie          390
Un ouvrage de référence pour ceux qui voudraient mieux connaitre l'univers trouble de la musique des années 1990 en France, quand les inrocks est passé du statut de presse de référence au statut de hebdo bobo ! Mais quelle sincérité chez Franck Courtès, quel talent littéraire ! Mais peut-on être un des meilleurs photographes de sa génération et ne plus quelques années plus tard prendre de photo ! Incroyable question et troublante réponse !
Commenter  J’apprécie          61
Dans "La dernière photo", Franck Courtès creuse ses souvenirs pour faire émerger ce qui a transformé en dégoût sa passion pour la photographie. de la naissance de cet amour immodéré jusqu'à la nausée qui mène à l'abandon, il raconte cette forme de possession qui a hanté ses jours et ses nuits : saisir en une image cet instant d'intimité mystérieuse, de partage et de rencontre entre deux êtres, modèle et portraitiste.

Il y a quelque chose de foncièrement émouvant et d'intensément foisonnant dans cette démarche qui chaloupe entre l'introspection et l'anecdote romanesque. On y croise beaucoup de célébrités qui se travestissent ou se révèlent en présence du photographe. L'auteur remplace l'objectif de son appareil photo par des mots sans filtre et trace ainsi son propre portrait ainsi que celui d'une époque en pleine mutation technologique et sociétale.

Voir l'indicible, trouver l'état de grâce qui permet de révéler l'in-connu d'une personnalité, décomposer la lumière, le décor, les postures pour mieux les recomposer... l'écriture relève superbement ce défi de venir habiter, avec la même sensibilité, la même exigence, l'espace laissé vacant par la photographie. Comme un révélateur, elle fait apparaître des images, qui enclosent à leur tour d'autres images comme un miroir que l'on placerait devant un autre miroir, élargissant ainsi le cadre et variant la focalisation dans un mouvement vertigineux. Poignant, parfois cinglant, mais toujours juste, le récit traduit au plus près la trajectoire qui va de la fusion au désamour.

J'ai profondément aimé ce ton, ce dévoilement et les questions qu'il suscite sur la place de l'apparence, sur le rôle de l'image, celle que l'on veut transmettre, celle qui est perçue et sur le désenchantement qui conduit au silence.

Commenter  J’apprécie          20
J"ai dévoré ce livre entre autobiographie et analyse de la dégradation du rapport à la photo aujourd'hui.
Ce livre fait évidement écho à ma propre expérience personnelle, mais je n'ai pas le talent d'écrivain de Franck Courtès.
Sans être photographe, le récit de ses rencontres et ses réflexions sur l'évolution de la société se laisse lire avec plaisir et nous plonge dans une autre époque plus rock, moins superficielle que notre époque actuelle.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (87) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}