« Chacun est libre de se droguer ou de ne pas se droguer », affirment les plus libéraux. C’est vrai : nous sommes libres de céder aux sollicitations et aux pressions récurrentes ou de les ignorer. En l’occurrence, la drogue est légale, le dealer a pignon sur rue, la publicité et la vente aux enfants sont permises, les messages envahissent avec de plus en plus de précision et d’insistance l’espace public ainsi que notre sphère privée. Internet et les réseaux sociaux en constituent des outils et des relais inespérés. Ils visent à réduire l’espace de décision consciente, à instaurer un contrôle absolu des habitudes et des « choix » alimentaires individuels. Dans des conditions où la contrainte est vendue comme une liberté, il paraît difficile et plutôt héroïque de résister, notamment lorsque l’on est parent d’enfants devenus, par efficacité publicitaire, des prescripteurs de malbouffe avant même d’être en mesure de parler.
La recherche de nourriture mobilisait leur énergie et motivait leurs déplacements. Ils se nourrissaient en flux tendu par défaut de stockage et de méthodes de conservation des aliments. Leur survie dépendait de ce que la nature leur offrait. La part instinctive prédominait. Puis l’homme se sédentarisa, cultiva et éleva. Plutôt que d’aller vers sa nourriture, il l’amena à lui. Il développa au fil des siècles une agriculture essentiellement vivrière, avant tout destinée à nourrir la famille et la communauté locale. Puis, à la faveur de la découverte du monde, le troc lui permit d’améliorer l’ordinaire, avec notamment la possibilité d’acquérir des épices contre d’autres aliments. Le sel devint monnaie d’échange, sa première solde et son premier salaire, au sens premier du terme, puisque l’on était payé en kilos de sel.
Mais il y a calorie et calorie. Une calorie peut être vide, car dénuée de nutriments et d’antioxydants ; tel est particulièrement le cas des aliments raffinés. Ils apportent de l’énergie à court terme, épuisent notre organisme et provoquent rapidement une surcharge ; le sucre raffiné sous toutes ses formes, dont nous avons démultiplié la consommation, est à ce titre l’ennemi public numéro un. Une calorie est en revanche dite pleine ou dense lorsqu’elle véhicule l’intégralité du spectre nutritionnel de l’aliment d’origine. Sa métabolisation est alors lente et totale, et ses apports précieux. Il en découle que manger en deçà de sa faim, en privilégiant les aliments denses, maintient en bien meilleure forme que de manger au-delà, qui plus est lorsque les aliments sont raffinés.
Parmi les compléments alimentaires brûleurs de graisse et les médicaments coupeurs de faim, les principaux sont les statines (cholestérol), les bêtabloquants (hypertension) et l’insuline (diabète). Ils sont très souvent sujets à controverses, notamment quant à leur efficacité, ainsi que pour les effets secondaires et la dépendance qu’ils induisent. L’exemple de la polémique relative à l’impact réel du cholestérol sur les maladies cardiovasculaires, et à l’efficacité des statines pour le traiter est, à cet égard, un cas d’école. Parfois le porte-monnaie a ses raisons que l’humanisme ignore.
Grâce à l’énergie lumineuse solaire nécessaire à la photosynthèse, lorsque nous mangeons, nous absorbons ces fragments de lumière indispensables à notre survie et à notre santé. Les végétaux crus et colorés, riches en pigments antioxydants, en vitamines et en minéraux, en sont des pourvoyeurs de premier ordre. Si l’on souhaite juguler le stress oxydatif et la prolifération de radicaux libres dans notre organisme par l’alimentation, il apparaît donc important de manger peu et de réserver une place de choix aux végétaux ayant un fort pouvoir antioxydant, dans leur état le plus brut.