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3,64

sur 694 notes
Après la philosophie très chouette d'Yves Cusset, j'enchaîne avec le dernier roman de Catherine, la soeur. A peine quelques pages de lues, et quelque chose me dérange. La narration peut-être, la lourdeur d'un « tu » dont on ne sait encore à qui il s'adresse et de qui il émane. Ce "tu", sorte de monologue intérieur, observe, raconte, commente, l'évolution d'un ami, Thomas, qui se cherche dans la vie universitaire américaine sans jamais trouver sa place. Pourquoi n'y parvient-il pas, alors qu'on le distingue parmi les meilleurs ? On ne comprendra que très tard qu'il souffre de troubles bipolaires. Comme ce livre m'avait été prêté accompagné de moult recommandations, j'ai tenu bon, avec peine certes, mais jusqu'au bout ! J'aurais aimé savoir bien avant où Catherine Cusset voulait m'emmener ! Je me suis ennuyée dur parfois ! Mais j'ai tout de même remercié ma persévérance. En prenant du recul, on saisit la profondeur de ce roman, devenu sous nos yeux un discours à la mémoire du disparu, « celui qu'on adorait » et pour qui l'on n'a pas su faire quoi que ce soit. Ce « tu », c'est toi, c'est celui qui se tait désormais, et à qui l'on redonne du sens. Il reste que la narratrice est vraiment trop distante avec son "tu" qui découpe une vie au scalpel (ça me rappelle certains auteurs du Nouveau Roman), que le décor ressemble à une toile de fond en papier carton avec ses quartiers typiquement américain ou parisien... Bref, je reste partagée. Il aurait pu être génial, ce bouquin! Voilà ce que je me dis.
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Il faut du courage pour faire face à « l'autre », en parler au passé, comme la narratrice fait face pendant deux cent quatre-vingt-dix pages à Thomas, son meilleur ami qui s'est suicidé à trente-neuf ans au terme d'un long combat contre lui-même et contre une psychose maniaco-dépressive. L'écriture implacablement objective cherche sans juger à rendre compte de « la vie intérieure », des « intermittences du coeur» de cet homme qui fut spécialiste et lecteur passionné de Proust. le lecteur se penche au présent sur ce temps de vie qui a échappé à Thomas, sa présence retrouvée jusqu'à lire trois magnifiques pages p.282 à 284 sur la décision du passage à l'acte du suicidé et quelques beaux passages sur l'échec, le doute inhérent à la création.
Il y a eu des pauses pendant ma lecture pour réécouter la tendre voix de Léo Ferré chantant « Avec le temps » (« l'autre qu'on adorait qu'on cherchait sous la pluie... ») qui revient au cours du récit comme la petite phrase de Vinteuil à l'oreille de Swann.
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L'autre qu'on adorait raconte la descente aux enfers de Thomas, qui n'est autre que l'ex compagnon de l'auteure, Catherine Cusset. Elle a voulu, en racontant le parcours de l'homme qu'elle a aimé en tant qu'amant puis en tant qu'ami, lui rendre un dernier hommage et surtout, s'adresser à lui.

Elle a choisi de lui parler directement, en préférant utiliser le « tu » plutôt qu'un « il », bien trop impersonnel et distant. Ce procédé narratif, s'il m'a un peu déconcertée au début, m'a finalement permis de m'attacher encore plus à ce personnage tourmenté.

Catherine Cusset évoque donc le parcours de Thomas, à qui tout devait réussir, de sa majorité à l'approche de ses quarante ans. Mais de maladresses en erreurs de jeunesse, le jeune homme n'est pas parvenu à se mettre sur le droit chemin. Il est passé par plusieurs détours, s'est engagé dans différents projets sans les achever et a fini par se retrouver avec une accumulation de difficultés, tant sur le plan professionnel que relationnel sans parler de sa situation financière compliquée.

L'autre qu'on adorait évoque non seulement l'impuissance des proches face à ce fléau qu'est la dépression mais aussi l'indifférence et l'incompréhension que suscitent cette maladie. Tous constatent que Thoams se sent mal, très mal. Tous le conseillent, tentent, d'une façon ou d'une autre, de le ramener sur la bonne voie. Les problèmes de Thomas peuvent parfois paraître moins importants et graves qu'il ne le laisse paraître. Il ne trouve pas toujours le soutien dont il a besoin. Mais s'il ne trouve pas cette aide, c'est aussi parce qu'il cache la réalité de sa situation car il a honte.

Thomas a conscience de son mal être mais il est pris dans une spirale infernale où il ne trouve aucune autre issue que la mort. Mourir pour échapper à cette vie qu'il avait espérée différente, pleine de réussites, de joie et d'amour mais qui n'est qu'une succession d'échecs professionnels et sentimentaux. Thomas est une personne ambitieuse mais le moindre obstacle lui semble insurmontable, le démotive et le rend morne et dépité, ce qui est caractéristique des dépressifs.
Il va ainsi enchaîner les variations d'humeur où il perd le goût à la vie pour ensuite se montrer euphorique à certains moments.

Un récit bouleversant et émouvant sur le parcours de Thomas, même si un doute m'envahit : comment Catherine Cusset connaît-elle tant de détails sur la vie de Thomas alors qu'il a pris le soin de tout effacer ou détruire avant son suicide ? Ils étaient très proches mais lui a-t-il vraiment tout révélé de sa vie ou l'auteur a-t-elle choisi d'imaginer les détails et anecdotes de la vie tourmentée de son ami ?
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Longue et magnifique récit-hommage d'une amitié profonde et complexe qui a liée Thomas à la narratrice, son bref amour d'adolescente.
Avec sa plume brillante et distanciée, Catherine Cusset dresse le portrait d'un jeune homme intelligent, fougueux, avide de tous les plaisirs sans exclusive. Ses facilités intellectuelles, son charme le mènent des prépas littéraires parisiennes à un cursus supérieur dans les meilleures universités américaines. Hélas, son dilettantisme, paradoxalement conjugué à un excès de perfectionnisme mâtiné d'immaturité, transforme progressivement Thomas le flamboyant en un adulte tourmenté. de Paris à New-York, des clubs de jazz aux plages bretonnes, on suit alors les bonheurs et les affres d'une génération rêvant de conquêtes amoureuses, de créations artistiques, de jeunes gens libres, aux aspirations revigorantes avant que la vie ne les rattrape.
En s'adressant directement à Thomas, Catherine Cusset nous le rend très proche, un peu comme un cousin très aimé quoique lointain. En utilisant le passé comme temps de narration, elle colore son texte d'une nostalgie mêlée de tristesse. Il s'en dégage à la fois une grande force et une vérité, non dénuée de fragilité et d'éclats de vie.
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Un peu déçue
J'ai trouvé que l'histoire traînait c'est l'histoire d'un individu un peu paumé mais comme on connait son destin au niveau du quatrième de couverture pas beaucoup de suspens.
Quelque scènes d'Amour rallongent la narration
Je n'ai pas réussi à m'attacher à ce héros



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Ce roman m'a réconcilié avec C.Cusset que je n'avais pas spécialement aimé lors de la lecture de son roman:la haine de la famille(voir ma critique).
Il aurait pu avoir un avenir brillant Thomas ,si cette maladie nommée bi-polaire actuellement,anciennement appelée :syndrome maniaco-dépressif ne l'avait rongé
Et c'est le parcours de Thomas que va nous décrire C.Cusset d'une plume acérée, intransigeante,très intense .Nous allons souffrir avec Thomas,un roman qui vous laisse un goût amer dans la bouche et que je déconseille si vous n'avez pas un moral à tout épreuve ,accrochez-vous,c'est une histoire dure,sans concessions, une descente aux enfers dont on ne ressort pas indemne. 🌟🌟🌟🌟
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Je suis assez partagée sur ce livre. D'un côté; c'est un très bel hommage, très bien écrit, de la part de l'auteur à un proche qui s'est suicidé. la narration avec l'utilisation du "tu" est pour certains déstabilisante, mais elle est fortement incluante pour le lecteur.
D'un autre côté, tout le développement sur l'évolution professionnel de ce proche m'a un peu laissé de marbre. D'abord, parce que cette petite description universitaire américain m'a donné l'impression de relire "le problème avec Jane", ensuite parce que ce milieu est tellement déconnecté de la réalité...Qui peut se permettre de ne travailler que 11 heures par semaine pour passer plusieurs années à écrire une thèse sur Proust....Je sais que ça n'est pas de la fiction mais du réel, mais c'est le point qui chez moi a été négatif dans cette lecture...
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Le 22 avril 2008, Evelyn et Nora trouvent Thomas, un sac sur la tête : mort ! Il n'avait pas 40 ans et possédait d'immenses qualités, tout pour réussir sa vie. Il fut l'amant de la narratrice puis son ami et sa courte vie va se dérouler sous la plume alerte, précise et dense de Catherine Cusset.

L'autre qu'on adorait accumule les conquêtes féminines mais aussi les ruptures. Il est passionné de littérature, surtout de Marcel Proust, de cinéma et de musique et l'auteure s'exprime à la seconde personne du singulier, comme si elle lui parlait pour tenter de réparer l'irréparable, cette dégringolade inexorable confiée à chaque lecteur de ce livre.
Comme elle connaît très bien les États-Unis, Catherine Cusset nous fait parcourir avec profusion de détails la ville de New York mais aussi Richmond, New Haven, Salt Lake City, Williams, Portland… mais n'oublie pas Paris, Venise, le sud-ouest, sa Bretagne et même Saint-Pétersbourg.
Thomas retrouve régulièrement son petit groupe d'amis avec lesquels il délire et aime beaucoup sa mère qui qualifie la narratrice de « sorcière ». Elle est la soeur de Nicolas, un ami avec qui il sort difficilement d'une aventure périlleuse dans le Grand Canyon.
Pris à l'université de Columbia pour un master d'administration des arts, il va enfin vivre à New York, promenant son 1,90 m partout où il y a de la musique et de la vie : « le luxe de l'université américaine correspond à ton désir de largesse. Et la nuit. Pour toi qui n'as jamais pu dormir, New York est un paradis. »
Finalement, Thomas décide de devenir prof de français aux USA et souffre de l'absence d'Elisa, son amour du moment. La dépression revient régulièrement. Noël en France, vacances aux Bahamas, sa vie est un tourbillon.
Il boit trop et des extraits de ses chansons préférées, en anglais, jalonnent le récit sans oublier Léo Ferré. La trentaine approche. Master en poche, il voit ses amis se caser alors que lui accumule les maladresses, trop certain de sa réussite, de son talent. Il y a aussi cette fameuse thèse, véritable feuilleton à épisodes qui sera suivi par la production du fameux livre que tout le monde attend.
Le 11 septembre 2001, il est à New York, en plein travail et ignore complètement la tragédie qui se passe à proximité. Quand il y a un seul rival en face de lui pour le même poste, c'est lui qui est évincé. Cela ne l'empêche pas de s'éclater à Portland en donnant des cours de français et de cinéma.
Grâce à l'argent donné par son père, il achète un appartement à Paris : « Quel bonheur de te réveiller chez toi le matin, même si tu n'as pas pu dormir avec le décalage horaire, et de voir par la fenêtre les nuées de ce mamelon grotesque, symbole de répression devenu symbole de Paris, qui domine de sa laideur la colline la plus charmante et la plus pittoresque ! »

Celui qu'elle qualifie de « Prince de nuées exilé sur la terre » n'arrive pas à se fixer, change constamment et passe par des périodes terribles de dépression ce qui le contraint enfin à se soigner mais trop tard…
Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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Jute un mot : voilà un garçon (Thomas) qui n'est pas normalien, qui n'est pas agrégé, qui n'a pas de thèse, qui n'a rien publié (ou presque) et qui se trouve retenu pour concourir pour un poste à Princeton, qui ne rate même le concours que d'une toute petite voix. De qui se moque-t-on ? Je rêve...
Effectivement, il y'a de quoi en devenir bipolaire.
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Lu entièrement hier. Je n'ai pu le lâcher.
Livre très attachant, un hommage à son Ami Thomas, bipolaire, maladie anciennement nommée psychose manaco-dépressive, et qui se suicide à 39 ans.
L'amitié/amour transpire à chaque ligne. Très poétique parfois.
Elle le tutoie comme si elle lui parlait, comme si elle lui écrivait, comme si, et c'est magnifique, il était encore vivant parmi nous. C'est touchant à l'extrème.
Un livre d'une grande délicatesse avec beaucoup de pudeur.
Le style est important ; les phrases s'accélèrent quand Thomas est en phase maniaque, quand il fait le chien fou, quand il se disperse et remue beaucoup d'air. Quand à l'inverse il est en phase dépressive, le style est plus lent. Parfois, l'alternance de ces deux phases peut être épuisant pour le lecteur. Alors on se doute de la fatigue de Thomas...
Maladie terrible, qui fait des ravages auprès des proches, sujet également du si beau livre de Delphine de Vigan "Rien ne s'oppose à la nuit" (cf mon commentaire sur cet ouvrage).
Et nous assistons à cette descente aux enfers, à cette chute inexorable, avec tous ces échecs sentimentaux et professionnels de Thomas. Quel gâchis!
Les toutes dernières pages dans l'épilogue sont d'une rare beauté cristalline.

"L'autre qu'on adorait/qu'on cherchait sous la pluie"; Madame Cusset n'aura plus à le chercher sous la pluie, il est ailleurs, un ailleurs qu'il a tant désiré, qu'il a choisi, et l'on espère qu'il soit apaisé, tranquille, enfin.
A lire absolument, un grand moment de lecture.
Merci.
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